lundi 5 décembre 2011

Une peinture de Louis-Leopold Boilly

Il y a quelques jours j’ai découvert le tableau suivant du peintre Français Louis-Leopold Boilly. Un « microblog » en anglais discute brièvement de ce tableau.


J’ai effectué quelques recherches et il s’agit d’une peinture de joueurs d’échecs au Café de la Régence réalisée en 1792.
L’auteur du blog indique que le vieil homme sur la droite en manteau vert est probablement Legall (voir plus bas, mais cette hypothèse est vraisemblable).
En 1792 nous sommes alors quelques temps avant son décès.
D'ailleurs son nom exact est François Antoine de Legall sire de Kermeur comme le démontre si justement Dominique Thimognier sur son excellent site « Héritage des Echecs Français ».

L’hypothèse pour le joueur d’échecs sur la gauche serait qu’il s’agit de Philidor.
Pourquoi pas, le visage de ce personnage est assez râblé comme sur les autres représentations connues et « officielles » de Philidor.
Et on peut imaginer que Louis-Leopold Boilly se soit déplacé pour voir le « grand » Philidor et représenter les figures marquantes du Café de la Régence à cette époque.

Rappelons que Philidor quitte la France pour l’Angleterre en décembre 1792.
Comme l’indique Sergio Boffa dans son excellent ouvrage sur Philidor, celui-ci quitte la France du fait de problèmes d’argents pour essayer d’en gagner à Londres et non pas pour des raisons politiques comme il est communément admis.
Puis la situation entre la France et l’Angleterre se dégrade.
C’est ainsi que Philidor se retrouve coincé en Angleterre.
La République l’inscrit alors comme émigré, un statut passible de la peine de mort. Sa situation et celle de sa famille restée à Paris devient très délicate.
Philidor meurt en 1795 à Londres sans avoir pu revenir en France.

Au sujet de François Antoine de Legall, sire de Kermeur, j’ai trouvé dans « The London Magazine – May to August 1825 » (source google book) un extrait d’article parlant de lui.
L’article est signé par « un ancien amateur ».
L’auteur inconnu parle du fameux manteau vert caractéristique de Legall…

J’indique le texte en anglais puis ma traduction.
Parlant mal l’anglais, si quelqu’un a une meilleure traduction je suis preneur !

Chess and chess-players. By an ancient amateur - 1825.
(...) I am in one respect, at least, better able to treat this subject in a suitable manner than any of my contemporaries, for i am probably, without any exception, the oldest chess-player in Europe. I have not only had the honour of contending "on the checquer'd field" with M. Philidor, but I have frequently played at the Café de la Régence with M. de Legalle, the master of that distinguished professor, who, in my younger days, was a better player than is celebrated pupil. There is no man of whose person and deportment I retain a more vivid recollection than M. De Legalle; he was a thin, pale old gentleman, who had sat in the same seat at the Café, and worn the same green coat for a great number of years when I first visited Paris. While he played at chess, he took snuff in such a profusion that his chitterling frill was literally saturated with stray particles of the powder, and he was, moreover, in the habit of enlivening the company during the progress of the game, by a variety of remarks, which everybody admired for their brilliancy, and which struck me perhaps the more forcibly, as I was at that time but indifferently acquainted with the French tongue (…).


Les échecs et joueurs d'échecs. Par un ancien amateur - 1825.
(...) Je suis sur un point, au moins, mieux à même de traiter ce sujet de manière appropriée que les autres de mes contemporains, car je suis sans doute, sans aucune exception, le plus ancien joueur d'échecs en Europe.
J'ai non seulement eu l'honneur de lutter "sur le terrain de l’échiquier" avec M. Philidor, mais j'ai souvent joué au Café de la Régence avec M. de Legalle, le maître de ce professeur distingué, qui, dans ma jeunesse, a été un meilleur joueur que son célèbre élève.
Il n'y a aucun homme dans la personne et la conduite, duquel je conserve un souvenir plus vif que M. De Legalle ; c’était un vieux gentleman mince et pâle, qui s’asseyait toujours à la même place au Café, et portait le même manteau vert depuis un grand nombre d'années et ce dès ma première visite à Paris.
 Alors qu'il jouait aux échecs, il prenait du tabac à priser dans une telle profusion que son col jabot était littéralement saturée de particules de cette poudre, et il avait, par ailleurs, l'habitude d'animer la galerie durant le déroulement du jeu, par une variété des remarques que, chacun admirait pour son éclat, et c’est ce qui m'a frappé peut-être avec le plus de force, car j'étais à ce moment-là que médiocrement familiarisé avec la langue française (…)


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