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samedi 8 juin 2024

La première Olympiade du jeu d’échecs et création de la FI(D)E – Prémices – 1 sur 4

русский перевод
English translation of this article
 
L’année 2024 correspond au centenaire de la création de la FIDE – Fédération Internationale Des Échecs.
Plus exactement, c’est à Paris, le 20 juillet 1924 que la FIDE est créée (originellement appelée FIE – L’acronyme actuel FIDE sera adopté lors du 2ème congrès de la FIDE à Zurich en Suisse en 1925, mais la signification ne varie pas : Fédération Internationale Des Échecs).
 

Le logo officiel du centenaire de la FIDE
 
Je vous propose de retracer cette création de la FIDE, ainsi que la première Olympiade d’échecs via plusieurs articles. Ces deux évènements sont étroitement liés. D'ailleurs comme nous le verrons, l'idée d'une Fédération Internationale de joueurs d'échecs arrive après le lancement de l'organisation du tournoi d'échecs international en parallèle des Jeux Olympiques.

Cette première partie est consacrée aux prémices de la première Olympiade du jeu d’échecs.
A ce jour la FFE parle assez peu de cet évènement du centenaire de la FIDE. Vous trouverez ici un article  sur son site internet. Mais ces évènements me semblent bien maigres (reconstitution de l'acte de signature de la création de la FIDE et simultanée géante).

Il n’est pas fait mention dans ces évènements, par exemple, de Pierre Vincent, véritable moteur de la création de la FIDE. Sa tombe se trouve au cimetière de Montmartre.
 


La VIIIème Olympiade (Jeux Olympiques) se déroulent essentiellement à Paris du 5 au 27 juillet 1924.
A cette occasion, la toute jeune Fédération Française des Échecs lance l’idée d’intégrer le jeu d’échecs à ces Jeux Olympiques sportifs.
 
Ça tourne vite assez court, car le bulletin numéro 5 de la Fédération Française des Échecs nous apprend que les démarches ont malheureusement échoué…Et d’ailleurs, alors qu’il s’agira d’un des objectifs majeurs de la FIDE dès sa création, celui-ci n’a toujours pas été atteint…
 
Bulletin numéro 5 de la FFE - Octobre Décembre 1922

Les Échecs aux Jeux Olympiques

Les démarches entreprises par M. Fernand Gavarry, président de la FFE, pour faire admettre les échecs dans le programme des Jeux Olympiques de Paris 1924, quoique très favorablement accueillis dans les milieux gouvernementaux et sportifs, se sont heurtées à un règlement inflexible.

Le programme des Jeux a été établi une fois pour toutes à Lausanne et ne peut être modifié qu’en un Congrès Olympique international convoqué par le Comité international olympique, seul juge de tirer des jeux d’une Olympiades des enseignements pouvant entraîner une modification du programme.
 
M. Léon Bérard, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, dans une lettre amicale adressée à notre Président, dit que, sur sa demande, il n’a pas manqué d’intervenir auprès du Comité Olympique français et regrette qu’une section « échecs » ne puisse être admise au programme des jeux de la VIIIème Olympiade.
 

 
 

Photo Fernand Gavarry – Supplément à la revue Belge L’Échiquier de juin 1925
 
Voir la biographie que lui consacre Dominique Thimognier sur son site "Héritage des Échecs Français".
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Gaston Legrain ,chroniqueur d'échecs dans le journal L’Action Française, rend compte de cet échec dans l'édition du 24 décembre 1922.
La dernière phrase fait référence au célèbre boxeur de l’époque, Battling Siki.

L’Action Française – 24/12/1922 – Retronews

Les pourparlers engagés par le président de la Fédération Française des Échecs pour faire admettre les échecs au programme des jeux olympiques de 1924 se sont heurtés à un règlement inflexible, excluant tout ce qui n’intéresse pas directement les muscles. Tout à Siki.

Pour autant la Fédération Française ne baisse pas les bras et décide d’organiser un évènement en parallèle de ces VIIIème olympiades. Il ne faut pas rater l’occasion de mettre à l’honneur le jeu d’échecs durant cet évènement mondial.

