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samedi 14 décembre 2024

Plan de la Régence - Le Café de la Régence au XVIIIème siècle - 3ème partie

Une découverte majeure, que j'ai faite lors de ma visite aux archives en octobre dernier, c'est que le Café de la Régence aurait pu disparaitre après son achat par la ville de Paris en 1774. Ceci dans le cadre de travaux dans le quartier du Palais Royal, suite au transfert de l'hôpital des Quinze-Vingts rue de Charenton, non loin de la Bastille.

Comme l'indique Wikipedia au sujet de l'enclos des quinze-Vingts : Par lettres patentes du 16 décembre 1779, le roi ordonne la création de plusieurs rues à l'emplacement de l'ancien hospice des Quinze-Vingts.

La cote Q/1/1146, dont j'ai déjà parlée et dont je reparlerai dans d'autres articles tant elle est riche, contient notamment deux plans très intéressants. Un plan du Café de la Régence proprement dit, et un plan du quartier tel qu'il est envisagé après les travaux. Ce sont les objets de cet article.
Pour ceux qui connaissent Paris, les travaux de 1854 sous Napoléon III, vont complétement chambouler le quartier (avec le percement de la rue de Rivoli) pour lui donner l'aspect actuel.

Commençons par une description des travaux

Archives Nationales - Q/1/1146 - Document daté du 25 octobre 1774
 
Il est facile de lire par exemple "(...) que la Place du Palais serait élargie par la suppression de plusieurs maisons, tant du côté des quinze-vingts que de celui de la rue Froidmanteau, et qu'il serait formé un pan coupé à chacun des angles de la rue Saint-Honoré (...)"

Archives Nationales - Q/1/1146 - Document daté du 25 octobre 1774
 
La page suivante du document donne des détails qui concernent directement le Café de la Régence.

"(…) acquéreur au nom de la dite ville, en vertu des lettres patentes énoncées et datées ci-dessus, une maison située à Paris rue Saint-Thomas du Louvre sur la dite place du Palais Royal appelée Le Caffé de la Régence occupée par le sieur Rey limonadier ayant son entrée par une allée dans la dite rue Saint-Thomas du Louvre et sur la dite place du Palais Royal, et composée d’un étage de cave, rez de chaussée, quatre étages en carrée, un autre en mansarde et grenier au-dessus (...)"

Un autre document de la cote Q/1/1146 donne donc le pan du Café de la Régence.

Archives Nationales - Q/1/1146 - Document daté du 9 août 1774

Il est indiqué que la devanture fait 36 pieds, 4 pouces, 9 lignes
 
Un petit calcul de conversion donne une longueur de
36 x 0,3248 m + 4 x 0,027 + 9 x 2,2558 mm = 11,69 m + 0,108 = environ 12 mètres
Pour une largeur de 19 pieds et 6 pouces, soit
19 x 0,3248 + 6 x 0,027 = 6,33 mètres environ

Soit une surface d’environ 6,33 x 12 = 76 mètres carrés environ.
 
Le texte sur la droite est le suivant : "Maison appartenant à Monsieur de Goimpy occupée par le sieur Ray Limonadier"
 
On peut voir un escalier, probablement pour aller dans les étages et à la cave.
Un mur semble traverser le café dans sa partie sur la droite. En fait dans les différents baux de location que nous verrons dans un autre article, il est précisé que le local est constitué de 3 boutiques. Sauf au début du XVIIIème siècle, où deux boutiques étaient occupées par un limonadier et la 3ème boutique par un maitre rôtisseur, les trois boutiques formaient un tout durant le XVIIIème siècle.
 
Nous avons là le plan du Café de la Régence de François Antoine de Le Gall sire de Kermeur et de François André Danican Philidor.

Retenez la forme rectangulaire du Café de la Régence. J'y reviens un peu plus loin dans cet article.
 
Voici maintenant le document d'enregistrement de la vente du Café de la Régence, toujours à la cote Q/1/1146.
 
Archives Nationales - Q/1/1146 - Document daté du 7 février 1775
 
Si on zoome sur le document on peut lire ceci
 

"(...) profit de la ville d'une maison sise rue Saint-Thomas du Louvre place du palais Royal, appelée le Café de la Régence, moyennant la somme de Cinquante Cinq mille livres (...)"

Un peu plus tard, le 25 octobre 1779 un plan du futur quartier après travaux est établi.
Et là, force est de constater que le Café de la Régence semble toujours s'y trouver.
Mais à ce jour je n'ai pas l'explication de la "non destruction" de la maison où se trouve la Régence.

Archives Nationales - Q/1/1146 - Document daté du 25 octobre 1779

Archives Nationales - Q/1/1146 - Document daté du 25 octobre 1779
Zoom sur la partie en haut à gauche du document.

