dimanche 15 septembre 2019

Acte de naissance de Deschapelles

M. Philippe Bodard, que je remercie chaleureusement, m'a communiqué l'acte de naissance de Deschapelles, ainsi que la transcription de l'acte.

Avant de lire cet acte de naissance, je vous invite à voir ou revoir la courte biographie que j'avais écrite sur Deschapelles en suivant ce lien.
On ne peut que regretter que la Fédération Française des Échecs ne mette pas en avant cet homme extraordinaire, qui fut le meilleur joueur d'échecs du monde au début du 19e siècle.

La suite de cet article est de la main de M. Bodard :


Ville d’AVRAY, 7 mars 1780, naissance d’Alexandre Deschapelles (baptême du 10 mars 1780).

Alexandre Louis Honoré né le mardy sept Mars de l’année
mil sept cent quatre vingt du légitime mariage de Messire Louis
Gatien Lebretton Deschapelles Chevalier Chevalier de l’ordre Royal
Et Militaire de St Louis Lieutenant Colonel d’Infanterie et de
Damoiselle Marie Françoise Geneviève d’Hemerie de Cartousière
De cette paroisse a été baptisé par nous Curé soussigné le dix
Mars de la même année le parrain Messire Honoré François de
Commendaire de Taradeau Chanoine archidiacre Dumans
Vicaire Général du diocèse de St Flour, la maraine Mademoiselle
Marie Claude Alexandrine Eleonore Guitton épouse de Messire
Jean Jacques Gatien Lebretton procureur du Roy de St Marc Ile de St Domingue
Oncle de l’enfant qui ont signé avec nous le père étant présent
M C A E Guiton Bretton Deschapelles
Ho François de Commendaire de Taradeau chn arch vic gen.
Le Robert Curé Lebretton Deschapelles

Notes :

- Dumans = Du Mans, H. F. de Commendaire de Taradeau (1741- ?) était bien archidiacre du Mans (dès au moins 1774).
- Marie Claude Alexandrine Eléonore Guitton (de Petit Breuil), (1751-après 1817), mariée le 08/01/1771 à St Marc, St Domingue,
- à Jean Jacques Gatien Lebretton Deschapelles né le 11 juin 1741, décédé le 3 novembre 1795, oncle d’Alexandre.
- Louis [Nicolas] Gatien Lebreton Deschapelles (1745-1805), père d’Alexandre
- Marie Françoise Geneviève d’Hemerie de Cartouzière ( ?- ?), mère d’Alexandre, mariage en 1770.
Je croyais qu’Alexandre était un filleul de Louis XVI, en fait il semblerait que c’est son père qui était un filleul de Louis XVI (Généalogie et Histoire de la Caraïbe numéro 205 Juillet-Août 2007).

dimanche 1 septembre 2019

Lettre manuscrite de La Bourdonnais

En août 1923, la revue "La Stratégie" publia une lettre manuscrite de La Bourdonnais.
Il existe assez peu d'informations sur La Bourdonnais, ce qui en fait un document très intéressant.
Il fut, rappelons-le, le meilleur joueur d'échecs du Monde, en gros de 1825 à 1840 (année de son décès à Londres), et personnage incontournable du Café de la Régence durant cette période.
Et j'ai essayé de faire un biographie de La Bourdonnais dans le tome 1 de mon livre, à partir de mes recherches dans différentes archives.


Cette lettre, un peu difficile à déchiffrer, donne quelques informations sur sa vie privée, notamment sur ses difficultés financières et sa santé.
Ceci comme l'indique l'introduction signée V. Place et que voici :

"Un autographe de Mahé de La Bourdonnais - Par M. V.Place

Alors que les revues modernes nous tiennent aujourd'hui au courant de tous les faits et gestes des maîtres actuels de l'échiquier, - sans nous faire grâce de la moindre séance de parties simultanées - nous ne savons que peu de choses sur les maîtres du passé.

Nous avons conservé à peine du grand Philidor quelques parties jouées dans sa vieillesse ; nous avons en vérité de Mahé de La Bourdonnais les parties de ses matches contre Mac Donnell, mais des nombreuses luttes qu'il a soutenues victorieusement, à but ou en faisant l'avantage, tant en France qu'en Angleterre, il ne nous est presque rien parvenu.

Nous possédons de Philidor une image fidèle; mais celle de de La Bourdonnais qui nous a été transmise n'offre de l'avis de ceux qui ont connu ce grand maître, aucune ressemblance.
Aussi nous semble-t-il que le moindre document relatif à celui qui fut aux Échecs le plus grand génie, avec Morphy, présentait un intérêt réel, pourvu qu'il fût direct et authentique.