Ainsi le bulletin numéro 8 de la FFE (Juillet – Septembre 1923) évoque une idée du maitre Russe Eugène Znosko-Borovsky qui réside à Paris. Le problème tient essentiellement à la question financière pour la toute jeune Fédération Française des Échecs. Comment financer un tournoi international à Paris alors que la FFE est sans-le-sou ?
 
 

Bulletin numéro 8 de la FFE - Juillet / Septembre 1923

Quelques mois plus tard, manifestement une solution a été trouvée, comme il est possible de le lire dans le bulletin numéro 10 de la FFE. Il n’est pas fait mention explicite d’un appel à souscription auprès de mécènes, mais il est possible de deviner que ce sera la seule solution.  Ne serait-ce que par le lieu du tournoi : c’est l’hôtel Majestic qui est évoqué.
Ce lieu n’est pas choisi au hasard. Il s’agit d’un hôtel de luxe parisien dont le propriétaire n'est autre que Léonard Tauber, un des mécènes principaux de la Fédération Française des Échecs, et futur président de cette même FFE.


Publicité pour les hôtels de Léonard Tauber, alors président de la FFE - Bulletin FFE numéro 47 de Février 1931

En tout cas un comité d’organisation et un comité exécutif sont mis en place.
A noter un détail important dans le titre de l’article du bulletin de la FFE, c’est le mot « Amateur ». En effet les Jeux Olympiques sont alors strictement réservés aux sportifs amateurs. Mais comment définir cette notion parmi les joueurs d’échecs ? 
 
Bulletin numéro 10 de la FFE – Janvier / Mars 1924
 
Tournoi international d’Amateurs d’Échecs.

Les jeux olympiques de 1924 devant amener à Paris un grand nombre d’étrangers, un comité a été formé pour organiser avec la collaboration de la Fédération Française des Échecs, un tournoi international d’amateurs d’échecs.
Ce tournoi aura lieu dans les salons de l’hôtel Majestic du 13 au 20 juillet 1924.
Les champions amateurs de toutes les nations inscrites aux jeux olympiques sont invités à participer à ce tournoi.
Le nombre des concurrents éventuels est limité à 4 par nation, sans remplaçants.
Comme dans les jeux olympiques, les prix consisteront en médailles et diplômes.
(…)
 
Bulletin numéro 10 de la FFE – Janvier / Mars 1924 - Suite de l'article avec les membres du comité exécutif.
 
Notez qu'il n'est pas encore fait mention de l'idée de création d'une Fédération Internationale de joueurs d'échecs à cette occasion...

A suivre...

samedi 19 novembre 2022

L’appel de la FFE pour les Olympiades de 1928…

 …Ou les premiers temps difficiles de la Fédération Française des Échecs.
Nous pouvons être reconnaissants de ces personnes qui ont tenu la barre contre vents et marées. 
 
Pierre Vincent, supplément à la revue l’Échiquier, janvier 1926

En 1924, à l’initiative de Pierre Vincent, secrétaire de la jeune Fédération Française des Échecs, est organisé le premier tournoi Olympique d’échecs à Paris durant les jeux Olympiques. Il s’agit de la première « Olympiade d’échecs » pour reprendre le terme actuel.
C’est également à cette occasion, à Paris en 1924, que sera créée la FIDE, Fédération Internationale Des Échecs. J’espère d’ailleurs que le centenaire de l’évènement sera à la hauteur des attentes en 2024 à l’occasion des jeux Olympiques à Paris !
 
Les Olympiades d'échecs de La Haye organisées en parallèle des jeux Olympiques d'Amsterdam en 1928.

Après Londres en 1927 avec la première olympiade sous l’égide de la FIDE, c’est au tour de La Haye aux Pays-Bas, en 1928, d’organiser une nouvelle olympiade. Un appel à souscription est lancé dans le bulletin de la FFE suite à l’assemblée générale de la FFE du 6 novembre 1927. Quelques inquiétudes transparaissent à la lecture du communiqué.
 
