dimanche 30 août 2020

Le procès Rosenthal / Balaschoff


En fin d'année 1898, la première chambre du tribunal civil de la Seine accueille un intéressant procès entre joueurs d'échecs : Samuel Rosenthal contre Pierre de Balaschoff, aristocrate Russe installé à Paris. En voici le détail, que l'on retrouve dans de nombreux journaux de l'époque, mais également aux Archives de Paris, que j'ai été consulter sur place.

Vous connaissez déjà un peu Samuel Rosenthal si vous lisez mes articles. Par exemple avec l’affaire du match par correspondance entre Paris et Vienne en 1884 qui scinda en deux clans les échecs en France à la fin du XIXè siècle.

Samuel Rosenthal - Source Wikipedia et Chess History
Le Monde Illustré 20 septembre 1902 (p 288)

Rosenthal est un professionnel du jeu d’échecs. Arrivée de Pologne (alors l’Empire Russe) en 1864, il devient un des meilleurs joueurs du Café de la Régence à l’époque. Malgré quelques succès sur la scène international, il n'atteint pas le niveau de joueurs tels que Steinitz et Zukertort. Mais il faut dire que sa santé fragile n'a pas joué pour lui.
Quand il quitte le Café de la Régence en 1884, il gagne très bien sa vie grâce aux cours d’échecs, à ses chroniques dans quelques journaux dont Le Monde Illustré, aux simultanées qu’il donne au Grand Cercle etc.

Pierre Alexandrovitch Balaschoff, né le 3 / 15 juin 1847 à Saint-Pétersbourg
Photo Louis Thiriot en 1887 - Source Gallica

Un de ses élèves est un très riche aristocrate Russe installé à Paris, Pierre de Balaschoff. Outre le jeu d’échecs, comme nous allons le voir, Pierre de Balaschoff (qui a fait ajouter la particule pour franciser son nom et montrer son appartenance à l’aristocratie) est un passionné d’aéronautique.
Il finança notamment plusieurs ballons d’observation, dont un porta même son nom.

Le ballon "Le Balaschoff" - Gallica - Le Monde Illustré 6 novembre 1897 (page 367)

L'Aérophile - Janvier 1897 (page 144)

« (...) M. Pierre de Balaschoff a fait présent à M. Mascart d'un aérostat en soie de Chine de 1700 mètres, destiné à servir uniquement à des expériences scientifiques.

M. Mascart en a fait don à la Commission française ; celle-ci, afin de donner un témoignage public de reconnaissance pour cette libéralité, a décidé que ce ballon se nommerait dorénavant le Balaschoff. Il servira à exécuter une expérience de vérification des appareils nuageux, par MM. Violle et Cailletet. Les frais de cette expédition seront faits par le prince Roland Bonaparte.

S.A.S. le prince de Monaco a promis de faire les frais de la prochaine expédition d'aérophiles »

Journal officiel du 13 février 1898 - Gallica

Il obtient le grade de chevalier de la Légion d'honneur en février 1898.

« M. Pierre de Balaschoff, sujet russe, membre fondateur de la société de géographie de Paris. Membre fondateur de la société de géographie commerciale de Paris : service rendus à la science française. Nombreux dons aux œuvres scientifiques. »

Il décède deux ans plus tard à seulement 53 ans.

Journal officiel du 17 mai 1900

« Article de la Société de géographie de Paris. Assemblée générale tenue le 5 mai 1900.
« M. Pierre Alexandrovitch de Balaschoff, membre de la Société de Géographie depuis 1883, donne et lègue à ladite Société une somme de 50.000 fr. ».
Le défunt, mort le 6 mars 1900, portait un vif intérêt aux travaux de la Société et était venu plus d'une fois en aide aux explorateurs.»

Sur le site du CNRS il est possible de lire une notice nécrologique le concernant :

« (…) M. Pierre de Balaschoff a succombé à une longue maladie en son hôtel de la rue Ampère, le mardi 6 mars. Son corps a été inhumé au cimetière du Père Lachaise. Il n’était âgé que de 53 ans, mais d’une constitution délicate et maladive qui ne permettait guère d’espérer qu’il parviendrait à un âge avancé. »

On apprend donc dans cette article qu’il possédait un hôtel particulier rue Ampère, au numéro 6 pour être précis, qu’il avait fait construire en 1887. Cet hôtel particulier existe toujours et il accueille une clinique privée de chirurgie esthétique !

Tous ces détails pour bien situer sa fortune…

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En fin d'année 1898, il est possible de lire à peu près la même chose que ce qui est publié dans le journal « Le Temps » du 23 décembre 1898 :

Le Temps - 23 décembre 1898 - Gallica

Dernières nouvelles du Palais
Entre professeur d'échecs et amateur

« Le professeur d'échecs Rosenthal est en procès devant la 1ère chambre du tribunal civil avec un de ses anciens élèves, le richissime M. de Balaschoff, qui figure au rang des amateurs le plus renommés.

Voici, d'après son assignation de quoi se plaint M. Rosenthal : il parait que M. de Balaschoff, après avoir pris un certain nombre de leçons à 20 francs le cachet, s'éprit absolument du jeu d'échecs et attacha en quelque sorte à sa personne M. Rosenthal, lui demandant conseil dans les parties internationales où il était engagé, se faisant accompagner par lui partout où se jouaient des parties qui nécessitaient sa présence.

M. Rosenthal devait recevoir pour ses bons offices des appointements annuels de 6.000 francs et, de plus, 1.000 francs par voyage. Or, en cours d'exécution, ces conventions ont été brusquement violées par M. de Balaschoff, qui a signifié son congé définitif à son professeur-conseil.

M. Rosenthal, à la suite de cette rupture, a réclamé 15.000 francs d'appointements arriérés, 1.000 francs pour un voyage fait à Stuttgart, et 25.000 francs de dommages-intérêts. A l'appui de sa demande, que soutient Me Levilion, il exhibe notamment une reconnaissance de dette émanant de son adversaire.

Mais celui-ci prétendra, par l'organe de Me du Basty, que cette "reconnaissance de dette" n'a pas la portée que lui donne son ancien professeur et qu'en réalité aucun traité ne le liait vis-à-vis de ce dernier. Ses conclusions tendent au rejet absolu de la demande. »

Les relations échiquéennes entre Pierre de Balaschoff et Samuel Rosenthal démarrent en 1885.
Ce qui commence par des leçons d’échecs très bien payées à 20 francs à l’unité (le salaire mensuel moyen d'un employé / ouvrier à Paris à l'époque est d'environ 150 francs) se poursuit par l’équivalent d’un salaire mensuel de 500 francs ainsi que d’autres avantages.

Les résultats sont là, puisque par exemple Pierre de Balaschoff remporte en 1890 le 1er tournoi international par correspondance du journal Le Monde Illustré.



Le Monde Illustré - 22 octobre 1887 - Gallica


Le premier prix du tournoi du Monde Illustré.
"Diane Victorieuse" par Albert-Ernest Carrier-Belleuse (un peu plus sympathique que les coupes de nos tournois actuels).

