mercredi 29 mars 2023

McGraw-Hill pocket travel guides - Paris 1955

1955 est la dernière année d'existence du Café de la Régence. Les joueurs d'échecs sont déjà loin.
Vous pouvez consulter mon article dédié à la fin de la Régence en suivant ce lien, ainsi que celui sur deux joueurs soviétiques (Salo Flohr et Alexandre Kotov) en perdition, à la recherche de la Régence en 1953.

Le lieu apparait dans les guides touristiques, comme par exemple dans l'édition de 1955 du McGraw-Hill pocket travel guides
 
Merci à Nicolas pour ce document !
 
Pages 138 et 139 du guide McGraw-Hill pocket travel guides  
This famous old restaurant has just taken a new lease of life; the setting is elegant and the cooking excellent. It is good for after-theatre suppers.

Cet ancien restaurant réputé vient de retrouver une nouvelle jeunesse. Le cadre est élégant et la cuisine excellente. Il est idéal pour les dîners après le théâtre.
 


Édition de 1955

mercredi 22 mars 2023

Plaque commémorative du Café de la Régence

Mise à jour du jeudi 23 mars 2023 : Ajout de 2 photos de l'adresse actuelle - 161 rue Saint-Honoré à Paris

Après plusieurs années d'efforts, une plaque commémorative va enfin être inaugurée, le mardi 4 avril 2023 à partir de 14h15, au 161 rue Saint-Honoré à Paris.
Il s'agit de la dernière adresse du Café de la Régence, et vous pouvez venir assister à la cérémonie.
 
La Fédération Française des Échecs a annoncé l'évènement sur son site internet. 
 
 
Je remercie la Mairie de Paris qui a accepté ce projet, et tout particulièrement M. Jacques Baudrier, adjoint au maire de Paris, pour l'aide qu'il m'a apportée.
M. Jacques Baudrier est un fort joueur d'échecs (à plus de 2200 ELO) et fils de Pierre Baudrier, le spécialiste d'Alexandre Deschapelles.

Au 161 rue Saint-Honoré se trouve l'office du tourisme du Maroc.
Mais la boutique est fermée depuis pas mal de temps.

A comparer avec la photo qui illustre mon blog, photo qui date de 1895 approximativement.



La plaque commémorative est de grande taille et sera fixée là où se trouve le rectangle rouge que j'ai ajouté.

Vous avez au début de l'article le texte de la plaque qui sera posée au 161 rue Saint-Honoré, et ci-dessous le texte de la délibération du conseil municipal de Paris de fin mai 2022. J'ai écrit les deux textes qui ont été validés par la mairie de Paris.

 

dimanche 26 février 2023

Lettre d‘Arnous de Rivière à Tassilo von der Lasa en date du 17 novembre 1855

Suite de la correspondance entre Jules Arnous de Rivière et Tassilo von Heydebrand und der Lasa, conservée à Kornik en Pologne. Il s'agit de la 8ème lettre manuscrite pour laquelle je dispose d'une copie.

Lettre 1 - 18 mai 1854 - Premier échange - Sur le Cercle des Échecs de Paris - Les règles du jeu à uniformiser
Lettre 2 - 9 octobre 1854 - Les échecs en France sont apathiques - Projet de grand tournoi pour l'exposition universelle de Paris en 1855
Lettre 3 - 1er janvier 1855 - Le projet du grand tournoi prend forme
Lettre 4 - 12 mars 1855 - Difficultés dans le projet d'organisation du tournoi - le manuscrit de Doazan
Lettre 5 - 8 mai 1855 - Saint-Amant responsable de l'échec de l'organisation du tournoi prévu, selon Arnous de Rivière
Lettre 6 - 10 août 1855 - Congrès d'échecs de Leamington en Angleterre et Dubois à la Régence
Lettre 7 - 15 octobre 1855 - Éloge de Serafino Dubois et la manuscrit de Doazan est envoyé à von Heydebrand und der Lasa

L'adresse où est envoyée cette lettre :
Heydebrand und der Lasa
Légation de Prusse
Bruxelles

Cette 8ème lettre, qui fait suite aux précédentes, contient 4 informations intéressantes : 
1) Jules Arnous de Rivière n'est plus à Paris mais à Poitiers pour des études de droit. Rappelons qu'il a alors 25 ans.
2) Il est question du manuscrit de Doazan pour lequel Tassilo von Heydebrand und der Lasa vient d'effectuer un intéressant travail. Ce manuscrit a été l'objet de plusieurs échanges auparavant et j'en parle un peu plus loin.
3) Il évoque Staunton qui semble dégoûté de la carrière de joueur d'échecs. Staunton est probablement déçu de son résultat du tournoi de Londres en 1851, et il refusera de jouer un match contre Paul Morphy trois ans plus tard...   Il est fâcheux que son caractère hautain lui ait attiré tant d’inimitiés.  Ecrit Arnous de Rivière
4) Le journal La Régence renait (en début d'année 1856) après sa disparition en 1851. 



