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mardi 24 octobre 2023

Après le fiasco du tournoi d'échecs de Paris en 1889

Cet article fait suite à ceux que j’ai consacrés sur le tournoi d’échecs de Paris en 1889. Première partie et deuxième partie.

Que devient l’Association Française des échecs après le fiasco de l’organisation du tournoi de Paris en 1889 ? C’est l’infatigable Jules Arnous de Rivière qui nous en dit quelques mots dans La Revue des Jeux en 1890.
 
Gallica - La revue des Jeux

Revue des jeux 1890 - page 229

Association française des Échecs et autres Jeux de combinaisons 

Cette Association, fondée en 1887, existe toujours, et un jour ou l'autre elle triomphera des obstacles que rencontrent presque toutes les institutions à leur origine. Le principe de l'union et de la coopération est le vrai, et l'effort commun doit prévaloir sur l'intérêt et la mauvaise volonté de l'individu; mais malheureusement, en France, on s'engoue facilement pour une personnalité, et on est indifférent quand il s'agit d'une œuvre collective. 

Vous trouverez des amateurs qui donneront un cachet de 20 francs à un professeur qui promet de leur apprendre les secrets de l'art de bien jouer aux Échecs (et sa leçon serait payée son prix à 3 fr. 50); mais ces mêmes amateurs se feront beaucoup prier pour verser 6 francs de cotisation annuelle à la caisse de l'Association. Ils se disent ou même ils vous disent : Que me reviendra-t-il de ce sacrifice ? La réponse est aussi nette que l'interrogation : Pendant un temps, vous ne pouvez rien récolter, vous recevez des circulaires qui vous tiennent au courant de la propagande, et c'est tout. 

Dans l'avenir, la France aura, comme les autres pays, son organisme spécial aux jeux de combinaisons, et ce sont les premiers souscripteurs qui auront été les plus méritants. Alors il y aura possibilité d'avoir un fonds pour instituer des tournois périodiques, pour former des archives, pour secourir des professionnels de talent dans les circonstances critiques, et nous n'aurons plus la disgrâce de savoir qu'un Philidor et un La Bourdonnais ont été ensevelis hors de leur patrie et par charité. 

L'administrateur délégué par le comité fondateur de l'Association est M. Arnous de Rivière ; c'est à lui qu'on peut adresser les souscriptions; elles ne sont plus sollicitées; celles qui sont déclarées proprio motu sont bien accueillies, et elles servent à couvrir les frais d'impression et de secrétariat. Pour plus de renseignements, écrire à M. A. de Rivière, quai Bourbon, 53, à Paris.
 
J. A. DE R.


Arnous de Rivière n’en démord pas, le seul responsable se trouve au Grand Cercle et Cercle des échecs de Paris, en la personne de Samuel Rosenthal (qu’il ne nomme pas directement).
 
Samuel Rosenthal - Photo publiée dans l'Illustration de 20 septembre 1902 à l'occasion du décès du joueur d'échecs.

Revue des jeux 1890 – Page 308

Un groupe de bons amateurs londoniens sont venus à Paris passer les vacances de la Pentecôte. Ils ont profité de ce court séjour pour visiter le Cercle du boulevard Montmartre, où se sont réfugiés les derniers membres de la Société d’Échecs de la rue de Beaujolais. Quelques parties ont été jouées, et l'avantage est resté, dit-on, aux joueurs de Paris. Allons, tant mieux, et voilà une belle occasion de frapper sur le tam-tam; vous verrez qu'on n'y manquera pas.
 
Ce n'est pas un fait d'aussi minimes proportions qui atténuera la faute commise l'an dernier de laisser s'écouler la période de l'Exposition universelle sans convoquer les célébrités de l'échiquier, et cette faute a été préméditée et voulue, non pas commise à l'étourdie. Tandis que le Salon bibliographique et quelques amateurs remplis de zèle faisaient tous leurs efforts à l'effet d'aboutir à l'organisation du tournoi international, on travaillait sourdement a contrario dans un certain milieu, on y obtenait l'abstention en masse, et Dieu sait si l'on s'est frotté les mains d'avoir échappé à la nécessité de prendre part à une lutte sérieuse ! Combien de temps encore les amateurs d’Échecs de France s'accommoderont-ils d’un état morbide qui nous place juste à la queue de toutes les autres nations ?
 

 
 L'illustration du 26 mai 1894 - Jules Arnous de Rivière

 



Le dernier article que j’ai trouvé au sujet de l’association Française des échecs pour cette période (1887-1890) est publié dans le journal Gil Blas, où son nom est évoqué. Puis plus rien pendant une dizaine d’années. 
 

 
 
Gil Blas  - 10 septembre 1890

(…) eu France nos professeurs d'échecs s'abstiennent de lutter les uns contre les autres; ils ne pourraient y être contraints que si l'Association française avait l'autorité qu'elle tient du consentement de la majorité des amateurs, mais ceux qui ont intérêt à diviser empêchent l'Association d'exercer son action libérale et les échecs en souffrent. Pour supprimer la cause du mal il n'y aurait pour ainsi dire qu'à souffler dessus, mais on s'obstine à ne le pas vouloir. Résignons-nous donc, ô mes contemporains et frères de la corporation à prendre la queue du progrès, à voir les autres pays organiser des tournois de maîtres dans lesquels nos champions figurent peu glorieusement où qu'ils ont la prudence de fuir. 
 
Dix ans ? Mais nous sommes alors en 1900 et il va y avoir une nouvelle exposition universelle à Paris ! Ainsi sous le pseudonyme de Pic de Brasero, dans l’Écho de Paris du 6 février 1900, Jules Arnous de Rivière parle d’une nouvelle association appelée « Association Française des Échecs »
 
L’écho de Paris – 6 février 1900

Récréations Intellectuelles
 
L'Association française des Échecs 

Lorsqu'une idée est juste, elle finit par s'imposer; lorsqu'une institution répond aux vœux des esprits éclairés, tôt ou tard elle est appelée à réussir. Voilà longtemps que la France reste en arrière des autres pays quant à l'organisation de la famille échiquéenne, et la conséquence de cette absence d'organisation a été un émiettement des forces et des moyens de développer la pratique du plus beau des jeux savants. 

Il s'est fondé des réunions plus ou moins prospères, mais qui n'ont aucun lien entre elles et aucune n’a assez d'autorité pour faire accepter ses résolutions ; cela tient à ce que les intérêts généraux sont sacrifiés, soit aux vues d'une exploitation commerciale, soit au profit des professionnels. 

Nous ne disons pas que ces intérêts particuliers sont illégitimes; il est naturel que le propriétaire d'un café cherche son avantage et qu'un professeur tâche d'obtenir un bon cachet; mais bien au-dessus de ces poursuites s'élève et plane le souci désintéressé du bien commun qui doit être confié aux personnes les plus propres à diriger. 

Toute société a besoin de direction. Un groupe de fervents amateurs du jeu d'échecs vient de se constituer dans le but de doter enfin notre Paris d'un comité chargé de représenter et de gouverner la famille entière des joueurs d'échecs de France. Ils sont déjà une quarantaine, ils seront cent demain, et il est à souhaiter qu'ils rallient un nombre toujours croissant d'adhérents. Provisoirement, le siège de la nouvelle association est établi 36, rue de Richelieu. Le président est. M. le docteur Maurat, dont l'amabilité et le zèle sont au-dessus de toute louange. Nous ne saurions trop encourager les amateurs d'échecs à entrer en communication avec lui et à s'inscrire pour faire partie de l'association. 
 

 


Mais comme je l’ai déjà évoqué dans un autre article, lors de l’exposition universelle de Paris en 1900, c’est au tour de Samuel Rosenthal d’organiser avec le seul Cercle des échecs de Paris le grand tournoi d’échecs qui sera remporté par Emmanuel Lasker. 
 
En attendant un article dédié à ce tournoi de Paris en 1900, je vous propose de lire ici ce que disait Emmanuel Lasker au sujet de Samuel Rosenthal et du tournoi de Paris en 1900. 
 
C’est mon interprétation de plusieurs chapitres de son livre écrit en 1937 Comment Victor est devenu un maître d’échecs.

mercredi 18 octobre 2023

Le Grand tournoi d’échecs de l’Exposition Universelle de Paris en 1889 – 2 sur 2

Suite de l’article sur le grand tournoi d'échecs de l’Exposition Universelle de Paris en 1889.

Comme on peut le lire dans le journal Gil Blas du 7 décembre 1888, Marie François Sadi Carnot, le nouveau Président de la République, ne semble pas très intéressé par le jeu d’échecs, contrairement à son prédécesseur Jules Grévy. 
 
Portrait officiel du président de la République Marie François Sadi Carnot
 
Gil Blas 7 décembre 1888 – Par Jules Arnous de Rivière

« L’Association Française des Échecs (et autres jeux de combinaison) a pris comme on sait l’initiative d’un projet de concours international à l’Exposition de 1889.

Les instances qui ont été faites auprès de M. le président de la République pour obtenir des objets d’art se sont brisées jusqu’à présent contre un non possumus très inattendu ; on ne donnerait pas de prix d’encouragement au troisième congrès des échecs, parce qu’on en refuse aux nombreuses Sociétés de gymnastique, qui toutes sollicitent un vase de Sèvres.

La raison me parait être discutable ; La gymnastique ne peut être représentée que par un comité central de même que l’escrime, ou l’équitation, ou le yachting, etc., et on trouve dans tous les pays des récompenses officielles pour ces exercices et sports d’une utilité incontestable. Les échecs considérés comme une école de gymnastique intellectuelle et l’antidote des jeux de hasard, avaient été jusqu’à ce jour généreusement dotés par le gouvernement.

Espérons encore que la question sera examinée de nouveau en haut lieu ; quoi qu’il advienne il faut que le troisième grand congrès se fasse à Paris l’an prochain – a cet effet le comité de « L’Association » est entré en pourparlers avec les diverses Sociétés ou se rencontrent les amateurs d’échecs riches et influents. Le temps presse. »


Jules Arnous de Rivière se démène pour réunir les fonds nécessaires à l’organisation du tournoi.
Il contacte plusieurs chroniqueurs de journaux afin de faire appel aux souscripteurs.
 