J'ai cerclé de rouge l'emplacement du Café de la Régence.
Là on s’aperçoit que sa forme a légèrement changé. De rectangulaire, il a gagné un morceau en biais.
Est-ce ce qui se trouvait dans le premier document de cet article ? 
à savoir : 
"(...) qu'il serait formé un pan coupé à chacun des angles de la rue Saint-Honoré (...)"
 
Voici le plan du quartier 50 à 60 ans plus tard (déjà publié sur ce blog).

Plan de la Place du Palais Royal (Cadastre de Paris par îlot - Atlas Vasserot et Bellanger 1830 - 1850).
Archives de Paris. 4ème quartier - Tuilerie - Îlots 19 et 20


Le Café de la Régence a changé de forme,comme on peut le voir en zoomant sur ce plan.

La partie B (en rouge) correspond au Café de la Régence d'origine, tel qu'on peut le voir sur le plan un peu avant dans cet article.
Les parties A et C (en jaune) on donc été ajouté au bâtiment du Café de la Régence.
Celui-ci n'a donc pas été démoli, mais il a gagné en surface, avec une forme un peu étonnante.

Cette forme, pas très harmonieuse, est décrite en 1840 avec humour par un anglais nommé Georges Walker. Son nom est alors bien connu dans le milieu des échecs britanniques et français, en tant que chroniqueur, mais également comme joueur d'échecs de bon niveau. 
 
En 1839, il se rend à Paris et découvre le Café de la Régence qui vient de retrouver les plus forts joueurs suite à la dissolution du Cercle des Échecs de Paris situé rue de Ménars. Georges Walker va rédiger un long article au sujet de sa visite au Café de la Régence. Texte qui est publié pour la première fois en décembre 1840 dans le Fraser’s Magazine, puis en français en 1841 dans la Revue Britannique . Le Palamède de juillet 1843, alors sous la direction de Saint-Amant, le reproduira également.

Voici un extrait du texte de Georges Walker. Je mets en rouge le passage le plus intéressant pour cet article.

"(...) C'est ici que le jeu des échecs « gouverne et règne seul ». Personne n'a encore décrit à mon gré ce fameux café et ce jeu, le roi des jeux. Mery lui-même avec toute son imagination et son esprit, lorsqu'il a voulu s'en mêler, a prouvé qu'il n'y entendait rien. Sans trop de vanité, je parie battre Mery, sans être un écrivain aussi facile que lui. Matériellement, le café de la Régence est bientôt décrit: il est bas, long, étroit, assez semblable pour la forme à un parallélogramme de tartine au fromage (parallelogram of toasted cheese), l'antithèse de la grâce architecturale; le salon ne peut rivaliser avec ceux des cafés plus modernes si richement dorés, malgré ses glaces et ses tables de marbre… (...)"
 

a parallelogram of toasted cheese,
telle est la forme du Café de la Régence depuis probablement 1779.

samedi 20 juin 2020

Lettres de Lionel Kieseritzky (3 sur 3)


Troisième et dernière partie des lettres de Lionel Kieseritzky, traduites de l'allemand par Frank Hoffmeister.

Cet article correspond aux extraits des lettres 10 à 16 publiées par Friedrich Amelung en 1889 dans la revue Baltische Schachblätter (le document pdf se trouve en bas de la page indiquée par ce lien).

Friedrich Amelung

Un relatif confort à Paris

Kieseritzky n'a pas trouvé de "travail" comme il le souhaitait (professeur de mathématiques ou d'allemand) et vit exclusivement du jeu d'échecs. Sa situation s'améliore.

Lettre n°10 - à Guido Kieseritzky à Dorpat

Il s'agit de la lettre où Kieseritzky parle le plus de son activité échiquéenne qui semble débordante en 1846. Il commence par évoquer son livre "50 parties jouées au Cercle des Échecs et au Café de la Régence".
Rappelons que le Cercle et le Café ne forment qu'une seule et unique adresse.
Les joueurs d'échecs jouent au quotidien dans le café au rez-de-chaussée, tandis que le Cercle, réservé à ses membres et nettement plus confortable, se trouve au 1er étage.

Entête du factum - 1853 Source BNF - pour l'expulsion du Café de la Régence de la Place du Palais-Royal

Il parle ensuite d'un futur voyage qu'il fera à l'été 1846 à Londres et un match qui n'aura jamais lieu est évoqué avec Staunton.

Puis il indique avoir reçu un cadeau exceptionnel à titre de remerciement de la part du Cercle des Échecs. Kieseritzky évoque une possible arrivée de son frère et de sa sœur à Paris.
Ce n'est pas indiqué dans ce passage, mais ils essayent de vendre leur maison à Dorpat.
Kieseritzky reste toujours solitaire et loin de son pays natal.

Paris, le 26 mars 1846

Mon cher frère !

Juste après Pâques, un petit livre que j’ai écrit va paraître, qui contient 50 parties avec annotations. Le prix pour ceux qui y ont souscrit (j’en ai déjà 170) est 2,5 Francs, mais les autres lecteurs devront payer 3 Francs. Je compte faire imprimer 1000 exemplaires, ce qui va me coûter 400 Francs. Je ne peux pas les vendre tout de suite, mais je compte trouver plus d’acheteurs à Londres, où je vais aller en été. 