Poitiers, 17 novembre

Mon cher Monsieur Heydebrand

Excusez-moi de vous faire attendre la réponse à vos deux dernières lettres ; je suis très absorbé par l’étude d’un examen de droit, mais je pense être quitte la semaine prochaine et j’aurai alors le plaisir de pouvoir vous tenir au courant de mes faits et gestes échiquéens.

Le travail que vous venez d’achever promet, par ce que j’en ai vu, d’être très intéressant. Si vous avez un exemplaire disponible, oserai-je vous prier de le destiner à mon cousin M. le Comte de Basterot qui me charge de vous dire qu’il serait très heureux de cette grâce. J’ai écrit à M. Doazan pour qu’il pût retirer son M.S. (NDT = Manuscrit) et je lui ai transmis vos remerciements.

M Staunton me parait plus dégouté que jamais de la carrière de joueur d’échecs. Il sent qu’il a beaucoup perdu de son jeu d’autrefois et il l’avoue. Mais comme organisateur et comme auteur, M. Staunton me semble appelé à rendre encore des services à la cause des échecs et je crois qu’il a conservé assez du goût du jeu pour ne rien négliger qui puisse contribuer à la prospérité en Angleterre ; Il est fâcheux que son caractère hautain lui ait attiré tant d’inimitiés.

Un prospectus du futur journal va être livré sous peu de jours. On s’abonne au Café de la Régence. Je serai très fier de vous avoir au nombre de mes abonnés et je compte sur votre bienveillance pour me mettre en bon rapports avec votre célèbre compatriote M. Anderssen.

Agréez, je vous prie, mon cher Monsieur de Lasa, mon assurance de mes sentiments distingués et dévoués,

J.Arnous de Rivière

Voici quelques éléments sur l'écrit de Lasa au sujet du manuscrit de Gabriel Eloi Doazan.
A ce sujet il me semble que le manuscrit de Doazan est considéré comme perdu à ce jour. Il est peut-être dans une collection privée.
Cet écrit de Tassilo von Heydebrand und der Lasa est consultable en ligne sur le site internet de la bibliothèque de Cleveland. Il date donc de 1855 (il est incorrectement daté de 1827 sur le site de la bibliothèque de Cleveland).

Résumé historique
L'intéressant manuscrit, évidemment authentique, en possession de M. Doazan à Paris, et qu'il nous est permis d'examiner maintenant, est déjà connu aux amateurs d'échecs par les extraits qu'en a publié le "Palamède" en 1843 et 1844, dans un récit plein d'imagination.
L'époque à laquelle le recueil italien qui forme un petit in-quarto d'environ 130 débuts et de 6 fins de parties doit avoir été fait, remonte vers l'an 1600.
Les noms des célébrités espagnoles et italiennes attachés à la plupart des débuts, ainsi que la différence des règles suivies dans les parties, tendent également à établir cette date éloignée. Nous la fixons à l'an 1610.



dimanche 1 janvier 2023

Vente de l'immeuble du Café de la Régence en 1808

Le Journal de Paris du 6 septembre 1808 contient une petite annonce très intéressante.
Il s'agit de la vente de l'immeuble dans lequel se situe le Café de la Régence.
Nous avons là une description de l'immeuble avec notamment :
* de l'eau courante au rez-de-chaussée, là où se trouve la Régence, grâce à une pompe 
* de nombreux tuyaux en plomb
* la présence moderne pour l'époque de toilettes à l'anglaise, c'est-à-dire telles que nous les connaissons de nos jours.

Voici à quoi ressemble la façade de l'immeuble de la Régence en 1852/1853 juste avant sa démolition. A mon avis, il est peu probable que l'immeuble ait subi des modifications majeures entre 1808 et 1850, et nous avons donc là une idée assez précise à quoi il ressemblait.
Voir l'article que j'ai consacré à ce sujet et également celui-ci au sujet de la destruction de l'ancien Café de la Régence.