Le Monde Illustré - 4 janvier 1890 - Gallica

Pierre de Balaschoff (au centre) remporte ce tournoi international par correspondance.
Voici deux parties de Pierre de Balaschoff commentées par Samuel Rosenthal pour Le Monde Illustré


[Event "Tournoi international Monde Illustré"] [Site "?"] [Date "1889.??.??"] [Round "?"] [White "Sgroi, Casimo"] [Black "de Balaschoff, Pierre"] [Result "0-1"] [ECO "C49"] [Annotator "Samuel Rosenthal"] [PlyCount "74"] 1. e4 e5 2. Nf3 Nc6 3. Nc3 Nf6 4. Bb5 Bb4 5. O-O O-O 6. Nd5 Nxd5 {Le coup du texte est la mailleure défense.} ({Cependant les noirs peuvent également jouer } 6... Be7 7. d3 d6) 7. exd5 e4 8. Ne1 ({Si} 8. dxc6 exf3 9. Qxf3 (9. cxd7 fxg2 10. Kxg2 Bxd7 {les noirs sont mieux}) (9. cxb7 Bxb7 10. gxf3 Qg5+ {gagne le fou en b5}) 9... dxc6 {avec au moins une partie égale}) 8... Ne7 9. c3 Bc5 10. d4 exd3 11. Bxd3 d6 12. Nf3 h6 13. b4 Bb6 14. c4 ({Nous désapprouvons le coup du texte, l'avance des pions du côté de la dame est trrès dangereux pour une fin de partie. Nous aurions préféré} 14. Bc2) 14... a5 15. b5 Bg4 16. h3 Bh5 17. Bb2 Bg6 18. Nh4 Qd7 19. Qc2 Bxd3 20. Qxd3 g5 21. Qc3 f6 22. Nf3 Ng6 23. Kh1 ({Le coup du texte est un temps perdu} 23. Rae1 {valait mieux}) 23... Rae8 24. Nh2 Kg7 25. Qd2 Re4 26. Qd3 Qe7 27. Ng4 Nf4 28. Qf3 h5 29. Nh2 ({Si} 29. Nxf6 Rxf6 30. Bxf6+ Kxf6 31. g3 g4 32. hxg4 hxg4 33. Qxg4 Qh7+ 34. Qh4+ (34. Kg1 Ne2+ {suivi de Tour prend Dame et gagnent}) 34... Qxh4+ 35. gxh4 Rxc4 {et gagnent}) 29... Kg6 {Très bien joué} (29... g4 30. hxg4 hxg4 31. Qxg4+ (31. Nxg4 Rh8+ 32. Nh2 Kf8 33. g3 Qh7 {et gagnent}) 31... Ng6 32. Qf3 Rh8 33. Bxf6+ Qxf6 34. Qxe4 {et gagnent}) 30. Bc3 Ne2 31. Rae1 g4 {Encore un très joli coup comme on le verra par la note suivante} 32. Qd3 ({Si} 32. hxg4 hxg4 33. Nxg4 Rh8+ 34. Nh2 Rxh2+ 35. Kxh2 Rh4+ {et gagnent}) 32... f5 33. Bd2 ({Si} 33. hxg4 hxg4 34. Nxg4 Nxc3 35. Qxc3 fxg4 36. Qd3 Re8 {et gagnent, car si} 37. f3 Rh8#) 33... Re8 34. Nf3 {Sacrifice incorrect, mais nous ne voyons pas un bon coup à indiquer aux blancs.} ({Si} 34. Be3 Rxe3 35. fxe3 Ng3+ 36. Kg1 Bxe3+ 37. Rxe3 Qxe3+ {et gagnent}) (34. g3 Rd4 35. Qc2 Qe4+ 36. Qxe4 Rdxe4) (34. h4 Rd4 35. Qc2 g3 36. fxg3 (36. Nf3 Qxh4+ 37. Nxh4+ Rxh4#) 36... Nxg3+ 37. Kg1 Rxd2+ { échec à la découverte et mat en quelques coups}) 34... gxf3 35. gxf3 Nf4 {Très bien joué.} (35... Re5 36. Rxe2 Rxe2 37. Rg1+ Kh7 (37... Kf7 38. Qxf5+ Qf6 39. Qh7+) 38. Qxf5+ Kh8 39. Qxh5+ Qh7 40. Bc3+ R8e5 41. Qe8+ {et mat le coup suivant}) (35... Rd4 36. Rg1+ Nxg1 37. Rxg1+ Kh7 (37... Kf7 38. Qxf5+ {et gagnent}) 38. Qxf5+ Kh8 39. Qxh5+ {et gagnent}) 36. Rg1+ Kh7 37. Qb1 Qh4 {Les blancs ne peuvent plus sauver la partie.} 0-1 [Event "Tournoi International Monde Illustré"] [Site "?"] [Date "1888.??.??"] [Round "?"] [White "de Balaschoff, Pierre"] [Black "Courel"] [Result "1-0"] [ECO "C51"] [Annotator "Samuel Rosenthal"] [PlyCount "41"] 1. e4 e5 2. Nf3 Nc6 3. Bc4 Bc5 4. b4 Bxb4 ({Ainsi comme nous conseillons toujours de refuser le Gambit Evans par} 4... Bb6 5. a4 (5. b5 Na5 6. Nxe5 Nh6 {etc.}) 5... a6 6. O-O d6 {etc. Voir pour la continuation de ce débat dans le numéro du Monde Illustré du 20 décembre 1884.}) 5. c3 Bc5 ({La seule défense possible sur ce début est} 5... Ba5 {cependant les Blancs obtiennent un avantage par} 6. d4 exd4 7. O-O dxc3 8. Qb3 Qf6 9. e5 Qg6 (9... Nxe5 10. Re1 { et gagnent}) 10. Nxc3 Nge7 11. Ba3 O-O 12. Rad1 b5 13. Nxb5 Rb8 14. Qe3 Bb6 15. Qf4 {etc. tandis que le coup du texte permet aux Blancs de trouver des attaques plus violentes et plus rapides, comme l'on verra d'après la note suivante.}) 6. O-O d6 (6... Nf6 7. d4 exd4 (7... Bb6 8. dxe5 Nxe4 9. Qd5 {et gagnent}) 8. cxd4 Bb6 9. e5 d5 (9... Ng4 10. Ba3 ({ou bien} 10. Bxf7+ Kxf7 11. Ng5+)) 10. exf6 dxc4 11. Re1+ Kf8 (11... Be6 12. d5) 12. Ba3+ Kg8 13. d5 Na5 14. Be7 Qd7 15. fxg7 Kxg7 16. Qd2 Qf5 (16... f6 17. Bxf6+ Kxf6 18. Qg5+ Kf7 19. Ne5+) (16... h6 17. Bf6+ Kxf6 18. Qc3+ {et gagnent}) 17. Qc3+ f6 (17... Kg8 18. Bf6) 18. Bxf6+ Qxf6 19. Re7+ Kg6 20. Nh4+ Kg5 (20... Qxh4 21. Qg7+ Kf5 22. Re5+ ) 21. Rg7+ {et gagnent}) 7. d4 exd4 8. cxd4 Bb6 9. Nc3 Nce7 {Le coup du texte est le plus faible.} ({Le coup usuel est} 9... Na5 10. Bg5 Ne7 (10... Qd7 11. Bd3 Ne7 12. e5 O-O 13. Ne4 d5 14. Nf6+ gxf6 15. Bxf6 {et gagnent}) (10... f6 11. Bh4 Nxc4 12. Qa4+ Qd7 13. Qxc4 Qf7 14. Nd5 Be6 15. Qa4+ Bd7 16. Qa3 {suivi de Nxb6 et e5 et les blancs sont mieux}) 11. Nd5 f6 12. Bxf6 gxf6 13. Nxf6+ Kf8 14. Ng5 Nxc4 15. Qf3 Nf5 16. Nfxh7+ Rxh7 17. Nxh7+ Kg7 18. exf5 Qh4 (18... Kxh7 19. Qh5+ Kg7 20. Qg6+ {Suivi de Ra1-e1 et f6 et gagnent}) 19. f6+ Kxh7 20. f7 { et gagnent}) (9... Bg4 10. Bb5 Bxf3 11. gxf3 Kf8 12. Be3 {suivi de Kh1 et Rg1 et les blancs sont mieux}) (9... Nf6 10. e5 dxe5 11. Ba3 Bxd4 12. Qb3 Qd7 13. Rae1 Na5 14. Bxf7+ Qxf7 15. Qb5+ Nc6 16. Nxd4 {et gagnent}) 10. Qb3 f6 ({Il est évident que si} 10... Nh6 11. Bxh6 gxh6 12. Bxf7+ {et gagnent}) 11. e5 Kf8 ({Le moins mauvais était ici} 11... Bg4 {cependant les Blancs auraient joué avec avantage} 12. Be3 Bxf3 13. gxf3 {suivi de a2-a4 et Nd5}) 12. h3 {Bien joué, ce coup est utile pour empêcher Bg4} Bf5 13. a4 a5 14. Re1 ({Les Blancs pouvaient obtenir également un avantage en jouant} 14. Nd5 Nxd5 {forcé car les Blancs menacent e5xf6} 15. Bxd5 Rb8 16. Bxg8 Rxg8 17. Ba3 {avec une position de gain. Cependant le coup du texte est aussi très bien joué.}) 14... Nc8 15. Ra2 c5 ({Le coup du texte fait perdre la partie immédiatement, cependant nous ne trouvons pas un bon coup à indiquer pour les Noirs. Si} 15... dxe5 16. dxe5 {suivi de Rd2 gagneraient facilement.}) ({Si} 15... fxe5 16. dxe5 Nge7 17. Ng5 {et gagnent}) 16. Bxg8 {Coup décisif qui ne laisse aucune ressource à l'adversaire.} Rxg8 17. exf6 Qxf6 (17... gxf6 18. Bh6+ Rg7 19. Nh4 Bd7 (19... Bg6 20. Nxg6+ hxg6 21. Rae2 Na7 22. Re7) 20. Rae2 cxd4 21. Nd5 Bc5 22. Qg3 {et gagnent}) 18. Rae2 Bd7 ({Si} 18... Bg6 19. Nd5 Qf7 (19... Qd8 20. Bg5) 20. Nxb6 Qxb3 21. Nd7+ Kf7 22. Ng5#) 19. Ng5 Qf5 ({Si} 19... Rh8 20. Nd5 Qf5 21. Re4 { suivi de Rf4} ({ou} 21. g4 {suivi de Qf3 et gagnent})) 20. Qf7+ Qxf7 21. Nxh7# {Nous présentons tous nos compliments à M. de Balaschoff pour la manière correcte et brillante avec laquelle il a terminé cette partie.} 1-0

