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jeudi 13 juillet 2023

Eventail publicitaire du Café de la Régence

Merci à Alain Barnier qui m'a fait parvenir une photo d'un éventail du Café de la Régence.
Celui-ci a été mis en vente sur le site Interencheres fin mai 2023 parmi un lot de plusieurs éventails divers.
 
Lot d'éventails dont Café de la Régence et dans le goût du XVIIIe 
Estimation 30 - 50 euros
Adjugé à 160 euros sur Interencheres
 
 
J'ignorai que ce type d'objet publicitaires avaient été conçus pour le Café de la Régence, mais on en apprend tous les jours !.
 
Pour la datation de l'éventail nous avons quelques pistes pour avoir une fourchette de dates.
Deux éléments peuvent nous aiguiller :

Tout d'abord l'adresse indiquée "161-163 rue Saint-Honoré" indique quelque chose de postérieur à 1903.
En effet, en 1903 le Café de la Régence change de propriétaire et le 161 rue Saint-Honoré absorbe le Café du Sport situé au 163 rue Saint-Honoré.
Ensuite la dénomination "Café Restaurant de la Régence" n'est plus la dénomination du lieu après le début d'année 1922 et l'arrivée de Pierre-Octave Brun. Il changera le nom pour l'appeler plus sobrement "La Régence".
 

Conclusion : je pense que cet éventail est à dater entre 1903 et 1921 période durant laquelle c'est Lucien Lévy qui fut propriétaire des lieux.

Le Café du Sport situé au 163 rue Saint-Honoré 

Le site internet de la BHVP indique
Date attribuée d'après le cachet de la poste : 16 août 1908
Mais c'est une certitude que celui-ci disparait en 1903.

A noter qu'on peut voir sur la gauche de la photo la mention"LA REGEN"

Il est étonnant de voir deux café l'un à côté de l'autre.
En tout cas, le Café du Sport est absorbé par le Café de la Régence en 1903 comme l'indique par exemple Alphonse Goetz dans le 2ème numéro des Cahiers de l’Échiquier Français de 1930.
 
 
Le Café de la Régence, (…) était encore à cette époque le vrai café de style français. J’en connaissais le prototype d’après maint ancien café de ma ville natale, par exemple le Café Bauzin, sur la place de Broglie . Une imposante terrasse, une grande façade vitrée, l’intérieur blanc et or, la caisse installée sur le côté droit de la pièce principale, là où maintenant le mur a été percé pour l’absorption du Café des Sports (1903). Les tables du fond ainsi que celles de la salle couverte et surélevée, la salle de billard, étaient réservées aux joueurs d’échecs.

lundi 12 avril 2021

La fin du Café de la Régence


Lors de l’écriture de mon livre sur l'histoire du Café de la Régence, je fus surpris par la difficulté de trouver des informations au sujet de la fin du Café de la Régence.

Le nombre de journaux numérisés n’était pas le même qu’actuellement, et lors de mes recherches aux archives de Paris, le seul élément tangible que j’avais trouvé était dans le bottin du commerce de Paris, où à l’adresse de la Régence, au 161 rue Saint-Honoré, on trouvait dans le bottin de 1955 l’Hostellerie Guillaume le Conquérant


Toujours à la recherche d’éléments utiles à mon sujet d’étude, j’ai fini par découvrir la fin de l’histoire de ce lieu unique pour le jeu d’échecs.

Depuis la scission de 1918 et la création de l’association des échecs du Palais-Royal, le Café de la Régence n’apparait plus comme un centre majeur du jeu d’échecs à Paris. Il reste néanmoins un lieu de pèlerinage, si l’on peut dire, pour beaucoup de touristes et joueurs d’échecs très intéressés par l’atmosphère de ce lieu et la fausse relique de la table de Napoléon. 

Néanmoins le gérant du lieu depuis 1922, Pierre Octave Brun, réussit à relancer cette activité échiquéenne au cours des années 1930. Les joueurs d’échecs s’y retrouvent, quelques événements s’y déroulent (simultanées, rares tournois), et la dernière trace d’activité échiquéenne avérée date de 1943.

Bulletin de la FFE 1943 - Document communiqué par Etienne Cornil

En 1946, Pierre Octave Brun cède son établissement et c’est là que démarre la fin du Café de la Régence. Dans les revues d’échecs, je pense en particulier à l’Échiquier de Paris, je n’ai trouvé aucune trace du Café de la Régence comme centre parisien du jeu d’échecs après la Deuxième Guerre mondiale et dans les années 1950. Il doit sans doute rester quelques courageux pour y jouer aux échecs et perpétuer cette tradition, mais cela reste anecdotique à mon avis.