Archives de Paris - Recueil de dessins effectués en 1852/1854 pour le prolongement de la rue de Rivoli par Gabriel Davioud, alors inspecteur général des travaux d'architecture de la Ville de Paris.
 
Une note manuscrite sur le dessin nous apprend que l’enseigne est grise et que les lettres formant les mots « Café de la Régence » sont rouges... Ce qui donne quelque chose comme ceci :

Voici donc le texte de cette petite annonce du Journal de Paris du 6 septembre 1808.

 Journal de Paris - 6 septembre 1808 - Source Retronews

BIENS A VENDRE

Maison PATRIMONIALE, d'un produit de 14.000 f, sise à Paris, Place du Palais-Royal.
A vendre sur une seule publication, en la chambre des notaires, sise à Paris, rue de Grenelle S.-Honoré, ancien hôtel des Fermes ; aujourd'hui mardi 6 septembre 1808, heure de midi.
 
Cette maison, qui jouit de six lignes d’eau avec réservoir en plomb, est bâtie en pierre de taille, depuis les fondations jusqu’au quatrième étage ; elle consiste en deux grandes boutiques, l’une occupée par le Café de la Régence, l’autre par un marchand de draps ; Porte cochère, Entresol, cinq étages d’appartements, Chambres de domestiques au-dessus, chéneaux et trois tuyaux en plomb pour la descente des eaux, Caves bien aérées et dallées en pierre, corps de pompe conduisant l’eau dans les caves et au rez-de-chaussée, Lieux à l’anglaise à tous les Appartements, avec tuyaux en plomb jusqu’à la fosse. 

On traitera à l’amiable avant adjudication, s’il est (des) offres suffisantes. S’adresser pour les conditions de l’enchère et les titres, à M. MAILAND, notaire à Paris, rue des Prouvaires, n°3.

Le notaire de la vente est un certain Henri Mailand, dont il est possible de consulter les minutes aux Archives Nationales. Il faut se déplacer et je compte le faire prochainement.

En fin d'année 1808, le propriétaire du fonds de la Régence, M. Beaupied, cède son commerce à un certain Vatré ou Watré. Honneur à Beaupied qui avait réussi à ramener les joueurs d'échecs au Café de la Régence après leurs errements durant la Révolution Française... Voir mon article au sujet du Café Morillon.

vendredi 23 décembre 2022

Caricature non censurée en 1871

Il y a quelques jours j'ai publié un article sur une caricature censurée en 1877, sur le thème du jeu d'échecs. Dans un commentaire, M. Alain Barnier, que je remercie, m'a communiqué la référence d'une autre caricature. Celle-ci date à peu près de la même époque, et elle n'a pas été censurée par contre !

Elle est signée par le caricaturiste Alfred Le Petit et était en première page du journal satirique L'Eclipse.
A ce sujet Wikipédia nous apprend l'origine "amusante" du nom du journal :

En 1865, François Polo, libraire républicain qui édite des pamphlets contre l’empereur Napoléon III fonde le journal La Lune, auquel André Gill fournit des caricatures. Interdit par la censure, en décembre 1867, à la suite d’une caricature de Napoléon III, le journal disparaît le 17 janvier 1868.

La boutade « La Lune devra subir une éclipse » détermine le nom du successeur de La Lune : L’Éclipse. Le premier numéro paraît le 26 janvier 1868 et le dernier le 25 juin 1876. Au total, elle compte 400 numéros, plus 36 numéros bis ainsi que 5 suppléments en 1870. Lui succédant, La Lune rousse paraît jusqu’en 1879.

Ces journaux sont à nombreuses reprises censurés ou interdits. André Gill invente alors le personnage d’Anastasie1, femme revêche armée de ciseaux, censée personnaliser la censure.


En octobre 1871, au moment de la parution de la caricature, la France sort à peine d'une période majeure de son histoire.
La défaite de Napoléon III face à la Prusse, la perte de l'Alsace-Lorraine, l'émergence de la Troisième République et la Commune de Paris. La situation politique en France est complexe et incertaine, avec par exemple un retour possible d'un régime monarchiste.

