jeudi 28 septembre 2017

Le personnel du Café de la Régence en 1920

Claude Geiger m'a envoyé une nouvelle photo du Café de la Régence trouvée sur le site Delcampe il y a quelques temps.
C'est un document que je ne n'avais jamais vu auparavant et je le remercie beaucoup de nous faire partager cette découverte.


On y voit donc le personnel posant devant la porte d'entrée principale.
Si la date de 1920 est correcte, alors il me semble opportun d'émettre l'hypothèse suivante :

L'homme au chapeau est probablement le propriétaire du lieu.
C'est donc peut-être Lucien Lévy, le propriétaire du Café de la Régence depuis 1903.
L'homme semble assez âgé, ce qui collerait avec sa date de naissance en 1864.


J'ignore à ce jour qui était le propriétaire du Café de la Régence en 1920.
Mais c'est avec certitude que je sais qu'il s'agissait de Lucien Lévy à la fin de l'année 1918.

Par contre, rien ne ressemble de près ou de loin à un jeu d'échecs sur cette photo...

Mise à jour du 3 octobre 2017

Dans un commentaire posté sur cet article, Monsieur Luc Michiels a indiqué un détail que je n'avais absolument pas remarqué auparavant sur cette photo. Merci pour cet œil de lynx !
On distingue nettement une tour de chaque côté de la porte ainsi que des pions.
Plus haut je pense distinguer une autre pièce d'échecs, mais celle-ci a été coupé sur la photo.


Pas de doute, nous sommes bien au Café de la Régence !

mercredi 27 septembre 2017

Saint-Amant ne se laisse pas faire

Saint-Amant ne se laisse pas faire

Je vais essayer de remettre régulièrement des articles au sujet du Café de la Régence ou bien des personnes qui ont fait vivre ce lieu.
Donc en cherchant dans la masse d'archives que j'ai accumulée pour écrire mon livre sur le Café de la Régence, je suis tombé sur une affaire judiciaire.
Celle-ci concerne Saint-Amant et peut nous sembler assez incroyable par sa nature.

Saint-Amant en 1842

Nous sommes en été 1843.
Saint-Amant est revenu de Londres où il y passe du temps en avril mai presque chaque année pour vendre du vin de Bordeaux.
Au printemps 1843 il en a profité pour jouer un match d'échecs contre Staunton.
Match qu'il remporte sur le score de 3,5 à 2,5.
Dans quelques mois commencera le match revanche qui se terminera par une sévère défaite de Saint-Amant. Et entre les deux nous voyons que Saint-Amant ne se laisse pas faire...

Source Gallica

En page 3 du "Constitutionnel" du jeudi 31 août 1843 on peut lire ceci à la rubrique "Bulletin des tribunaux"

Source Gallica

Théâtre de l'Opéra - Changement d'affiches - Le tribunal de commerce est saisi d'une demande formée contre le directeur de l'Opéra par M. Fournié de Saint-Amant, qui réclame la restitution du prix d'une stalle de parterre et 20 fr. de dommages-intérêts, parce que, lors de la représentation de Robert-le-Diable, donnée le dimanche 20 août, l'administration de l'Opéra aurait substitué M. Marié à M. Duprez, qui avait été indiqué par les affiches.
Maître Schayé représentera M. Fournié Saint-Amant, et Maître Durmont plaidera pour M. Léon Pillet, directeur de l'Opéra.

Comment se termine cette affaire ?

Le journal "Le Ménestrel" (journal de musique) du 3 septembre 1843 nous donne quelques détails en page 3. En tout cas je n'ai pas trouvé de suite après l'explication du Ménestrel ci-dessous.
Saint-Amant a peut être arrêté là sa démarche judiciaire...

Source Gallica

VINGT FRANCS DE DOMMAGES-INTERETS

Un curieux procès vient d'être intenté au directeur de l'Opéra par un monsieur Fournier Saint-Amant.
La prétention de M. Fournier Saint-Amant est fort simple.
Il voulait aller à l'Opéra un dimanche soir, c'est bien naturel, entendre Duprez, cela va sans dire, et l'entendre dans Robert, ce qui est excusable.

Donc il s'achemine vers l'Académie royale de musique, achète une stalle de parterre, entre, s'assied, n'écoute pas l'ouverture, mais regarde lever la toile en homme qui se connait en musique.
La pièce commence.
Tout à coup M. Fournier Saint-Amant bondit sur une banquette:
"- Qu'est-ce que cela ! dit-il à son voisin
- ça ! c'est Robert
- Mais le chanteur ?
- C'est Marié.
- Marié ? ... Ah ! c'est Marié !" Et il s'élance et ne fait qu'un bon de l'Opéra chez son huissier.

L'huissier était à la campagne. Il ne trouve que l'huissière à laquelle il raconte sa mésaventure: il avait consulté les affiches de spectacles à midi précis, au coin d'une rue: il s'était assuré que Duprez jouerait ce soir-là le rôle de Robert le Diable.
Il s'était rendu à l'Opéra sur la foi de l'affiche du coin de rue, et à la place de Duprez, c'est Marié qu'on lui donne, c'est Marié qu'on veut lui faire entendre ! Il n'entend pas ça !

Il formera une demande en dommages-intérêts contre le directeur de l'Opéra: 20 francs de dommages-intérêts, et le remboursement de sa stalle de parterre, cela va sans dire.
Nous ignorons ce que l'huissière répondit à son discours pathétique, mais vingt-quatre heures après le directeur de l'Opéra recevait une assignation à l'effet de comparaitre par devant le tribunal de commerce, pour s'y entendre condamner, etc, etc. etc.

Cette grave affaire a été appelée à l'audience de mardi dernier et remise à quinzaine.
Si le tribunal donne gain de cause à M. Fournier Saint-Amant et sanctionne le désappointement du plaignant, M. Marié n'en sera guère flatté.
Aussi assure-t-on que ce chanteur, pour éviter tout désagrément public, vient de proposer à M. Fournier Saint-Amant de se désister de sa plainte en lui offrant de sa propre bourse les 20 francs de dommages-intérêts.

samedi 2 septembre 2017

Karl Marx

Un film intitulé "Le jeune Karl Marx" va sortir au cinéma en France le 27 septembre prochain.

La légende veut que Karl Marx et Engels se rencontrent en 1844 au Café de la Régence, lors d'une visite de Engels à Paris.

Voici la bande annonce du film :


Et en visionnant la bande annonce du film, après 1 minutes et 3 secondes pour être précis, c'est alors que j'ai eu la surprise de voir apparaître cette scène.


Je crois deviner en haut à gauche les lettre REG ce qui montrerait que le réalisateur a repris cette rencontre au Café de la Régence.
A ma connaissance ce serait ainsi la première fois que le Café de la Régence est représenté au cinéma.

Rappelons qu'en 1844 le Café de la Régence se trouve toujours sur la Place du Palais Royal, La Bourdonnais est décédé depuis 3 ans, le match Saint-Amant / Staunton a eu lieu fin 1843, et Deschapelles (alors âgé de 64 ans) et fidèle à lui-même laisse croire qu'il est prêt à reprendre le flambeau pour lutter contre Staunton.

Quelques secondes plus tard, le plan change et nous laisse entrevoir une salle très sombre qui me semble assez fidèle à l'ambiance du café de l'époque.


Je prends peut-être mes rêves pour des réalités, mais en tout cas ne serait-ce que par curiosité, j'irai au cinéma voir ce film pour confirmer ou non qu'il s'agit bien du Café de la Régence que le réalisateur a reconstitué !