En 1953 (et depuis plus de 40 ans à ce moment-là), le Café de la Régence occupe le 161 et le 163 de la Rue Saint-Honoré, au rez-de-chaussée et au 1er étage, c'est-à-dire toute la photo de gauche à droite. Le restaurant est très grand ! Au 161 se trouve aujourd'hui l'Office du tourisme du Maroc et au 163 un restaurant Japonais. 

Nous sommes en 1953, le Café de la Régence se trouve au 161-163 rue Saint-Honoré, il occupe le rez-de-chaussée ainsi que le 1er étage. Plusieurs célébrités parisiennes décident de créer un nouveau club à la mode.

Le journal Paris Presse L’Intransigeant du 27 septembre 1953 nous indique :

« Juliette Greco, Philippe Lemaire, Lise Deharme, Lise Delamare, Geneviève Fath fondent un club avec Marc Doelnitz.
Marc Doelnitz, créateur avec Gréco et Anne-Marie Cazalis du « Tabou », animateur de l’« Œil de Bœuf », du « Bœuf sur le Toit », du « Crazy Horse Saloon » et plus récemment du « Procope » va lancer un nouveau club.
« Celui-ci, dit-il, où tous les acteurs se retrouveront le soir »
Ce club siégera au premier étage du Café de la Régence, au Palais-Royal.
Dans le comité composé de Lise Delamare, Jacques Charron, Lise Deharme, Geneviève Fath, Juliette Gréco et Philippe Lemaire ces derniers donneront le côté sérieux du meilleur jeune ménage de Paris ».

En 1953, deux Grands-Maîtres soviétiques se rendent à Paris et constatent l’absence du jeu d’échecs au Café de la Régence. 

Projetons-nous en 1955, le Café de la Régence est alors devenu un lieu à la mode où se croise le Tout-Paris.

Source Retronews - BNF

Dans Paris-Presse L’Intransigeant, le 2 janvier 1955 :

« Les provinciaux ont sauvé les réveillons de Paris… Car les Parisiens, eux, ont préféré passer la nuit les uns chez les autres.
Par Jean-François Devay

(…) Il y a eu du monde partout, bien entendu, mais nous étions loin, cette nuit, de l’allégresse quasi hystérique de l’an dernier quand, à sept heures du matin, le Tout-Paris s’écrasait dans les boîtes de nuit.
(…) A « Cour et Jardin », le club de la Régence où les stars vont tous les soirs de la semaine, on les cherche vainement toute la nuit. Adieu Jean Marais, Michèle Morgan, la douzaine de duchesses, les trois ministres et le Tout-Paris des générales qui s’y déchainèrent le 1er janvier 1954. Cette nuit, il n’y eut pour représenter les acteurs qu’Ivan Desny, comédien français d’origine russo-britannique dont le cinéma allemand a fait son jeune premier numéro un. Arrivé tout droit d’Allemagne, il ne savait pas. Jacques Charon, venu un quart d’heure, lui expliqua que, cette année, les comédiens se couchaient tôt (…) »

Photo de Claude Geiger
Notez le nom "Cour et Jardin" allusion directe au théâtre.

Ainsi le club « Cour et Jardin » a rencontré un beau succès en 1954 et un peu moins en 1955.

Photo trouvée sur Ebay et datée de 1955.

Point de joueurs d’échecs, mais plutôt le Tout-Paris comme il est dit. Ce succès est de courte durée, car dans le journal L’Aurore du 26 décembre 1955 on apprend :

« C’est signé, c’est définitif et c’est navrant pour les vieux Parisiens : le Café de la Régence a été vendu à une société archiconnue pour les nombreux cafés qu’elle a déjà édifiés dans notre capitale.
M. Bataille, l’ancien propriétaire de la Régence, voulait transporter le club de gens de théâtre, « Cour et Jardin », situé au-dessus de son restaurant à l’ouest de Paris et faire exécuter la décoration de ses nouveaux locaux par Marc Doelnitz. Mais ce dernier, à cette nouvelle, a eu une crise de rage, car il affirme que le club installé loin de la Comédie-Française n’aurait plus aucun succès »

Photo trouvée sur Ebay et datée de 1955.

