La deuxième intervention du dimanche 6 septembre a été consacrée à Alekhine. Denis Teyssou, spécialiste d'Alekhine, a retracé les dernières années de la vie du 4ème champion du Monde d'échecs et principalement sa fuite en Espagne durant la Seconde Guerre mondiale.
vendredi 26 septembre 2025
jeudi 25 septembre 2025
St. Sebastian 1911 – l’entrée triomphale de Capablanca en Europe
Le samedi 6 septembre, la première intervention fut celle de Georges Bertola au sujet du tournoi de San Sebastian en 1911. C'était le premier tournoi de Capablanca en Europe et il frappa fort !
Georges est spécialiste de Capablanca, et je vous renvoie également vers le 1er tome de sa biographie du génial joueur cubain.
mardi 23 septembre 2025
Nouvel essai de bibliographie Espagnole sur les échecs
Le programme de la journée du vendredi 5 septembre contenait un titre un peu mystérieux pour moi :
Collector’s Corner: NEBEA, Spanish Chess Bibliography: Genesis, contributions and curiosities
Avec l'intervention de José A. Garzón.
En fait, cela m'a permis de découvrir un ouvrage remarquable sur la genèse des échecs modernes en Espagne. L'acronyme NEBEA trouva enfin une explication : Nuevo Ensayo de Bibliografia Espanola de Ajedrez 1238-1938, soit en français Nouvel essai de bibliographie Espagnole sur les échecs
Avec comme co-auteurs : Miquel Artigas, José A. Garzón et Josep Alió
Avec comme co-auteurs : Miquel Artigas, José A. Garzón et Josep Alió
dimanche 21 septembre 2025
Ruy Lopez et son accueil en Europe
Le second intervenant à Valence était Herbert Bastian avec sa présentation sur Ruy Lopez.
Rodrigo LÓPEZ DE SEGURA et son accueil en Europe
L'Espagne, berceau des échecs modernes
Voici le support de la conférence de José A. Garzón à Valence (Espagne) le vendredi 5 septembre 2025.
Ceci dans le cadre de l'Assemblée Générale de l'association CH&LS Chess History and Literature Society
L'Espagne, berceau des échecs modernes : Scachs d'amor (1475) et les premiers ouvrages sur les échecs modernes par Vicent/Lucena/Damiano - Support en anglais
jeudi 18 septembre 2025
Assemblée générale de l'association CH&LS et conférences à Valence en Espagne
L'année dernière, l'Assemblée Générale de l'association CH&LS "Chess History and Literature Society" s'était tenue à Budapest pendant les olympiades du jeu d'échecs. Cette année, direction Valence en Espagne, les 5 et 6 septembre. Au programme notamment plusieurs conférences sur l'histoire du jeu d'échecs et des rencontres sympathiques.
Comme les années passées, je publierai différents articles au sujet de cette assemblée générale, ainsi que sur les évènements auxquels nous avons participé.
Pour commencer, voici le compte rendu, en français, de ces deux jours, par Herbert Bastian. Ce compte rendu a été publié en allemand sur le site ChessBase, et devrait l'être très prochainement sur le site de CH&LS.
Pour commencer, voici le compte rendu, en français, de ces deux jours, par Herbert Bastian. Ce compte rendu a été publié en allemand sur le site ChessBase, et devrait l'être très prochainement sur le site de CH&LS.
Une rencontre mémorable dans un lieu historique – L’Assemblée Générale de la CH&LS à Valence
par Herbert Bastian (hb)
C'est un événement particulier qui a attiré les historiens européens des échecs à l’Assemblée Générale de la Chess History & Literature Society (CH&LS) à Valence, la troisième plus grande ville d'Espagne, située dans la province du même nom, à l'embouchure du Turia au bord de la Méditerranée, et ils sont venus nombreux. Si l'année dernière, la ville était encore très préoccupée par les intempéries qui avaient fait de nombreuses victimes, cette fois-ci, le temps s'est montré sous son meilleur jour, avec des températures avoisinant les 30 degrés et un soleil radieux.