Les relations sont au beau fixe à cette époque.

Le jugement est consultable aux Archives de Paris dans le 19ème arrondissement de Paris

Le jugement, fait part d’un projet commun entre les deux joueurs :

« Le maître et l’élève conçurent le projet d’écrire en collaboration un grand ouvrage sur le jeu d’échecs, de Balaschoff devant traiter la partie historique, et Rosenthal la partie technique ». 

Projet qui n’aura jamais lieu. Dans une de ses dernières lettres à Rosenthal, de Balaschoff s’exprime ainsi :

« J’attends avec impatience les petits diagrammes. En attendant je vais commencer notre ouvrage ».

Mais selon le jugement :

« Si on en juge par sa correspondance, de Balaschoff, bien que Russe, ne possède pas la langue Française d’une façon assez complète pour que son concours ait pu être d’une grande utilité à Rosenthal pour la rédaction de cet ouvrage. Que tout son travail a consisté à faire quelques traductions sans importance. Que de son côté, et pour la partie technique, Rosenthal ne justifie même pas d’un commencement de rédaction. »
« Dans ces conditions Rosenthal n’est point fondé à réclamer des dommages intérêts sous le prétexte d’avoir perdu le fruit de sa coopération à cet ouvrage ».

Archives de Paris

Le texte de la reconnaissance de dette signée par de Balaschoff et dont il est fait mention dans l’article du journal Le Temps est le suivant :

« Cher Monsieur Rosenthal,
Après avoir vérifié votre note je reconnais vous devoir la somme de quinze mille francs, compris vos appointements jusqu’au 1er janvier 1897.
Stuttgart, 5 novembre 1896
Signé : Pierre de Balaschoff »

En fait, Pierre de Balaschoff, alors à Stuttgart, demande à Rosenthal de venir le retrouver pour quelques semaines. Ce que Rosenthal fait. Les choses doivent s’envenimer là-bas, car Rosenthal demande à de Balaschoff de signer cette reconnaissance de dette.

« que les choses durèrent ainsi jusqu’à la fin de Mil huit cent quatre-vingt-seize, mais qu’à la date du vingt-trois décembre de Balaschoff adressa brusquement à Rosenthal une lettre de rupture. »

Le jugement indique

« la reconnaissance du 5 novembre 1897 a tous les caractères d’un règlement de compte et comprend dès lors toutes les sommes dont de Balaschoff pouvait être débiteur (...) Rosenthal ne saurait être considéré comme un employé du défendeur, qu’il s’intitule lui-même professeur d’échecs ».

Et poursuit par

« Que Rosenthal devrait tout au moins établir que cette rupture lui a causé un préjudice appréciable et qu’il aurait perdu, comme il le prétend, le bénéfice d’engagements et de concours en France et à l’étranger. Qu’il ne fait aucune preuve à cet égard, que les seules justifications qu’il produit se réfèrent à des propositions et à des concours antérieurs de plusieurs années à son congédiement. Que ce fait ne saurait donc être retenu comme une cause de préjudice. »

La Croix 9 janvier 1899 - Gallica

« JUSTICE
Entre joueurs d'échecs

On se souvient que M. Rosenthal, le célèbre professeur d'échecs, réclamait devant le tribunal civil de la Seine, à M. de Balaschoff :
1° La somme de 15.000 francs, montant d'appointements arriérés ;
2° Celle de 1.000 francs pour indemnité relative à un voyage à Stuttgart fait au mois d'octobre 1896 ;
3° Une somme de 25.000 francs à titre de dommages-intérêts ;

La 1ère Chambre du tribunal civil de la Seine vient de condamner M. de Balaschoff à payer à M. Rosenthal la somme de 15.000 francs, montant de la reconnaissance produite.
M. Rosenthal a été déclaré mal fondé dans le surplus de sa demande.
M. de Balaschoff est condamné aux dépens. »

Il reste quand même un mystère que je n’ai pas éclairci : pour quelle raison fondamentale Pierre de Balaschoff met-il brutalement un terme à plus de 10 ans de relation avec Samuel Rosenthal ? Il est possible que cette reconnaissance de dette ait vexé Pierre de Balaschoff qui congédie Rosenthal un mois plus tard. Comment remettre en cause la parole d'un noble Russe richissime ?

jeudi 20 août 2020

Une partie oubliée d'Alexandre Deschapelles


Mise à jour du 17 juin 2023 : Pour compléter cette article en voici un autre sur une position inédite de Deschapelles.

Les quelques rares sources qui citent les parties et positions connues à ce jour d'Alexandre Deschapelles n'en mentionnent que 9 en tout est pour tout. Ce n'est pas beaucoup pour se faire une idée du talent d'un joueur qui fut réputé comme le meilleur joueur d'échecs au monde au début du XIXè siècle et que ses contemporains jugèrent plus forts que Philidor...

De plus ces parties connues de Deschapelles sont à avantage et une seule est à but (partie à but = partie commencée à égalité de matériel), contre Cochrane en 1821 (voir ci-dessous l'échiquier interactif).