Le Bottin du commerce de Paris était manifestement déjà au courant au moment de sa parution. La fin est confirmée dans le journal Le Semeur du 8 janvier 1956

« Ce splendide échiquier, qui fut la propriété de Napoléon, est encore exposé dans une salle de l’historique « Café de la Régence », siège du club des gens de théâtre « Cour et Jardin », qui va bientôt disparaitre pour céder la place à un restaurant moderne. »


La photo, de très mauvaise qualité, représente bien un échiquier, alors que la relique connue jusqu’à présent était la table qui le porte. Espérons que la table n’a pas été détruite au profit de cet échiquier… A ce jour l’endroit où se trouve la table de Bonaparte reste un mystère. Pour l’échiquier, c’est la première fois que j’en entends parler, et il est permis de douter sur son appartenance passée.

Le rideau tombe définitivement sur le Café de la Régence et sa riche histoire…

A noter qu’en 2017, un restaurant nommé « Le Café de la Régence » s’est ouvert un peu plus loin, au 167 rue Saint-Honoré. Ce lieu n’a strictement aucun lien avec la Régence historique. Je doute qu’ils apprécient qu’on sorte un jeu d’échecs pour y jouer. Par contre ils n’ont pas hésité à se servir des photos du Café de la Régence historique.

mercredi 11 novembre 2020

Tournois inter-cercles du 21 février au 14 mars 1943

Dans un précédent article, j'ai publié une des dernières traces connues de l'activité du jeu d'échecs au Café de la Régence, grâce à un extrait de document communiqué par Etienne Cornil.
Revoici ce document qui date de 1943 :

Bulletin de la FFE - 1943

Le propriétaire du Café de la Régence de l'époque, Pierre-Octave Brun, essaye de retrouver le lustre échiquéen passé de ce lieu avec les Tournois Individuels Internationaux de Paris.

Juste au-dessus de l'article sur les Tournois Individuels Internationaux de Paris, il est mentionné des Tournois Inter-Cercles qui ont eu lieu avec éclat du 21 février au 14 mars.
Une recherche sur le site Paris Musée m'a permis de trouver 3 photographies qui correspondent très probablement à ces Tournois Inter-Cercles.

Dans le texte il est indiqué que le Palais-Royal prend la troisième place de ce championnat derrière le Cercle Potemkine et Caïssa.
Le Cercle du Palais-Royal n'est autre que le Cercle fondé lors du départ de la plupart des joueurs d'échecs du Café de la Régence en 1918, et qui après plusieurs changements d'adresses, se trouve au Véfour en 1943.
Aujourd'hui le Grand Véfour est un restaurant gastronomique réputé, situé dans les arcades du Palais-Royal à Paris.

Photo Musée Carnavalet.

Sur la photo est indiquée la date du 14 mars 1943 (dernier jour des Inter-Cercles donc).
Un commentaire historique précise : Photographie de propagande diffusée pendant l’occupation allemande. L’image et la légende ont été soumises à la censure du gouvernement de Vichy.

Le lieu de prise de la photo n'est pas mentionné, mais il est possible de deviner le lieu grâce au décor très particulier des colonnes/poteaux que l'ont aperçoit au fond de la photo.
Malheureusement ce n'est pas au Café de la Régence.

L'intérieur du Grand Véfour et sa décoration si particulière.

Cette première photo des joueurs d'échecs de 1943 a été prise dans un angle de ce qui est alors en 1943 un café/restaurant. Voici cet angle depuis l'extérieur de nos jours :



Sur cette deuxième photo il est possible de reconnaître César Boutteville, sextuple champion de France d'échecs.
 


Photo Musée Carnavalet
Là il s'agit très probablement d'une partie libre ne comptant pas pour la compétition (pas de feuille de partie et pas de pendule semble-t-il).

Reconnaissez-vous d'autres joueurs sur ces photographies ?

mardi 19 novembre 2019

Une simultanée de Lasker au Café de la Régence (2 sur 2)


русский перевод

Mise à jour du jeudi 6 octobre 2022 : pour compléter cet article vous pouvez également lire celui-ci
 
Suite des articles découverts par Dominique Thimognier.

Le contexte historique de cette simultanée à la Régence est important, car 1933 est une année tragique pour Emanuel Lasker.
Hitler accède au pouvoir en début d’année 1933, et lance très rapidement une campagne d’intimidation et de discrimination envers les juifs, les dépossédant de leurs biens et les privant de leur nationalité. Ceci pousse Lasker et sa femme Martha à l’exil.

Cela faisait près de 10 ans qu’il ne jouait plus aux échecs à haut niveau (il a 65 ans en 1933), et ce retour aux échecs est probablement lié à une nécessité économique suite à son départ d’Allemagne.