On lira, pensons-nous, avec plaisir la lettre autographe de de La Bourdonnais que nous reproduisons par la photographie, lettre écrite quatre ans après sa victoire sur le célèbre Mac Donnell et deux ans avant la mort prématurée du maître.

On ne peut qu'être frappé par son style correct et facile et par son élégante écriture de l'époque; on verra avec émotion, dans cette missive, les traces d'une splendeur passée et les indices des difficultés matérielles où de La Bourdonnais commençait à se débattre et qui assombrirent ses derniers jours; enfin on y lira avec tristesse les plaintes qu'il formule sur sa santé, plaintes, hélas ! trop fondées, car elles révèlent les atteintes du mal qui devait bientôt l'emporter."


Quelques commentaires sur cette introduction :

1) Joué à but, signifie jouer à égalité matérielle avec son adversaire. Il était habituel au XIXe siècle de donner à son adversaire du matériel et/ou le trait afin d'équilibrer la partie d'échecs.

2) Comme Deschapelles, La Bourdonnais avait la réputation d'être beaucoup plus fort que Philidor pour ceux qui connurent les 3 joueurs.
Actuellement, seul le nom de Philidor reste connu des amateurs du fait de sa célèbre maxime.

3) Les différents matchs entre La Bourdonnais et Mac Donnell se sont déroulés en 1834 à Londres. 6 matchs en tout, 85 parties jouées. La Bourdonnais en gagna 45, contre 27 à son adversaire et 13 parties remises.
Ce match consacra la suprématie aux échecs de La Bourdonnais en son temps.

4) Contrairement à ce qu'indique M. V.Place, la lecture de la lettre n'est pas si simple.
D'ailleurs il me manque un mot que je n'ai pas réussi à retranscrire. Si quelqu'un peut m'aider !?
Il est dommage que M.V.Place n'indique pas qui est en possession de cette lettre. Elle doit toujours exister, j'imagine.


Vous pouvez cliquez sur l'image pour voir la lettre en plus grand.

Voici le contenu de la lettre de La Bourdonnais

"
répondu le 18 août

Monsieur,

Ayant fait bâtir en 1836, une maison rue St Antoine
je me suis trouvé en dissidence avec mon entrepreneur.
mes  comptes ne sont points terminés avec lui ; hier, j’ai
reçu une lettre de son avoué, qui m’a menacé (?) d’une
procédure dispendieuse, ma position envers lui ne
me fait nullement craindre cette provocation. cependant
Monsieur, je serai bien aise de causer avec vous de 
cette affaire, mon infirmité m’empêchant d’aller à Paris,
il faudrait nécessairement que vous veniez chez moi
à Villemonble, pour que je puisse vous entretenir de
tout cela qu’il me serait impossible de vous faire
connaitre par écrit à cause de la longueur des détails.

J’ai des notes sur ??????, la correspondance et les marchés
Dont je vous donnerai toutes les circonstances.
Je sais Monsieur, combien votre temps est précieux pour
tous vos clients, cependant ma fâcheuse position
demande une exception, j’ai donc espéré
que vous voudriez bien vous rendre à mon
invitation le plus prochainement possible, pour que
nous avisions ensemble de la réponse à faire à l’avoué
de ma partie adverse.

Nous avons des voitures qui viennent à Villemonble
Mais elles ne vous conviendraient pas, parce que leur
Retour est trop tardif ; aussi Monsieur, prenez 
une voiture, dont son prix sera compris dans
votre vacation.

On vient à Villemonble en sortant par la
Barrière St Martin, en passant à Pantin,
Noisy le Sec et Villemonble.

Cette circonstance me procurerait le plaisir de 
Vous connaitre, on traite mieux les affaires, quand
On s’est vu.

J’ai l’honneur Monsieur, d’être avec la
Considération la plus distinguée,

Votre très humble serviteur 

Mahé de la Bourdonnais

Villemonble ce 17 août 1838
"

Une recherche rapide dans les archives françaises en ligne permet de trouver à Villemonble (en banlieue est de Paris), un membre de la famille de La Bourdonnais qui doit probablement l'héberger.
Il s'agit de Joseph Marie Mahé de La Bourdonnais, inspecteur des Postes des armées, demeurant au 46 rue Saint-Dominique à Villemonble.



Voici le mini-arbre généalogique que j'avais fait de La Bourdonnais. Il s'agit peut-être d'un cousin de notre joueur d'échecs (étude à faire).



Toujours dans les archives ont apprend que Joseph Marie Mahé de La Bourdonnais habitait au 135 rue Saint-Antoine à son décès (en 1840).



Il s'agit là probablement de l'adresse du fameux immeuble dont il est question.
En voici une photo provenant de Google Map (j'y ai ajouté une croix rouge).
L'immeuble existe toujours et il est situé dans le Marais à Paris.