Et n'oublions pas que Deschapelles n'aimait pas passer trop de temps devant l'échiquier.
Une partie se doit d'être jouée assez rapidement :

« Deschapelles (…) nous dit n’avoir jamais fait de partie qui ait duré plus d’une heure en jouant pendant dix ans avec M. de La Bourdonnais ; il se contentait d’une demi-minute par coup (…)  »

Le Palamède 1836

Pourtant il existe au moins une dixième partie, facilement accessible car publiée dans le Palamède en 1842. Pour quelle raison n'est-elle pas dans les bases de données ni mentionnée ? Mystère.
Peut-être qu'un collectionneur possède d'autres parties inédites ?!

Il s'agit d'une partie contre Saint-Amant le 30 octobre 1842 au Cercle des Échecs (au-dessus du Café de la Régence). Deschapelles rend la tour en a1 en échange du trait et de deux pions, l'un en c4 et l'autre en f4.
Dans Le Palamède il est indiqué que cet avantage équivaut à peu près à pion et deux traits.
Deschapelles ne considère donc pas Saint-Amant comme un joueur de son niveau, loin de là...

Le Palamède 1842

Deschapelles - Saint-Amant, partie jouée le 30 octobre 1842 au Cercle des Échecs de Paris.

A ma connaissance il n'est pas possible de rentrer la position initiale dans Chessbase.
La partie est enregistrable à partir du 19ème coup des blancs.

Position initiale - Notez l'absence de la tour en a1 et les deux pions supplémentaires pour Deschapelles.

1.e2-e4 d7-d6 2.d2-d4 f7-f6 3.f4-f5 g7-g6 4.d4-d5 Ff8-h6 5.f2-f4 c7-c6 6.Ff1-d3 Cb8-a6 7.c2-c3

Position après 7.c2-c3

7. ... c6xd5 8.c4xd5 Ca6-c5 9.Fd3-c2 Fc8-d7 10.b2-b4 Cc5-a6 11.a2-a4 Ca6-c7 12.Fc1-e3 Re8-f8

Position après 12. ... Re8-f8

13.c3-c4 Cc7-a6 14.Dd1-d2 Dd8-c8 15.b4-b5 Ca6-c5 16.g2-g4 a7-a6 17.Cb1-c3 

Position après 17.Cb1-c3

17. ... a6xb5 18.ç4xb5 g6-g5

Position après 18. ... g6-g5 - Le Palamède 1842

La suite de la partie sur l'échiquier interactif à la fin de l'article...

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Parmi les parties de Deschapelles se trouve une position publiée sous le numéro XV dans Le Palamède en 1836.

La Bourdonnais indique "le mat n°XV a été fait dans une partie des pions (*) par M. Deschapelles"

(*) partie des pions - voir l'article dédiée à cette variante du jeu d'échecs, probablement inventée par Legall et qui eut une influence considérable sur Philidor.

La position est donnée un peu plus loin, mais elle contient une erreur...
...erreur que La Bourdonnais s'empresse de corriger dans le numéro suivant : La tour noire en a8 devrait être en b8.

"Dans la planche du numéro précédent, qui représente ce mat, il se trouve une erreur typographique très grave, et dont nous demandons pardon à nos abonnés. La tour de la reine est indiquée à sa case; elle doit être à la case de son cavalier".


Voici la position corrigée avec la tour noire en b8 plutôt qu'en a8.
La position semble trop belle, trop artificielle pour être vraie.
Il s'agit peut-être d'une composition de Deschapelles à partir d'une de ses parties.

En tout cas à aucun moment il n'est mentionné le nom de La Bourdonnais comme adversaire.



