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mercredi 5 mai 2021

La Vie Parisienne (I)


Au hasard de mes recherches sur la Régence, j’ai découvert quelques articles et illustrations intéressantes dans le magazine La Vie Parisienne

Ce premier billet de blog sur cette revue montre un lieu insolite, puis les prémisses d’un divorce entre le Café de la Régence et les joueurs d’échecs. Le deuxième billet de blog se veut un peu plus … léger !

Couverture de La Vie Parisienne - 10 juillet 1920 - Source : Gallica

Créée en 1863, c’est un magazine un peu léger, précurseur des revues people de notre époque. Et dès le début du XXè siècle ont y trouve des illustrations érotiques. C'est dans cette revue que Colette publie en 1907 sa première nouvelle.

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Revenons à la Régence... L’auteur de l’article suivant est venu au Café de la Régence par curiosité pour les joueurs d’échecs et il les observe…

A noter la présence d’une femme parmi les joueurs, un fait suffisamment rare à l’époque pour être noté.
Il est fait mention de Vassily Soldatenkov, précurseur du gambit Marshall, pour lequel j’ai déjà consacré un article, d’Auguste Joliet, pensionnaire de la Comédie-Française et pilier du Café de la Régence pendant plusieurs décennies, ainsi que de Gestesi et du comte Villeneuve-Esclapon, deux membres de l'U.A.A.R (Union Amicale des Amateurs de la Régence).

La Vie Parisienne – 11 mars 1911

Il y a encore des sages à Paris.

Là-bas, dans une salle d’un café nocturne, à l’écart des soupeurs frivoles, abrités d’un orchestre bruyant par un comptoir encombré de bouteilles, ils siègent autour de petites tables, deux à deux, séparés l’un de l’autre, par de petites idoles qu’ils agitent tour à tout, qu’ils poussent soigneusement, précautionneusement ou projettent en avant avec fureur. (...)

Souvent les joueurs restent un quart d’heure sans faire un geste, comme hypnotisés par leurs morceaux de bois ; puis soudain, une main se lève, saisit un fou, un cavalier, une reine, qui franchit les obstacles, et s’immisce dans une mêlée. Il y a des idoles noires ; il y a des idoles blanches et elles luttent, elles se menacent, elles se guettent et elles se dévorent. On entend, au milieu du silence, une voix qui proclame : « Au Roi ! » Et finalement il ne reste plus qu’un pauvre roi immobilisé et déchu.

A l’heure où un peuple frivole se rend à des plaisirs nocturnes, les joueurs d’échecs viennent, après le labeur journalier, s’asseoir à leur place habituelle, le front soucieux, comme des généraux responsables des défaites de la veille. Les grands prêtres sont là, ils instruisent les adeptes ou luttent entre eux.
Dans ce cas, petit à petit, on se resserre autour d’eux ; ils n’ont bientôt plus la place de bouger. Les fronts se penchent ; des murmures flatteurs ou désapprobateurs accueillent leur jeu. Cela dure des heures. De temps en temps, on vient les voir, sans leur rien dire ; on hoche la tête, puis on va se rasseoir. On donne de leurs nouvelles : « Gestesi file un mauvais coton… Le comte de Villeneuve est bien imprudent. » Les plus audacieux discutent.

Illustration parue dans La Vie Parisienne du 13 juillet 1895.


Ils poussent le bois comme s’ils n’avaient fait que cela toute leur vie, comme s’ils n’avaient autre chose à faire au monde. Et quels drames pourtant ont rassemblé ici tant de nationalités diverses, tant d’existences hétéroclites, tant de types baroques !

Celui-ci a vu le jour dans les jardins parfumés de la Perse ; il a la tête pointue des saints marabouts. Et celui-là, par quelles ruses s’est-il échappé de Sibérie ? Sa barbe hirsute, sa cravate débraillée, son gilet qui bâille, disent assez qu’il en a vu de toutes les couleurs ! Cette femme aux regards étranges, aux cheveux en mèches rebelles, nul ne pourrait dire à quelle nationalité elle appartient ; elle parle toutes les langues avec volubilité.