Bulletin de la FFE – Janvier 1928 - Fonds Mennerat, Belfort

Jeux olympiques — La France, qui a constitué la Fédération Internationale des Échecs, à Paris en 1924, est invitée a envoyer des joueurs aux tournois d’Échecs, qui auront lieu à La Haye, a l'occasion des Jeux olympiques, en juillet 1928. Une équipe de 5 joueurs devrait être envoyée, pour rendre aux nations venues à Paris en 1924 leur politesse.
Trois mille francs sont virés au compte dit olympique. pour indication. La F. F. E. devra toutefois renoncer à être représentée dans les tournois, si l'appel fait à ceux qui s'intéressent à l'honneur national échiquéen fait défaut.
MM. Egeley et L. Monvoisin, rédacteur de la chronique d’échecs de La Liberté, sont spécialement chargés de solliciter des concours généreux, principalement en demandant à  toute la presse française échiquéenne l'ouverture d’une souscription : Vingt mille francs sont à trouver par cette voie. Si non, nous déclarerons forfait, par faute de moyens financiers.


Il est question de « tournois d’échecs » au pluriel. Effectivement, à l’époque, les Olympiades consistaient alors en un tournoi par équipe de 4 joueurs (tournoi B) et d’un tournoi individuel (tournoi A).

Comme convenu, un appel à souscription est lancé dans le journal La Liberté du 6 février 1928. Mais d’autres journaux qui ont vent de l’affaire s’y mettent également, par exemple dans le journal La Patrie du 3 février 1928 en première page, avec une pointe d’ironie.
 
Source Euronews

C’EST LE CAS DE LE DIRE

La propagande française…en échec 

« Propager le jeu d’échecs en France. c'est servir le pays ! » Ne souriez pas : c’est très sérieux, et cette forme de patriotisme, toute inoffensive, en vaut bien une autre.
 
Chacun sait que si la boxe est le « noble art », la cavalerie des rois, des dames, des tours, des chevaux et des fous demeure, par excellence, « le noble jeu ». La mode a beau flatter tour à tour le bridge ou le mah-jong, passer par le puzzle pour aboutir à la démocratique belote, le échecs, eux, solides au poste et indifférents à ces engouements, gardent leur faveur, aujourd’hui comme au temps de la Grand Catherine.  
 
Les possesseurs de pièces d’ivoire ont leur Fédération, laquelle possède tout le personnel type, du président au secrétaire technique adjoint (sic). Mais cet état-major est inquiet et c’est pour cela que M. René (NDA – Pierre) Vincent, secrétaire général, nous dit aujourd’hui, sans nulle ironie :
« Propager le jeu d’échecs en France. c'est servir le pays ! »
L’heure est grave pour les échiquiers français !
-    Quel péril nouveau les menace ?
-    Une défaite d’amour-propre dont ils se laveraient difficilement. Sachez donc qu’en 1928, la France est invitée, à l’occasion des Jeu Olympiques d’Amsterdam, à envoyer aux tournois d’échecs qui seront organisés : cinq joueurs et un délégué au Congrès. Or la Fédération n’a pas les moyens financiers d’envoyer une équipe à La Haye ! Elle ne pourra rendre aux nations qui sont venues à Paris, en 1924, la politesse de répondre à leur invitation, que si les moyens de subventionner le déplacement de ses représentants lui sont fournis. Si nous ne les trouvons pas, sil es pouvoirs publics et les personnes généreuses ne nous viennent pas en aide, la France déclarera forfait pour le tournoi où 23 nations seront représentées. On a trouvé de l’argent pour les muscles, le refusera-t-on au cerveau ?
-    Il vous en faut beaucoup ?
-    Vingt mille francs. Nous ne sommes pas gourmands.
 