Retronews - La France - 11 février 1889

Par exemple dans le journal La France (édition de Paris) le 11 février 1889.
Le courrier d’Arnous de Rivière se termine ainsi

« (…) Il est à peu près sûr qu’en dépit du mauvais vouloir de quelques-uns et de l’indifférence du plus grand nombre nous réunirons assez d’adhérents, riches, généreux, zélés et compétents pour faire les fonds et la besogne. Seulement il n’y a pas de temps à perdre.(…) »

Effectivement le temps passe vite. Après avoir promis son aide (voir le précédent article), le Salon Bibliographique s’implique. Une aide va être demandée à la ville de Paris, et la souscription est ouverte.
 
La Stratégie – Avril 1889 (à noter l’erreur typographique dans l’article à la troisième ligne)

Nous avons le plaisir d’annoncer qu’il y a bon espoir de voir organiser à Paris un grand tournoi international pendant le cours de l’Exposition. Un groupe influent d’amateurs du Salon Bibliographique, après entente avec M. A. de Rivière, membre délégué de l’Association Française des Échecs, a ouvert une souscription et a sollicité un prix de la Ville de Paris ; si tout va bien le tournoi sera commencé le 15 Août prochain. Les personnes désireuses de participer à la réussite de cette dernière tentative, sont invitées à envoyer leur souscription dont le minimum a été fixé à cent francs. »

Le lieu du tournoi est déjà fixé. Ce sera dans les locaux du Salon Bibliographique 195 boulevard Saint-Germain.
 
Retronews - La Liberté du 23 avril 1889

Après la présidence de la République, c’est au tour de la ville de Paris de refuser d’aider à l’organisation du tournoi d’échecs. Les nuages s’amoncellent… 
 
Retronews - La France (édition régionale) 7 mai 1889

Samuel Rosenthal finit enfin par passer une annonce du tournoi avec un certain retard dans sa chronique du journal Le Monde Illustré. L’appui de Rosenthal peut être déterminant, car le Grand Cercle et Cercle des échecs est fréquenté par une riche et influente bourgeoisie parisienne.
 
Gallica - Le Monde Illustré – 29 juin 1889

La souscription touche à sa fin...
 
 Retronews -Gil Blas 22 juillet 1889

Le 24 juillet 1889, le journal Le Siècle fait les comptes. Les souscripteurs ne sont pas assez nombreux.
Mais on peut remarquer que le cercle le plus riche par ses membres, à savoir le Grand Cercle et Cercle des échecs de Paris, n’a offert que 200 francs… C’est-à-dire deux souscripteurs en tout et pour tout.
En sous main Samuel Rosenthal a sans doute œuvré pour torpiller le projet initié par Jules Arnous de Rivière. Au petit jeu des vengeances personnelles, c’est Samuel Rosenthal qui va gagner, au détriment de l’intérêt général. 
 
Retronews - Le Siècle 24 juillet 1889
 
Rosenthal publie dans le Monde Illustré du 3 août 1889 le courrier qui marque la fin du projet.
Il n'y aura pas de tournoi d'échecs...
 
Gallica - Le Monde Illustré - 3 août 1889

Jules Arnous de Rivière a parfaitement compris.
Ainsi dans l’Écho de Paris du 6 août 1889.

« (…) Une singulière apathie régnait parmi les amateurs en état de faire le sacrifice de la somme de cent francs réclamée comme un minimum de souscription et ce qu’il y a eu de plus désolant et de plus significatif c’est que le groupe des joueurs d’échecs que l’on supposait dévoué (je veux parler des membres du Cercle du boulevard Montmartre), est précisément le groupe où l’indifférence est devenue une force d’inertie, force qui a paralysé les louables efforts du Salon Bibliographique et de l’Association Française des échecs. (…) »

Ou bien encore dans Gil Blas du 11 août 1889. L’amertume est là pour jules Arnous de Rivière.
 
Retronews - Gil Blas 11 août 1889

ECHECS

Tournoi International à Paris en 1889

Les efforts combinés de l'Association française des échecs et du Salon bibliographique, pour arriver malgré la pression du temps à organiser un International n'ont pas été couronnés de succès.
Que ceux qui ont été lents à faire connaitre leur adhésion, que ceux qui sont restés réfractaires gardent la responsabilité d'un avortement quelque peu honteux. On s'attendait partout en Europe et en Amérique à voir s’engager à Paris une de ces grandes mêlées qui attestent et poussent toujours plus avant les progrès du plus noble et du plus fécond des exercices intellectuels.
Les principaux joueurs du monde se préparaient à venir disputer le rang aux joueurs français; ils s'en faisaient fête.

Que fallait-il pour rendre le tournoi possible ? Une somme d'argent de très minime importance relativement à la fortune considérable de plusieurs membres de notre corporation, mais tandis que les uns souscrivaient généreusement et avec bonne grâce, d'autres se cantonnaient dans une abstention qui ressemble bien à de l’hostilité, et cependant le comité provisoire composé des personnes les plus distinguées avait convié tous les groupes d'amateurs d'échecs à seconder son action éminemment libérale et large. — C'en est fait maintenant, l'heure est passée, l'occasion est perdue; quand serons-nous à même de réparer cette faute ?

Pour montrer qu’il en est parfaitement capable, Samuel Rosenthal organisera, avec le concours du Grand Cercle le tournoi d’échecs de l’exposition universelle de Paris en 1900. Ceci sans faire appel à une souscription extérieure au Grand Cercle, et en privatisant totalement le tournoi.

Que devient l’Association Française des échecs après l’échec cuisant de l’organisation du tournoi de Paris en 1889 ? A suivre…

vendredi 13 octobre 2023

Le Grand tournoi d’échecs de l’Exposition Universelle de Paris en 1889 – 1 sur 2

 
Vue panoramique de l'Exposition universelle de Paris en 1889
 
Disons le tout de suite, inutile de chercher sur internet, ce tournoi de 1889 n’a jamais eu lieu. Pourtant toutes les démarches ont été effectuées pour faire en sorte que le projet aboutisse. Mais comme en 1855, il n’y aura ni de grand tournoi, ni de pérennisation d’une association de joueurs d’échecs Français. Voyons cela de plus près.

La première trace que j’ai trouvé pour ce projet de grand tournoi se trouve dans le journal Gil Blas du 7 janvier 1887. C’est Jules Arnous de Rivière qui évoque :
 
Retronews - Gil Blas 07 janvier 1887

(...) On sait qu’il est question de reconstituer une Association de Joueurs d’Échecs en France, et de préparer, à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1889, des concours internationaux pour les jeux de combinaison et d’adresse, tels que : les Échecs, les Dames et le Billard.(...)

Toujours dans Gil Blas le 19 janvier 1887
 

La création d’un comité provisoire a suivi de près l’annonce que nous faisions, la semaine passée, de la constitution de l’Association française des Joueurs d’Échecs et de Dames ; il a été décidé, dans une première réunion, de se mettre en quête d’un local qui sera le Salon de la Régence – où on ne sera admis que sur présentation – et dont les membres jouiront du confort d’un cercle moyennant une cotisation des plus modérées.

Mais rappelez-vous qu’il existe deux camps bien distincts dans le microcosme échiquéen: d’un côté Jules Arnous de Rivière et le Café de la Régence, et de l’autre Samuel Rosenthal avec le Grand Cercle et Cercle des échecs.
 
Jules Arnous de Rivière - Revue Encyclopédique, avril 1894 - Gallica

Ainsi le journal Le Temps du 22 février 1887 écrit au sujet d’une séance de parties simultanées par Samuel Rosenthal :
 
 Retronews - Le Temps 22 février 1887

« (…) Samedi dernier, M. Rosenthal, le champion de France (…) »

De quoi faire bondir Jules Arnous de Rivière… En tout cas l’Association française des joueurs d’échecs et autres jeux de combinaison est constituée en juin 1887.

Voici l’annonce parue dans Gil Blas du 22 juin 1887. On la retrouve dans d’autres journaux plus ou moins à la même date, par exemple dans Paris Illustré du 2 juillet 1887, La France du 11 juillet 1887 etc. y compris dans La Stratégie.
 
Retronews - Gil Blas 22 juin 1887
 
ÉCHECS

L'Association française des joueurs d'échecs et autres jeux de combinaison vient de se constituer. Un comité provisoire, présidé par M. Albert Clerc, conseiller à la cour de Paris, a résolu de s'occuper activement de l'organisation de cette Association et en a jeté les bases ainsi qu'il suit :
La cotisation annuelle a été abaissée au chiffre le plus minime, afin de permettre à tous de s'incorporer dans une légion pacifique dont le desideratum est de développer en France le goût des récréations intellectuelles et de combattre ainsi l'entraînement des jeux de hasard. — Le montant de la souscription sera donc de six francs par an.

Dès que l'Association sera en nombre suffisant, on procédera par voie d'élection à la nomination d'un président, d'un vice-président, d'un secrétaire et d'un trésorier. C'est assez indiquer que dans la pensée du comité provisoire, l'Association doit n'avoir en vue que l'intérêt général.

Il sera établi à Paris un salon particulier qui deviendra le siège social de l'Association. Les souscripteurs de la province et de l'étranger en auront l'entrée temporaire et y jouiront de la bibliothèque d'ouvrages spéciaux et des collections qui se formeront avec le temps et selon les ressources de la Société.

Pour subvenir aux dépenses de la fondation et de l'entretien de ce Salon, les membres de l'Association résidant à Paris seront imposés d'une somme annuelle de vingt-cinq francs, charge qui leur incombe en raison de la facilité qu'ils auront de visiter le Salon d'une manière permanente et de leur droit à une part de propriété dans l'avoir social.

Le comité provisoire a décidé, en outre, de préparer le Grand Concours International devant avoir lieu à Paris, en 1889. L'Association française prend l'initiative de ce Congrès qui comprendra les jeux d’Échecs et de Dames et il en publiera en temps utile le programme détaillé. M. Arnous de Rivière a été choisi comme administrateur délégué de l'Association. Les personnes qui s'intéressent à l'œuvre sus-décrite sont priées de lui adresser leurs communications et leur souscription 161, rue Saint-Honoré, à la Régence.