Vers les minuit, le prince Soldatenkov, - yeux bleus, visage rose et frais, - apparaît en frac et en gilet blanc à boutons d’or. Un gros bonhomme à bajoues, les cheveux gris en coup de vent, les yeux ronds malicieux, la physionomie sans cesse en mouvement, tout le corps accompagnant le rythme de la musique voisine, la voix ronflante, va d’une table à l’autre, examinant les jeux ; sa figure s’étonne, se plisse, se déplisse, ses joues se gonflent, ses yeux roulent, sa bouche s’arrondi. C’est Joliet qui, son rôle terminé à la Comédie-Française, vient en reprendre un autre au temple des joueurs d’échecs.

Auguste Joliet - Atelier Nadar, vers 1895 - Source : Gallica

Il y en a d’autres : des pauvres et des riches, des nobles et des plébéiens, Russes, Hongrois, Allemands, Anglais, Scandinaves, Asiatiques et jusqu’à des Français. Et tous ces doux fanatiques oublient leurs vicissitudes humaines dans un petit coin de Paris, mêlés à la foule sans y être, à l’agitation publique sans s’émouvoir, au bruit sans y participer. Ils poussent le bois.
Il y a encore des sages à Paris.

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Dans ce second article, de La Vie Parisienne, il est question de la place des joueurs d’échecs qui se réduit comme une peau de chagrin au Café de la Régence et d’un orchestre qui fait beaucoup de bruit… 
Rappelons que 6 ans plus tard, en juin 1918, l’Union Amicale des Amateurs de la Régence, va claquer la porte du célèbre café, en désaccord avec son propriétaire du moment, Lucien Lévy.
Des joueurs d’échecs, dans une pièce dédiée au sein d’une brasserie à la mode, cela fait tâche et ce n’est pas favorable au chiffre d’affaire.
En tout cas, les prémisses d’un divorce sont là, même si l’article se veut humoristique.

Le Café de la Régence vers 1905-1910

La Vie Parisienne – 12 décembre 1912

Encore une vieille institution parisienne qui tend à disparaître !
Les joueurs d’échecs du café de la Régence qui vivent là depuis plus d’un siècle, eux que Diderot s’amusait à regarder pousser le bois, eux qui ont connu la brusquerie de Musset et le flegme de Byron, les joueurs d’échecs sont en état de siège. 

On les a d’abord repoussés dans une arrière-boutique ; ils s’y sont résignés. Puis on leur a infligé une musique cacophonique ; ils se sont contentés de n’y point prendre garde. Enfin maintenant ils sont priés de faire silence lorsqu’un pianiste qui prend du ventre et un violoniste trop vert exécutent des acrobaties en retombant rarement sur leurs propres pieds. 

Et les pousse-bois, gens réfléchis et persévérants, se demandent cependant s’ils ne vont pas être obligés d’émigrer dans quelque paradis béni où il n’y aurait pas de musiciens. Ils sont venus des quatre coins du monde pour résoudre entre eux d’une façon élégante les problèmes de l’échiquier ; ils s’imaginaient pouvoir se livrer à leur culte en toute quiétude et il leur faut subir en silence un crincrin énervant qui s’échine sur des pots-pourris tirés des œuvres de Wagner !

François, le fidèle serviteur de ces sages aux abois, lui qui, pourtant, est plus sage que tous ces sages, sourit avec une profonde commisération :
- On veut nous bourrer le crâne, dit-il, et avec des musiciens qui ne sont même pas tziganes !... Quelle pitié !

Un mois plus tard, c’est la suite de cet article… Il est question d’Eugène Deroste, président de l’UAAR qui essaye d’apaiser les choses.

La Vie Parisienne – 18 janvier 1913

La Vie Parisienne s’est faite dernièrement l’écho de quelques habitués du Café de la Régence, chez qui la passion des échecs exclut le goût de la musique, et qui trouvent que les flonflons d’un orchestre de tziganes ne sont pas très favorables aux savantes combinaisons du noble jeu de Philidor.
Le propriétaire du Café de la Régence s’est ému de notre écho et il nous a communiqué une lettre fort spirituelle du Président de l’Association des joueurs d’échecs, qui tiennent leurs séances autour de ses tables de marbre.