Le journal Comoedia publie, le mercredi 22 mars 1933, un article signé Tartakover au sujet de la simultanée donnée quelques jours auparavant par Lasker au Café de la Régence.

Ce texte permet de répondre partiellement au mystère numéro 5 sur le Café de la Régence.
Oui il existe bien au minimum un film à l’intérieur du Café de la Régence. Celui-ci concerne justement la simultanée de Lasker. Après il reste à trouver ce film…
Ensuite nous apprenons que la simultanée a été couverte par de nombreux journalistes étrangers.
Il est raisonnable d’imaginer que des photos ont été prises et publiées dans la presse étrangère.
Il reste également à les trouver…


Jeu ou Science
Combats de fous, tours et dames

Le fameux Lasker montre au Café de la Régence, contre trente adversaires, sa maitrise.
Par Tartakover

« Victoire des blancs. La séance continue… » Telle est à peu près la formule sous laquelle se déroula la mémorable séance d’échecs que l’ex-champion du monde, Dr Emanuel Lasker, a donné samedi au « Café de la Régence » qui est – depuis plus de deux siècles ! – le temple reconnu du noble art des échecs.
Pendant plus de cinq heures (sans compter les petites interruptions de la séance pour le filmage, etc.), le maître se promena d’un échiquier à l’autre – toujours souriant et fumant sans cesse ses cigares « Voltigeurs » - avant que le résultat final put être énoncé : 22 gains, 3 nullités et 5 défaites, ce qui démontre, du reste, que le niveau de force des joueurs parisiens est très haut.

La consultation fut permise. Dans beaucoup de parties, l’ex-champion fit surtout valoir sa maitrise – si redoutée ! – pour les fins de partie : mais quelquefois les rôles furent changés et ainsi, par exemple, sur l’un des échiquiers, ce sympathique directeur des Cahiers de l’Échiquier Français, M. F. Le Lionnais, put annoncer à l’ex-champion au 52ème coup un mat en trois coups !

C’est aussi dire que la plupart des échiquiers furent tenus par des joueurs accomplis. Toute l’exhibition, - assistée d’à peu près 800 spectateurs enthousiasmés -, se déroula sous le signe de cette haute sportivité qui est surtout propre au jeu des échecs.
Chaque résultat fut promulgué à haute voix sous les applaudissements des spectateurs par le directeur technique de la séance, l’ex-champion de Paris, M. A. Baratz, tandis que l’orchestre du « Café de la Régence » dirigé par ce fameux virtuose, M. Paul Dony, entonnait sa belle musique.

Dans cette foule de joueurs et spectateurs l’élément féminin se laissait aussi constater et cela non seulement comme spectatrices charmantes (parmi lesquelles citons la Présidente du Club d’Echecs féminin de Paris, Mme d’Autremont ; puis Mmes A. Alekhine et E. Znosko-Borowsky), mais aussi comme des joueuses pleines de courage. Ce courage fut aussi couronné du succès chez la championne italienne, Mme C. Tonini. Une autre jeune dame qui promet beaucoup est Mlle Germaine Simonnot.

Journalistes de Paris et correspondant pour l’étranger (Suisse, Belgique, Hollande, Espagne, etc.) : photographes, dessinateurs, interviewers, chercheurs d’autographes – tous réunis dans leur amour et leur admiration pour la science échiquéenne ! – tels étaient les éléments vivaces (et même vivifiants !) qui complétaient la multitude dans cette réunion curieuse, vouée à un sport, plein de « sacrifices ».

A la fin de la séance, un représentant du « Comité des Amis du Café de la Régence » félicita, non seulement le Dr Lasker pour sa décision de reprendre sa glorieuse carrière d’échecs, mais aussi le propriétaires du café, l’initiatif M. Octave Brun, pour son effort de rendre aux Echecs Parisiens leur ancienne splendeur, quand, en effet, Paris représentait le centre mondial pour les jeu des échecs.

Tartakover
Maître des Échecs


Photo François Le Lionnais vers 1935 1940.