J’ai reçu tellement d’invitations généreuses, que je ne peux plus les ignorer. La période actuelle m’est favorable pour m’y rendre : pour le moment tous les membres du Parlement et la haute société se trouve dans la capitale. M. Georges Walker, même s’il n’est pas le plus fort joueur d’Angleterre, mentionne mon nom dans chaque édition du Bell’s Life – et il a une grande influence et une bonne réputation. Nous avons une conversation agréable par lettres. 

J’ai aussi les meilleures relations avec M. Staunton, le plus fort joueur et rédacteur du « Chess Player’s Chronicle » et de la colonne échiquéenne de l’Illustrated News. Quand il était à Paris la dernière fois, je lui ai lancé un défi, mais il n’avait pas le temps, bien que j’eusse déjà un soutien de 1.200 Francs. 

A Londres il me faudra jouer contre lui, même si la raison principale de mon voyage sera de diffuser mon œuvre et de donner des leçons qui sont très bien payées là-bas. J’ai aussi l’intention de jouer plusieurs parties à l’aveugle avec Mr. Harrwitz de Breslau, qui est assez fort déjà dans cette discipline. Nous avons déjà joué 15 parties : j’ai gagné 11, perdu 2, fait une remise et une partie n’était pas terminée. Sa façon de jouer est très réfléchie. 

Pendant l’hiver nous avons organisé chaque mercredi soir une séance où je devais donner une leçon sur les échecs ; en plus nous avons joué des parties écrites entre le Cercle et la Café de la Régence qui sont très près. De temps en temps nous avons aussi joué par équipe de 4 membres, chacun faisant un coup alternativement. Mais les parties à l’aveugle ont été les plus applaudies. 

La Commission du Cercle a pris une décision tout à fait nouvelle. Imagine-toi, cher frère, que sans préparation ni calcul, elle a décidé de me confier une médaille d’honneur, pour exprimer leur gratitude. Deux jours après l’arrivée de ta lettre, un mercredi soir, avant le commencement du cours j’ai été convoqué par la Commission et ils m’ont offert ce prix. Je ne sais pas pourquoi – peut-être étais-je pris par cette empathie ou par un chagrin qui pèse sur moi – mais j’ai quitté la salle et j’ai pleuré. 

Si quelque chose est capable de soigner une souffrance, alors de telles manifestations en sont une bonne méthode. Ni Philidor, ni Deschapelles, ni La Bourdonnais, tous les trois Français de naissance, n’ont reçu une telle médaille – et moi, un étranger, je la reçois comme une preuve de sympathie et de reconnaissance, que je n’ai pas demandée. 

Je suis moi-même en partie concernée, mais je pense que nos compatriotes devraient reconnaître cet honorable trait des Français avec joie. La médaille porte la phrase : Le Cercle des Echecs à M. Kieseritzky, Paris 1846. Et le revers avec un symbole : « aux sciences physiques et mathématiques ». 
La médaille est faite en argent, porte de l’or, est très belle, et elle m’a été confiée par le Président Devinck avec un billet de 500 Francs. 

Le voyage à Londres doit être un grand succès, et je vais devenir rédacteur d’un nouveau journal sur les échecs, dans quelques temps. Cela va me rapporter 1000 Francs. S’y ajoute mes travaux imprimés, mes leçons, les gains des parties, et la somme totale devrait suffire pour nous deux.

Les usages et coutumes ici sont tellement différents de les nôtres, et c’est pourquoi vous allez au début les détester. Mais on s’adapte et je dois avouer que je trouve des choses plus agréables que chez nous, même si je n’ai pas perdu l’amour pour ma ville natale. D’abord le climat. Le plus grand froid fut le 15 décembre 1840 quand le corps de Napoléon a été rapatrié à Paris. Il y avait 15 Réaumur . Normalement cela ne fait pas moins que 8-10 degrés. 

Le café et le sucre est moins cher que chez nous, mais en revanche la viande, le poisson, la beurre, le lait et les œufs sont plus chers.  Du pain et les légumes sont comparables et aussi l’éclairage. On a assez de fruits, mais pas toujours bon marché. On peut trouver des vêtements très chics et bien faits, ce qui est meilleur. Les appartements sont chers. Je paye 28 Francs par mois, mais je reçois du linge et de petits services. 

Pour m’épargner des frais je serais enclin de vous loger à Belleville et non à Paris même. Il y a un seul mur entre les deux, et c’est pourquoi Belleville est bien comme Paris. La seule différence est que les loyers sont beaucoup plus attractifs et l’air y est plus sain.

