lundi 23 janvier 2017

Vente aux enchères - Antonin Artaud

Monsieur Alain Barnier, que je remercie pour cette information, m'a signalé une vente aux enchères d'un fonds en provenance de la famille d'Antonin Artaud. Cette vente aura lieu samedi prochain 28 janvier à Compiègne.


Dans ce fonds figurent des écrits du poète sur papier à en-tête du Café de la Régence qu'il devait fréquenter, ainsi que d'autres cafés (Café Wepler place Clichy, Grill-Room Francis, Café Terminus, Café des 2 Magots). Dans cette période de disette de l'immédiat après-guerre, il devait sans doute utiliser les feuillets que l'établissement voulait bien laisser à disposition ?

Il semble qu'il était joueur d'échecs, comme il a fréquenté les "surréalistes" (André Breton) le jeu d'échecs devait être présent dans son environnement. Mais je ne sais pas s'il a joué au Café de la Régence. En PJ une photo d'Antonin Artaud jouant aux échecs avec le sculpteur André Lasserre en 1932.


Lors de la vente de samedi prochain j'ai identifié les manuscrits sur papier à en-tête du Café de la Régence :
- lot n° 23 de 49 lettres autographiées dont 8 sur papier à en-tête du Café de la Régence (estimation du lot 50.000 à 60.000 €)
- lot n° 30 d'un manuscrit signé de 1922 et coté 1.500 à 2.000 € (photo en PJ)
- lot n° 37  d'une lettre à sa sœur de 1927 et cotée 500 à 600 € (photo en PJ)

Ces manuscrits ont une grosse cote eu égard à la renommée d'Antonin Artaud, d'ailleurs en avril dernier deux poèmes autographiés des années 1920/21 sur papier à en-tête du Café de la Régence ont été adjugés à 6.000 € (sans les frais, 20 à 25 %) à Paris alors que l'estimation initiale était de 3.000 à 4.000 € !


Ci-dessus la lettre de 1922 et en bonus une photo de l'époque

Mais l'on sait que les joueurs d'échecs s'y font rare à cette époque.
Ils sont partis en fin d'année 1918 d'abord pour le Café de l'Univers où ils fondent l'association des Échecs du Palais-Royal, puis dans les jardins du Palais-Royal au Café de la Rotonde.

La lettre de 1927. La définition n'est pas terrible.
Mais on peut deviner le numéro du Registre de Commerce du département de la Seine 22270 (?)
En tout cas c'est une piste pour retrouver des informations au sujet du Café de la Régence durant les années 1920.
Ce qui est notable entre 1922 et 1927 c'est le changement de dénomination du lieu (visible via des entêtes différents).



samedi 14 janvier 2017

Croquis de Jean-Jacques Rousseau au Café de la Régence

Dans des articles précédents j'avais évoqué la présence de Jean-Jacques Rousseau au Café de la Régence. Rousseau était un fervent joueur d'échecs...

« Rousseau était très peu expérimenté aux échecs, mais un admirateur enthousiaste de ce jeu : il avait l’habitude, quand il était à Paris, de passer chaque jour de nombreuses heures au Café de la Régence, où une douzaine d’échiquiers étaient constamment occupés.  »

Richard Twiss, Chess, Londres 1787

Dans mon livre (tome 1 page 75) j'indique qu'il existe un croquis de Jean-Jacques Rousseau au Café de la Régence. J'ai enfin réussi à mettre la main dessus et la voici.

Ce dessin se trouve ici :
http://parismuseescollections.paris.fr/fr/petit-palais/oeuvres/catalogue-de-la-vente-crozat#infos-principales

« Il revint pourtant à la Régence, mais ce fut alors moins par désir de montre que par pure distraction. Il y vint pour jouer aux échecs qu’il aimait beaucoup et pour voir jouer. Certain jour qu’il y était, un des Saint-Aubin  s’y trouva.

L’occasion était bonne pour croquer au vol cet original si difficile à prendre ; il la saisit. Ayant attendu l’instant où Jean-Jacques, complètement absorbé dans sa partie d’échecs, ne pourrait le voir et lui échapper, car l’action seule de faire son portrait lui eût semblé un espionnage, Saint-Aubin prit son crayon et sur la garde d’un volume, le Catalogue des tableaux du cabinet de M. Crozat, qu’il avait dans sa poche, il esquissa en quelques traits la physionomie, la pose, la tournure de notre homme .

Jean-Jacques était placé près de l’un de ces piliers, plus tard transformés en colonnes, que vous vous rappelez avoir vus dans la longue et tortueuse salle du café. Saint-Aubin plaça le pilier dans son dessin, mit dessus : M.Rousseau, de Genève, dessiné au café de la Régence, 1771, et partit sans que le philosophe se doutât qu’on venait de le crayonner au vif. Qu’eut-il dit, s’il s’en fut aperçu ? Il eut été flatté, mais il se fût donné le plaisir de paraître furieux.  »


Chroniques et légendes des rues de Paris – Édouard Fournier – Paris 1864

M.Rousseau, de Genève, dessiné au caffé de la Régence en 1771