Il faut espérer de tout cœur que cet appel sera entendu. Mais il faut espérer aussi qu’une initiative officielle aura à charge de devancer l’aide publique. La propagande gouvernementale a ses mystères. Elle secoue parfois son escarcelle avec un grain de fantaisie.
Lui apparaitra-t-il que le prestige de l’intelligence française à l’étranger s’affirme mieux par un tournoi d’échecs que par un discours ampoulé ?
Laissera-t-elle, faute d’argent, sur ce domaine de l’esprit, mettre la France « échec et mat » ?
Personne ici ne le croira.
Jean Brétigny


Ou bien par exemple dans la presse régionale, dans le journal Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire du 13 février 1928
 
Source Euronews 

Et comme promis, la liste des premiers souscripteurs est publiée dans le bulletin de la FFE d’avril 1928. La somme récoltée est de 1120 francs, bien loin des 20000 francs attendus…
La liste des souscripteurs se termine par « Nous irons à La Haye !... », mais en page suivante la FFE indique qu’il n’y aura pas d’équipe, seulement un représentant pour le tournoi individuel.
 
Fonds Mennerat - Belfort 

La France sera représentée dans le tournoi individuel, véritable championnat du Monde amateur, par son champion André Chéron, champion de France 1926 et 1927.
Nous n’irons pas au tournoi par équipes.

Nous adressons l’expression de notre bien vive gratitude à ceux, trop peu nombreux hélas qui auraient voulu nous voir aller au complet à la grande manifestation internationale de La Haye, en juillet.
C’est avec cette poignée de souscripteurs, grossie de quelques dévoués organisateurs, que notre France échiquéenne poursuit sa marche pénible mais ascendante vers un destin qu’une foi inébranlable nous montre heureux. Quand même !


Puis, après cette note de pessimisme, c’est le mutisme jusqu'en juillet 1928 à quelques jours du début de la compétition. 
 
La Liberté 8 juillet 1928 - Source Euronews

(…) Nous connaissons le nom de tous les représentants des pays étrangers…sauf ceux de nos compatriotes. Peut-être la France n’enverra après tout qu’un concurrent pour le tournoi individuel ? Nous ‘en savons rien, le mutisme de la FFE ne nous permet pas d’écrire quoique ce soit à ce sujet, nous reparlerons si le secrétaire nous en touche un mot…
Le tournoi commencera le 21 juillet et se terminera le 5 août.(...)

L. MONVOISIN
 
Finalement il y aura bien une équipe de France, mais la FFE est peu disert sur l'origine des fonds pour l'envoi d'une équipe et d'un représentant pour le tournoi individuel. Est-ce Lénonard Tauber, principal mécène de la FFE à l'époque qui apporte le complément nécessaire ? La FFE mentionne seulement dans le bulletin d'octobre 1928 des mécènes hollandais.

Bulletin de la FFE - Octobre 1928 - Fonds Mennerat, Belfort

(...) Retenons que la FFE était représentée dans l'un comme dans l'autre, quelques mécènes hollandais ayant permis le déplacement des équipes.(...)
 
L'honneur est sauf, il y aura bien une équipe de France aux Olympiades de La Haye de 1928.

La Liberté 15 juillet 1928  - Source Euronews

Tournoi olympique.
La France sera représentée au Tournoi olympique : dans le tournoi A (individuel), par A. Chéron, champion de France ; dans le tournoi B (par équipe de quatre), par A. Muffang, R. Crépeaux, M. Duchamp et L. Betbeder. C’est une excellente équipe, des mieux composées.


Mais restons objectif, qui s'intéresse au jeu d'échecs à part son microcosme ? Gaston Legrain s'en fait l'écho dans sa chronique d'échecs dans l'Action Française. 

L’Action Française, 6 août 1928 - Source Euronews

Le Tournoi olympique
Dans une lutte par équipes comprenant quatre de leurs meilleurs amateurs, 17 nations sont réunies à La Haye et s’efforcent de faire valoir leur suprématie dans le sport intellectuel des échecs.
Voilà, direz-vous, une manifestation mondiale vraiment digne d’éveiller la curiosité publique.
Oui, mais il faudrait que notre grande presse d’information daignât en souffler mot. Or, elle ne reproduit même pas les dépêches d’agences qui annoncent chaque jour les résultats. Déplorons ce silence que nous constations déjà, en 1924, au tournoi olympique de Paris.


