dimanche 20 mai 2012

Marie Antoinette

Il y a quelques jours, j’ai terminé la relecture de « Marie Antoinette » de Stefan Zweig, probablement mon écrivain favori.
Comme beaucoup de joueurs d’échecs j’avais découvert cet écrivain lors de la lecture de la nouvelle « Le joueur d’échecs » et ensuite j’avais dévoré quasiment toute son œuvre. 

(Marie Antoinette 1783 Élisabeth Vigée-Le Brun)

Donc en relisant l’excellente biographie sur Marie Antoinette, je suis tombé sur un passage qui ne m’avais pas marqué jusqu’à présent et qui là a forcément attiré mon attention comme vous allez pouvoir le découvrir.
Il s’agit d’un détail, mais comme je l’ai déjà dit, tout ce qui touche de près ou de loin au café de la Régence aura sa place sur ce blog !

Ainsi, comme tout le monde le sait, l’histoire se termine mal pour Marie Antoinette le mercredi 16 octobre 1793 sur la place de la Révolution (actuelle place de la Concorde).
Elle était partie de la Conciergerie sur l’Ile de la Citée, avait traversé la Seine puis le cortège s’était brièvement arrêté Place du Palais Royal avant de reprendre sa route jusqu’à la Place de  la Révolution en passant par la rue Saint-Honoré.
(Les adieux de Marie Antoinette)

Voici l’extrait du livre de Stefan Zweig :

(…) « La voilà, l’infâme Antoinette ! Elle est f… mes amis. » Son visage est d’airain, elle semble ne rien entendre, ne rien voir. Ses mains liées derrière le dos font qu’elle relève la nuque un peu plus ; elle regarde droit devant elle, et toutes les images vives et colorées de la rue ne pénètrent plus dans ses yeux, que la mort baigne déjà intérieurement. Aucun tremblement n’agite ses lèvres, aucun frisson ne secoue son corps ; elle est là, dans la charrette, fière et dédaigneuse, parfaitement maîtresse d’elle-même, et Hébert lui-même devra avouer le lendemain, dans Le Père Duchêne : « La grue, au surplus, a été audacieuse et insolente jusqu’au bout. »
Au coin de la rue Saint-Honoré, là où se trouve aujourd’hui le café de la Régence, un homme attend, brandissant son crayon, une feuille de papier à la main. C’est Louis David, une des âmes les plus viles en même temps que l’un des plus grands artistes de l’époque. Braillard parmi les braillards de la Révolution, il sert les puissants aussi longtemps qu’ils sont au pouvoir et les abandonne à l’heure du danger.
(…)
Ennemi acharné des « tyrans » pendant la Révolution, il sera le premier à se rallier au nouveau dictateur, et, après avoir peint le couronnement de Napoléon, il troquera son ancienne haine des aristocrates contre le titre de baron. (…)  

Stefan Zweig écrit ce livre en 1932 et il y a quelque chose qui ne colle pas avec son récit.
Il indique que le café de la Régence est au coin de la rue Saint-Honoré, là où se trouve aujourd’hui le café de la Régence. En 1932 le café de la Régence n’occupe plus un coin de rue…C’était son ancienne localisation jusqu’en 1852.

(Portrait de Marie Antoinette réalisé par David à la terrasse du Café de la Régence)

Dans l’encyclopédie Wikipedia se trouve un article complet sur l’esquisse de Jacques Louis David.
Le dessin est célèbre et il est donc probable que le peintre se trouvait alors à la terrasse du Café de la Régence. En tout cas il ne perd pas une miette de cet évènement historique car il suit sans doute le cortège jusqu’à la place de la Révolution et signe un deuxième croquis macabre (voir ci-après). 

Une certitude, David ne se fait pas que des amis avec son attitude.
Et un peu plus loin dans son récit, Stefan Zweig indique :

(Danton allant à l'échafaud apostrophant David- A. Bourjos 1ère moitié du 19ème siècle)

(…) Du haut de la même charrette, qui conduit aujourd’hui Marie-Antoinette à la guillotine, Danton aussi l’apercevra, et, connaissant la bassesse de l’homme, lui lancera cette injure cinglante : « Valet ! ». (…)
 
Danton est exécuté quelques mois plus tard le samedi 5 avril 1794, le cortège passant forcément devant le café de la Régence.

Pour terminer voici le second dessin de David dont je parle un peu plus haut.

Le site du Sénat indique au sujet de ce dessin

La décollation de Marie-Antoinette par DAVID
Ce dessin à la plume attribué au peintre Jacques-Louis DAVID, constitue l’une des seules représentations connues de la décollation de Marie-Antoinette. Les traits du visage et la technique employée présentent de nombreuses similitudes avec ceux du dessin de DAVID conservé au Louvre, " Marie-Antoinette conduite à l’échafaud ". DAVID fut personnellement témoin de l’exécution. L’auteur des commentaires accompagnant le dessin serait peut-être Gracchus BABEUF.

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