Photo Alice Tonini (provient du site http://heritageechecsfra.free.fr/)
source: Storia degli scacchi in Italia - Chicco & Rosino  (1990)

La Méga Database de Chessbase contient une partie datant de 1933 jouée par Lasker en simultanée contre A.Tonini et F.Le Lionnais en association.
Le lieu n’est pas mentionné.
S’agit-il de la partie jouée au Café de la Régence ?
C’est possible car celle-ci s’arrête au 50ème coup et l’ordinateur annonce un mat en quelques coups, ce qui est cohérent avec l’annonce du mat en 3 coups par le Lionnais dans l’article.
Voici la partie


[Event "Lasker Emanuel sim"] [Site "Paris"] [Date "1933.??.??"] [Round "?"] [White "Lasker, Emanuel"] [Black "Tonini,Mme/Le Lionnais,F"] [Result "0-1"] [ECO "B22"] [PlyCount "99"] [EventDate "1933.??.??"] [EventType "simul"] [EventRounds "1"] [EventCountry "FRA"] [Source "ChessBase"] [SourceDate "2000.11.22"] 1. e4 c5 2. Nf3 Nc6 3. c3 e6 4. d4 d5 5. exd5 exd5 6. Be3 c4 7. Nbd2 Be6 8. Ng5 Nf6 9. Be2 Bd6 10. f4 O-O 11. O-O Qe7 12. Bf3 Bf5 13. Re1 Qc7 14. g4 Bxg4 15. Bxg4 Bxf4 16. Qf3 Bxh2+ 17. Kg2 Rfe8 18. Nh3 Nxg4 19. Qxg4 Ne7 20. Bf4 Bxf4 21. Nxf4 Rad8 22. Nf3 Qd7 23. Qxd7 Rxd7 24. Re2 f6 25. Rae1 Kf7 26. Ne6 Rc8 27. Nc5 Rdc7 28. Nd2 b6 29. Ne6 Rd7 30. Nf1 Nf5 31. Nf4 g5 32. Nh3 Re7 33. Rxe7+ Nxe7 34. Ne3 Rc6 35. Ng1 Re6 36. Nf3 Kg6 37. Kf2 h5 38. Rg1 g4 39. Ng2 Kh6 40. Nd2 Kg5 41. Re1 Rxe1 42. Nxe1 f5 43. Nf1 f4 44. Nd2 h4 45. Nc2 h3 46. Ne1 g3+ 47. Kg1 Kg4 48. Nef3 Ng6 49. Ne5+ Nxe5 50. dxe5 0-1

Une simultanée de Lasker au Café de la Régence (1 sur 2)


русский перевод

La BNF continue de numériser sa fantastique collection de livres, journaux etc. qui sont disponibles à tout un chacun sur le site Gallica.

https://gallica.bnf.fr/accueil/fr/content/accueil-fr?mode=desktop

Dominique Thimognier, que je remercie, m’a fait part de quelques découvertes sur Gallica, relatives au Café de la Régence.
Si vous ne le connaissez pas encore, je vous invite vivement à consulter le travail de Dominique Thimognier sur l’histoire des échecs français.

http://heritageechecsfra.free.fr/

Les deux articles qui composent les deux billets de blog sur la simultanée de Lasker, datent de mars 1933 et proviennent du journal « Comoedia » (journal culturel de presse écrite comme l’indique Wikipedia).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Com%C5%93dia_(journal)


Photo Comoedia bandeau du journal (Source : Gallica)

Dans son numéro du jeudi 16 mars 1933, un article signé « H », annonce une simultanée d’Emanuel Lasker pour le samedi 18 mars au Café de la Régence.
Rappelons que Lasker fut le deuxième champion du Monde d’échecs de 1894 (victoire contre Steinitz) jusqu’en 1921 (défaite contre Capablanca).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Emanuel_Lasker#Retour_aux_%C3%A9checs_(1933_-_1934)


La photo de Lasker dans Wikipedia date justement de 1933, année de cette simultanée.

L'article qui annonce la simultanée de Lasker date du jeudi 16 mars 1933.

Le Grand Jeu
Trente joueurs d’échecs contre un seul

Mais cet unique sera le fameux Lasker, champion de 1900, qui vient de lancer ce défi disputé samedi prochain.

Une séance simultanée d’échecs vraiment sensationnelle aura lieu à Paris dans l’après-midi du samedi 18 mars, dans les salles historiques du Café de la Régence.
En effet, ce sera le maître des maîtres, l’ex-champion du monde, Dr Emanuel Lasker, qui tiendra la séance, voulant ainsi rafraîchir ses beaux souvenirs parisiens (1er prix au Grand Tournoi de Paris 1900, matches victorieux contre Janowski, etc.).
Le nom de Lasker (« le Grand Lasker », comme on l’appelle dans le monde des échecs, où il détenait le championnat mondial pendant 27 ans : de 1894 jusqu’en 1921), va donc se rallier au nom historique du Café de la Régence, qui – fondé en 1718 – servit depuis plus de deux siècles comme lieu de réunion de tant de grands hommes – tous, fervents d’échecs : Jean-Jacques Rousseau (qui en parle dans ses « Confessions »), Voltaire, d’Alembert, Diderot, Franklin, le Czar Paul 1er , Talma, le premier Consul Bonaparte (dont on conserve la table favorite), Alfred de Musset, Gambetta, Grévy, le grand ami de la France Bonar Law et autres.