L’association se développe et organise quelques évènements (rappelons que Martin-Gall est le pseudonyme de Jules Arnous de Rivière). Par exemple :
 
Retronews - Gil Blas 23 août 1887

ASSOCIATION FRANÇAISE DES ÉCHECS ET AUTRES. JEUX DE COMBINAISONS

Un premier concours de problèmes, ouvert aux compositeurs de toute nationalité, est institué aux conditions suivantes : Chaque envoi comprendra « deux Problèmes en deux coups » et « deux Problèmes en trois coups »; le nous de chacun des concurrents sous pli séparé et cacheté selon l'usage.
Un maximum de 21 points pourra être obtenu ainsi : 7 points pour l'originalité du thème, 7 points pour la difficulté de la solution, 7 points pour la beauté de la construction. Les points seront susceptibles d'un fractionnement par dixièmes afin de faciliter le classement par ordre de mérite.
Premier prix, 60 fr.; deuxième prix, 40 fr.; troisième prix, 20 fr. (en volumes, à choisir dans la collection de M. N. Preti, directeur de « la Stratégie ».)
Les envois devront parvenir au plus tard le 31 décembre 1887 et être adressés à M. Arnous de hivière, 161, rue Saint-Honoré, où une circulaire de « l'Association » fera connaitre les conditions détaillées de ce concours.
Martin-Gall


Plusieurs bulletins de l’Association Française des Échecs sont publiés. Ainsi dans La Stratégie :

« Le bulletin n°2 de l’Association Française des Échecs annonce un concours international de problèmes. (…) »

Ou bien encore dans un numéro suivant de La Stratégie
 
« La circulaire n°3 de l’Association Française des Échecs et autres jeux de combinaison, annonce que le Comité provisoire, s’est entendu avec le propriétaire du Café de la Régence, que, dès maintenant et en attendant, un des salons du célèbre établissement est réservé aux seuls membres de l’Association et qu’en janvier ou en avril prochain, il sera fait probablement une installation définitive à l’entresol au dessus du Café de la Régence.
Nous rappelons que l’abonnement pour le nouveau Cercle est fixé provisoirement à 25 fr. par an et que la cotisation annuelle des membres de l’Association est de 6fr. Toutes les communications doivent être adressées à M. Arnous de Rivière, 161, rue Saint-Honoré, Paris. »
 

Gallica - Revue Encyclopédique avril 1894 - A gauche de l'échiquier Samuel Rosenthal qui fait face au champion Russe Mikhaïl Tchigorine., 
 

Le journal Paris Illustré du 7 janvier 1888 indique que l’Association Française des Échecs organise les tournois à la Régence et en particulier le championnat qui donne droit au titre de Champion de France. Avec à la fin une petite pique habituelle à destination de Samuel Rosenthal :

« (…) on en connait un qui, ayant réussi une seule fois à gagner le premier prix (NDA en 1880 – 1er tournoi national), s’est proclamé champion à perpétuité. »
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Voici le palmarès de ce championnat jusqu’à la fin du XIXème siècle, avec le titre associé de Champion de France d'échecs.

1887 Jules Arnous de rivière
1889 Jean Taubenhaus
1890 Alphonse Goetz
1892 Alphonse Goetz
1896 David Janowski

Gil Blas du 28 juin 1888. Les amabilités continuent entre Jules Arnous de Rivière et Samuel Rosenthal
Ainsi au sujet du décès du joueur d'échecs Polonais Johannes Zukertort, Jules Arnous de Rivière retrace sa carrière et évoque un match joué à Londres contre Rosenthal en mai / juin 1880

« (…) Les principaux titres de Zukertort à la prééminence comme joueur d’échecs sont : sa victoire dans le tournoi international de Paris en 1878 ; le match contre M. Rosenthal en 1880, où il perdit une seule partie par une simple  négligence (…) »
 
Cette accumulation de petites attaques doit sans aucun doute agacer Samuel Rosenthal. Il n’est pas en reste et utilise l’ironie. Alors qu’il sait très bien qu’une Association de joueurs d’échecs vient de se constituer et essaye de se développer, il écrit dans sa chronique du journal La République Française du 17 juillet 1888 :

« (…) Espérons que les amateurs des autres villes de France suivront cet excellent exemple et qu’on arrivera à constituer une Association française des échecs comme il en existe en Angleterre, en Allemagne, aux États-Unis, etc. »

Ou bien encore le 22 octobre 1888, toujours dans le journal La République Française.
 
Retronews - La République Française 22 octobre 1888

« (…) Espérons que bientôt nous pourrons également en France, organiser sur les mêmes bases une association de tous nos amateurs d’échecs. »

L’organisation d’un tournoi international pour l’exposition de 1889 n’est alors clairement possible qu’avec un comité en terrain neutre. Jules Arnous de Rivière en a sans doute conscience. Ainsi ce sera Le Salon bibliographique, 195 boulevard Saint-Germain.
 
Retronews - Paris Illustré 20 juillet 1888

Les choses se mettent en place petit à petit pour le tournoi de l’exposition de 1889. Mais le conflit des meilleurs joueurs d’échecs en France est toujours présent.
Et malheureusement, le Président de la République, un certain Jules Grévy, fort amateur du jeu d’échecs ayant fréquenté la Régence, démissionne le 2 décembre 1887 à la suite du scandale des décorations.
Le jeu d’échecs perd alors un allié de poids pour le tournoi de l’Exposition Universelle.

A suivre...

dimanche 8 octobre 2023

La situation des échecs en France avant l’Exposition universelle de Paris en 1889

Après les prémices d’une association de joueurs d’échecs Français, vues dans un précédent article, il ne se passe pas grand-chose concernant ce beau projet de création d’une association ou d'une fédération des joueurs d’échecs Français entre 1874 et 1886 environ. Mais plusieurs évènements d’importance pour les échecs en France se déroulent durant cette période.
 
Panorama sur les Palais de l’Exposition Universelle de Paris en 1878 
Musée Carnavalet.

Pour résumer :
1878 – Deuxième tournoi international de Paris remporté par Johannes Zukertort durant l’exposition universelle.
Le Français d’origine (Albert Clerc) et d’adoption (Samuel Rosenthal) ne brillent pas et se classent respectivement 9ème et 8ème sur 12 participants.

Puis le nouveau Cercle des Échecs de Paris, fondé en 1879, au 11 rue du Beaujolais, derrière le Palais-Royal, organise l’ancêtre du championnat de France d’échecs.

1880Premier tournoi national remporté par Samuel Rosenthal. A noter qu’à cette date Samuel Rosenthal n’est pas encore admis à domicile (étape précédant la naturalisation) et il n’est donc pas Français.
1881Deuxième tournoi national remporté par Edward Chamier, avec un point de règlement qui empêche Samuel Rosenthal de défendre son titre.
1883Troisième tournoi national remporté par Albert Clerc.   

Ce point de règlement qui empêche Samuel Rosenthal de défendre son titre de « champion Français » en 1881 n’est pas anodin et provoque sans doute des rancœurs.
 
Revue Encyclopédique - Avril 1894 - Gallica
Quelques membres du Grand Tournoi international d'échecs de 1878
 
En 1884 a lieu le match par correspondance entre Paris et Vienne, tournant des échecs en France en cette fin du XIXème siècle. Un incident assez banal prend des proportions inimaginables. J’ai consacré un article à cet incident.
Les meilleurs joueurs d’échecs Français se déchirent. D’un côté Jules Arnous de Rivière, Albert Clerc et Edward Chamier, tous les trois liés au Café de la Régence, et de l’autre Samuel Rosenthal, qui ne remettra plus les pieds à la Régence, et œuvrera désormais au Grand cercle et cercle des échecs, 16 boulevard Montmartre.

Un peu plus tard, la revue La Stratégie d’août 1889 montre la pauvreté des échecs en France. Seuls treize lieux de réunion de joueurs d’échecs sont recensés en France contre plusieurs centaines en Angleterre… 
 
La Stratégie août 1889

Les questions centrales sont alors les suivantes : y-aura-t-il un grand tournoi à Paris à l’occasion de l’Exposition universelle de 1889 ? N’est-ce pas là l’occasion de fédérer les joueurs d’échecs Français autour de ce beau projet ?

Ça semble mal parti, car deux ans après l’incident du match Paris Vienne par correspondance, nous sommes en 1886 et voici deux exemples de ce qu’écrit Jules Arnous de Rivière dans le journal Gil Blas, et la réponse de Numa Préti directeur de La Stratégie.
 
Gil Blas 9 août 1886 - Retronews

Jean Taubenhaus est arrivé en France en fin d’année 1882. Polonais d’origine il devient très vite une figure marquante de la Régence. Il faut lire entre les lignes. C’est véritablement Samuel Rosenthal qui est visé par Jules Arnous de Rivière.

CHAMPION FRANÇAIS
 
Le beau titre de Champion français ne doit pas être donné, nous dit-on, à un étranger ; si sympathique que soit M. Taubenhaus et bien que sa force aux échecs ait été acquise en France, au café de la Régence, M. Taubenhaus n'est pas plus notre champion que ne l'ont été avant lui les Livoniens, les Polonais, les Autrichiens et les Prussiens qui ont vécu à Paris et qui ont cherché, avec plus ou moins d'astuce, à battre monnaie à l'aide du titre ronflant de Champion français ; mieux vaut nous passer de champion que de hisser un étranger sur la glorieuse plateforme où les Philidor, les Deschapelles, les La Bourdonnais ont fait l'admiration du monde entier par la supériorité de leurs combinaisons.

Ce raisonnement est très juste et inattaquable. Quand donc il nous arrivera de décorer M. Taubenhaus du titre de Champion français, nos lecteurs voudront bien entendre que nous cédons par courtoisie à l'usage, abusivement introduit dans plus d'un pays, de considérer comme champion le joueur qui parait dans un tournoi international sous les couleurs de son pays d'adoption. C'est un abus; car si le champion acquiert une grande renommée, il sera réclamé par ses compatriotes comme appartenant à leur nationalité ; si, au contraire, ce champion ou soi-disant tel, est boulé d'une façon ridicule — ainsi que cela arrive fréquemment — ses nationaux s'empresseront de le jeter à la tête des... Français, trop hospitaliers. 
 

 

Gil Blas 13 septembre 1886 - Retronews

Dans cette chronique du journal Gil Blas, Jules Arnous de Rivière publie une partie d'échecs avec ses commentaires.
Il glisse alors un mot au sujet de la partie et fait des allusions marquées à Samuel Rosenthal qu'il qualifie "d'individualité absorbante".
 
 
 
 
 
 


Nous devons la communication de la partie qui précède, à l'obligeance de M. Numa Preti, et profitons de la circonstance pour engager les amateurs d’Échecs et de Dames à se procurer la feuille que M. Preti fait paraître le 15 de chaque mois, et qui forme à la fin de l'année un très intéressant recueil de parties et de Problèmes.
Malgré l'ennui qu'on éprouve à rencontrer presque à chaque page de « la Stratégie » le panégyrique ou les analyses d'une individualité absorbante, ce périodique rend des services réels et deviendra avec le temps moins exclusif. Après tout, M. Preti est maitre chez lui, et il se lassera d'accorder tant de latitude pour aboutir c'est forcé --- à la monotonie. 
Martin Gall 
 
Numa Préti, directeur de La Stratégie, lui répond

Depuis quelque temps M. Arnous de Rivière, sous le pseudonyme Martin Gall, publie chaque semaine dans le Gil Blas qui porte la date du lundi, une intéressante colonne d’échecs que nous recommandons à l’attention des amateurs.