Ces difficultés, de réunir des fonds pour une équipe de France, s'ajoutent à toutes les difficultés financières de la FFE depuis sa création en 1921. Pierre Vincent, secrétaire de la FFE, est désabusé, la FFE est en crise, et cela fera l'objet d'autres articles...

Bulletin de la FFE, octobre 1928 - Fonds Mennerat, Belfort

Appel à nos amis

Dans quelques semaines nous nous réunirons en assemblée générale. La grave question de notre existence doit y être examinée. Déjà nos appels ont été nombreux ; déjà nous avons fait part de notre détresse, et secourus en temps utile par des mécènes, nous avons vécu au jour le jour, mais nous avons vécu. Nous avons grandi en nombre. Nous avons formé des Cercles. Nous avons fait des adeptes. Nous sommes a la veille d’interrompre cet effort
de persévérance, parce que les cotisations ne rentrent pas, et que nos fonds sont pratiquement épuisés (…)
En ce qui me concerne, cinq années de mendicité perpétuelle, de rebuffades, d’inutiles campagne, m’ont désabusé et profondément lassé.(…)

vendredi 2 juillet 2021

Les membres du Cercle Philidor en 1925

Dans un précédent article, mis en ligne il y a quelques jours, j'ai publié quelques photos du Cercle Philidor provenant d'une monographie publiée en 1925 à des fins probables de propagande.
Ce document est consultable au fonds Mennerat à Belfort.

Cette monographie contient également la liste des membres en 1925 et il me semble intéressant de la publier, comme je le ferai plus tard pour la liste des membres en 1913 de l'Union Amicale des Amateurs de la Régence.

Fonds Mennerat - Belfort - Monographie du Cercle Philidor (avec la côte FM ASS 87)

Tout d'abord voici comment le Cercle Philidor se présente. 
A noter le nombre important de membres, près de 250, ce qui en ferait le plus gros club parisien de nos jours.
La description de l'organisation des tournois de blitz (partie-éclair) est intéressante. Il n'y a pas assez de pendules, alors peut-être un produit de luxe même si la photo du précédent article en montre quelques-unes, et donc chaque joueur est prévenu au bout de 5 secondes qu'il doit avoir joué son coup. 

LE CERCLE PHILIDOR

La situation centrale du Cercle Philidor, les nombreux moyens de communication qui le desservent (voir le plan spécial), un local plaisant et spacieux, les efforts du Comité pour y réaliser tous les perfectionnements possibles, justifient la prospérité d’une association qui, fondée depuis près de quarante années, constitue le plus ancien groupement de joueurs d’échecs existant dans notre pays.

Le nombre imposant de ses sociétaires – près de 250 actuellement – auxquels viennent s’ajouter les amateurs de passage dans la Capitale, permet à chacun d’y trouver des partenaires de sa force.

Les joueurs étrangers, en visite à Paris, reçoivent au Cercle Philidor l’accueil courtois qui est dans la tradition française et sont assurés d’y rencontrer des compatriotes parmi ses membres, où se voient représentées les nationalités les plus diverses.

Une salle spéciale y est réservée aux Séances de Maîtres, Matches, Assemblées Générales, Banquets, etc. Décorée de nombreux portraits, gravures, tableaux, souvenirs, se rattachant uniquement au jeu d’échecs, elle constitue un véritable musée, le seul de son espèce à Paris.

Une bibliothèque, renfermant, outre la collection complète de la Revue « La Stratégie », quantité de traités d’ Échecs et d’ouvrages en langue française, anglaise, allemande, italienne, arabe, est mise à la disposition des adhérents, pour consultation sur place.