[Event "Saint Cloud"] [Site "Saint Cloud"] [Date "1821.??.??"] [Round "?"] [White "Cochrane, John"] [Black "Deschapelles, Alexandre LHL"] [Result "0-1"] [Annotator "Le Palamède 1844"] [SetUp "1"] [FEN "rnbqkbnr/ppppp1pp/8/8/8/8/PPPPPPPP/RNBQKBNR w KQkq - 0 1"] [PlyCount "58"] [EventDate "1821.??.??"] [EventType "game"] [EventRounds "14"] [EventCountry "FRA"] {Le Palamède 1844 Les Noirs retirent le Pion du Fou du Roi} 1. e4 -- 2. d4 Nc6 3. f4 {Les Blancs ouvrent trop leur jeu en poussant ce Pion, et restituent déjà une portion de la valeur des deux traits.} d5 4. e5 Bf5 5. c3 {On peut hardiment avancer ici que l'avantage des deux traits a disparu, et qu'il ne reste plus aux Blancs que le Pion de plus} e6 6. Bd3 Nh6 7. Ne2 ({Il était préférable de sortir ce Cavalier à la 3ème case du Fou du Roi} 7. Nf3) 7... Qh4+ 8. g3 {C'est avec le Cavalier qu'il était plus convenable de couvrir, sans crainde de voir doubler le Pion du Cavalier du Roi, une fois les Dames échangées.} Qh3 9. Kd2 ({Il faut avouer que cette fuite du Roi n'est pas heureuse. Marcher au devant du danger à la 2ème case du Fou du Roi,} 9. Kf2 { nous eût semblé plus propre à la conjurer. A partir de là, cette partie n'est qu'une débâcle sans intervalle d'espérance.}) 9... Bxd3 10. Kxd3 Qf5+ 11. Kd2 Ng4 12. Ke1 Qe4 13. Rg1 {Se douterait-on, après ces douze coups, que les Blancs ont été avantagés de Pion et deux traits !} Nxh2 14. Nd2 Qd3 15. Kf2 Ng4+ 16. Ke1 Qe3 ({Le jeu des Noirs est magnifique. Ils pouvaient ici gagner la Tour de la Dame en jouant le Cavalier à la 3ème case du Roi} 16... Ne3 {et ensuite à la 7ème case du Fou de la Dame (Nc2)}) 17. Nf1 Qf2+ 18. Kd2 Qf3 19. Kc2 Nf2 20. Qd2 Qe4+ 21. Kb3 Na5+ 22. Ka4 Nc4 23. Qe1 Qc2+ 24. b3 {Ce coup est forcé. Le mat du Roi blanc est ici en deux coups.} Nd3 ({Les Noirs avaient joué jusqu'à ce coup d'une manière irréprochable. Ils manquent ici le coup juste, qui était le Pion de la Tour de la Dame 1 pas, menaçant d'un mat impossible à parer le coup suivant.} 24... a6) 25. Ne3 Nxe3 26. Qd2 Nb2+ 27. Kb5 c6+ ({C'est encore le Pion de la Tour qu'il falalit pousser par échec, et non celui du Fou de la Dame.} 27... a6+ {Le mat était ensuite donné par le Pion du Cavalier. Il semble que depuis que les Noirs tiennent la partie, ils n'aient plus appliqué leur attention à jouer les coups justes.}) 28. Ka5 Nec4+ 29. bxc4 Qa4# {commentaires publiés dans "Le Palamède" 1837 p.431 (De la Bourdonnais qui indique la date de 1822) dans "Aus Vergangenen Zeiten (L. Bachmann) et repris dans "Les Cahiers de l'Echiquier Français" 21 p.138} 0-1 [Event "Saint Cloud"] [Site "Saint Cloud"] [Date "1821.??.??"] [Round "?"] [White "Cochrane, John"] [Black "Deschapelles, Alexandre LHL"] [Result "0-1"] [Annotator "Le Palamède 1844"] [SetUp "1"] [FEN "rnbqkbnr/ppppp1pp/8/8/8/8/PPPPPPPP/RNBQKBNR w KQkq - 0 1"] [PlyCount "50"] [EventDate "1821.??.??"] [EventType "game"] [EventRounds "14"] [EventCountry "FRA"] {Les Noirs retirent le Pion du Fou du Roi} 1. e4 -- 2. d4 e6 3. f4 {Mauvais coup, comme nous l'avons déjà dit dans la partie précédente.} d5 4. e5 { Prendre serait mauvais, et pousser est détestable. L'avantage des deux traits est plus que perdu.} c5 5. c3 Nc6 6. Nf3 cxd4 ({Il est préférable de jouer tout de suite la Dame à la 3ème case de son Cavalier.} 6... Qb6 {En prenant ainsi, on fait une place au Cavalier de la Dame, qui eût été très embarrasé pour sortir.}) 7. cxd4 Qb6 8. Nc3 Bd7 9. a3 ({Temps perdu. Il valait mieux sortir ses pièces, notamment le Fou du Roi à la 3ème case de la Dame ou la 2ème case du Roi, pour roquer ensuite.} 9. Bd3) 9... Nh6 10. h3 Nf5 11. Ne2 Be7 12. g4 {Le jeu des Blancs est devenu si gêné, que pour se dégager ils sont obligés de se jeter dans les aventures d'attaques qui les découvrent de tous côtés.} Bh4+ 13. Nxh4 Nxh4 14. Kf2 O-O 15. Kg3 Ng6 16. b4 a5 17. Bd2 axb4 18. Bxb4 Nxb4 19. axb4 Qxb4 20. Rb1 Ra3+ 21. Kh2 Qe7 {Retraite savamment combinée.} 22. Rxb7 Qh4 {Mat en quatre coups admirablement conçu, et qui était invisible aux Blancs, car au lieu de prendre le Fou, ils eussent probablement joué le Roi à la case du Cavalier pour parer ce birllant mat.} 23. Rxd7 {#Nous donnons ici, comme problème d'un mat en trois coups, cette élégante fin de partie.} Qf2+ 24. Bg2 Rxh3+ 25. Kxh3 Qh4# {"Le Palamède" (1837) p.431 qui mentionne 1822 commentaires dans "Le Palamède" 1844 et dans "Aus Vergangenen Zeiten (L.Bachmann) qui est repris dans "Les Cahiers de l'Echiquier Français" 21 p. 139 figure dans "Chess Studies" Walker,G (1844) p.78 figure aussi dans "Chess Brilliants" Howard Taylor,JO (1869) p.97} 0-1 [Event "Saint-Cloud"] [Site "Paris"] [Date "1821.??.??"] [Round "?"] [White "Cochrane, John"] [Black "Deschapelles, Alexandre LHL"] [Result "1-0"] [ECO "C44"] [Annotator "Le Palamède 1844"] [PlyCount "61"] [EventDate "1821.04.??"] [EventType "match"] [EventCountry "FRA"] 1. e4 e5 2. Nf3 Nc6 3. d4 {Voici la fameuse partie connue aujourd'hui sous le nom de Gambit écossais. Cependant la partie actuelle a primé de deux ans celle d'Edimbourg et de Londres, qui en est devenue la marraine. On jouait à cette époque cette partie habituellement parmi les Anglais; mais chez nous elle était à peu près inconnue, quoiqu'elle se trouve dans l'ouvrage de l'Anonyme de Modène, quand M. Cochrane en fit l'importation. Il en parle aussi dans son Triaté. Philidor ne parait pas l'avoir connue car il n'en dit rien dans son Analyse.} exd4 ({L'Anonyme de Modèe a blâmé ce coup-là à tort. Il fait prendre avec le Cavalier, ce qui vaut infiniment moins.} 3... Nxd4) 4. Bc4 Bc5 {C'est suivant nous, une des bonnes défenses, MacDonnell avait imaginé à ce quatrième coup des Noirs la sortie de la Dame à la 3ème case du Fou du Roi (Qf6), et La Bourdonnais avait beaucoup goûté cette innovation. Depuis elle a été soumise à des analyses qui ne l'ont pas fait survivre aux deux autorités imposantes que nous venons de citer. La sortie du Fou du Roi à la 5ème case du Cavalier (Bb4+) , donnant échec, laisse beaucoup à désirer. Dernièrement M. de Heydebrandt a proposé le Cavalier du Roi à la 3ème case du Fou (Nf6); M. Jaenisch préconise ce ocup dans sa Théorie des Pions (Palamèdes 1844, page 214). Il faut que le temps ait passé sur cette variante pour que nous puission la recommander avec la même confiance que le Fou à la 4ème case du Fou de la Dame (Bc5)} 5. Ng5 Ne5 6. Bxf7+ Nxf7 7. Nxf7 Bb4+ {Efforts inutiles pour sauver ce Fou, qu'il valait mieux abandonner tout de suite à son malheureux destion. Ce Pion, qu'on veut s'obstiner à gagner, perd la position.} 8. c3 dxc3 9. bxc3 Bxc3+ 10. Nxc3 Kxf7 11. Qd5+ Kf8 12. Ba3+ d6 13. e5 {Parfaitement joué.