Dans son numéro du 13 septembre dernier, il a bien voulu reproduire une partie de notre deuxième tournoi par correspondance entre MM. Desmarest et Amiros et il profite de cette circonstance pour recommander la Stratégie à ses lecteurs.

Malgré les réserves avec lesquelles notre confrère termine son article, nous le remercions vivement ; seulement, avec tout le respect que nous devons au doyen des joueurs français, nous lui témoignerons le regret de lui voir dépenser tant de talent dans une polémique personnelle et irritante qui n’est comprise et n’intéresse qu’un tout petit « clan d’amateurs » alors qu’en France nous aurions besoin de tant de concorde et d’union pour triompher de l’indifférence presque générale de nos concitoyens pour les échecs.


Bref, à trois ans de l’Exposition universelle de 1889 la concorde et l’union n’est pas vraiment là....
A suivre !

samedi 30 septembre 2023

Prémices d’une fédération des joueurs d’échecs Français

2 octobre 2023 : Suite à la publication de cette article, M. Philippe Bodard a remarqué qu’il y avait une erreur dans le prénom de Casimir Sanson que je cite abondamment. Le prénom que Sanson utilisait était Casimir et non Camille comme je l'avais écrit par erreur. J’ai donc corrigé ceci dans l’article.
Mais ce n’est pas tout ! Merci à Philippe Bodard pour sa recherche généalogique au sujet de Casimir Sanson. Ceci fait l’objet de l’article suivant.

 
En mars 2021, à l’occasion du centenaire de la création de la Fédération Française des Échecs, j’ai donné une conférence intitulée « Le jeu d’échecs en France avant la Fédération Française des Échecs ».
Sujet assez vaste dont certains aspects ont été seulement effleurés, et sur lesquels je vais revenir plus en détail. 
Ce premier article concerne « les intentions » de créer une association de joueurs d’échecs en France.
Il sera suivi par un autre avec des aspects un peu plus concrets.
 
Le livre du tournoi de l'Empereur
 
La plus ancienne trace matérialisée que j’ai retrouvée à ce sujet se trouve dans le livre du Congrès international des Échecs, Compte rendu du Congrès de 1867.

Ce tournoi de 1867 est le premier tournoi international joué en France. Georges Bertola a signé un très bel article à ce sujet pour Europe Échecs. Rappelons qu'en 1855, malgré tous les efforts de Jules Arnous de Rivière, il n’y avait pas eu de tournoi pour la première Exposition Universelle de Paris, projet largement torpillé par Saint-Amant.
 

Mais revenons au livre du congrès de 1867. Dans son avant propos (page iv), le secrétaire de la Commission du tournoi, Alphonse Féry d’Esclands, écrit, en date du 15 novembre 1868 :

« Nous terminons en laissant la parole à M. A. de Rivière, et en exprimant le vœu de voir s’établir à Paris une association semblable à celle qui s’est formée à Londres sous le titre de British chess association, et à qui la science du jeu des Échecs est redevable de si précieux encouragements. »

Quelques mois plus tard, cette idée est reprise par Casimir Sanson, initiateur des éphémères revues échiquéennes « Le Philidorien » puis « L’échiquier ».

La Stratégie - août 1874

Voici un article publicitaire au sujet de « L’Échiquier » paru dans le journal « Le Siècle » du 13 août 1869.


En novembre 1869, Casimir Sanson lance l’idée d’un regroupement des joueurs d’échecs Français.
Par exemple dans le journal « La France » du 20 novembre 1869 ou le journal « La Liberté » du 21 novembre 1869. L’objectif de Sanson est assez modeste pour démarrer : 100 adhésions. Retenez bien ce nombre.
 
La France - 20 novembre 1869 - Retronews

« L’union fait la force. Aussi est-il sérieusement question de créer en France une association des joueurs d’échecs. Voici quelques détails sur le plan projeté :
Les adhésions provisoires seront reçues au bureau du journal L’Échiquier, 19 avenue d’Orléans (Montrouge).
Elles ne deviendront définitives que lorsque le nombre des adhérents sera arrivé à cent.
(…)
Les ressources de l’association seront affectées à l’établissement de prix pour les vainqueurs du tournoi annuel, qui aura lieu à l’époque de l’assemblée générale (…) »


Le journal satirique Le Charivari ironise en jouant avec le double sens du mot « échecs ».
Le Charivari du 29 décembre 1869 (Retronews)
 

« Le grand Off annonçait dans un numéro récent une association française de joueurs d’échecs ayant pour but d’assurer la prospérité des échecs en France.
La prospérité des échecs en France est un fait depuis longtemps accompli, à preuve
L’expédition mexicaine
L’agrandissement de la Prusse
La démission de M. Seguier
L’interpellation des cent-seize
Le fiasco des blouses blanches, etc., etc., etc. »


Sanson semble y croire et le journal « Le Siècle » publie une autre annonce le 30 janvier 1870.
 

N’ayant malheureusement pas pu consulter la revue « L’Échiquier » de l’époque, j’ignore comment Casimir Sanson y rapporte les choses (Gallica ne propose que le 1er numéro).
Fait-il un suivi des adhésions par exemple ?
Si quelqu’un possède cette revue, je suis intéressé de savoir ce qu’on y trouve au sujet de cette « association française des joueurs d’échecs ». Je n’ai pas trouvé de mention de ce projet après janvier 1870.

Casimir Sanson décède deux ans plus tard en août 1873 (je n’ai pas trouvé d’autres informations à son sujet). 
 
Sa très belle collection de livres d’échecs est mise en vente.
Journal Officiel du 6 septembre 1873 - Retronews


« La Stratégie » reprend cette idée d’association de joueurs d’échecs Français dans son numéro d’avril 1874. Voici quelques extraits de l’article qui présente même une ébauche de statuts d’une Association française des joueurs d’Échecs. 
 
La Stratégie - Avril 1874 - Première page de l'article

« Un fait indiscutable à l’heure qu’il présente, c’est que le goût des Échecs semble renaitre en France et que le nombre des amateurs augmente tous les jours à Paris et dans les villes de province. (…) »

Un peu plus loin l’auteur de l’article (signé E.N. , Ernest Nivernais chroniqueur pour La Stratégie, ainsi que plus loin par Jean Préti, fondateur de La Stratégie) écrit :

« (…) Le noyau de l’association est du reste déjà formé et promet d’espérer, par sa composition, un arbre vigoureux et touffu dont les rameaux s’étendront peu à peu dans toutes les parties de la France où l’on sait distinguer un pion d’une quille (…) ».

Mais l’objectif reste modeste, ainsi après l’objectif de 100 adhésions par Casimir Sanson, Ernest Nivernais vise 50 inscriptions…


« (…) Le projet de statuts dont nous donnons l’ébauche, ne sera rédigé définitivement qu’après avoir été discuté et amendé, lorsque le nombre des membres inscrits aura atteint le chiffre de cinquante (…) ».

« (…) Les adhésions pourront être envoyées dès à présent au directeur de la Stratégie de manière à ce que le prochain numéro du journal puisse contenir un compte rendu sommaire de ce qui aura été réalisé ».


 
La Stratégie - Avril 1874
 
 
 
Je me précipite donc pour consulter les numéros suivants de La Stratégie
 
En mai 1874, il est indiqué que le nombre d’adhérents est déjà suffisant !

En juillet 1874, une liste d’adhérents est publiée avec quelques noms de joueurs d’échecs Français de l’époque bien connus.
 
 
 
 
 
 
 
 
 

On retrouve par exemple dans cette liste Jules Arnous de Rivière, Eugène Le Quesne le sculpteur de la Bonne Mère de Marseille et bon joueur d'échecs, Préti père et fils, Albert Clerc à Aix, Bavoux de Besançon, très actif pour le jeu par correspondance en France dans les années 1880 etc.
 
Le démarrage est encourageant, on peut voir des noms un peu partout en France. 
Puis plus rien…C'était un coup d'épée dans l'eau...
La suite, quelques années plus tard dans un article à venir.

jeudi 6 avril 2023

François Joseph Alphonse Goetz

François Joseph Alphonse Goetz est sans aucun doute le plus fort joueur d’échecs Français à la fin du XIXème siècle et jusqu’à la première guerre mondiale en 1914.
Quand il commence à se faire un nom dans les échecs, cela fait plus de 50 ans que la France n’a pas eu de joueur de classe mondiale. Disons depuis Saint-Amant en fin d'année 1843 et la perte du match contre Staunton qui marque la fin de l’ère Française des échecs. Certes, il y a eu Samuel Rosenthal puis surtout David Janowski, mais ils sont tous deux Français d’adoption.
Mais malheureusement pour notre jeu, Alphonse Goetz ne se consacrera pas aux échecs de façon disons professionnelle, restant un amateur de très grande force, capable de rivaliser avec un futur candidat au titre mondial tel que David Janowski. 
 
Alphonse Goetz - Supplément à La Stratégie de décembre 1913
Merci à Dominique Thimognier pour ce document.

Ce long article est une tentative de biographie. Je le compléterai avec des futures découvertes.
Si un lecteur de ce blog peut m’apporter des nouveaux éléments, il sera bien évidemment le bienvenu. Notamment sur la situation administrative des Alsaciens (allemands depuis 1871) qui viennent en France avant ou au moment de la première guerre Mondiale. Alphonse Goetz après être né Français en 1865, puis devenu Allemand en 1871 n’obtiendra formellement la nationalité Française qu’en 1916.

Plusieurs mystères restent également à éclaircir : pourquoi utilise-t-il son troisième prénom Alphonse plutôt que François ? D’où provient son pseudonyme Geoffroy-Dausay ? etc. 