L’attention du comité se porte tout particulièrement sur l’organisation d’épreuves destinées à entretenir l’émulation chez les sociétaires. Il assure la participation du Cercle Philidor à toutes les manifestations de propagande en faveur du jeu d’échecs et s’ingénie à procurer à ses membres toutes les satisfactions désirables dans le domaine du noble jeu : Séances de Maîtres en parties simultanées ou « sans voir », matches entre amateurs ou professionnels, fréquents tournois-éclair réglé à la cadence de 5 secondes par une sonnerie spéciale créée à cet objet. Tournoi Annuel doté de nombreux prix en espèces.

Du fait de son affiliation à la Fédération Française des Échecs, les Membres du Cercle Philidor ont la faculté de fréquenter gratuitement, à leurs passages éventuels dans certaines villes de province, les groupements affiliés à la FFE (…)

Sur une autre page du document se trouve la composition de ce que nous appellerions le bureau de l'association, à l'époque "le comité", ainsi que d'autres informations.


CERCLE PHILIDOR
(Association fondée en 1889)
Siège à Paris :
30, boulevard Bonne-Nouvelle (Xe)
Café de la Terrasse
Téléph. : CENTRAL 56-88

COMITÉ :

M. Gustave LAZARD - Président
M. Maurice VERDEAU - Vice-Président
M. Georges PAILLARD - Trésorier
M. Lucien FENARD - Trédorier-adjoint
M. Henri PERINELLE - Membre Consultant

PRÉSIDENTS D'HONNEUR

M. Henri DELAIRE - Fondateur de l'Association
M. Edmond COUTELIER - Ex-Président de l'Association

MEMBRES D'HONNEUR

M. Alexandre ALEKHINE
M. Alphonse GOETZ
M. David JANOWSKI
M. Marcel LAMARE
M. André MUFFANG
M. Savielly TARTAKOWER
M. Léonard TAUBER

RÉUNIONS JOURNALIÈRES
de 15 à 19 heures et de 21 heures à minuit

Pour ce qui concerne les DEMANDES D'ADMISSION, voir les Statuts de la Société.

Fonds Mennerat - Belfort
Devant l'échiquier - Croquis d'Isaac Fainstein
Henri Delaire et Victor Kahn

Et voici la liste des membres du Cercle Philidor en 1925.
J'ai repris les informations suivantes du document : le nom, prénom, date d'adhésion, adresse, information sur le joueur, et en allant à droite du tableau, visible en tirant le curseur, j'ai ajouté quelques commentaires ainsi qu'un lien vers Wikipedia ou vers les biographies remarquables de Dominique Thimognier (Héritage des Échecs Français).

Elle contient 245 noms, et curieusement il en manque au moins un, celui de Gustave Lazard, président de l'association (son frère Frédéric est présent).
Et j'ai compté seulement 6 femmes parmi tous ces joueurs. Une population essentiellement masculine.

Fonds Mennerat - Belfort
Autoportrait d'Isaac Fainstein, artiste peintre, qui agrémente la monographie de nombreux dessins. 


Parmi des noms célèbres des échecs Français (Goetz, Muffang, Tauber etc...), vous remarquerez la présence discrète de Marcel Duchamp.

La plaque commémorative au 29 rue Campagne-Première dans le XIVe arrondissement de Paris, à l'adresse indiquée pour Marcel Duchamp.

mardi 25 mai 2021

Une simultanée de Samuel Rosenthal au Grand Cercle et Cercle des Échecs

 De 1884 à 1902, Samuel Rosenthal sera le directeur du salon des Échecs du Grand Cercle et Cercle des Échecs de Paris.

Chaque année, il a pour habitude de faire une grande exhibition du jeu d’échecs. En général il s’agit d’une simultanée « classique » et plus rarement une simultanée à l’aveugle (8 échiquiers, par exemple le 6 mars 1886).

La simultanée qu’il organise le 1er décembre 1891 donne lieu à la publication d’une très belle gravure dans Le Monde Illustré du 12 décembre 1891.