Il résulte de cette lettre que si, pour les joueurs d’échecs le silence est d’or, la musique est d’argent pour les propriétaires de café ; que les joueurs d’échecs qui ne savent point apprécier tout le charme de la Veuve Joyeuse ou d’un pot-pourri de Carmen sont beaucoup moins nombreux qu’on ne pourrait le croire ; et enfin que l’orchestre du Café de la Régence est excellent. Nous avons grand plaisir à en informer nos lecteurs.

Quelques années plus tard, la musique est toujours là, mais sans les joueurs d’échecs.
Le journal Le Petit Bleu de Paris du 26 février 1921 note la qualité de la musique qui est jouée au Café de la Régence. 

Source : Retronews

Où entendre de la bonne musique ? Au Café de la Régence, Place du Théâtre-Français. Tous les soirs, orchestre Léon Golbert, sous la direction du violoniste virtuose André Dartibe, premier prix du Conservatoire de Paris. Chaque jour, solo de violon.


La Régence, vers 1920 - Roger-Viollet


La présence d'un orchestre est vraiment mis en avant !
 

vendredi 9 avril 2021

Le jeu d'échecs dans les écoles et photos inédites

 Le 13 juillet 1911, le journal Excelsior publie un article sur le Café de la Régence, et l'UAAR (Union Amaicale des Amateurs d'échecs de la Régence) qui souhaite promouvoir le jeu d'échecs dans les écoles.
J'ai déjà eu l'occasion de présenter ce projet des joueurs d'échecs du Café de la Régence, dans deux anciens articles de ce blog, ici et .
Cela semble être une marotte des joueurs d'échecs que leur jeu soit introduits dans les écoles.
En tout cas l'idée n'est pas récente comme on peut le voir.

Cet article contient une brève description de la pièce où se retrouvent les joueurs d'échecs au Café de la Régence en 1911.

Mais le plus important à mes yeux, ce sont les deux photos ajoutées à la fin de l'article dans Excelsior.
Il est rare de trouver des documents iconographiques inédits sur la Régence.  

Excelsior – Jeudi 13 juillet 1911 - Source Retronews (BNF)


Les joueurs d’échecs donnent des prix aux lycéens.

Le ministre de l’Instruction publique accepte l’offre qui lui a été faite de traités d’échecs pour les élèves des lycées.

Connaissez-vous les joueurs d’échecs du café de la Régence ?… Ce sont des gens attentifs, pensifs et solennels comme des philosophes, vieux pour la plupart mais d’une affabilité souriante.
Au fond de cet antique café, où jadis Alfred de Musset les gênait par ses excentricités et même, dit-on, par ses impertinences, ils sont là toujours semblables à ceux de jadis, penchés sur les tables où les petits bois sculptés immobiles ont l’air, avant de se déplacer, d’attendre l’impérial décret de quelque Fils du Ciel.

Ils occupent une salle basse, au fond du café, d’autant plus basse qu’elle est surhaussée de quelques marches et c’est sur cette estrade que les joueurs-philosophes, en silence, officient.
On croirait difficilement que ces gens paisibles puissent avoir des ambitions. Cependant, un de nos confrères ayant annoncé que ces messieurs, réunis sous le nom d’Union Amicale des Amateurs d’échecs de la Régence, avait demandé au ministre de l’Instruction publique la création d’un enseignement du jeu d’échecs dans les lycées, nous avons d’entre eux quelques éclaircissements sur une semblable nouvelle.