L'Eclipse du 15 octobre 1871 - Source Gallica

Le texte sous la caricature indique :
Ce sont les Blancs qui marchent, il n'en reste plus qu'un : le Roi !
- Sa majesté voudrait bien s'avancer; mais elle est bloquée.
La Dame (le République), la Tour (Paris), le Cavalier (d'Aumale), le Fou (Rouher), tiennent en respect le petit-fils de Saint-Louis.
Le Roi est échec et mat.

samedi 17 décembre 2022

Traité complet théorique et pratique sur les fins de parties

M. Guy Gignac a fait l'acquisition du livre de Jean Préti "Traité complet théorique et pratique sur les fins de parties" datant de 1858.
 
Source Gallica - BNF.

Mais l'exemplaire qu'il a acquis est tout à fait exceptionnel par un détail formidable : il s'agit de l'exemplaire que possédait Saint-Amant comme le montre la dédicace de Jean Préti à son intention au début de l'ouvrage. M. Guy Gignac m'a envoyé une photo de cette dédicace et je l'en remercie.
 
Un détail qui rend l'exemplaire de Guy Gignac unique.
La dédicace de Jean Préti à Saint-Amant : "A Monsieur St Amant témoignage de haute estime et d'admiration de la part de l'auteur".

C'est l'occasion pour moi de dire quelques mots sur ce livre d'échecs, qui a été numérisé par la BNF et qui est disponible en ligne, par exemple ici.

Je me suis intéressé à la liste des souscripteurs, ainsi qu'à deux positions qui sont données à la fin de l'ouvrage.

On retrouve dans la liste des souscripteurs tous le gratin des joueurs d'échecs qui fréquentent pour la plupart le nouveau Café de la Régence ouvert en 1855 au 161 rue Saint-Honoré. Sur cette première page on remarque notamment Jules Arnous de Rivière, Albert Clerc, Ignace Calvi pour ne citer qu'eux.
 
Sur cette deuxième page de souscripteurs, je retiens Harrwitz, adversaire malheureux du futur match contre Morphy, le comte Isoard Vauvenargues un des protagonistes de la partie de l'opéra avec Morphy, ou bien encore Alfred de Musset en bas de page (décédé le 2 mai 1857 et qui n'aura donc pas eu l'occasion de voir le livre, mais qui confirme bien sa passion du jeu d'échecs jusqu'à la fin de sa vie).
 
Sur cette troisième et dernière page des souscripteurs, on observe la présence de Saint-Amant, de son vainqueur de 1843, Howard Staunton, et Claude Vielle, ancien propriétaire de la Régence.
 
A la fin du livre on trouve donc la position de la 25ème partie entre McDonnell et La Bourdonnais jouée à Londres en 1834, ainsi que la "toujours jeune" en français (evergreen game) c'est-à-dire la magnifique combinaison de mat d'Anderssen contre Dufresne jouée à Berlin en 1852. Je donne cette dernière partie avec les commentaires de Kasparov pour Chessbase magazine.
 
Diagramme de la 25e partie des matchs entre McDonnell et La Bourdonnais - Londres 1834
Un commentaire de Jean Préti précise qu'après le 24ème coup des noirs : 
 
Des témoins de cette partie, jouée à Londres, nous ont assuré qu'arrivé à ce dernier coup du Pion poussé par le joueur français, il y eut comme un mouvement d'enthousiasme électrique dans l'assemblée d'élite qui assistait à cette lutte de géants, quand elle put apprécier toutes les conséquences de cette sublime combinaison.
 
Extrait de la partie Anderssen - Dufresne, Berlin 1852.
 

 

 