Mise à jour du dimanche 9 avril 2023, précision apportée par M. Philippe Bodard que je remercie :
Le fait qu'Alphonse Goetz utilise son "troisième" prénom, n'a rien d'extraordinaire, c'était même très courant au 19ème siècle et ordinaire, pour la bonne raison que l'ordre usuel des prénoms n'a pas toujours été celui auquel nous sommes accoutumés de nos jours..
C'était alors, selon les lieux, le prénom nommé en dernier qui était le prénom usuel ; dans ma propre généalogie, au 19ème siècle précisément, l’État Civil regorge d'actes de naissance où les personnes ne sont en fait connues et nommées que par leur dernier prénom.
O tempora o mores


A la fin de l’article je donne quelques problèmes et parties d’Alphonse Goetz.
A noter que les articles de journaux proviennent du site Retronews.
Je remercie Dominique Thimognier pour les documents qu'il m'a communiqués.
 
15 mars 1865

Acte de naissance trouvé sur le site de l’état civil de Strasbourg

Son père, Michel Goetz est indiqué comme épicier. L’enfant François Joseph Alphonse Goetz né à 5 heures du soir au 1 rue des meuniers à Strasbourg.
Le prénom de l’enfant est un détail intéressant. Alphonse n’est que son troisième prénom…

Extrait du journal L’Express du Midi – 3 mars 1924 – Les Maîtres Français contemporains

M.A.Goetz naquit à Strasbourg le 15 mars 1865. La guerre de 1870 lui ravit son père, qui fut tué pendant le bombardement de Strasbourg, comme simple civil (il avait fait la campagne de Crimée).
Sa mère, aidée de son oncle, qui devint bientôt son parâtre, l’éleva soigneusement, et, quoique modeste commerçante, lui fit suivre les cours du lycée, puis de l’Université de sa ville natale. Il y étudia les langues classiques et romanes et passa son doctorat en 1889.
 
1878 - 1880

Extrait du journal L’Express du Midi – 3 mars 1924 – Les Maîtres Français contemporains

Il apprit les Échecs d’un ami, en 1878, et ce fut vite un véritable enthousiasme, surtout après l’apparition, en 1880, du petit traité de Dufresne, que M. Goetz, par une fréquentation continuelle, finit par savoir par cœur. Il n’est donc pas surprenant que, devenu étudiant, M. Goetz, avec quelques amis enthousiastes, ait renouvelé le Cercle de Strasbourg et en soit devenu le champion, jouant notamment sans voir.

Mémoire d'échecs Alphonse Goetz
Cahier 22 de l’Échiquier Français - 1930 II

A. Goetz indique avoir été initié aux échecs à l'âge de 12 ans en 1877.
"Les échecs étaient d'ailleurs à peu près inconnus à Strasbourg, et j'eus beau chercher des adversaires, je n'en trouvais pas".
 
1883

Mémoire d'échecs Alphonse Goetz
Cahier 22 de l’Échiquier Français - 1930 II

En 1883 il passe l'équivalent du baccalauréats. "Je déclarais vouloir étudier la philologie classique".
Avant de commencer ses études il décide de passer 3 mois de vacances à Paris et durant son séjour il vient quelques fois au Café de la Régence.

Mémoire d'échecs Alphonse Goetz
Cahier 23 de l'échiquier Français - 1930 III

Ses études le guide vers le professorat de langues modernes romanes. C'est au moment de ses études qu'il est "capté" par la société d'étudiants alsaciens-lorrains Sundgovia-Erwinia.

"C'était absolument ce qu'il me fallait pour me débarrasser de la germanisation que j'avais inconsciemment subie au lycée et pour entrer en communion d'idées avec la France".
 
C'est à Strasbourg, au café Saint-Étienne, en 1883, qu'il rencontre un dénommé M. Ruhlmann, ancien ingénieur dans les 45 à 50 ans, le fit basculer dans le jeu d'échecs "pratiques".
 
1885

Mémoire d'échecs Alphonse Goetz
Cahier 23 de l'échiquier Français - 1930 III

Alphonse Goetz joue souvent dans le café Saint-Étienne et se lance dans le jeu à l'aveugle sur un ou deux échiquiers. Le jeu d'échecs à l'aveugle sera une des spécialité d'Alphonse Goetz.

Il devient alors un phénomène à Strasbourg, son nom y est connu et réputé comme joueur d'échecs.
En 1885 il est mis en relation avec le directeur de La Stratégie Numa Preti pour y déposer tous les mois un article intitulé "Échos de Strasbourg".
 
Extrait de La Stratégie - 1887
 
1886

Extrait du journal L’Express du Midi – 3 mars 1924 – Les Maîtres Français contemporains

En 1886, son cercle le délégua à un congrès de l’Association rhénane, à Mannheim, où il fut classé le second dans le tournoi principal.

1887 - 1888

Mémoire d'échecs Alphonse Goetz
Cahier 23 de l'échiquier Français - 1930 III

Pendant toutes ses études il joue et progresse aux échecs. En 1887, Strasbourg accueille pour une brève visite le maitre parisien Taubenhaus. C'est lui l'auteur de la fameuse maxime "mazette voit échec, mazette joue échec" !

Mémoire d'échecs Alphonse Goetz
Cahier 25 de l'échiquier Francais - 1931 I

Alphonse Goetz est quelqu'un de particulièrement brillant, et la liste des langues qu'il comprend est impressionnante.

De 1887 à 1889, Alphonse Goetz étudie grec ancien, le latin, le vieux français, le provençal, le vieux catalan, le vieil espagnol classique, le portugais et l'italien ! Sans oublier de solides connaissance en anglais, danois, hollandais-flamand et le bas-allemand !

Il cherche alors à faire un doctorat, et cherche à réunir des fonds pour étudier quelques semaines à Paris dans le cadre de ce doctorat. Mi-avril 1888 il se rend donc à Paris (jusqu'en juin). Il s'installe chez une tante, sœur de son père, qui tenait un marchand de vins-hôtel au commencement du boulevard Pereire.

"Je suis depuis resté fidèle, quarante ans durant, au quartier Batignolles-Monceau". 
Quartier près de la gare Saint-Lazare et du Parc Monceau dans le nord-ouest de Paris.

Il commence à jouer au Grand Cercle, où M. S. Rosenthal était le grand manitou, des mécènes inconnus lui payent sa cotisation. Goetz alterne avec le Café de la Régence.

"Avec M. de Rivière, je n'eus que de longues conversations dont le principal sujet était Rosenthal. Comme M. de Rivière était un des hommes les plus captivants et les plus spirituels que j'aie connus, on peut penser que Rosenthal passait de durs moment. J'en parlerai plus tard".
 
Hélas, ce qu'Alphonse Goetz a échangé avec Arnous de Rivière n'a jamais été publié à ma connaissance.
Il s'agit là d'une allusion directe à l'affaire du match Paris-Vienne par correspondance qui déchira les échecs Français à la fin du XIXème siècle.

1889
 

 


 
 
 
 
 
 
 
6 avril 1889 – Affiches de Strasbourg

M. Goetz, un jeune amateur strasbourgeois, donnera mardi prochain, à 8 heures du soir, au café Bauzin, une séance d’échecs, dans laquelle il jouera six parties simultanément et sans voir. C’est un tour de force remarquable, étant donné que parmi les joueurs français, par exemple, le seul M. Rosenthal, de Paris, est capable d’en faire autant. Nous ne pouvons qu’engager vivement les amateurs de ce noble jeu à se rendre à cette production intéressante. 
 
Extrait du journal L’Express du Midi – 3 mars 1924 – Les Maîtres Français contemporains

(en 1889), des circonstances politiques l’obligèrent à quitter l’Alsace ; il vint à Paris et abandonnant ses études, se consacra aux affaires de Bourse.
 
Cette dernière précision est importante. Alphonse Goetz ne va pas au bout de ses études de philologie, et il va travailler toute sa vie dans une banque. C'est ce qu'on retrouve comme activité professionnelle dans tous les documents administratifs le concernant (mariage, naissance de ses deux enfants - voir plus loin).

1890

Extrait du journal L’Express du Midi – 3 mars 1924 – Les Maîtres Français contemporains

Dès son arrivée à Paris, il se fit inscrire au tournoi pour le championnat de la Régence, en 1890, où il rencontra parmi les concurrents : Clerc, Arnous de rivière, Taubenhaus et Sittenfeld, et, à la surprise générale, y remporta le premier prix.

Il remporte le championnat de la Régence ce qui fait de lui le champion de France, comme l’indique par exemple le journal La République Française le 21 février 1890. 
 


 
La Stratégie - 1890

Le Tournoi pour le Championnat du Café de la Régence est terminé, les vainqueurs sont :
1er prix (350 fr.) M. A. Goetz
2ème prix (150 fr.) M. Taubenhaus
3ème prix (70 fr.) M. Sittenfeld

Les champions des années précédentes, MM. A. de Rivière et Taubenhaus, se sont naturellement émus du résultat de cette année ; M. de Rivière a défié le vainqueur de jouer un match pour le montant de son prix en lui offrant de lui rendre trois parties sur neuf, M. Taubenhaus a également proposé un match pour 1000 fr., en rendant un tiers des parties ou à égalité pour un prix offert par quelques amateurs du Café de la Régence.
M. Goetz, que nous sachions, n’a pas encore donné une réponse définitive, mais nous croyons savoir qu’il considère que ses occupations actuelles ne lui permettent pas d’accepter une lutte sérieuse aux échecs en ce moment.
Nous le regrettons, il y a si longtemps que nous n’avons eu à Paris un match entre de bons joueurs q’'une telle lutte aurait produit une agitation salutaire parmi nos amateurs.

 
Alphonse Goetz va donner de nombreuses simultanées à l'aveugle durant plusieurs années.
 
15 mars 1890 – Le Rappel

Le 2 avril prochain, à huit heures et demie du soir, séance d’échecs organisée par le cercle du boulevard Magenta. M.Goetz jouera cinq parties simultanées, sans voir les échiquier. Tous les amateurs d’échecs sont invités à cette séance ; les personnes désireuses de tenir un échiquier sont priées d’en informer le secrétaire du cercle, 59, boulevard de Magenta.
 
1891

La Gazette du 30 janvier 1891 – 8 parties à l’aveugle
. A noter l'allusion sévère à l'attention de Samuel Rosenthal.
Voir aussi à la fin de cette article de blog, une partie très tactique de Goetz de cette simultanée à l'aveugle.
 

1892

Extrait du journal L’Express du Midi – 3 mars 1924 – Les Maîtres Français contemporains

Deux ans après (NDA – en 1892), au même tournoi, et contre les mêmes adversaires, auxquels s’était joint Janowski, il renouvela la même prouesse d’une façon éclatante, réalisant 19 points ½ sur 22 possibles.
 