Ouverture de l’AG par le Prof. Dr Frank Hoffmeister, une représentante de la ville de Valence, le Dr Thomas Thomsen et José A. Garzón. ©hb
Le poème Scachs d'amor, découvert en 1905, provient de Valence. Il s'agit du plus ancien témoignage de la réforme des échecs, dans laquelle la dame et le fou ont gagné en mobilité. Il y a quelques années, grâce à une conjonction planétaire mentionnée dans le texte, il a pu être daté de 1475, soit il y a environ 550 ans. Scachs d’amor – Wikipedia La ville de Valence est consciente de sa tradition et la met en valeur dans le complexe sportif et culturel Petxina avec une exposition impressionnante, qui a pu être visitée pendant la conférence. Une petite vidéo en donne un aperçu :
De plus, le 15 mai a été déclaré Journée des échecs par décision du Parlement de Valence, car c'est à cette date, en 1495, qu'est paru le premier livre contenant des exercices sur les nouvelles règles. Son auteur était Francesch Vicent (* vers 1450 ; † après 1512), originaire de Segorbe, à environ 56 km au nord de Valence. Francesc Vicent – Wikipedia En mai, la ville avait invité l'ancien champion du monde Viswanathan Anand en tant qu'invité d'honneur. Valencia: 550ster Jahrestag der Geburt des modernen Schachs | ChessBase (de) Malheureusement, l'œuvre originale de Vicent a été perdue, mais les exercices qu'elle contenait ont pu être reconstitués en 1992 par Youri Averbakh (* 1922 ; † 2022) grâce à une analyse intelligente, ce qui a été confirmé pour l'essentiel par Peter J. Monté et Garzón après lui. Garzón et Dani Salvador ont représenté l'histoire de Vicent dans une bande dessinée humoristique, qui est exposée en grand format sur les murs de la salle d'exposition et que tous les participants ont reçue en cadeau souvenir.
Pour ceux qui s'intéressent davantage aux débuts des nouveaux échecs en Espagne, nous recommandons vivement l'ouvrage historique NEBEA des auteurs Garzón, Josep Alió et Miquel Artigas.
Le programme de la conférence comprenait un long aperçu de Garzón sur ses découvertes concernant Vicent et son œuvre, ainsi que des contributions attentivement suivies sur l'histoire des échecs en rapport avec la tradition espagnole. Les présentations seront publiées, sous réserve de leur disponibilité, par Jean Olivier Leconte sur les sites web News - kwabc.org (en) et Le Café de la Régence (fr). Les thèmes suivants ont été abordés en détail :
• L'Espagne, berceau des échecs modernes : Scachs d'amor (1475) et les premiers ouvrages sur les échecs modernes de Vicent/Lucena/Damiano (José A. Garzón)
• Ruy Lopez et son accueil en Europe (Herbert Bastian)
• NEBEA, bibliographie espagnole sur les échecs : genèse, contributions et curiosités (José A. Garzón)
• Saint-Sébastien 1911 – l'entrée triomphale de Capablanca en Europe (Georges Bertola)
• 1943 – Alekhine s'enfuit en Espagne (Denis Teyssou)
• Madrid 1973 – Karpov en route vers le trône (Jesus Seoane)
• Séville 1987 – Kasparov contre Karpov, 3e ronde (Frank Hoffmeister)
• Ruy Lopez et son accueil en Europe (Herbert Bastian)
• NEBEA, bibliographie espagnole sur les échecs : genèse, contributions et curiosités (José A. Garzón)
• Saint-Sébastien 1911 – l'entrée triomphale de Capablanca en Europe (Georges Bertola)
• 1943 – Alekhine s'enfuit en Espagne (Denis Teyssou)
• Madrid 1973 – Karpov en route vers le trône (Jesus Seoane)
• Séville 1987 – Kasparov contre Karpov, 3e ronde (Frank Hoffmeister)
Ma présentation portait sur la classification de l'ouvrage Libro de la invencion liberal y arte del juego del axe-drez (1561) de Ruy López, originaire de Zafra, qui a donné son nom à la partie espagnole. Il convient de noter que cette ouverture figure déjà dans le manuscrit de Göttingen, qui provient de Paris et qui est actuellement daté de 1500-1510. Une version actualisée de la biographie de López, dont les nouvelles découvertes ne sont pas encore entièrement reflétées dans les pages habituelles de Wikipédia, a été publiée en 2022 et provient probablement de l'historien espagnol des échecs Joaquín Pérez de Arriaga (* 1932 ; † 2025), récemment décédé. Ruy López de Segura - Historia Hispánica (es) Selon cette version, López se rendit au Pérou en 1572 pour rejoindre son frère Alonso, après quoi on perd sa trace. Cela signifie que sa célèbre rencontre à la cour du roi d'Espagne avec les maîtres italiens, telle que décrite et datée de 1575 par Salvio (1634), n'a pas pu avoir lieu. Le tableau de Luigi Mussini datant de 1871 s'avère donc également être une fiction.