[Event "Berlin 'La toujours jeune'"] [Site "Berlin"] [Date "1852.??.??"] [Round "?"] [White "Anderssen, Adolf"] [Black "Dufresne, Jean"] [Result "1-0"] [ECO "C52"] [Annotator "Kasparov,G"] [PlyCount "47"] [EventDate "1852.??.??"] [EventType "game"] [EventRounds "1"] [EventCountry "GER"] [SourceTitle "CBM 059"] [Source "ChessBase"] [SourceDate "1997.08.01"] [SourceVersion "1"] [SourceVersionDate "1997.08.01"] [SourceQuality "1"] {Aujourd'hui, nous allons nous pencher sur une partie qui a enchanté ses contemporains et qui est entrée dans l'histoire sous le nom de "la toujours jeune" en français ("Evergreen Game" en anglais). Dufresne était un étudiant en droit et journaliste allemand, dont le "Petit manuel du jeu d'échecs" ( "Kleines Lehrbuch des Schachspiels") a accompagné des générations entières de joueurs d'échecs.} 1. e4 e5 2. Nf3 Nc6 3. Bc4 Bc5 4. b4 Bxb4 5. c3 Ba5 6. d4 exd4 7. O-O d3 8. Qb3 Qf6 9. e5 Qg6 10. Re1 Nge7 11. Ba3 b5 12. Qxb5 Rb8 13. Qa4 Bb6 14. Nbd2 Bb7 15. Ne4 Qf5 16. Bxd3 Qh5 {[#] Les blancs ont un avantage gigantesque, le temps est venu de donner l'assaut. Fidèle à son propre style romantique et obéissant au goût du public, Anderssen a joué} 17. Nf6+ {?!! Deux points d'exclamation, car l'une des combinaisons les plus brillantes de toute l'histoire des échecs a été initiée par ce coup. Mais objectivement, la recherche de la beauté peut créer des complications inutiles. Le prosaïque} (17. Ng3 Qh6 18. Bc1 Qe6 19. Bc4 Nd5 (19... Qg6 20. Nh4 Qg4 21. Bxf7+) 20. Ng5 Qg4 21. Re4 {aurait terminé la partie sans plus de difficultés. Mais il manquerait ainsi aujourd'hui un joyau à la couronne du jeu d'échecs.}) 17... gxf6 18. exf6 Rg8 $1 {A première vue, la ligne g ouverte offre aux noirs d'excellentes chances de contre-attaque. Mais les calculs d'Anderssen étaient au-delà des craintes des gens normaux.} 19. Rad1 $1 {Je vous épargnerai les innombrables analyses de générations de joueurs d'échecs. Après des débats sans fin, ils ont décidé que le coup d'Anderssen était meilleur que l'alternative 19.Fe4. Après cela, 19...Tg4 ! serait le meilleur coup. Les Blancs auraient quelques problèmes difficiles à surmonter, mais à mon avis, ils gardent clairement le dessus dans les complications sauvages qui suivent.} Qxf3 $2 {Aujourd'hui, le roi blanc est à deux doigts d'être exécuté. Mais pouvons-nous reprocher à Dufresne de ne pas avoir reconnu les capacités magiques d'un génie ? [#]} 20. Rxe7+ $1 Nxe7 $5 {Une preuve de plus que les chefs-d'œuvre des échecs nécessitent la coopération courageuse de la victime ! De nos jours, un professionnel des échecs -- et bien sûr un ordinateur jouant aux échecs -- choisirait sans hésiter le coup 20...Rd8 pour éviter l'anéantissement imminent.} (20... Kd8 {Mais les noirs perdent aussi ainsi :} 21. Rxd7+ $1 Kc8 ( 21... Kxd7 22. Bf5+ Ke8 23. Bd7+ Kd8 24. Bxc6+ {with mate nebst Matt.}) 22. Rd8+ $1 Kxd8 (22... Rxd8 23. gxf3 {or}) (22... Nxd8 23. Qd7+ $3 {- the same motif mit dem gleichen Motiv}) 23. Be2+ {less clear is} ({weniger klar ist} 23. Bf5+ Qxd1+ 24. Qxd1+ Nd4 25. g3 Rg5 $1 26. Bh3 Bf3 $1) 23... Nd4 24. Bxf3 Bxf3 25. g3 Bxd1 26. Qxd1 {avec une finale ennuyeuse mais gagnée.}) 21. Qxd7+ $3 Kxd7 22. Bf5+ Ke8 23. Bd7+ Kf8 24. Bxe7# {Il n'est pas étonnant que les joueurs d'échecs de l'époque aient été peu enclins à apprendre des règles stratégiques obtuses face à des parties d'attaque aussi grandioses. Mais la vieille école combinatoire, menée par son chevalier le plus brillant, Anderssen, était finalement condamnée à disparaître. Ses représentants n'ont pas pu résister longtemps aux techniques plus avancées d'un Paul Morphy, dont les coups tactiques avaient une base positionnelle beaucoup plus solide.} 1-0 [Event "Match Londres 1834"] [Site "London"] [Date "1834.??.??"] [Round "18"] [White "McDonnell, Alexander"] [Black "De La Bourdonnais, Louis Charles Mahe"] [Result "0-1"] [ECO "C33"] [PlyCount "60"] [EventDate "1834.06.??"] [EventType "match"] [EventRounds "25"] [EventCountry "ENG"] 1. e4 e5 2. f4 exf4 3. Bc4 Qh4+ 4. Kf1 g5 5. Nc3 Bg7 6. d4 Nc6 7. e5 Nge7 8. Nf3 Qh5 9. Ne4 h6 10. Nf6+ Bxf6 11. exf6 d5 12. Bd3 Nf5 13. Qe1+ Kd8 14. Ne5 Nfxd4 15. c3 Nxe5 16. Qxe5 Nc6 17. Qxd5+ Ke8 18. Bb5 Be6 19. Bxc6+ Kf8 20. Qc5+ Kg8 21. Bf3 Qg6 22. Qd4 c5 23. Qe5 Re8 24. Be2 f3 {Des témoins de cette partie, jouée à Londres, nous ont assuré qu'arrivé à ce dernier coup du Pion poussé par le joueur français, il y eut comme un mouvement d'enthousiasme électrique dans l'assemblée d'élite qui assistait à cette lutte de géants, quand elle put apprécier toutes les conséquences de cette sublime combinaison.} 25. Kf2 fxe2 26. Be3 b6 27. h4 Bd7 28. Qd5 Qxf6+ 29. Kxe2 Bg4+ 30. Kd2 Rd8 {The Chess Player's Chronicle 1841, p. 311} 0-1