Le Monde Illustré - 12 décembre 1891 - Gallica
Au Cercle des Echecs - Grande séance du 1er décembre - Les trente parties jouées simultanément par M. Rosenthal notre collaborateur (d'après nature, par Louis Tynaire)

Notez dans l'article ci-dessous, parmi tout ce beau monde, des noms connus pour les échecs :
Henri Delaire (futur fondateur et 1er président de la FFE en 1921), Léonard Tauber (Mécène des échecs et 3ème président de la FFE), ainsi que Pierre de Balashoff avec qui Rosenthal sera en procès quelques années plus tard.

« Tournoi d'échecs du Grand Cercle et Cercle des Échecs de Paris.
 
— Cette captivante séance a eu lieu à la date du 1er décembre. Le tournoi, qui a commencé à neuf heures, s'est terminé à deux heures et demie du matin. 

Trente tables garnies chacune d'un échiquier, avaient été disposées sur deux rangées; l'espace qui les séparait avait été réservé à M. Rosenthal, qui devait jouer, selon l'indication du programme, trente parties simultanées sans avoir le droit de réfléchir plus d'une minute par coup. 

Les adversaires du célèbre professeur, étaient MM. Bonaparte Wyse, Glaser, Gilles, Griveau, de Souza, J. David, le sculpteur Beer, Grosz, Delaire, Debosse, Troubli, Lubrowski, Remacle, Martner, capitaine Duprey, Chazeray, de Balashoff, Courtade, Mme Ball, la femme de l'éminent aliéniste; Mme Talbotière, MM. Zarnbaco, le général Cacerès, ministre du Pérou; Paillard, Léon Tauber, Bourdarias, Godermain, Goldberg, Duchy et Doumayron. Il faut y ajouter M. le colonel Martinet et M. Olarte, secrétaire de la légation du Mexique. 

Parmi ces joueurs, il s'en trouvait plusieurs de première force, venus pour représenter le Café de la Régence, le Cercle des Échecs de Magenta et le Cercle militaire. 

(...) La vaste salle des fêtes du Grand Cercle où a eu lieu la séance est une véritable merveille d'élégance et de bon goût. L'aménagement de cette salle et de tous les salons du Cercle vient d'être terminée cette année sous la direction de M. Fernoux, l'architecte bien connu. 

Dans l'assistance très nombreuse, nous avons reconnu parmi le; plus passionnés par cette lutte si intéressante : MM. d'Yturbe, Madrazzo, le député Hurard, d'Ochoa, le colonel Gaston, le colonel Vulbois, J. Bestigné, Mme Elena Iturbe, le comte de Rascon, ancien ambassadeur d'Espagne, C. de Ochoa, délégué des finances d'Espagne, J. Coli, fonctionnaire espagnol, etc., etc. »

La salle des fêtes du Grand Cercle et Cercle des Échecs. 
Photo prise dans le même angle que la gravure ci-dessus.

Le résultat de la simultanée est donné un peu plus loin dans le même numéro du Monde Illustré du 12 décembre 1891.

« SÉANCE D'ÉCHECS DU MARDI 1er DÉCEMBRE 

Comme nous l’avions annoncé à nos lecteurs, cette séance a eu lieu au Grand Cercle et Cercle des Échecs de Paris. La magnifique salle des fêtes, illuminée à la lumière électrique, avait été mise à notre disposition. 

Trente échiquiers étaient dressés sur une longue série de tables, et, au milieu d'une nombreuse et sympathique assistance, nous avons engagé la lutte contre trente adversaires, suivant les conditions du programme. 

En voici les résultats : M. Debost, de Paris, a gagné une partie. Il y a eu trois parties nulles. Les vingt-six autres ont été gagnées par nous. Nous nous proposons de publier quelques-unes des parties les plus intéressantes. Il nous reste à remercier toutes les personnes qui nous ont apporté leur concours. La soirée a été très brillante et fia pris fin qu'à deux heures du matin. Beaucoup de dames nous ont fait l'honneur d'y assister. 

S. ROSENTHAL »

Rosenthal commentera 3 parties de cette simultanées dans le Monde Illustré.