 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La Stratégie 1891

Le tournoi pour le Championnat du Café de la Régence a été organisé ; douze joueurs sont inscrits : MM. Alexandre, Arnous de Rivière, A. Clerc, Denouroy, Goetz, Janowski, Max Kann, Lévy, Rondeau, Sittendfeld, Taubenhaus et Weismann.
Chaque concurrent doit jouer deux parties avec tous les autres ; jusqu’au 15 février il ne sera joué qu’une partie par semaine, le lundi soir, mais après cette date les jours de jeu seront le lundi et le jeudi. Il sera décerné trois prix d’une valeur totale d’environ 500 francs, somme qui a été souscrite par divers amateurs. Les commissaires du tournoi élu par les souscripteurs et les joueurs sont MM. Kieffer, Preti et Tauber.


Le site Edo Chess classe Goetz parmi les dix meilleurs joueurs du monde de 1890 à 1893.
 
1893

Le Gaulois du 28 mars 1893. Alphonse Goetz joue à l’aveugle sur 10 échiquiers ! Puis sur 12 échiquiers (voir 1895).
 
 
1895

Extrait du journal L’Express du Midi – 3 mars 1924 – Les Maîtres Français contemporains

Ses occupations professionnelles l’ayant peu à peu détourné des Échecs, il ne fut que second du championnat suivant, en 1895 : le premier fut Janowski, qui avait déjà participé à plusieurs tournois de maîtres et qui devait, dans la suite, devenir un des joueurs les plus redoutables de l’univers.
M.A.Goetz se retira bientôt après de la pratique du jeu, tout en conservant un intérêt très vif à toute publication, notamment au problème. Il avait, par ailleurs, souvent donné, de 1890 à 1896, des séances de parties simultanées et sans voir : il avait joué, entre autres, au Cercle Volney, douze (parties) simultanées à l’aveugle, avec le résultat de +8 =3 -1

 

Et c'est presque tout de significatif pour les échecs pour Alphonse Goetz jusqu'en 1914...
 
1903

6 mai 1903, naissance de François Joseph Marcel Goetz à Paris dans le XVIIème arrondissement. Alphonse Goetz (indiqué comme employé de banque) vit donc en concubinage avec sa future épouse. L’enfant ne sera légitimé qu’au moment de leur mariage 4 ans plus tard.
 
Archives numérisées de la ville de Paris.

1907

8 mai 1907, mariage à Paris, dans le 17ème arrondissement, de François Joseph Alphonse Goetz, né le 15/03/1865 à Strasbourg, fondé de pouvoirs et de Gabrielle Marie Alphonsine Monvoisin, née le 28/08/1876 à Reims, sans profession. Adresse : 167 rue de Rome à Paris.
L'acte de mariage se trouve sur le site des archives numérisées de Paris.

11 octobre 1907, naissance de leur deuxième enfant, Marie Hélène Goetz.
Sur l’acte de naissance, la profession d’Alphonse Goetz est indiqué comme « fondé de pouvoirs de banque ».
 
Archives numérisées de la ville de Paris.

1914

La Stratégie juin 1914
Liste des participants du 2ème championnat de France amateur après celui d'Arcachon en 1903.
 
Ce championnat prévu à l'été 1914 à Lyon est tout à fait particulier car il doit être suivi de la création de la Fédération Française des Échecs. Mais le contexte international va en décider autrement. Néanmoins, Alphonse Goetz remporte facilement ce championnat. Il a alors 49 ans.


La Stratégie août 1914


Extrait du journal L’Express du Midi – 3 mars 1924 – Les Maîtres Français contemporains

Revenu un peu à la pratique peu de temps avant la guerre, il fut désigné par l’U.A.A.R. pour représenter le vieux centre d’Échecs au premier tournoi national français, à Lyon, en 1914. Il en sortit vainqueur par 10 points sur 11 possibles. On sait dans quelles conditions tragiques finit ce tournoi le 1er août.
 
Mémoire d'échecs Alphonse Goetz
Cahier 23 de l'échiquier Français - 1930 III
 
Il remporte le championnat de France en 1914 à Lyon. Il reçoit après la guerre le vase de Sèvres du Président de la République "qui doit orner, à l'heure actuelle, le local du club d'échecs de Colombes".
Le club de Colombes possède-t-il toujours le vase de Sèvres d'Alphonse Goetz ?

1916




 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
En mai 1916 Alphonse Goetz et son épouse sont « réintégrés dans la qualité de Français ».
C'est assez étonnant pour sa femme qui est née à Reims. Quelqu'un peut-il m'éclairer sur ce sujet ? Quelle est la situation des Alsaciens à cette époque ? Quelle peut être la raison pour laquelle il obtient en pleine guerre mondiale la nationalité Française ?
 
Le Président de la République Française, sur le rapport du Garde des Sceaux, Ministre de la justice, décrète :
Article I
Par application de l’article 18 du code civil sont réintégrés dans la qualité de Français

Goetz François Joseph Alphonse, remisier à la Bourse, né le 15 mars 1865 à Strasbourg (Bas-Rhin), et Monvoisin Gabrielle Marie Alphonsine, sa femme, née le 28 août 1876 à Reims (Marne), demeurant ensemble à Paris.
Remise total à la femme.
 
Archives Nationales - Voir en milieu de page
 
1921

Extrait du journal L’Express du Midi – 3 mars 1924 – Les Maîtres Français contemporains
Je donne les 3 positions (problèmes) de Goetz à la fin de cet article de blog.

M.A.Goetz a consacré ses loisirs de guerre à la confection d’un remarquable ouvrage intitulé Cours d’Échecs (Paris, Chapelot, 136, boulevard Saint-Michel, 1921). Il continue à s’intéresser à tout ce qui se passe dans le monde des Échecs, sans toutefois jouer fréquemment des parties sérieuses. Il a composé quelques problèmes dont nous avons reproduit un certain nombre dans notre chronique (n°9, 28,34 et 102) qui parurent autrefois dans le Monde Illustré, et plus récemment dans le Bulletin des Armées.

Document Dominique Thimognier
 
Livre cours d’échecs par Alphonse Goetz (A. Geoffroy-Dausay - son pseudonyme)
Paris Librairie Chapelot

Il est intéressant de noter la remarque d’Alphonse Goetz au sujet d’Alekhine dans son livre Cours d’Échecs – Paris Librairie Chapelot 1921 – A. Geoffroy-Daussay : 
Malheureusement ce jeune et brillant maître, issu de la haute bourgeoisie russe, semble avoir péri dans un des innombrables massacres organisés par les soviets.
 
Critique parue dans l’Action Française du 22 mai 1921 - Par Gaston Legrain

Il faut noter que, selon moi, la meilleure chronique d'échecs de l'entre-deux-guerres est signée par Gaston Legrain dans le journal nationaliste et antisémite L'Action Française

Alphonse Goetz donne de nombreuses conférences et cours d'échecs dans les années 1920.
Il signera également quelques chroniques dans les journaux.

 
Exemple avec cette annonce du 04 décembre 1921 dans L’Action Française
Conférence d’A.Goetz à la Rotonde.

1922
 

 

Le Petit journal du 11 juin 1922 - Critique de la revue le cinéma des échecs.
En 1922 Goetz lance une éphémère revue d'échecs Le cinéma des échecs.

1924
 
Alphonse Goetz participe en 1924 à ce qui semble être sa dernière grande compétition sur l'échiquier.
C'est l'année des jeux Olympiques à Paris, de la première olympiade du jeu d'échecs et de la fondation de la FIDE à Paris.
 
Match France Pays-Bas
Excelsior 9 juin 1924


 
Bulletin n°11 de la FFE – Avril Mai Juin 1924

1925
 

Goetz écrit pour le journal Le Petit Parisien – Tournoi de Baden Baden où Alekhine représente la Fédération Française des Echecs. Tournoi remporté par Alekhine.

1926


 
Le Siècle 12 juillet 1926
Goetz donne des cours d’échecs pour cinquante francs de l’heure. Il a alors 61 ans.
Est-il déjà retraité ? En tout cas le coût d'une heure de cours d'échecs me semble assez élevé si on compare avec les différents salaires ci-après.


1934
 
Décès d'Alphonse Goetz.
 
Juillet Octobre 1934
Bulletin FFE numéro 64


Les journaux ne sont guère prolixes au sujet de la mort de ce champion.
Est-il déjà oublié ? 
Exemple avec L’Action Française du...17 septembre 1934, deux mois après son décès.
 



Acte de décès de François Joseph Alphonse Goetz le 12 juillet 1934 à Chaumont-en-Vexin
Alphonse Goetz est indiqué comme « rentier ».
 
Pour terminer, voici quelques problèmes et parties jouées par Alphonse Goetz.
Il faut souligner son style très entreprenant.
A noter que selon le navigateur il faut cliquer sur les flèches bleues pour naviguer d'une partie à l'autre.
Et pour une raison qui m'échappe, Chessbase colle un drapeau Suisse à côté de sa photo...