Georges Bertola, rédacteur en chef du magazine français Europe Échecs, a présenté sa nouvelle biographie richement illustrée consacrée à Capablanca, qui figure parmi les publications historiques les plus remarquables et les plus récentes dans le domaine des échecs. Pour plus d'informations, voir Capablanca, la prodigieuse ascension (1888-1920) - by Georges Bertola.
Denis Teyssou a fait état des dernières avancées de ses recherches sur le destin d'Alekhine, qu'il avait déjà publiées dans le livre consacré au centenaire de la Fédération Française des Échecs (FFE) (2021). Dans ce contexte, il convient également de mentionner les travaux importants du Dr Christian Rohrer, librement accessibles sur Internet. Schachweltmeister und Günstling von Hans Frank? : über die Nähe Alexander Al-jechins zum NS-Regime (de) (Champion du monde d'échecs et favori de Hans Frank ? : la proximité d'Alexandre Alekhine avec le régime nazi).
Le Dr Jésus Seoane, professeur originaire de Madrid spécialisé dans la dynamique non linéaire, la théorie du chaos et les systèmes complexes, a captivé son auditoire avec sa conférence sur le tournoi des grands maîtres qui s'est tenu à Madrid en 1973, marquant le début de l'ascension de Karpov après la conquête du championnat du monde par Fischer. Il vaut la peine de rejouer les parties passionnantes du tournoi, dont Seoane a montré les positions critiques. Seoane s'est déclaré fan de Wolfgang Uhlmann, qui a dû s'incliner à Madrid lors d'une célèbre partie contre Karpov, qui jouait avec les blancs. À ma question, pas tout à fait sérieuse, de savoir si les échecs étaient un système non linéaire, l'expert a répondu en riant qu'il s'agissait plutôt d'un système chaotique.
Le professeur Jesus Seoane a enthousiasmé son auditoire avec des scènes du tournoi GM de Madrid en 1973, où l'ascension de Karpov a commencé. ©JOL
Ce voyage à travers l'histoire des échecs a été complété par une présentation de Frank Hoffmeister sur le troisième match du championnat du monde entre Karpov et Kasparov, qui s'est déroulé à Séville en 1987 et s'est terminé sur un score de 12 à 12, permettant ainsi à Kasparov de conserver son titre. Hoffmeister a expliqué comment le lieu avait été choisi et a évoqué les circonstances du match, au cours duquel Karpov a accepté quatre fois un sacrifice de pion dans la défense indienne Grünfeld avec le coup de fou à double tranchant en f7, pour un résultat final de 2 à 2.
Rapport annuel Comme chaque année, un rapport sur les activités de la CH&LS est présenté lors de la réunion, qui comprend l'état des comptes et les projets soutenus. Le rapport, qui se concentrait sur l'essentiel, était agréablement court et reflétait le travail souverain de la présidence.
Le bureau de l’association présente son rapport annuel. De gauche à droite : Frank Hoffmeister, Jean-Olivier Leconte, Henri Serruys, Claes Løfgren.