La raison principale pour laquelle je souhaite vous voir là-bas, et notamment Lydie, est que le mécanicien Schweig, habite là-bas, un de mes très vieux amis. Pour toi j’ai aussi quelques perspectives : d’abord tu peux m’assister dans mes travaux, et puis je t’ouvrirai des possibilités afin qu’on reconnaisse tes mérites après une si longue attente. 

Je ne pourrai rien faire chez l’académicien Cauchy, bien que je suis allé 8 fois chez lui et que je lui ai parlé 3 fois de toi. Cet homme est tellement débordé par ses travaux qu’il ne reçoit personne, sauf si on le sollicite chaque jour. 

Le mathématicien Binet, un ami d’environ 40 ans, ne pourra rien faire non plus, bien que j’ai été chez lui en personne, lui ai écrit et ai même apporté une lettre de son frère, l’académicien. Si tu étais sur place, tu pourrais facilement rencontrer des hommes utiles. 

J’espère quitter Paris pour Londres dans trois semaines, mais je donne ordre que toutes les lettres doivent m’être envoyées là-bas. Ton problème sur les échecs n’est pas totalement correct, parce qu’on peut mater déjà dès le premier coup (e3-e5). L’idée est de mater aussi vite que possible, pas avec une méthode particulière. 

Je t’envoie quelques exemplaires de mon projet, avec lequel on peut voir des symboles pour les pièces d’échecs et qui reprennent leur façon de bouger (…). 

Dans la  traduction de l’excellente œuvre de Lewis, mon ami Witcomb a utilisé cette description pour la première fois. Tu vas en recevoir une copie, l’autre est pour Carlos et la troisième pour Schwartz ; je n’ai pas des nouvelles d’eux depuis longtemps. 

Maintenant, quand j’écris cela, le garçon du Cercle m’appelle, me disant que quelqu’un souhaite me parler au Café. Je descends et je trouve Eduard Erdmann. Tu peux fermer toi-même la lettre pour le Comte Kuschelew et l’envoyer. Mais n’oublie pas la partie et les projets dedans. 

Vis bien, mon cher frère et me réponds assez tôt, s.t.p.  Ton vieux frère Lionel.

Le livre de Kieseritzky, avec un système de notation de parties d'échecs de son invention qu'il reprendra pour la revue "La Régence"


Lettre n°11 - à Guido Kieseritzky à Dorpat

Kieseritzky est revenu à Paris après un séjour à Londres qu'il n'a manifestement pas trop apprécié.

Paris, le 11/23 octobre 1846

Mon cher et bon frère ! … 

Tu aurais pu déjà envoyer la lettre au Comte Kuschelew, je ne pense pas qu’il soit indispensable de la lui remettre en personne. Tu peux bien demander à Leonhard Stunde de le faire, il vit maintenant à St. Petersbourg. Je ne suis pas d’accord avec ton intention de quitter Dorpat et de venir à Paris. ….

Je ne peux rapporter que peu sur moi-même, même si j’ai fait le voyage à Londres. Mais celui-ci n’était ni agréable ni utile. J’étais presque tout le temps malade et mélancolique. Mon petit livre a été édité, et j’ai déjà envoyé une copie de celui-ci et la traduction de Lewis par mon ami Henry Witcomb à St. Petersbourg.

Tu auras les recevoir par Leonhard Stunde. J’ai encore 700 exemplaires sur moi. Si je pouvais tous les vendre cela serait bien. Mais je pense déjà à de nouveaux travaux … 

Entre-temps j’ai été invité à collaborer pour un journal d’échecs de Berlin et j’ai accepté. 
Le premier article est déjà envoyé. Dans 14 jours nos soirées commencent et vont durer jusqu’à mars. Je me réjouis de cela parce que j’ai besoin d’une opportunité d’exprimer ma gratitude à tous ces gens honorables qui m’ont soutenu ici par leur sympathie et leur reconnaissance... 
Tu peux aussi donner deux exemplaires avec les lettres à Kuschelew. - ….


Lettre n°12 - à Guido Kieseritzky à Dorpat

Nous sommes à la veille de la Révolution de février 1848 qui va faire tomber de Louis-Philippe, roi des français. C'est la fin du Palamède de Saint-Amant qui cesse de paraître en décembre 1847.
Peut-être le laisser-aller de Saint-Amant vis-à-vis du Palamède est dû au fait qu'il se préoccupe plus de son commerce de vin de Bordeaux ?
Kieseritzky parle du projet d'une future revue d'échecs à la place du Palamède.
Il s'agit de "La Régence" qui commencera en 1849.

Paris, le 12/24 janvier 1848

Mon très cher frère ! … 

Maintenant j’ai finalement réussi de payer les frais d’imprimerie de mon œuvre et je suis un homme libre. Mais il y a peu de nouvelles. Ma vie est très monotone. Mon propre appartement, Rue Dauphine No. 24, et le Café de la Régence sont les seules places ou je me rends. 

En revanche, j’ai le plaisir de voir plusieurs de nos compatriotes, et je suis en bons termes avec eux. 
Karl Schmidt, Gendt, et Dittmar habitent dans la même maison - Moritz pas très loin. Celui-ci m’a fait un grand plaisir avec le calendrier 1847 de Dorpat.