 


 
[Event "L'Express du Midi"] [Site "?"] [Date "1923.07.16"] [Round "?"] [White "Goetz, Alphonse"] [Black "Mat en deux coups"] [Result "1-0"] [SetUp "1"] [FEN "1Q6/8/3P3K/3P1pp1/6k1/8/8/4B2B w - - 0 1"] [PlyCount "3"] {[%evp 0,3,29997,29998,29999,-30000] [#]} 1. Qh8 Kf4 (1... f4 2. Qc8#) (1... Kh3 2. Kxg5#) 2. Qd4# 1-0 [Event "L'Express du Midi"] [Site "?"] [Date "1923.08.06"] [Round "?"] [White "Goetz, Alphonse"] [Black "Mat en deux coups"] [Result "1-0"] [SetUp "1"] [FEN "7q/2Bn2n1/4p3/1P1kbpR1/8/1N1Pp3/2K1N3/4Q3 w - - 0 1"] [PlyCount "3"] {[#]} 1. Qc3 Bxc3 (1... Qa8 2. Qc4#) (1... Nb6 2. Qc6#) 2. Nxc3# 1-0 [Event "L'Express du Midi"] [Site "?"] [Date "1924.03.03"] [Round "?"] [White "Goetz, Alphonse"] [Black "Mat en trois coups"] [Result "1-0"] [SetUp "1"] [FEN "1R4bk/3p4/3P3K/3P3p/5p1P/2PN1P2/1Q2P1P1/1q6 w - - 0 1"] [PlyCount "5"] {[#]} 1. Qa1 (1. Rc8 Qxb2 2. Ne5 Qxe2 3. Ng6#) 1... Qxa1 (1... Qxb8 2. c4+ Qb2 3. Qxb2#) 2. Ne5 Qb1 3. Nf7# 1-0 [Event "Championnat du Café de la Régence"] [Site "?"] [Date "1890.??.??"] [Round "?"] [White "Arnous de Rivière, Jules"] [Black "Goetz, Alphonse"] [Result "0-1"] [ECO "C65"] [PlyCount "84"] 1. e4 e5 2. Nf3 Nc6 3. Bb5 Nf6 4. d3 Ne7 5. Bc4 c6 6. Nc3 Ng6 7. Ng5 {Cette attaque est certainement prématurée. La meilleure continuation parait être ici 7.d2-d4} d5 8. exd5 cxd5 9. Bb3 Bb4 10. O-O O-O 11. Qf3 {Les Blancs ont évidemment l'intention d'attaquer les pions au centre, qui paraissent faibles. Cependant ils étaient encore assez forts pour pouvoir resister à une attauqe faite d'une façon aussi simple et sans aucune préparation.} h6 12. Nh3 ({ Il valait mieux jouer} 12. Nxf7 Rxf7 13. Nxd5 {les Blancs obtenant Tour et 2 pions pour 2 pièces}) 12... Nh4 13. Qg3 Nh5 14. Qxe5 Bxh3 {Les Noirs ont obtenu par leurs derniers coups une dangereuse contre-attaque.} 15. Qxh5 Bxg2 16. Nxd5 {La position est très difficile} (16. Bxd5 {donne lieu à une attaque sur le Roi}) 16... Bd6 {Menace de gagner la Dame} 17. f4 {Coup immédiatement désastreux.} ({Il parait que la seule chance des Blancs eut été} 17. Bxh6 {pour former à leur tour une attaque contre le Roi noir}) 17... g6 18. Qe2 ({Si} 18. Qxh6 Nf5 {avec une suite analogue}) 18... Bxd5 19. Bxd5 Bc5+ 20. Kh1 Qxd5+ 21. Qe4 Qxe4+ 22. dxe4 {La suite est très simple. M. Arnous de Rivière ne joue plus que "pour la forme", ce qu'il déclare du reste avoir fait pendant presque tout le second tour du tournoi.} Rfe8 23. Re1 Rad8 {Forcé à cause de la menace Ff2} 24. Be3 Bxe3 25. Rxe3 Nf5 26. Rd3 Ng7 27. Re1 Rxd3 28. cxd3 Rd8 29. Rd1 Ne6 30. f5 Nc5 31. fxg6 fxg6 32. Rc1 b6 33. b4 Nxd3 34. Rc7 Ne5 35. Re7 Nc6 36. Rc7 Nxb4 37. a3 Nd3 38. Kg1 Nc5 39. Rxa7 Rd2 40. Ra8+ Kf7 41. Rb8 Ra2 42. Rxb6 Rxa3 {Les Blancs abandonnent. Temps : Blancs 1h45 - Noirs 1h15, Notes par M. A. Goetz - La Stratégie 1890} 0-1 [Event "Championnat du Café de la Régence"] [Site "?"] [Date "1892.02.03"] [Round "?"] [White "Taubenhaus, Jean"] [Black "Goetz, Alphonse"] [Result "0-1"] [PlyCount "106"] {Partie jouée dans le Championnat du Café de la Régence le 3 et 4 février 1892} 1. e4 e5 2. Nf3 Nc6 3. Bc4 Bc5 4. b4 Bb6 5. a4 a6 6. c3 d6 7. Qb3 Qe7 8. d3 Nf6 9. a5 Ba7 10. Bg5 O-O 11. Nbd2 Be6 12. Bd5 $2 Nd8 13. O-O c6 14. Bc4 h6 15. Bxe6 hxg5 $1 16. Bf5 {Ce coup est à peu près forcé.} ({Car si} 16. Bc4 g4 17. Ne1 Qd7 {et la position des Noirs est très supérieure.}) 16... g4 { Par ce coup les Noirs perdent l'avantage, qu'un début soigneusement joué contre une attaque faible leur avait procuré.} ({Il fallait jouer} 16... Nh5 $1) {Les blancs jouent la suite avec une habilité consommée.} 17. Nh4 Kh8 18. g3 d5 19. Qd1 g5 20. Ng2 Kg7 21. Bxg4 Ne6 22. Ne3 Bxe3 23. fxe3 dxe4 24. d4 Nd5 25. Qe1 exd4 26. exd4 e3 27. Nc4 Nec7 28. Ne5 f6 29. Nd7 Rf7 30. Nc5 Re8 31. Ra2 ({Nous ne croyons pas que le sacrifice offert de l'échange soit correct; car après} 31. Bh5 e2 32. Rf3 $1 {nous ne voyons guère de chance de continuer la contre attaque. Les Blancs cependant ont préféré la prise certaine d'un pion aux risque, peut-être imaginaires, de cette façon de jouer.}) 31... Kh6 32. c4 f5 33. Be2 $1 Nf6 34. Rxf5 Nd7 35. Qf1 Rxf5 36. Qxf5 Nxc5 37. dxc5 Rf8 {Ici la partie a été interrompue pour être continuée le lendemain. La partie des Blanc est très supérieure.} 38. Qh3+ Kg7 39. Bd3 Qe5 40. Qd7+ {Ce coup et les deux coups suivants des Blancs sont d'une extraordinaire faiblesse.} (40. Qh7+ {était évidemment le meilleur coup. Et si les Blancs tiennent à échanger les Dames, ce qui parait être leur dessein,} Kf6 41. Qe4 {maintenait leur supériorité.}) 40... Rf7 41. Qg4 Ne6 42. Qe4 Qxe4 43. Bxe4 Nd4 {Changement à vue ! La partie des Noirs, tout à l'heure encore sérieusement compromise, devient écrasante. La force du pion passé s'affirme victorieusement. L'impuissance des quatre pions blancs du côté de la Dame est absolue.} 44. Bd3 Nf3+ $1 45. Kh1 {On voit facilement que sur les autres coups de Roi le Fou serait perdu.} Nd2 $1 46. b5 Rf2 47. bxc6 bxc6 48. Rb2 e2 49. Bxe2 Rxe2 50. h3 Kf6 51. Rc2 Ke5 52. h4 gxh4 53. gxh4 Kf4 {Les Blancs abandonnent. Les Blanc 2h35, les Noirs 2h25. Notes par M. A. Goetz pour La Stratégie} 0-1 [Event "Championnat du Café de la Régence"] [Site "?"] [Date "1892.??.??"] [Round "?"] [White "Goetz, Alphonse"] [Black "Janowski, David"] [Result "1-0"] [PlyCount "53"] 1. e4 e5 2. Nf3 Nc6 3. Bb5 a6 4. Ba4 Nf6 5. d3 Bc5 6. c3 O-O {Pour l'analyse des premiers coups de ce début nous renvoyons nos lecteurs à La Stratégie de 1885, page 328; de 1886, page 12 et de 1890, page 213.} 7. O-O {Bien joué.} (7. Bxc6 bxc6 8. Nxe5 d5 9. d4 (9. Nxc6 Qe8 10. Na5 dxe4 11. d4 Bd6 12. O-O Qb5 13. Nb3 Bg4 14. f3 (14. Qd2 Bxh2+ {et gagnent}) 14... Qh5 15. fxg4 Qxh2+ 16. Kf2 Qg3+ 17. Ke2 (17. Kg1 Nxg4 {et gagnent}) 17... Qxg2+ 18. Rf2 Qxg4+ 19. Kd2 e3+ {et gagnent}) 9... Nxe4 10. O-O ({Si} 10. dxc5 Re8 {et gagnent}) 10... Bd6 11. Nxc6 Qe8 {etc. mieux}) 7... d6 8. h3 Ne7 9. d4 Ba7 10. Re1 Ng6 11. Nbd2 Qe7 {Temps perdu.} ({La suite correcte était} 11... Nh5 12. dxe5 (12. Nxe5 dxe5 13. Qxh5 exd4 {etc. mieux}) (12. Nf1 Nhf4 13. dxe5 dxe5 14. Qxd8 Rxd8 15. Nxe5 Nxe5 16. Bxf4 Nd3 {etc. mieux}) 12... dxe5 13. Nxe5 Nxe5 14. Qxh5 Nd3 15. Rf1 ( 15. Re2 Nf4) 15... Nxc1 16. Raxc1 Qxd2 {et gagnent}) 12. Nf1 exd4 {Encore un coup faible} ({Ils pouvaient jouer} 12... Nh5 13. dxe5 (13. Nxe5 dxe5 14. Qxh5 exd4 {au moins partie égale}) 13... dxe5 {Suivi de Ch5-f4 mieux}) 13. cxd4 Nh5 14. Bc2 Bd7 {Temps perdu} (14... Nhf4 {était préférable}) 15. Ne3 Nhf4 16. Nf5 Qf6 (16... Qd8 {valait mieux}) 17. g3 {Très bien joué; les Blancs profitent habilement de faibles coups de l'adversaire.} Ne6 (17... Nxh3+ 18. Kg2 Nh8 19. Kxh3 g6 20. Bg5 Qe6 21. g4 gxf5 22. gxf5 {suivi de Te1-g1 et gagnent}) 18. Rb1 ({Tout de suite} 18. e5 {continué comme le texte gagnait la partie}) 18... h6 19. e5 dxe5 20. Nxe5 Nxe5 ({Il est évident que si} 20... Rad8 21. Ng4 {gagnerait la Dame}) 21. dxe5 Qd8 22. Qh5 Ng5 {La partie des Noirs est mauvaise, nous ne voyons aucun bon coup à indiquer.} 23. Nxh6+ { Sacrifice correct qui termine brillamment la partie.} gxh6 24. Qxh6 f5 25. Bxg5 Qe8 26. Bb3+ Rf7 27. Bf6 {Les Noirs abandonnent. (Journal La République Française, notes par M. Rosenthal). Partie commentée publiée également dans La Stratégie.} 1-0 [Event "Café de la Régence"] [Site "?"] [Date "1891.01.31"] [Round "?"] [White "Goetz, Alphonse"] [Black "Bastien"] [Result "1-0"] [ECO "C39"] [PlyCount "59"] {Partie commentée par Gaston Legrain dans le journal l'Action Française du 22 octobre 1922. Gambit Kieseritzky Une des huit parties jouées simultanément et sans voir par M. A. Goetz, le 31 janvier 1891, au café de la Régence. La partie, publiée par La Stratégie, fut reproduite, avec force éloges, par la Deutsche Schachzeitung, ensuite dans l'Annuaire de Bachmann, d'où elle fit son tour du monde.