Fidèle à ces magnifiques traditions échiquéennes, le propriétaire actuel du « Café de la Régence », le sympathique M.Octave Brun, mettra gracieusement ses salles à la disposition de la séance, pour permettre ainsi à tous les amateurs d’échecs de Paris et des environs, la réalisation de leur rêve : pouvoir croiser les armes cérébrales avec ce grand adversaire !
La séance du docteur Lasker aura lieu contre 30 échiquiers qui pourront être occupés par tout joueur de n’importe quelle force (ou aussi par des équipes de consultants).
Le commencement de la séance est fixé à 14 heures. Entrée libre. Tous les amateurs d’échecs sont les bienvenus.


samedi 23 mars 2019

Enveloppes

Voici deux enveloppes provenant du Café de la Régence.

La première date du 28 avril 1919, et je remercie M. Alain Barnier de me l'avoir communiquée.


La seconde est en ma possession, mais à défaut d'oblitération, le timbre a été simplement barré.


J'ai cherché la date d'émission du timbre afin de dater l'enveloppe.
Voici ce que j'ai trouvé :

Deuxième série des orphelins de la guerre 15c + 5c surchargé sur 10c gris-vert –
(Yvert et Tellier – Arthur Maury N°: 164)
Ce timbre a été émis le 1er septembre 1922 à ? exemplaires. Retiré de la vente le 31 août 1934.
Technique d’impression: typographie.
Dessinateur : Louis Dumoulin. Graveur: Léon Ruffé.

Pour ma part, la typographie étant la même entre les deux enveloppes, j'aurais tendance à dater la deuxième du milieu des années 1920.

Rappelons qu'à la fin de l'année 1918 les joueurs d'échecs quittent le Café de la Régence après de sérieux problèmes avec le propriétaire de l'époque, Lucien Lévy.
Ces mêmes joueurs d'échecs ne revinrent dans le café qu'au cours des années 1930 avec le nouveau propriétaire, Pierre-Octave Brun, nettement plus conciliant...

dimanche 16 septembre 2018

Pierre-Octave Brun

Tout d'abord, je souhaite remercier chaleureusement Mme Marie-Hélène Imbaud pour les informations et les photos qu'elle m'a communiquées.

Jusqu'à présent j'avais peu d'informations au sujet du propriétaire du Café de la Régence dans les années 1930 / 1940.
La seule trace que j'avais était mentionnée dans la source suivante :
Tijdschrift van de Nederlandschen schaakbond avril 1933 - Revue néerlandaise citée dans le cahier du CREB sur le Café de la Régence
Le propriétaire apparait avec le nom "O.Brun".

Il y a environ deux semaines, j'ai été contacté par Mme Marie-Hélène Imbaud, qui m'indiquait que Pierre-Octave Brun était l'oncle de son grand-père.
Cette seule information me permet de compléter le prénom de M. Brun, et d'ouvrir sans aucun doute le champ de mes recherches aux archives de Paris.

Après le départ de l'essentiel des joueurs d'échecs à la fin de l'année 1918, le Café de la Régence connait une période d'une dizaine d'années durant lesquelles le jeu d'échecs n'a plus sa place dans ce lieu.
Et petit à petit au début des années 1930, l'association "jeu d'échecs/Café de la Régence" refait surface, jusqu'à la fin de la deuxième guerre mondiale.
Sans aucun doute sous l'impulsion d'un nouveau propriétaire, qui n'est autre que Pierre-Octave Brun.

Source BNF - Gallica

Par exemple dans le journal "Le Petit Parisien" du lundi 29 février 1932, il est fait mention d'un "groupement" de joueur d'échecs sous la dénomination de "Régence" :

Source BNF - Gallica

« Le champion du monde Alekhine a disputé hier un tournoi d’échecs de 60 parties contre 300 joueurs.

Les salons du Claridge ont été, hier après-midi, le théâtre d’un sensationnel tournoi d’échecs. 
Le champion du monde Alekhine se mesurait avec trois cents adversaires, groupés par cinq joueurs sur soixante échiquiers. 
Cette rencontre – faut-il le dire ? – attira de nombreux spectateurs qui devaient acquitter d’un droit d’entrée, la recette de la journée étant destinée aux victimes de la guerre.