Il y aura peut-être bientôt des changements dans ma situation. Le propriétaire du Café et du Cercle, Mr. Vielle, qui m’a toujours démontré sa plus grande amitié, était avec le libraire Barthé, le copropriétaire du journal « Le Palamède », rédigé par St. Amant. 

La négligence avec laquelle le journal a été rédigé a causé le retrait de ces deux personnes. Ils ont laissé au rédacteur le soin de prendre lui-même la décision s’il souhaitait continuer le journal avec tous les risques à son propre compte. Par cela un problème est résolu : à cause des services multiples que Vielle m’a rendu, je ne voulais pas rédiger un autre journal. 

Mais maintenant, mon projet, déjà prévu depuis longtemps, pourrait être mis en œuvre. Le journal lui-même ne va pas gagner beaucoup de sous, mais c’est un moyen formidable de maintenir les relations avec les amis des échecs et d’en trouver des nouveaux. 

Aussitôt que le projet se réalisera je t’enverrai quelques exemplaires à Dorpat ; en revanche on va maintenir ici « das Inland ».  Si le journal peut être transféré par des libraires, mon ami et joueur d’échecs, le libraire Frank, souhaite qu’on l’envoi via Leipzig.


Lettre n°13 - à Guido Kieseritzky à Dorpat

Toujours de la mélancolie chez Kieseritzky. Il dit que tout s'est bouleversé et que la prospérité a disparu. Effectivement l'année 1848 est une année révolutionnaire qui aboutira à l'éphémère deuxième République.

Paris, le 14/26. Octobre 1848

Mon cher bien frère ! 

C’est avec le cœur mélancolique que je t’écris, sans savoir quelle réponse je vais recevoir et si la peste n’aura pas exigé des sacrifices parmi ceux qui me sont les plus proches. 

Je ne trouve pas de mauvaises nouvelles me concernant parmi les informations que Ed. Schulz a reçues, mais l’épidémie n’a pas encore cessée (NDA - Il s'agit d'une épidémie de choléra). Et si elle avait cessée, j’aurai attendu de bonnes nouvelles ! 

Moi-même je vis mélancoliquement et uniformément d’une journée à l’autre. Il y de la paix en moi depuis 4 mois, mais la prospérité et le bonheur ont disparu. Tout s’est bouleversé. J’ai une seule joie, qu’il y ait de nouveau des compatriotes dans mon entourage... 

Si Sigismund Stern va venir de St. Petersbourg à Dorpat, fait avec lui s.t.p une partie des « échecs de guerre », avec notamment les canons, les bateaux, les ponts et les pièces colorées des échecs. Je voudrais aussi bien recevoir : Jaenisch, « Découvertes sur le Cavalier », et le « échecs de guerre » de Hellwich.


La Place du Palais-Royal en 1849 - Source Gallica.

Lettre n°14 - Supplément à Mme Lydia Kieseritzky à Dorpat 

Un témoignage direct sur les émeutes de juin 1848 et le Café de la Régence.

Paris, le 14/26 octobre 1848

Ma chère sœur ! 

Ma vie est simple. 

Dans les jours de juin (NDA – émeutes ouvrières à Paris du 23 au 26 juin 1848), je n’ai souffert de rien, à l’exception du fait que j’ai dormi voire veillé cinq nuits dans la Régence. La circulation était très difficile ; même pendant la journée, de sorte que j’avais besoin d’une demi-heure pour aller de la Régence à la Rue Dauphine, un chemin pour lequel je prends habituellement 8-10 minutes. 

C’est seulement le lundi soir que je fus angoissé. Des prisonniers se sont libérés place du Carrousel, et à cette occasion on a tiré au feu d’un côté à l’autre, même devant le Café, de sorte que 40 à 50 personnes ont perdu leur vie. J’ai veillé toute la nuit chez un blessé et donné des charpies. Maintenant tout est calme. 

Dieu donne ce qui sera le mieux….

La Régence - Par Lionel Kieseritzky.


Lettre n°15 - à Guido Kieseritzky à Dorpat

La situation politique est toujours tendue à Paris.
Kieseritzky commence à publier la revue "La Régence"

Paris, le 11/23 janvier 1849

Mon cher et bon frère ! 

Je me réjouis de tout mon cœur que tu as commencé à gagner un peu d’argent et j’espère auprès de Dieu que ta situation s’améliore peu à peu. Malheureusement, les événements malheureux de l’année passée m’ont empêché de garder des sous. 

Il y a un état de détresse incroyable chez les commerçants à Paris. Nous sommes bien libérés de la classe corrompue qui a mené tout le pays dans la misère, mais cette pauvre Assemblée existe encore, et ne cède pas de terrain, même si tout le monde dit déjà qu’elle doit s’en aller. C’est pourquoi on devient impatient et on va mettre fin à ce méfait. Déjà la République est l’objet d’un mépris général et sujet de moquerie dans tous les théâtres. 