[Event "Grand Cercle"] [Site "?"] [Date "1891.12.01"] [Round "?"] [White "Rosenthal, Samuel"] [Black "Chaseray"] [Result "1-0"] [ECO "C67"] [PlyCount "59"] {Partie publiée dans Le Monde Illustré du 12 décembre 1891. "Un des trente parties jouées simultanément le 1er décembre 1891 au Grand Cercle et Cercle des Echecs de Paris - Partie Lopez"} 1. e4 e5 2. Nf3 Nc6 3. Bb5 Nf6 4. O-O Nxe4 5. d4 a6 6. Bxc6 dxc6 7. Qe2 Bf5 8. g4 Bg6 9. h4 h5 10. Nxe5 Qxh4 11. Nxg6 fxg6 12. Qxe4+ Kf7 13. Qf3+ Kg8 14. Qg3 hxg4 15. Qxh4 Rxh4 16. Be3 Bd6 17. Nc3 Rf8 18. Ne4 Rf3 19. Nxd6 cxd6 20. Kg2 Rh5 21. Rh1 Kf7 22. Rh2 Rb5 23. b3 Rbf5 24. Re1 Rh5 25. Rxh5 gxh5 26. Bg5 Rf5 27. Bh4 g5 28. Bg3 h4 29. Bxd6 h3+ 30. Kg1 { Les noirs abandonnent.} 1-0 [Event "Grand Cercle"] [Site "?"] [Date "1891.12.01"] [Round "?"] [White "Rosenthal, Samuel"] [Black "Doumayron"] [Result "1-0"] [ECO "C01"] [PlyCount "73"] {Partie publiée dans Le Monde Illustré du 19 décembre 1891. "Un des trente parties jouées simultanément par nous au Grand Cercle et Cercle des Echecs de Paris - Partie Française"} 1. e4 e6 2. d4 d5 3. Nc3 Nf6 4. exd5 exd5 5. Nf3 Bd6 6. Bd3 O-O 7. O-O Nc6 8. Bg5 Bg4 9. Kh1 Be7 10. Re1 h6 11. Be3 Bd6 12. Ne2 Ne7 13. Ng3 Ng6 14. h3 Be6 15. Qd2 Qd7 16. Bxg6 fxg6 17. Ne5 Qe8 18. Bxh6 Ne4 19. Nxe4 dxe4 20. Bg5 Rf5 21. Rxe4 Bd5 22. Ree1 Bxe5 23. dxe5 Rxe5 24. Bf4 Rxe1+ 25. Rxe1 Qd7 26. Kh2 c6 27. c4 Be6 28. Qxd7 Bxd7 29. Re7 Rf8 30. Rxd7 Rxf4 31. f3 Rf7 32. Rxf7 Kxf7 33. Kg3 g5 34. Kg4 Kf6 35. f4 gxf4 36. Kxf4 g5+ 37. Ke4 { Les noirs abandonnent} 1-0 [Event "Grand Cercle"] [Site "?"] [Date "1891.12.01"] [Round "?"] [White "Rosenthal, Samuel"] [Black "Grivaux"] [Result "1-0"] [ECO "C30"] [PlyCount "55"] {Partie publiée dans Le Monde Illustré du 26 décembre 1891. "Une des trente parties jouées simultanément le 1er décembre 1891 au Grand Cercle et Cercle des Echecs de Paris - Gambit refusé"} 1. e4 e5 2. f4 Bc5 3. Nf3 d6 4. Bc4 Be6 5. Bxe6 fxe6 6. c3 Nf6 7. d4 exd4 8. cxd4 Bb4+ 9. Nc3 Nxe4 10. O-O Nxc3 11. bxc3 Bxc3 12. Rb1 Ba5 13. Qb3 Qc8 14. f5 O-O 15. fxe6 Kh8 16. d5 Bb6+ 17. Kh1 Qe8 18. Bb2 Na6 19. Ng5 Qg6 20. Nf7+ Kg8 21. Ba1 Nc5 22. Qd1 Ne4 23. Rb4 h5 24. Rxe4 Qxe4 25. Qxh5 Qh7 26. Qd1 Qh4 27. Rf3 Bf2 28. Rh3 1-0