Au-dessus des tables supportant les échiquiers, des pancartes portaient le nom des groupements représentés : 
Fou du Roi, Cercle Philidor, Palais-Royal, Lutèce, Rive Gauche, Russe, Militaire, Buttes-Chaumont, Régence, Nation, de Rouen, de Hollande, Tennis Club Russe, Échiquier féminin, Légation des États-Unis mexicains, d’autres encore…

La partie commença à 14h30. Celui qu’on a appelé le « Napoléon des échecs » à cause de la rapidité foudroyante de ses décisions, passait entre les tables, s’arrêtait devant un échiquier et, derrière ses lunettes d’écaille, examinait les pièces. 
Le capitaine de l’équipe jouait : quelques secondes plus tard – parfois même aussitôt – Alekhine ripostait puis passait à un autre. 
En un quart d’heure, il faisait le tour des soixante échiquiers, ses adversaires disposant de cet appréciable délai pour préparer un nouveau coup. Le tournoi se poursuivait encore après minuit.  »

Mme Marie-Hélène Imbaud m'a également communiqué plusieurs photos d'objets du Café de la Régence.
Tout d'abord un plat sur lequel on voit la mention "Régence".


Le mot "Régence" est gravé en haut du plat sur la photo.


Et une tasse que l'on peut dater des années 1930 et qui est pour moi un magnifique témoignage du jeu d'échecs au Café de la Régence.








mardi 20 mars 2012

Origine et épilogue

29/12/2020 - Correction du nom Verdini en Verdoni.
12/04/2021 - Voir cet article au sujet de la fin du Café de la Régence : https://lecafedelaregence.blogspot.com/2021/04/la-fin-du-cafe-de-la-regence.html

Deux dates restent actuellement un mystère dans l’histoire du Café de la Régence.
Il s’agit pourtant de deux dates essentielles :
Quand le jeu d’échecs a-t-il investi le Café de la Régence ?
Quand le jeu d’échecs a-t-il quitté définitivement le Café de la Régence ?

Pour l’origine du Café de la Régence, il existe quelques pistes imprécises.
Je doute qu’il soit possible de trouver une date exacte, mais il est possible de raisonnablement situer l’arrivée du jeu d’échecs au Café de la Régence un peu avant 1725.

La première piste est un extrait du « Traité pratique théorique du jeu des Echecs » (source Google book) édité à Paris en 1775 par « une Société d’Amateurs ».
En fait cet ouvrage est signé par de forts amateurs du Café de la Régence de l’époque, à savoir Bernard, Carlier, Léger et Verdoni (dont on ne possède que très peu d’informations. Par exemple, leurs prénoms sont actuellement inconnus).
Dans ce texte il est indiqué en 1775 « Depuis plus d’un demi-siècle, le Café de la Régence étant le chef-lieu du jeu des Echecs en France (…)», soit au moins 1725.

Un autre texte fait mention d’une activité du jeu d’échecs à cette époque.
Ceci est connu par une affaire de justice qui fit grand bruit à l’époque.
Il s’agit de l’affaire de la Saint-Gervais, qui date de l’été 1725, au sujet de laquelle je reviendrai dans un prochain article.
Le personnage central de cette histoire, un certain Bulliot, vient régulièrement jouer aux échecs au Café de la Régence en 1725.

Ensuite, à quelle époque les échecs quittent-ils définitivement ce lieu ?
1918 a été une année presque fatale pour les échecs au café de la Régence.
L’Union Amicale des Amateurs de la Régence quitte le café (plus tard elle deviendra l’association des « Echecs du Palais-Royal »).
En 1925 dans les « Cahiers de l’Echiquier Français » l’optimisme n’est pas de mise sur l’avenir du Café de la Régence pour le jeu d’échecs.
Il est vrai que ce lieu qui se voulait le centre des échecs français, n’a plus trop de sens sportif avec la création nécessaire de la FFE, création d’une fédération française de joueurs d’échecs qui intervient tardivement par rapport à d’autres pays.
Mais il reste un lieu historique sans équivalent, d’un intérêt immense, qui hélas a disparu aujourd’hui.

Dans les années 30, Pierre-Octave Brun, nouveau propriétaire du Café de la Régence, remet le lieu au goût du jour pour les amateurs du jeu d’échecs.
Les choses avancent petit à petit. Sur ce blog, en octobre dernier, j’indiquais un article du « Petit Parisien » de 1939 comme dernière trace à ma connaissance du jeu d’échecs au Café de la Régence.
Etienne Cornil, m’a fait parvenir un document qui repousse de quelques années cette limite.