En ce qui me concerne personnellement, je suis occupé. Je suis maintenant rédacteur en chef du journal échiquéen « La Régence » dont le numéro 2 est dans la presse.  Je voudrais bien t’envoyer un exemplaire quand on aura une bonne occasion. 

Est-ce que Stern ne s’est pas encore montré à Dorpat ? Nous attendons de recevoir « Das Inland » avec impatience. 

Lettre n°16 - à Guido Kieseritzky à Dorpat

Cela fait 10 ans que Kieseritzky est arrivé à Paris. Son frère et sa sœur ont vendu leur maison à un prix bradé pour différentes raisons. Mais maintenant ils essayent de faire annuler le contrat de vente par l'intervention d'un ministre.

Paris, 1849 (NDT - le date n’est pas claire)

… Qu’est-ce que le ministre peut faire dans l’affaire de la maison ? Crois-moi, dans cette affaire le maire de Dorpat est beaucoup plus important que le Ministre. Essaie donc de bien te comporter vis-à-vis de ceux dont tu penses qu’ils sont tes ennemis. Tu vas ainsi rendre le meilleur service pour toi et Lydia. 

Réfléchis au fait qu’il n’est pas bon d’avoir un cœur plein de haine, et qui va encore aigrir le peu d’heures heureuses. C’est quand même une souffrance dont tu peux te libérer toi-même par une seule décision. 

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C'est la dernière lettre.

En 1851 Lionel Kieseritzky se rendra à nouveau à Londres pour le tournoi international à l'occasion de l'exposition universelle. En marge du tournoi et durant un match informel contre Anderssen (vainqueur du tournoi de Londres 1851), Kieseritzky laissera son nom à la postérité du jeu d'échecs comme le perdant de la fameuse partie "immortelle". 1851 c'est aussi l'année où la revue "La Régence" cesse de paraître.

Kieseritzky décède à l'âge de 47 ans en mai 1853 (le 18 ou le 19 mai) pour une raison non déterminée.


Mort de Kieseritskij, Le Grand joueur d'échecs.

Avec un profond regret, nous devons rapporter la mort du célèbre Herr Kieseritzkij, si longtemps la fierté et le protégé du Cercle des Échecs de Paris, et l’un des joueurs les plus brillants de nos jours. Suite à diverses causes douloureuses, pendant de nombreux mois auparavant, il fut obligé d’abandonner toute implication dans le Cercle, son discernement étant affecté, jusqu’à ce que ses amis jugèrent bon de le placer dans ce refuge de l’affligé, l’Hôtel-Dieu, dans lequel il expira le 18 du mois dernier.


dimanche 24 mai 2020

Échecs et Phrénologie

La bosse des maths ou du commerce ? Cela vous dit quelque chose ?
Ces expressions proviennent d'une pseudo-science très à la mode au milieu du XIXè siècle, la phrénologie.

Voici un article du journal Anglais "Bell's Life in London and Sporting Chronicle" daté du 24 janvier 1841.
Je le commente juste après la traduction d'Oliver Sheppard que je remercie tout particulièrement pour son aide.

Bell's Life in London and Sporting Chronicle - 24 janvier 1841
Source : The British Newspaper Archive

ÉCHECS ET PHRÉNOLOGIE 

Deux conférences intéressantes ont été tenues à la Société Londonienne de Phrénologie, à Exeter Hall, au sujet du moulage de la tête de M. La Bourdonnais, qui nous a récemment quittés, et dont le moulage a été réalisé, après le décès, par Deville (The Strand, Westminster), la ressemblance étant remarquablement conservée. 

Dr Elliotson a donné une description phrénologique de la tête, qui - pour ceux qui connaissaient les us et coutumes du joueur d’échecs dont il était question-, était remarquablement proche de la vérité. 
En tant qu’échantillon phrénologique, le moulage présente des qualités de la plus grande finesse. 
C’est une tête d’une grande puissance comme on en voit rarement ; les organes de la constructivité, du stratagème, de la causalité (et autres directement liés aux échecs) sont remarquablement développés.  

Dr Elliotson a très justement fait remarquer que -vu les capacités de ce cerveau- le défunt aurait excellé n'importe quel domaine scientifique que le destin aurait choisi pour lui. 
Ses organes animaux étaient, de même, prodigieux, ce qui donnait cette impulsion à l’esprit qui lui permettait, aux échecs, de balayer toute opposition. 
Comme général d’armée, La Bourdonnais aurait pu aller loin, et une énorme destructivité en lui, a peut-être été l’un des principaux motifs pour qu’il consacre sa vie aux échecs, avec pratiquement aucune autre occupation pour lui, à l’exception de la guerre réelle ou de bagarres violentes, donnant là libre cours à celle-ci. 