} 1. e4 e5 2. f4 exf4 3. Nf3 g5 4. h4 g4 5. Ne5 Be7 {Défebse Polério. Les suites habituelles et meilleures sont les suivantes} (5... Nf6 {Philidor}) (5... Bg7 {Paulsen}) (5... d6 {Kolisch}) 6. Bc4 Nh6 (6... Bxh4+ {suivi de d7-d5 est meilleur}) 7. d4 d6 8. Bxf4 dxe5 9. Bxh6 Bxh4+ 10. Ke2 Qf6 11. Be3 g3 12. Kd3 Nc6 13. Rf1 Bg4 {beau coup qui amène un jeu compliqué. M. Goetz se montre à la hauteur de la situation.} 14. Rxf6 Bxd1 15. Rf1 ({Si} 15. Rxf7 exd4 16. Bxd4 O-O-O 17. c3 Ne5+ {et gagnent}) 15... exd4 16. Bxf7+ Ke7 17. Nc3 {Magnifique. Cette façon de revenir à l'attaque du Roi est une belle preuve de la clairvoyance du joueur sans voir.} Bxc2+ 18. Kxc2 dxe3 19. Nd5+ Kd6 20. Nxe3 Ke5 (20... Ne7 {est meilleur}) 21. Kc3 b5 {empêche Ce3-c4 qui serait suivi du mat} 22. Rf5+ Kd6 23. Rd1+ Ke7 24. Nd5+ Kf8 25. Nxc7 {Menace Td7} b4+ 26. Kc4 Ne5+ 27. Rxe5 Kxf7 28. Rd7+ Kf6 29. Re6+ Kg5 30. Nxa8 {Abandon. Quand cette partie fut jouée, M. Bastien était un jeune lieutenant. Il occupe actuellement une haute situation dans l'intendance à Strasbourg et fait partie de l'Echiquier Strasbourgeois dont il est un des membres les plus actifs.} 1-0 [Event "Lyon"] [Site "?"] [Date "1914.07.31"] [Round "9"] [White "Goetz, Alphonse"] [Black "Teleguine, Alexandre"] [Result "1-0"] [ECO "C27"] [PlyCount "113"] {Partie commentée par Alphonse Goetz dans la Stratégie de Novembre 1914. Partie du Fou.} 1. e4 e5 2. Bc4 Nf6 3. Nc3 Bb4 {Un coup peu usité.} ({Dansune position similaire, le Dr Tarrasch (Die Moderne Schachpartie, p.328) préfère le développement du Fou} 3... Bc5) ({D'autre part il semble que l'on puisse tranquillement jouer} 3... Nxe4 {car après les coups habituels} 4. Qh5 Nd6 5. Bb3 {il suffit de ne pas défendre le Pion Roi et de continuer le développement par} Be7 {par exemple, pour avoir une position très solide}) 4. d3 {Pour provoqueer le coup suivant des Noirs qui ne les développe qu'en apparence} d5 5. exd5 Nxd5 6. Bd2 Nxc3 {Les Noirs ont une position difficile.} ({Si} 6... Be6 {Les Blancs prennent par} 7. Qf3 {le rôle de défenseurs de la Partie Ecossaise avec au moins un temps gagné}) (6... Bxc3 {serait stratégiquement un peu meilleur que le texte, mais ils veulent conserver leurs deux Fous.}) 7. bxc3 Bd6 8. Qh5 {Du coup on voit le développement supérieur des Blancs qui procédent déjà à l'attaque. Le Cavalier Dame des Noirs sera difficile à mettre en action tandis que le Cavalier Roi blanc entre simplement en jeu.} Qf6 9. Nf3 h6 ({Il n'y avait rien de mieux que} 9... Qg6 {forçant l'échange des Dames. M. Teleguine recula devant cette solution, qui d'ailleurs aurait laissé les Blancs avec un sensible avantage de développement, mais la suite montre qu'il eut tort.}) 10. Ng5 {Forçant un important avantage de position.} O-O ({En effet, si} 10... g6 11. Ne4 $1) 11. Ne4 Qe7 ({Il n'y avait rien de meilleur que} 11... Qf5 12. Qxf5 Bxf5 13. Nxd6 cxd6 14. Rb1 {L'avantage des Blancs était visible, moins cependant que dans la variante choisie.}) 12. Bxh6 $1 Be6 ({Il est visible que si} 12... gxh6 13. Qg6+ Kh8 14. Qxh6+ Kg8 15. Nf6+ Qxf6 16. Qxf6 {et gagnent.}) 13. Bxe6 $2 { Mais ici je manquai l'occasion de terminer rapidement la partie et de m'assurer, en même temps, le prix de beauté, le joli vase du Président, qui n'a pas été attribué.} ({Il fallait continuer par :} 13. Ng5 Bxc4 ({Si} 13... Qf6 14. Bxg7 Qxg7 15. Nxe6 fxe6 16. Bxe6+ {avec un avantage matériel décisif}) (13... gxh6 14. Qxh6 Bf5 15. g4 {et gagnent}) (13... Bf5 14. g4 $1 { avec une attaque gagnante.}) 14. Bxg7 Kxg7 15. Qh7+ Kf6 16. Qh6+ Kf5 17. g4+ { forçant le mat}) {C'est dans les complications de cette variante que je me suis embrouillé. Ayant perdu pas mal de temps à établir les variantes précédente, j'ai craint de laisser inaperçue une ressource des Noirs et me suis décidé à liquider de la façon la plus simple. Je croyais même avoir encore une attaque, mais mon adversaire a très bien joué les coups suivants.} 13... Qxe6 14. Bd2 Be7 15. h4 {Le Roq m'aurait exposé à une contre-attaque des Noirs. Ma ligne de jeu amène la liquidation.} Nd7 16. Rh3 {Outre l'attaque sur le Roi adverse, la tour a déjà pour but de protéger le Pion faible en c3.} Nf6 17. Nxf6+ Bxf6 18. Rg3 Rfe8 19. Bg5 e4 20. d4 {On voit la grande importance de la Tour Roi sur la troisième rangée.} Rad8 21. Bxf6 Qxf6 22. Qg5 Rd6 23. Qxf6 Rxf6 24. Rb1 Rb6 $2 {Les dix derniers coups ont été joués par la Noirs avec beaucoup de soin. Mon avantage s'est réduit au minimum, j'ai bien un Pion de plus sur l'aile droite, mais sur l'aile gauche j'ai un Pion isolé et à peine défendable. Sa chite aménerait le passage du Pion Tour Dame des Noirs et me mettrait en infériorité. En opposant leur Tour à la mienne les Noirs commettent une double faute : 11° ils augmentent mes chances de gain qui étaient minces avec deux Tours et Pion contre deux Tours; 2° Ils se privent, par la reprise avec le Pion Tour, de toute chance de se faire un Pion passé. Le gain de mon Pion Tour Dame et illusoire puisque le Pion Roi des Noirs est indéfendable ainsi qu'on va le voir de suite.} 25. Rxb6 axb6 26. Re3 Ra8 {Il me semble que les Noirs lâchent leur Pion Roi trop vite. Mais il est déjà difficile d'indiquer une route satisfaisante.} ({ Si par exemple} 26... b5 27. f3 $1) 27. Rxe4 Kf8 28. c4 {Prévenant b6-b5 des Noirs. Maintenant la chance de gain se dessine de nouveau, 1° par le Pion de plus sur l'aile droite; 2° par la menace d'obtenir un second Pion passé sur la ligne de la Dame; 3° par la position inférieure du Roi noir.} Rxa2 ({ Cette suite m'eût quelque peu gêné :} 28... Ra4 29. d5 {forcé} b5 30. Kd2 $1 Rxa2 31. cxb5 Rb2 32. Rc4 $1 Rxb5 33. Rxc7 Rxd5+ 34. Ke3 {mieux}) 29. Kd2 Ra3 30. Re3 {L'opposition de la Tour est évidemment mon unique moyen pour gagner du terrain.} Ra8 31. Rb3 {Mettant le doigt sur le point faible. La menace est c4-c5 avec destruction complète de l'aile droite des Noirs.} Rd8 { La tentative est déjouée.} 32. Rd3 Rd6 {Les Noirs auraient pu chercher à intervenir avec leur Roi, mais leur jeu reste difficile.} 33. g4 Rf6 34. f3 Rh6 35. h5 g6 36. hxg6 Rxg6 (36... fxg6 {aurait assuré plus de mobilité au Roi noir.}) 37. Re3 Rc6 38. Kd3 Rg6 {Les Noirs sont visiblement embarrassés. Pendant ce temps les Blancs gagnent du terrain.} 39. Re5 {Pour avancer les Pions du côté du Roi ainsi qu'éventuellement le Roi.} Rd6 40. c5 $1 bxc5 41. Rxc5 {Ici la partie fut ajournée. La réplique suivante des Noirs est à peu près forcée :} c6 42. c4 Ke7 {Mais ceci est une faute, à mon avis ; par leurs deux coups suivants les Blancs créent irrémédiablement aux Noirs un piont faible en b6.} ({En jouant} 42... b6 {les Noirs auraient probablemen pu lutter bien plus longtemps.}) 43. Re5+ Kd7 44. c5 Rh6 45. g5 Rh4 {Actuellement l'avantage de position des Blancs semble décisif. D'autres manoeuvres des Noirs échoueraient également.} 46. Rf5 Ke7 47. Re5+ {Puisque le Roi noir n'a pas voulu aller en e6, il faut trouver autre chose.} Kd7 48. Re2 {Pour protéger le Roi contre toute manoeuvre tournante et surtout provoquer, par le coup suivant, le déplacement du Roi noir.} Rh1 49. Rb2 $1 Kc7 50. f4 Rd1+ { Ces échecs ne font que rapprocher le Roi blanc de son but ; mais que faire ?} 51. Ke4 Re1+ 52. Kf5 Re6 53. Rh2 b6 {Manoeuvre désespérée.} 54. Rh7 Re7 55. Kf6 Rd7 56. Rxf7 bxc5 57. g6 {Les Noirs abandonnent. La partie porte en maints endroits des traces de la fatigue et de la surexcitation des deux joueurs. La fin s'est jouée, en effet, la veille de la mobilisation. Notes de A. Goetz.} 1-0