 (Source Etienne Cornil - Bulletin de la FFE 1943)

Ainsi, au moins jusqu’en 1943 on y trouve la trace de joueurs d’échecs et une certaine activité.

Curieusement, à ce jour il semble aussi difficile de connaître la date de début que la date de fin.

mardi 27 septembre 2011

Les noms des limonadiers

Dernière mise à jour de cet article le samedi 22 mars 2025.
Suite à la publication des articles concernant les archives nationales et le XVIIIème siècle, notamment celui-ci
 
C'est sous cette dénomination de "limonadier" qu'étaient recensés les gérants/propriétaires des cafés, cabarets etc dans Paris au début du 19ème siècle.

Voici un tableau des différents propriétaires du Café de la Régence, de sa création (fin 17ème siècle) jusqu'à la deuxième guerre mondiale.
Même si l'activité disparait quasiment à la fin de la première guerre mondiale, il semble néanmoins que le Café de la Régence a connu une certaine activité échiquéenne jusqu'au début de la deuxième guerre mondiale comme je l'ai trouvé dans des coupures de presse que je mettrai en ligne prochainement.




Références
(a) Paris, Café de la Régence – Monographie de Charles Mallet 1893 - Source BNF
(b) Cahier de l'Echiquier Français, n°33, 1925 - Cité dans le cahier du CREB sur le Café de la Régence - Il est indiqué M.Rey gérant durant une quinzaine d'années
(c) Almanach du commerce et de l'industrie de Paris - 1799 à 1836 - Source Gallica BNF ainsi que Google Book - Ci dessous extrait de l'Almanach de 1820

(d) Factum M.Vielle - Expulsion - Source BNF - Document déjà présenté dans un article précédent
(e) Revue La Régence janvier 1856 - Source Gallica
(f) La Régence avril 1860 - Source Gallica
(g) La Régence avril 1860 - Source Gallica
(h) La Stratégie août 1878 - Cité dans le cahier du CREB sur le Café de la Régence
(i) La stratégie octobre 1903 - Cité dans le cahier du CREB sur le Café de la Régence
(j) Tijdschrift van de Nederlandschen schaakbond avril 1933 - Cité dans le cahier du CREB sur le Café de la Régence
(k) L'intermédiaire des chercheurs et des curieux - Mai 1885 - Source Gallica 
(l) Almanach Dauphin 1777 - Source BNF- Cite Rey comme propriétaire du Café en 1777, en contradiction avec la source (k) 
(m) plusieurs numéros du Figaro mentionnent Lucien Lévy comme propriétaire du café de la Régence en 1918 
(n) La Semaine des Familles du 5 février 1859 (Source Gallica). Il est indiqué la date du 15 août 1855 pour l'inauguration du Café de la Régence rue Saint-Honoré.
(o) Les affiches de Paris avis divers du jeudy 25 janvier 1748 (Source Gallica)
(p) Le Palais-Royal – Tome premier – Par Victor Champier, Paris 1900. Ce texte fait référence à un document conservé aux Archives Nationales sous la référence R4*, 1067. 
(q) La Régence - Octobre 1856 indique la vente par M et Mme Gillet de leur établissement à M. Delaunnay. Delaunnay est également cité en 1859 dans le livre "Paul Morhy, the chess champion" de F.Edge.
(r) https://lecafedelaregence.blogspot.com/2021/04/la-fin-du-cafe-de-la-regence.html
(s) Ajout du prénom de M. Pierre-Octave Brun, grâce à Mme Marie-Hélène Imbaud (septembre 2018).
(t) Précision sur la date de changement entre Delaunay et Gillet https://lecafedelaregence.blogspot.com/2022/10/precision-sur-un-changement-de.html 
(u) Le prénom a été trouvé sur les archives numérisées de la ville de Paris. Voir la note (t) précédente.
(v) Les différents baux de location du XVIIIème siècle que j'ai découverts aux Archives Nationales - Côte Q/1/1186. Voir l'article que je leur ai consacrés
Remarques sur le tableau
Un "?" dans le tableau indique que la date n'est pas connue. 
Si j'ai mis un "?" devant la ligne c'est qu'il y a une incertitude sur cette date.
La colonne "présence" indique que la personne était le propriétaire avéré à cette date.
Ainsi pour M.Beaupied, je sais qu'il était propriétaire en 1799, mais je en connais pas la date de son arrivée.

Enfin je ne pouvais pas terminer cet article sans mentionner l'extrait suivant de l'Almanach du commerce de Paris 1820 - Source Google Book... Dans Paris on trouvait alors des métiers improbables à notre époque !