Prix Lasker décerné à Viktor Moskalenko La réunion annuelle comprenait une coopération avec la société berlinoise Emanuel-Lasker-Gesellschaft (ELG), dont le président très actif, FM Thomas Weischede, a participé à l'intégralité de la conférence. L'ELG rend régulièrement hommage à des personnalités méritantes du monde des échecs, afin de souligner que le jeu d'échecs est un bien culturel et que sa préservation est plus importante que la victoire dans des tournois. Dans la situation internationale difficile que nous connaissons actuellement, le jeu d'échecs peut et doit contribuer à la compréhension pacifique entre les peuples.
Cette fois-ci, le GM Viktor Moskalenko, qui vit à Valence, a reçu le prix Lasker pour son travail exceptionnel dans le domaine de l'enseignement des échecs. Dans son éloge sincère, Rebekka Schuster, venue de Berlin pour l'occasion, a particulièrement souligné les livres d'ouverture de Moskalenko. Rebecca est la fille du célèbre historien des échecs Konrad Reiß. Elle joue dans la 2e ligue féminine est pour le SG 1871 Löberitz. Le sympathique Moskalenko était visiblement ému et, après la remise du prix, il a pris le temps de dîner avec sa fille et les participants à la conférence.
Invités d'honneur Un autre invité d'honneur était le président de longue date de Chess Collectors Interna-tional (CCI) et fondateur du groupe d'initiative Königstein, le Dr Thomas Thomsen (91 ans), qui ne fait pas son âge. Le Dr Thomsen a grandi en Espagne et est multilingue, ce qui lui a permis d'être sollicité à plusieurs re-prises comme interprète. Il reste aujourd'hui encore indispensable en tant qu'organisateur des réunions annuelles très appréciées des collectionneurs d'échecs. La prochaine réunion est prévue du 31 octobre au 2 novembre à Nuremberg et promet à nouveau de nombreux moments forts.
La FIDE était représentée par Willi Icklicky, président du Comité historique, qui dispose d'un excellent réseau international. À l'occasion de l'année anniversaire 2024 (100 ans de la FIDE), Willi a rassemblé une quantité importante d'objets et de films retraçant l'histoire de la FIDE, qui seront présentés à différentes occasions et dont certains ont déjà été publiés. J'ai été impressionné par les enregistrements vidéo présentés en petit comité, qui montrent Bobby Fischer à différentes occasions et qui, espérons-le, seront mis à la disposition du grand public.
Entretenir la communauté Un dîner commun, où l'on entretient les anciennes amitiés et où l'on en noue de nouvelles, fait partie de la bonne tradition des rencontres. Cette fois-ci, j'ai eu l'occasion de faire plus ample connaissance avec le mathématicien Dr James Ward, d'Irlande, à l'avant gauche sur la photo, et j'ai été sur-pris d'apprendre qu'il avait étudié deux ans à Fribourg (Breisgau). On pourrait raconter des anecdotes sur chaque participant, car tous ont apporté une contribution particulière à la culture échiquéenne. Si cela vous intéresse, vous êtes les bienvenus en tant que membre de la CH&LS moyennant une cotisation annuelle modique !
Des papes amateurs d'échecs Lorsque l'on se réunit dans un lieu aussi chargé d'histoire que Valence, une visite de la ville s'impose. Celle-ci nous a conduits dans des lieux historiques, parmi lesquels je tiens à souli-gner le palais des Borgia, qui ont donné deux papes. Alexandre VI (1492-1503), le deuxième d'entre eux, est particulièrement important pour l'histoire des échecs, car le transfert de Vicent de Valence vers l'Italie a eu lieu pendant son pontificat et est probablement lié à celui-ci. Cette explication me semble plus convaincante que l'affirmation courante selon laquelle Vicent aurait fui l'Inquisition espagnole et trouvé refuge auprès de Lucrezia Borgia, la fille illégitime du pape.