} Qg5 14. exd6 Qxd5 15. dxc7+ Kf7 16. Nxd5 Bd7 17. O-O Rc8 18. Bd6 Ke6 19. Bg3 Bc6 ({Le Roi ne saurait prendre le Cavalier sans perdre le Fou par l'échec des deux Tours.} 19... Kxd5) 20. Rad1 Bxd5 21. Rfe1+ Kf6 22. Rxd5 Nh6 23. Ra5 Nf5 24. Rc5 ({Au lieu de ramener cette Tour, il fallait donner échec du Fou à la 5ème case du Roi,} 24. Be5+ {et ensuite prendre le Pion de la Tour de la Dame (Rxa7), attaquant celui du Cavalier de la Dame (b7)}) 24... Nxg3 25. hxg3 Kf7 26. Rd1 Rhe8 27. Rd6 Re7 {Cette fin de partie entre les Tours de part et d'autre, n'a pas présenté, de la part des Noirs, toute la défense dont elle était susceptible.} 28. Rf5+ Ke8 29. Rd8+ Rxd8 30. Rf8+ Kxf8 31. cxd8=Q+ {commentaires publiés dans "Le Palamède" (1844) et dans "Aus Vergangenen Zeiten (L.Bachmann) qui est repris dans "Les Cahiers de l'Echiquier Français" 21 p.140 également commentée dans "Amusements in chess" Tomlinson,C (1845) p.249 Autres sources : "The Chess Players's Chronicle" (1841) p.151 qui reprend "Cochrane's Treatise" figure dans "Chess Studies" Walker,G (1844) p.78} 1-0 [Event "Paris odds m"] [Site "Paris"] [Date "1821.04.??"] [Round "1"] [White "Lewis, William"] [Black "Deschapelles, Alexandre LHL"] [Result "1/2-1/2"] [SetUp "1"] [FEN "rnbqkbnr/ppppp1pp/8/8/8/8/PPPPPPPP/RNBQKBNR w KQkq - 0 1"] [PlyCount "88"] [EventDate "1821.04.??"] [EventType "match"] [EventRounds "3"] [EventCountry "FRA"] [SourceDate "2005.01.01"] 1. e4 Nc6 2. d4 e5 3. d5 Nce7 4. Bg5 d6 5. Bxe7 Qxe7 6. Bd3 g6 7. Ne2 Bh6 8. Nd2 Nf6 9. Nf3 O-O 10. Ng3 Bg4 11. h3 Bxf3 12. gxf3 Bf4 13. Qe2 Rf7 14. Qf1 Raf8 15. Qg2 Kh8 16. h4 Qd7 17. Qh3 Qa4 18. c3 Qa5 19. Ke2 Qb6 20. Rab1 c6 21. h5 Bxg3 22. fxg3 gxh5 23. Rh2 Re7 24. Kd2 Ref7 25. Kc2 Qe3 26. Rf1 Qb6 27. dxc6 bxc6 28. Qe6 Qc7 29. Rhh1 Re8 30. Qf5 d5 31. Rh2 Qd6 32. Kb1 Ref8 33. exd5 Nxd5 34. Qxh5 Nxc3+ 35. Kc2 Rd8 36. Qg6 Qxg6 37. Bxg6 Rg7 38. Bxh7 Rxh7 39. Rxh7+ Kxh7 40. Kxc3 Kg6 41. Re1 Kf5 42. Re4 Rd7 43. Rh4 Ke6 44. Rh5 Rf7 {"A Selection of Games at Chess" Walker,WG (1836) p.276 "Le Palamède" (1836) p. 321 "The Chess Player's Chronicle" (1841) p.358 commentée dans: "Aus Vergangenen Zeiten (L.Bachmann) commentaires repris dans: "Les Cahiers de l'Echiquier Français" 21 p.137 figure dans "Chess Studies" Walker,G (1844) p. 78} 1/2-1/2 [Event "Paris odds m"] [Site "Paris"] [Date "1821.04.??"] [Round "2"] [White "Lewis, William"] [Black "Deschapelles, Alexandre LHL"] [Result "1/2-1/2"] [SetUp "1"] [FEN "rnbqkbnr/ppppp1pp/8/8/8/8/PPPPPPPP/RNBQKBNR w KQkq - 0 1"] [PlyCount "68"] [EventDate "1821.04.??"] [EventType "match"] [EventRounds "3"] [EventCountry "FRA"] [SourceDate "2005.01.01"] 1. e4 Nc6 2. d4 e5 3. d5 Nce7 4. Bg5 Nf6 5. Bxf6 gxf6 6. Qh5+ Ng6 7. Nf3 Bc5 8. Nh4 Kf7 9. d6 Qf8 10. Bc4+ Ke8 11. Nxg6 hxg6 12. Qxg6+ Kd8 13. dxc7+ Kxc7 14. O-O Rh6 15. Qg3 d6 16. Nc3 Bd7 17. Nd5+ Kd8 18. b4 Bb6 19. Nxb6 axb6 20. Qg8 Qxg8 21. Bxg8 Rg6 22. Bd5 Bh3 23. g3 Bxf1 24. Kxf1 Kc7 25. a4 Rf8 26. Ke2 f5 27. Ra3 Rh6 28. h4 f4 29. Rf3 Rff6 30. b5 Kb8 31. Ke1 Rh7 32. Ke2 Rc7 33. Kd2 Rg7 34. Ke2 Rc7 {"A Selection of Games at Chess" Walker,WG (1836) p.275 "Le Palamède" (1836) p.320 "The Chess Player's Chronicle" (1841) p.369 commentée dans: "Aus Vergangenen Zeiten (L.Bachmann) et commentaires repris dans: "Les Cahiers de l'Echiquier Français" 21 p.136 figure dans "Chess Studies" Walker, G (1844) p.78} 1/2-1/2 [Event "Paris odds m"] [Site "Paris"] [Date "1821.04.??"] [Round "3"] [White "Lewis, William"] [Black "Deschapelles, Alexandre LHL"] [Result "1-0"] [Annotator "Georges Walker"] [SetUp "1"] [FEN "rnbqkbnr/ppppp1pp/8/8/8/8/PPPPPPPP/RNBQKBNR w KQkq - 0 1"] [PlyCount "53"] [EventDate "1821.04.??"] [EventType "match"] [EventRounds "3"] [EventCountry "FRA"] [SourceDate "2005.01.01"] {Le Palamède 1845 donnent quelques commentaires sur le début de cette partie. A noter que cette partie est donnée comme étant la première.} 1. e4 Nc6 2. d4 e5 {C'est la vielle manière de jouer la partie; elle est justement signalée par La Bourdonnais comme dangereuse. Le Noir devrait plutôt répondre par le Pion du Roi un seul pas (e7-e6), ou mieux encore par le Pion de la Dame 2 pas (d7-d5).} 3. d5 {Ce n'est pas aussi bon jeu que de changer les Pions, pour pousser ensuite le Pion du Fou du Roi 2 pas.} (3. dxe5 Nxe5 4. f4) 3... Nce7 4. Bg5 Nf6 ({Jouer plutôt le Pion de la Dame 1 pas} 4... d6) 5. Bxf6 gxf6 6. Qh5+ Ng6 7. Nf3 Qe7 8. d6 {Le Noir ne doit pas prendre ce Pion de la Dame, parce que, s'il prend avec la Dame vous jouer le Cavalier du Roi à la 4ème case de la Tour du Roi (Nh4), et s'il prend avec le Pion du Fou de la Dame, vous gagnez une magnifique position en portant le Fou du Roi à la 4ème case du Fou de la Dame. Ce sacrifice fut inventé par Salvio. Nous rappellerons même à cette occasion, que dans les trois parties entre MM. Lewis et Deschapelles, en 1821, ce fut le début constamment joué par M. Lewis qui recevait le Pion et trait. Il lui procura le gain de la première partie; aussi, quand M. Lewis vint le soir même de sa victoire au Café de la Régence, Mouret, célèbre joueur français de cette époque, s'empressa de le complimenter sur la beauté de ce sacrifice du Pion de la Dame. Le joueur Anglais lui répondit tout bonnement que c'était un coup indiqué par Salvio; à quoi Mouret lui fit observer que c'était inutile à dire, et que comme personne n'en connaissait l'origine il pouvait facilement s'en réserver tout honneur.} Qxd6 9. Nh4 Bg7 10. Nxg6 hxg6 11. Qxg6+ Kf8 12. Bc4 Qe7 13. O-O Rh6 14. Qg3 c6 15. Nc3 d6 16. Rad1 f5 17. f4 d5 18. Bb3 dxe4 19. Nxe4 fxe4 20. fxe5+ Ke8 21. Bf7+ Qxf7 22. Rxf7 Kxf7 23. Qb3+ Ke7 24. Qg8 Bf8 25. Qg5+ Kf7 26. Rf1+ Ke8 27. Qg8 {"A Selection of Games at Chess" Walker,WG (1836) p.273 "Le Palamède" (1836) p.319 "The Chess Player's Chronicle" (1841) p.370 commentée dans "Aus Vergangenen Zeiten (L. Bachmann) commentaires repris dans "Les Cahiers de l'Echiquier Français" 21 p.137 figure dans "Chess Studies" Walker,G (1844) p.78} 1-0 [Event "Paris"] [Site "Paris"] [Date "1836.??.??"] [Round "?"] [White "Deschapelles, Alexandre LHL"] [Black "NN"] [Result "1-0"] [Annotator "Leconte"] [SetUp "1"] [FEN "1r4k1/1b2K1pp/7b/2pp3P/6NB/2Q2pp1/4p3/5r2 w - - 0 1"] [PlyCount "9"] [EventDate "1836.??.??"] [EventType "game"] [EventRounds "1"] [EventCountry "FRA"] [SourceDate "2005.01.01"] {Cette position est donnée dans le Palamède avec la tour en a8 au lieu de b8, il y a un fou noir en h6 et le cavalier est en g4. La Bourdonnais indique : "Le mat numéro XV a été fait dans une partie des pions par M. Deschapelles". Il n'est pas précisé l'adversaire et la position semble trop belle pour être vraie. Plus loin dans un autre numéro du Palamède (celui avec la solution) il est indiqué : Dans la planche du numéro précédent, qui représente ce mat, il se trouve une erreur typographique très grave, et dont nous demandons pardon à nos abonnés. La tour de la reine est indiqué à sa case; elle doit être à la case de son cavalier. NDA - En effet car après Rf7 les noirs joueraient Ta6 et pareraient le mat} 1. Nxh6+ gxh6 2. Qh8+ Kxh8 3. Kf7 Rf8+ 4. Kxf8 e1=Q 5. Bf6# {apparaît en tant que problème dans "La Palamède" (1836) p.159 / autres sources: "The Chess Player's Chronicle (1841) p.297 / "Sciences and art of chess" Monroe,JCBL (1859) p.266} 1-0 [Event "Paris Cercle des Echecs"] [Site "Paris"] [Date "1841.06.21"] [Round "?"] [White "Dumoncheau"] [Black "Deschapelles, Alexandre LHL"] [Result "1/2-1/2"] [Annotator "Kieseritzky"] [SetUp "1"] [FEN "rnbqkbnr/ppppp1pp/8/8/8/8/PPPPPPPP/RNBQKBNR w KQkq - 0 1"] [PlyCount "102"] [EventDate "1841.??.??"] [EventType "game"] [EventCountry "FRA"] [SourceDate "2005.01.01"] {Partie entre M. Deschapelles et M. Dumoncheau, jouée au cercle des échecs le 21 juin 1841. Ce dernier avait les noirs et recevait le pion et deux traits. De loin en loin M. Deschapelles veut bien nous procurer la bonne fortune de quelques parties qu'il joue à l'improviste et sans prétentions. M. Kieséritzky a recueilli celle-ci et y a joint quelques notes intéressantes. (NDA - commentaire dans le Palamède)} 1. e4 -- 2. d4 e6 3. Bd3 Nc6 4. c3 {Lé défense du Pion de la Dame, parait inutile, parce que les noirs ne peuvent pas le prendre sans compromettre leur partie.} e5 5. Nf3 d6 6. h3 Nf6 7. Bg5 Be7 8. Bxf6 gxf6 9. Bc4 Na5 10. Bd3 {On ne peut pas deviner pourquoi les noirs mettent le Fou à la 3ème case de la Dame, au lieu de la 3ème case du cavalier (Bb3). Car si c'était leur intention de profiter de la mauvaise position du Cavalier noir, il fallaait pousser au coup suivant le pion de la Dame et ensuite le pion du Cavalier de la Dame, un pas (d4-d5 puis b2-b4). Dans ce cas les noirs étaient obligés de jouer au 11ème coup, le Pion du Cavalier de la Dame, un pas, et au 12ème coup, le Cavalier même à sa deuxième case. Les blancs avaient une bonne occasion d'entrer dans le jeu de l'adversaire avec leurs pions.} O-O 11. g4 d5 {Très ingénieux. Les noirs donnent un pion, pour développer leur jeu, en conséquence, ils prennent une forte attaque.} 12. dxe5 fxe5 13. exd5 Rf4 14. Nxe5 Bd6 15. Nf3 Qe7+ 16. Kf1 c5 17. Kg2 Bd7 18. Re1 {Il valait mieux, peut-être, laisser la Tour où elle était, pour soutenir les pions à côté du Roi. le Cavalier de la Dame à la deuxième case de la Dame était un bon coup (Nd2)} Qg7 19. Nh2 Raf8 20. f3 Qg5 21. Re4 h5 22. Qe1 hxg4 23. hxg4 {Les blancs prennent avec le Pion de la Tour, pour réunir leurs pions. Il était très dangereux de prendre avec le Cavalier.} Kg7 {Les noirs mettent le Roi sur une case noire pour éviter l'attaque du Fou adversaire.} 24. Nd2 Qxd5 25. Rxf4 Rxf4 26. Be4 Qg5 27. Rd1 {Un fort bon coup} Qh6 28. Ndf1 Nc4 29. Rd5 Ne5 30. Qe2 Nf7 31. Rh5 Qf6 32. Qd3 Ne5 33. Qd5 Bc6 34. Qb3 {Mal joué. En poussant le Pion du Cavalier du Roi sur la Dame adverse, (g4-g5) les blancs auraient eu très-beau jeu; car, si la Dame noire se met à sa case, la Dame blanche occupera la 6ème case de son Roiet dominera la partie.} (34. g5 Qd8 35. Qe6) 34... c4 35. Qd1 Bxe4 36. fxe4 Nd3 37. Qa4 Ne1+ ({NDA - Deschapelles rate le mat ici} 37... Rf2+ 38. Kg1 Rxf1+ 39. Nxf1 Qf2+ 40. Kh1 Qxf1#) 38. Kg1 Qe6 39. Ne3 Qxe4 40. Qd7+ Be7 41. Qd4+ {Par ce coup, les blancs sauvent la partie, qui était déjà dans un état assez affaibli.} Qxd4 42. cxd4 Bf6 43. Rd5 b5 44. Nf5+ Kg6 45. Rxb5 Bxd4+ 46. Nxd4 Rxd4 47. Kf2 Re4 48. Nf3 Nd3+ 49. Kg3 Re2 50. Nd4 Rxb2 51. Rxb2 Nxb2 {Partie remise} 1/2-1/2 [Event "Paris odds"] [Site "Paris"] [Date "1846.??.??"] [Round "?"] [White "Greville, Brooke"] [Black "Deschapelles, Alexandre LHL"] [Result "1-0"] [SetUp "1"] [FEN "rnbqkbnr/ppppp1pp/8/8/8/8/PPPPPPPP/RNBQKBNR w KQkq - 0 1"] [PlyCount "42"] [EventDate "1846.??.??"] [EventType "game"] [EventCountry "FRA"] [SourceDate "2005.01.01"] 1. e4 -- 2. d4 e6 3. Nc3 Nc6 4. Nf3 d5 5. e5 Bd7 6. a3 a6 7. Bd3 g6 8. h4 Bh6 9. Be3 Bxe3 10. fxe3 Nh6 11. Qd2 Qe7 12. O-O-O O-O-O 13. Ne2 Kb8 14. Rhf1 Rdf8 15. Kb1 Nd8 16. e4 Ndf7 17. exd5 exd5 18. Nf4 Be6 19. Nxe6 Qxe6 20. Qb4 Ng4 21. Rd2 h6 {... la partie n'a pas été notée complètement, mais fut finalement gagnée pas les Blancs. source "Les Cahiers de l'Echiquier Français" 21 p.141 Source originale surement : "The Chess Player's Chronicle" (1847) p.378} 1-0 [Event "La Régence"] [Site "?"] [Date "1842.10.30"] [Round "?"] [White "Deschapelles"] [Black "Saint-Amant"] [Result "0-1"] [Annotator "Le Palamède 11/1842"] [SetUp "1"] [FEN "r1q2knr/1p1bp2p/3p1p1b/1PnP1Pp1/P3PPP1/2N1B3/2BQ3P/4K1NR w K - 0 19"] [PlyCount "74"] {NDA - Partie inédite de Deschapelles car impossible à entrer dans Chessbase ! ---- Le Palamède Novembre 1842 Jouée, le 30 octobre 1842, entre MM. Deschapelles et Saint-Amant. Le premier ayant les Blancs, ôta la Tour de la Dame et prit deux Pions de plus qu'il plaça aux 4ème cases des deux Fous. Cet avantage équivaut à peu près à Pion et deux traits. 1.e2-e4 d7-d6 2.d2-d4 f7-f6 3.f4-f5 g7-g6 4.d4-d5 Bf8-h6 5.f2-f4 c7-c6 6.Bf1-d3 Nb8-a6 7.c2-c3 c6xd5 8.c4xd5 Na6-c5 9.Bd3-c2 Bc8-d7 10.b2-b4 Nc5-a6 11.a2-a4 Na6-c7 12.Bc1-e3 Ke8-f8 13.c3-c4 Nc7-a6 14.Qd1-d2 Qd8-c8 15.b4-b5 Na6-c5 16.g2-g4 a7-a6 17. Nb1-c3 a6xb5 18.c4xb5 g6-g5#} 19. fxg5 {Il était préférable de jouer le Cavalier du Roi à la 2ème case du Roi (Ng1-e2)} Bxg5 20. Bxg5 fxg5 21. Qd4 Nf6 22. h4 Kf7 23. hxg5 Nxg4 24. g6+ hxg6 25. fxg6+ Kxg6 26. e5+ Kf7 27. e6+ Bxe6 28. Rxh8 Qxh8 29. dxe6+ Nxe6 30. Qxh8 Rxh8 31. Nf3 Rh3 32. Be4 Rh1+ {Les Noirs ayant fait la faute de toucher la Tour, donnent échec pour ne pas perdre un temps. C'est encore un fort mauvais coup.} 33. Kd2 Ra1 34. Bd5 Kf6 35. Ne4+ Kf5 36. Ng3+ Kf4 37. Ne2+ Kf5 {Ici la partie est remise par l'échec répété du Cavalier, si les Noirs n'abandonnent par leur Cavalier} 38. Ng3+ Kf6 39. Ne4+ Kg6 {Les Noirs ne voulant pas la remise, abandonnent la pièce} 40. Bxe6 Rxa4 41. Kd3 Nf6 42. Nc3 Ra3 43. Nd4 Nh5 44. Kc4 Nf4 45. Bc8 b6 46. Be6 Nxe6 47. Nxe6 Kf6 48. Nc7 e6 49. Na6 d5+ 50. Kb4 ({Les Blancs devaient prendre le Pion avec le Cavalier par échec, et la partie était remise qu'ont prit ou qu'on ne prit pas ce Cavalier. Les Noirs avaient fort imprudemment avancé le Pion.} 50. Nxd5+) 50... Ra1 51. Na4 Rb1+ {Les Blancs ont fait une faute énorme. Ils perdent le Pion qui seul leur offrait quelque chance de remise.} 52. Kc3 Rxb5 53. Nb8 Ke7 54. Nc6+ Kd6 55. Nd4 Rb1 {Les Blancs abandonnent la partie, qui est partie sans ressource.} 0-1