Cet exposé intéressant du Dr Elliotson fut suivi de quelques remarques de M. George Walker concernant la vie et les habitudes de La Bourdonnais, confirmant pleinement les points de vue phrénologiques des scientifiques qui avaient précédemment abordé le sujet. 

Lundi dernier, le moulage de Sam Scott (*) -la tête du cascadeur-, succéda à celui de La Bourdonnais, et ici l’organe de fermeté semble même avoir été développé de façon extraordinaire.
Seuls les débats contradictoires permettent d’élucider la vérité, et la phrénologie ne demande rien de plus que du fair-play de la part de tous. 

Nous croyons savoir qu’un moulage de la tête de La Bourdonnais est en vente chez Deville (The Strand, Westminster), et nul doute que de nombreux clubs d'échecs seront heureux de se procurer une relique d’une telle grande valeur. 


Le masque mortuaire de La Bourdonnais

La constructivité, une qualité si essentielle aux échecs -dans laquelle les stratégies sont élaborées, et leurs différents mérites comparés de façon critique et exacte-, est d’une taille immense dans la tête de La Bourdonnais, et ce n’est pas sans raison qu’il fut remarqué à la Société de Phrénologie -pour étayer le cas d’une certaine façon- que La Bourdonnais perdit sa fortune lors de sa jeunesse, 
dans une affaire de spéculation immobilière à St-Malo (**).


(*) NDT – Samuel Gilbert "Sam" Scott (c. 1813 – 11 janv. 1841, cascadeur américain, se tua lors d’une performance à Waterloo Bridge, Londres).
(**) A ce jour je n'ai trouvé aucun élément au sujet d'une spéculation immobilière à Saint-Malo de La Bourdonnais.

La Bourdonnais, champion et génie du jeu d'échecs injustement oublié, décède le 13 décembre 1840 à Londres.
A ma connaissance il n'existe pas de portrait réalisé de son vivant.
Dans l'article ci-dessus, j'ai mis la photo de ce moulage (j'ignore où il se trouve) et ci-dessous le portrait réalisé à partir de ce moulage par Jean Henry Marlet et publié dans Le Palamède repris pas Saint-Amant.


"Il n’existe aucun portrait de La Bourdonnais. À sa mort, M. Deville moula sa tête. C’est sur ce plâtre et les souvenirs qu’il en conservait que M. Marlet a osé entreprendre de remplir cette lacune. – Nos lecteurs jugeront la ressemblance et sauront apprécier toutes les difficultés qu’un artiste de mérite a eu à surmonter pour faire revivre les traits de La Bourdonnais."

Le Palamède - Décembre 1841

lundi 2 novembre 2015

Le cimetière de Kensal Green à Londres

русский перевод

Je poursuis avec une autre promenade de circonstance durant la Toussaint.
Profitant de ma visite à Londres, je n'ai pu m'empêcher d'aller au cimetière de Kensal Green.
Ce cimetière est situé dans le nord-ouest de la capitale britannique.
Bon je rassure le lecteur, je n'ai pas passé tout mon séjour à Londres dans les cimetières...




Mon idée en visitant le cimetière de Kensal Green était de rendre hommage à 3 grands joueurs d'échecs du XIXe siècle, à savoir :

Alexander Mac Donnell (né à Belfast en Irlande en 1798 et décédé à Londres le 15/09/1835 à l'âge de 37 ans), adversaire malheureux de La Bourdonnais en 1834 dans une série de matchs-fleuves joués à Londres.

Howard Staunton (né dans le Westmoreland en Angleterre en 04/1810 et décédé à Londres le 22/06/1874), adversaire victorieux de Saint-Amant à la fin de l'année 1843 au Cercle des échecs de Paris, alors situé au-dessus du Café de la Régence.

Et surtout pour Louis-Charles Mahé de La Bourdonnais (né le 25/05/1797 à Paris et décédé le 13/12/1840 à Londres) meilleur joueur du monde de 1821 à 1840.

Notez que j'indique ici la date de naissance ainsi que le lieu probable de naissance de La Bourdonnais.
Mes recherches, publiées dans le tome 1 de mon livre, donnent une forte probabilité pour cette date du 25 mai 1797 et ce lieu, à savoir Paris.
Ainsi La Bourdonnais n'est pas né sur l'île de la Réunion ni à Saint-Malo comme cela est recopié de livre en livre et de site en site internet.

Notez les points que j'ai mis au stylo pour repérer les tombes si vous y allez un jour.

Du fait de notre choix d'entrée dans le cimetière, la première tombe à trouver était celle de Mac Donnell.
La référence que m'avait communiquée l'association du cimetière était "grave number 392 Square 182 Path Side".
Et après environ 30 minutes infructueuses et un découragement qui montait, le hasard a bien fait les choses.

 La plaque se distingue (quand elle n'est pas tombée...)


 

La plaque posée par "The Staunton Society" en 1997 était tombée dans l'herbe ce qui rendait la tombe difficilement identifiable.
Nous étions passés, mon épouse patiente et moi-même, plusieurs fois devant sans rien voir...
J'ai donc remis en place et nettoyé la plaque.