M. F. Constant-Bernard, architecte, que l’Union a délégué pour la démarche auprès du ministre, nous a répondu avec la plus charmante bonne grâce :

« On a quelques peu exagéré nos intentions. Nous sommes beaucoup plus modestes et ne prétendons point créer un enseignement ni officiel ni officieux du jeu que nous aimons et que nous tenons pourtant pour l’un des plus nobles exercices intellectuels.
J’ai simplement adressé, au nom de l’Union, une lettre à M. Steeg dont voici les passages essentiels :

L’Union Amicale des Amateurs d’échecs de la Régence a décidé de soumettre à votre haute approbation son intention de mettre à la disposition de votre administration un certain nombre de traités du jeu des échecs pour être joints aux livres de prix décernés en fin d’année dans les lycées et les grandes écoles.
Le but que notre association voudrait ainsi atteindre serait de favoriser parmi la jeunesse studieuse le goût d’un jeu que de grands esprits ont considéré comme une des plus ingénieuses conceptions de l’intelligence humaine, comme une merveilleuse gymnastique de certaines facultés intellectuelles.

Vous le voyez, continue M. Constant-Bernard, il ne s’agit que de stimuler par des lectures le goût des échecs, ce jeu admirable que l’on a pu appeler le Roi des Jeux et le Jeu des Rois. Nous estimons aussi qu’il est moralisateur et que les jeunes gens peuvent y trouver, comme leurs camarades anglais, une activité cérébrale. N’est-il point déjà la distinction des vieillards ?...
Le ministre, d’ailleurs, a bien compris nos intentions puisqu’il a accepté, par une lettre officielle, que voici, l’offre que nous lui avons faite. Les traités seront, nous dit-il, les uns donnés en prix, les autres placés dans les bibliothèques, à l’usage des élèves. Aussi, dès ce soir, allons-nous expédier au ministère de l’Instruction publique, un premier envoi de 30 traités. »

M. Constant-Bernard parle de son jeu favori avec tendresse et avec considération. Il a quelque ressentiment, semble-t-il, contre les Français oublieux et conçoit, ainsi que ses amis, une juste fierté de leur premier succès scolaire. Déjà, derrière un grillage placé au fond de la salle des échecs de la Régence, les deux lettres commémoratrices, celle de l’Union et la réponse aquiescente du ministre.

Bonne chance aux braves joueurs d’échecs.

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Voici, en plus grand, les deux photos à la fin de l'article d'Excelsior.
Je ne les avais jamais vues auparavant.


Les joueurs d’échecs de « La Régence »
Deux des parties les plus intéressantes
1-M. Dhoste
2-M. Merle
3-M. Riester
4-Comte Villeneuve-Esclapon
5-M. Gibaud
6-M. Garcin
7-M. Larcher
8-M. Renaud
9.M. Arthur Good

Les noms me sont inconnus, sauf pour deux joueurs, le numéro 5 Amédée Gibaud, futur quadruple champion de France d'échecs et le numéro 4 Jean de Villeneuve Esclapon et sa célèbre moustache, compositeur d'études et membre fondateur de la Fédération Française des Échecs.

Le numéro 8 est un certain Renaud, mais il est difficile de dire si c'est simplement un homonyme de Georges Renaud ou bien un membre de sa famille.

Amédée (Aimé) Gibaud - Source Gallica
Jean de Villeneuve Esclapon - Héritage des Échecs Français
Source: supplément à L'Echiquier (avril 1929)

dimanche 30 octobre 2016

En 1911 au Café de la Régence...

Dans mon précédent article j'indiquais ne pas avoir trouvé de photographie avec ces échiquiers particuliers utilisés sur la gravure de l'Illustration en 1873.
M. Etienne Cornil (Belgique), que je remercie, vient de me rappeler à juste titre l'existence d'une photo avec cet échiquier. La voici:


Elle a été publiée dans la revue La Stratégie d'avril 1911.
Nous y voyons bien l'échiquier avec ses bords particuliers pour recueillir les pièces d'échecs comme sur la gravure de l'Illustration en 1873.

La Stratégie indique la légende suivante :
"Les deux frères champions parisiens"
à gauche Frédéric Lazard "Union Amicale de la Régence"
à droite Gustave Lazard "Cercle Philidor"

La photo a probablement été prise dans un café (la bouteille d'eau de Seltz sous pression dans le fond semble l'indiquer). Mais La Stratégie ne précise pas le lieu exact...
Je me plais à croire qu'elle a été prise au Café de la Régence...

Champions parisiens ?