mercredi 12 août 2020

Une histoire de Fou


Depuis 1836, la revue Le Palamède a toujours utilisé le même type de diagramme pour montrer des positions d’échecs. Les pièces sont simplement représentées par une lettre d’imprimerie blanche ou noire comme sur le diagramme ci-dessous provenant du Palamède en janvier 1842. Mais il faut bien l’avouer, la lecture de ce diagramme n’est pas très aisée avec nos habitudes actuelles.

Le Palamède - Janvier 1842

Saint-Amant, directeur du Palamède, propose alors de reprendre les diagrammes tels qu’ils existent dans les revues d’échecs en Angleterre. Mais il y a un aspect cocasse qui le rebute un peu d’adopter telle quelle cette nouveauté qui est pourtant un progrès important pour les échecs…


En Angleterre les diagrammes d'échecs sont un peu plus lisibles, et ce depuis de nombreuses années.
Exemple avec cet extrait du journal "Liverpool Mercury" du 3 septembre 1813, près de 30 ans avant Le Palamède !

Extrait du Palamède - Avril 1842 - Saint-Amant

« Nous plaçons le modèle que nous avons fait venir de Londres sous les yeux de nos abonnés, qui seront ainsi parfaitement à même de se prononcer et de nous faire connaître leur opinion d’ici au 15 juillet, époque où nous commencerons seulement à employer ces nouveaux types pour le second volume de l’année 1842. Dans le tableau de l’échiquier placé ci-dessus nous ne trouvons qu’un seul inconvénient, mais il est immense, et nous aviserons aux moyens de le faire disparaître. 

En Angleterre, toutes les pièces ont la même forme et la même désignation que les nôtres, à l’exception d’une seule ; mais sur celle-ci la différence est telle que tout accommodement entre nous est impossible. Il faut une transformation complète, radicale. Il ne peut être question de tomber d’accord par convention, là où la matière peut paraître si grave qu’elle toucherait à la sainteté. La pièce que nous nommons Fou, je ne sais trop pourquoi, est appelé Bishop (évêque) par les Anglais.

Pour la figurer, ils emploient naturellement un des symboles de l’épiscopat, la mitre. Nous n’avons pas besoin de nous appesantir sur l’inconvenance que présenterait pour nous cet ornement révéré, appliqué à la désignation d’une pièce portant le même nom qu’un être privé de raison. La marotte et les grelots sont ses attributs, et le peuple anglais aurait les mêmes scrupules pour représenter le Bishop par la pièce française que nous allons faire fondre dans ce style. »

Par curiosité, jetez un coup d’œil aux diagrammes de la seule revue d’échecs française actuelle…


Est-il convenable de représenter un Fou comme un homme d'église ?!
Là est toute la question soulevée par Saint-Amant :-)

Mais heureusement, une solution est trouvée dans Le Palamède de juillet 1842.



« Nous faisons aujourd’hui l’emploi des caractères anglais pour nos problèmes. Grâce à la légère modification d’une seule pièce, nous entrevoyons un très grand progrès dans cette substitution des pièces figurées aux lettres initiales  »


Ouf, le Fou ressemble alors véritablement à sa dénomination ! 

dimanche 9 août 2020

un lien familial inattendu

Un peu par hasard, je viens de découvrir que le 1er ministre britannique actuel, Boris Johnson, était un descendant de Jules Arnous de Rivière.

Boris Johnson

Jules Arnous de Rivière - L'Illustration 26 mai 1894

Il faut remonter sur plusieurs générations, 5 pour être précis, du côté de son père d'après Wikipedia.
Plusieurs articles sur des sites de généalogie mentionnent ce lien totalement inattendu pour ma part.

Jules Arnous de Rivière est incontournable dans l'histoire des Échecs Français et du Café de la Régence pour la seconde moitié du XIXè siècle.

Pour terminer ce court article, voici une gravure parue dans le journal Anglais (of course) The Illustrated London News du 14 juillet 1855.
Jules Arnous de Rivière n'a que 25 ans et il est le deuxième en partant de la gauche.

Source : BNA
De gauche à droite, Lowenthal, Arnous de Rivière, Wyvill, Falkbeer, Staunton, Lord Lyttelton, Kennedy.
La gravure est intitulée : "Célébrités du jeu d'échecs lors du dernier meeting d'échecs - D'après des photographies du signor Aspa (Club d'échecs de Leamington) et M. Russell."

A noter par curiosité que les pièces représentées semblent êtres des pièces de type Régence et non Staunton, malgré la présence de leur promoteur ...


Complément du 10/08/2020
Merci à Oliver Sheppard pour les précisions ci-dessous :
Staunton est plutôt le promoteur des pièces de type "Staunton" et non son inventeur.
Les pièces visibles sur la gravure sont de type "barleycorn" (littéralement "grain d'orge"), un modèle similaire au modèle Régence.


Boris Johnson joueur d'échecs ?