Initialement la gravure sur la tombe était
“Sacred to the Memory of
ALEXANDER MACDONNELL,
(Formerly of Belfast,)
Who died 14th September, 1835,
Aged 37 years.”

Maintenant il est absolument impossible de lire quoi que ce soit sur la pierre tombale.
Seule la plaque donne le nom de la personne enterrée là.
Voici ce à quoi ressemblaient les tombes de MacDonnell et La Bourdonnais en 1921.


“Our Folder” (The Good Companion Chess Problem Club) Mai 1921

Les deux autres tombes sont beaucoup plus simples à trouver, car elles se trouvent sur le bord d'un chemin.
Tout d'abord celle de La Bourdonnais "grave number 2796 Square 108 Road Side".
Celle-ci n'est pas à proximité de la tombe de Mac Donnell contrairement à ce que j'ai pu lire parfois.
Il faut marcher 5 à 10 minutes avant de la croiser.

La tombe de La Bourdonnais à une date indéterminée, la pierre tombale est alors au sol.
Photo non datée trouvée sur ce site internet.



Comme vous pouvez le voir, le texte est encore parfaitement lisible.
Mais il faut savoir que la pierre tombale était au sol par exemple dans les années 1920 ou bien beaucoup plus récemment (voir ci-dessus les photos).




Ce lieu me semble essentiel pour le souvenir du jeu d'échecs français.
C'est la seule tombe de la "Trinité française des échecs" à subsister (Philidor - Deschapelles - La Bourdonnais).
Il serait dommage de la voir se dégrader et l'idée d'une souscription pour la maintenir en l'état voire l'embellir me tente bien.


Vous pouvez donc lire sur la pierre tombale

“LOUIS CHARLES DE LA BOURDONNAIS,
The celebrated Chess Player,
Died 13th December, 1840,
Aged 43 years.”

Les obsèques de La Bourdonnais ont été prises en charge par son ami Georges Walker en présence de la femme de La Bourdonnais, Eliza Waller Gordon, de nationalité anglaise.
Tous les deux devaient parfaitement connaitre la date de naissance de La Bourdonnais en mai 1797, d'où la mention "âgé de 43 ans"...



Et à deux cents mètres de la tombe de La Bourdonnais se trouve celle d'Howard Staunton "Grave number 24419 Square 71 Road Side"
Là c'est le grand luxe. "The Staunton Society" a refait en 1997 de A à Z la pierre tombale de Staunton.
Le texte sur la tombe est un extrait de Shakespeare (dont Staunton fut un spécialiste) ainsi que la mention de son épouse inhumée à ses côtés quelques années plus tard.


Même si vous ne connaissez pas son nom (honte à vous) vous connaissez au moins les pièces d'échecs qu'il a approuvées, car elles sont devenues le standard du jeu d'échecs de compétition moderne.

Et pour l'anecdote, à la fin de l'année 1843, lors des discussions sur le match avec Saint-Amant, une des clauses du contrat portait sur la demande de Staunton d'utiliser ces nouvelles pièces d'échecs (au lieu d'un jeu "Régence")...
Ceci fut accepté par Saint-Amant, mais c'était déjà une victoire psychologique de Staunton...

Complément du 01/09/2022 - Dans les commentaires de cet article, Monsieur John Townsend (Wokingham, England) fait un commentaire pertinent et tout à fait exact au sujet des pièces d'échecs du match Saint-Amant vs Staunton à Paris en fin d'année 1843. Il s'agit de pièces d'échecs "St George", comme je l'ai indiqué dans un article correctif, si l'on peut dire, que j'ai publié quelques semaines après celui-ci en 2015.

mercredi 21 octobre 2015

Chapitre 11 – 1839 Le Café de la Régence vu par un Anglais

Contenu du chapitre 11

Un touriste anglais à Paris en 1839 – De la place de la Bourse au Palais-Royal – Un parallélogramme de tartine de fromage – Le Café de la Régence succursale de Charenton – Napoléon et le Café de la Régence – Boncourt et Saint-Amant – Le Café de la Régence Temple des échecs – Monsieur Pillefranc – La Bourdonnais Roi des échecs et sa cour

Georges Walker (au centre)

Nous sommes en hiver 1839 et il neige ce jour-là sur Paris.
Vous avez décidé de faire un saut au fameux temple des échecs connu à travers toute l’Europe.
Il vous a été reporté que l’ambiance y est particulière et que le lieu vaut le coup d’œil…

Le chapitre 11 du tome 1 reproduit le texte de l'anglais Georges Walker qui se rend au Café de la Régence peu de temps avant la mort de La Bourdonnais.
Vous pouvez trouver le texte complet sur internet, et notamment dans la revue Le Palamède de 1843 (page 298).
Je vous renvoie à mon article bibliographique à ce sujet.