C'est dans La Stratégie de Janvier 1911 que nous apprenons la victoire de Frédéric Lazard au "Tournoi-Championnat d'automne de L'Union Amicale de la Régence".
Il remporte largement le tournoi avec 12 points 2/3 sur 16 devant Gibaud avec 9 points 1/3.
2/3 ? Deux tiers ? Oui car les parties nulles comptèrent pour 1/3 de point...

Le numéro de La Stratégie d'avril 1911 donne le résultat du XXIIè tournoi annuel du Cercle Philidor remporté en 1ère classe par Gustave Lazard.
Le Cercle Philidor a plusieurs fois changé de lieu, mais sauf erreur il était toujours dans un café non loin de la place de la République à Paris.

Enfin pour terminer sur 1911, voici des informations relatives au café de la Régence (La Stratégie - Avril 1911).
José Raul Capablanca (1888 - 1942)

"Les visites que firent au Café de la Régence la plupart des maîtres ayant pris part au Tournoi de Saint-Sébastien ont donné pendant plusieurs jours à notre vieux temple parisien une physionomie d'animation inaccoutumée, au grand plaisir des habitués et, souhaitons-le, au profit de la propagande générale.
- Le 19 mars le maître russe Rubinstein donne dans l'après-midi une séance de 16 parties simultanées, il obtient le beau résultat de 14 victoires et perd contre MM. Gueffier fils et B. Tschabritsch.

- Le 24, une petite rencontre en trois parties est organisée entre les maîtres Teichmann et Taubenhaus. Résultats : Teichmann gagne les deux premières parties, la troisième ne pouvant rien modifier est jouée en analyses.

- Puis le 25, "l'Union Amicale", profitant du très court passage de Capablanca et pour fêter dignement le beau succès qu'il vient de remporter à Saint-Sébastien, réunit hâtivement en un banquet la plupart des sommités de l’Échiquier parisien auquel elle invite également Marshall le grand ami de la Régence et le toujours fidèle professeur Taubenhaus.

Malgré une organisation à l'improviste la fête est en tout point réussie et le jeune lauréat américain gagne bien vite les sympathies de tous les assistants venus le complimenter.
Sont présents : MM. Deroste qui préside, Tauber, Pape, Place, Constant-Bernard et Levy du comité de l'U.A.A.R; MM.Antoniadi, A. Joliet, Merle, Singer, Letorey, Gestesi, etc.
Après le banquet: splendide exploit de notre vétéran A. Joliet, de la Comédie, qui conduit simultanément deux parties, contre... Capablanca et Marshall !! Résultat: une partie nulle avec le dernier nommé; l'autre perdue avec... beaucoup d'esprit.

- Pour terminer la soirée Capablanca mène de front huit parties contre quelques forts amateurs de la Régence, d'aucuns luttant pour leur propre compte, d'autres opposant leurs forces regroupées. Le jeune maître américain joue avec une rapidité vraiment surprenante, puisque exactement en 22 minutes ! il termine sur les huit échiquiers, gagnant 7 parties et ne perdant que celle avec M. Halberstam.

jeudi 15 mars 2012

Le jeu d’échecs dans les écoles (suite)

Il s’agit vraiment d’un sujet d’actualité brulante. En effet la FFE vient de publier un communiqué sur l’adoption par l’Union Européenne du programme « Le jeu d’Echecs à l’école ». A suivre donc.

En attendant, voici un complément de mon précédent article.
Après le Figaro c’est au tour du journal « Le Gaulois » de parler du livre d'échecs offert dans les écoles, et ce, en première page !