mercredi 14 décembre 2022

Censure en 1877

En fin d’année 1876, le caricaturiste André Gill crée le journal satirique La Lune Rousse.
Tout au long cette année 1877, dix de ses caricatures seront censurées par la IIIe République.
Elles seront toutes publiées dans un recueil spécial au début de l’année 1878.
 
André Gill par Nadar.

J’avoue qu’il est difficile de comprendre pour quelle raison ces dessins ont été censurés, avec notre vision actuelle des choses. Comme vous le verrez à la fin de l'article, où je mets la caricature, nous sommes à des années lumières de caricatures contemporaines aux conséquences dramatiques.

Toujours est-il que la presse française devra attendre la loi fondatrice du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. La presse écrite deviendra alors le premier média de masse. Entre 1880 et 1914, les tirages de journaux tripleront.
 
La Lune Rousse - 30 septembre 1877 - Gallica

Dans son numéro du 30 septembre 1877, La Lune Rousse n’a pas l’autorisation de publier un dessin représentant Jules Grévy devant un échiquier. On connait le lien de Jules Grévy avec le jeu d’échecs et le Café de la Régence, c’est sans doute ce qui explique le choix d’André Gill pour cette caricature.
Voir l'article que j'ai consacré à Jules Grévy.
 
La Lune Rousse - 30 septembre 1877 - Gallica
 
J’ai cherché sans succès pour le moment la raison de cette censure. Quelle est l’allusion que mentionne le texte de remplacement dans la Lune Rousse ? Ou bien le simple fait d’avoir représenté Jules Grévy, alors président de la chambre des députés, suffit à cette censure ?

En tout cas l’écho de cette censure retentit dans la plupart des journaux parisiens et provinciaux.
Citons par exemple Le Progrès de la Somme du 28 septembre 1877, Le Petit Parisien du 29 septembre 1877 ou encore Le Siècle du 27 septembre 1877.
 
Le Siècle - 27 septembre 1877 - Retronews
 
Le Petit Parisien - 29 septembre 1877 - Retronews
 
Le Progrès de la Somme - 28 septembre 1877 - Retronews

Ce dessin est le 7ème qui est censuré.

Jules Grévy est en 1877 le président de la chambre des députés, et c’est donc quand il sera président de la République que la loi du 29 juillet 1881 sera votée.
 
Le fameux dessin censuré de Jules Grévy devant un échiquier... - Source Gallica
 
Pour le plaisir, vous avez ci-dessous le dessin de Victor Hugo censuré, ainsi que le texte de remplacement publié dans La Lune Rousse du 7 octobre 1877.
 
Ce dessin est le 8ème qui sera censuré. Il s'agit d'une caricature de Victor Hugo au sujet de son nouveau livre « Le crime du 2 décembre » en référence au coup d’état du futur Napoléon III le 2 décembre 1851.
Mesurant du regard l'aigle de l'Empire étendu à ses pieds.