Le Gaulois – Mardi 25 juillet 1911 (source Gallica - BNF)
Article paru en première page du journal dans la rubrique « ECHOS DE PARTOUT »

Nos potaches trouveront parmi les prix qui leur sont distribués cette année un livre qui n’est pas banal.
L’Union amicale des amateurs d’échecs vient, en effet, de mettre à disposition du ministre de l’instruction publique un certain nombre de traités du jeu d’échecs pour être joints aux livres de prix des lycées et des grandes écoles.
Dans un rapport adressé au ministre, les donateurs expliquent que le but de l’Association est de favoriser parmi la jeunesse le goût de ce jeu que de grands esprits ont considéré comme une des plus ingénieuses conceptions de l’intelligence humaine, comme une merveilleuse gymnastique de l’esprit et même comme un véritable repos cérébral, en ce sens que sa pratique nécessite le détachement de toute préoccupation étrangère à son objet. De plus, c’est un jeu dont l’attrait ne consiste pas en gain d’argent et qui détourne ses adeptes d’autres jeux qui sèment la ruine et les catastrophes.
A l’étranger, le jeu d’échecs est très en faveur, et les luttes aux échecs entre Oxford et Cambridge ont autant de retentissement que les luttes de ces deux Universités sur l’eau.
Le ministre a accepté de faire figurer ce livre dans les listes de prix.

mercredi 7 mars 2012

Le jeu d'échecs dans les écoles

L’idée d’introduire le jeu d’échecs dans les écoles est un cheval de bataille de la FFE depuis quelques années.
Différentes lettres d’intentions et différents accords avec le ministère de l’éducation semblent indiquer que c’est sur la bonne voie.
Mais cette idée n’est absolument pas récente, loin de là.

Voici un article paru dans la revue « La Stratégie » de juin 1912.
Mais l’expérience ne semble pas être reconduite les années suivantes.

La Stratégie - Juin 1912

« Dans son assemblée générale du 22 juin, l’Union des Amateurs de la Régence, après l’approbation sans réserve des comptes du trésorier et lecture du rapport de l’année, prend quelques décisions d’ordre intérieur – [établissement d’un catalogue de la bibliothèque, reliure ; mise à jour de la liste des sociétaires ; création d’un banquet annuel, etc…] – elle ratifie la nomination, à titre d’essai, du maître J.Taubenhaus comme professeur de la Société, et approuve un certain nombre de dons et souscriptions accordés par le Comité durant son dernier exercice et dont le plus important consiste en traités d’échecs offerts en prix aux lycées parisiens. Il est ensuite procédé au remplacement des membres sortant du comité : M. Lucien Lévy, démissionnaire, est réélu trésorier à l’unanimité.
Puis, sur proposition de M. Delaire, l’Assemblée décide de relever le défi du club de Ajedrez de Lima (Pérou) pour un match en deux parties par télégraphe ».
(Le Figaro - 12 juillet 1911 - Source Gallica BNF)

Le Figaro avait déjà publié dans une brève en première page (!!) de son édition du 12 juillet 1911 (donc l’exercice précédent dont parle la Stratégie de 1912).
Théodore Steeg est alors le ministre de l'instruction publique et des Beaux-arts.

PETITES CURIOSITÉS

On savait qu’un certain nombre de joueurs d’échecs se réunissaient tous les jours au café de la Régence. Il n’est guère de Parisiens qui n’aient été voir ces sages, penchés sur l’échiquier, et faisant galoper le cavalier vers la dame. Pourtant, tout a bien changé depuis que Diderot recueillait les mémorables propos du neveu de Rameau.
Mais ce qu’on ignorait, c’est que les joueurs d’échecs du café de la Régence se fussent réunis en une association qui a pour titre : Union amicale des amateurs d’échecs de la Régence. Or, que voulez-vous que fasse le président d’une Union, sinon d’aller voir les ministres ? Tous les présidents des Unions agissent ainsi, et pareillement les secrétaires des syndicats. Et ils présentent des revendications.
Donc, le président des amateurs d’échecs est allé voir le ministre de l’instruction publique. Il lui a dit « : « Ne pourrait-on enseigner le jeu d’échecs aux élèves des lycées ? »
Et sans doute il n’était pas question de nommer dans chaque lycée un maître du noble jeu. Le ministre a écouté avec bienveillance. Il a autorisé l’Union à faire distribuer, en même temps que les livres de prix, des « Traités du jeu d’échecs » aux bons élèves. C’est très bien. Palamède, dit-on, trompa par cette distraction les mornes factions du siège de Troie. C’est un petit souvenir classique que sauve M. Steeg, sans y penser. Peu de chose, dites-vous ? Hé ! au temps où nous sommes…