Un autre pape était favorable à la diffusion des échecs modernes. Dans son article Damiano, O Português E A Sua Obra (2009), l'auteur portugais Mário Silva Araújo a émis l'hypothèse intéressante, en raison de la coïncidence temporelle, que le changement de cap de l'Église catholique sous le pape Léon X (1513-1521, qui n'était pas un Borgia), autorisant la pratique de l'art des échecs, était directement lié au livre sur les échecs de Damiano, imprimé un an plus tôt. Léon X lui-même aurait aimé jouer aux échecs. « Ce n'était pas Damiano » - Entretien avec Mario Silva Araújo | ChessBase (es). On peut se demander si Léonard de Vinci a également contribué à l'ennoblissement du jeu d'échecs. Le célèbre génie universel était employé au Vatican depuis 1512 et, quelques années auparavant, il avait illustré de diagrammes le manuscrit sur les échecs de Luca Pacioli, redécouvert en 2006, qui avait été rédigé peu après 1500 et contenait déjà des exercices basés sur les nouvelles règles.
Deux véritables passionnés d'échecs visitent Valence : Dr Jurgen Stigter (Amsterdam) et Toni Preziuso (Suisse) ©hb
Projets d'avenir La présence des représentants des trois principales organisations culturelles échiquéennes, à savoir l'organisateur CH&LS, le CCI (Michael Wiltshire, Thomas Thomsen) et l'ELG (Thomas Weischede, Rebekka Schuster), a été très bénéfique pour la rencontre de cette année. Les échecs ne sont pas seulement un sport moderne, mais surtout un bien culturel qui a laissé des traces dans les langues européennes et qui continue d'influencer la pensée politique. C'est pourquoi je pense qu'une coopération entre les organisations à vocation culturelle est la bonne voie à suivre. À Valence, les préparatifs pour la prochaine rencontre ont déjà commencé. Après Marostica (2022), Belfort (2023), Budapest (2024) et Valence (2025), celle-ci devrait se dérouler dans le nord, probablement à Copenhague. Valence, où tout a commencé, restera à jamais un lieu magique dans ma mémoire.
Pour finir, voici la liste des participants (par ordre alphabétique) : Bastian, Herbert (hb) ; Bertola, Georges ; Garzón, José ; Hoffmeister, Frank ; Icklicki, Willy ; Johansson, Mattias ; Leconte, Jean Olivier (JOL) ; Løfgren, Claes ; Moskalenko, Victor ; Plecas, Darko ; Plecas, Draga ; Sanz Menendez, Juan Carlos ; Schuster, Rebekka ; Seoane, Jesús ; Ser-ruys, Henri ; Teyssou, Denis ; Thimognier, Dominique ; van Habberney, Guy ; Ward, James ; Weischede, Thomas ; Wiltshire, Michael ; Zutter, François.
mercredi 27 août 2025
Le tournoi d’échecs de l’exposition universelle à Paris en 1900
Il s'agit d'un tournoi d’échecs très particulier, révélateur des problèmes de l'époque du microcosme échiquéen français, comme nous allons voir.
Le Monde Illustré - 23 juin 1900. Collection personnelle. Curieusement il manque une partie des numéros du Monde Illustré sur le site Gallica pour l'année 1900. Par un heureux hasard j'en possède un exemplaire qui contient cette gravure du tournoi de Paris 1900, gravure que je n'ai jamais vue par ailleurs. Samuel Rosenthal est représenté sur la droite, assis sur une chaise.
Au XIXème siècle, la France a organisé 5 expositions universelles à Paris : 1855, 1867, 1878, 1889 et 1900. A chaque fois, des comités se sont formés pour organiser un tournoi d’échecs international.
L’idée d’un tel tournoi provenait de l’exposition universelle de Londres en 1851 et du 1er tournoi d’échecs international remporté par l’allemand Adolf Anderssen.
En 1855, Jules Arnous de Rivière attribue l’échec de l’organisation d’un tournoi d’échecs par l’attitude de Saint-Amant. Voir une lettre qu’il a écrit à ce sujet et à laquelle j'ai consacré un article.
En 1867 l’enthousiasme est là, on parle même pour la première fois de réunir les joueurs français au sein d’une fédération. Paul Morphy est de passage à Paris et beaucoup caressent l’espoir de le voir jouer le tournoi, un vœu pieux. C’est le hongrois Ignatz von Kolisch qui remportera le tournoi.
En 1878, nouvelle exposition universelle, et c’est le polonais Szymon Winaver qui le gagnera.
Puis arrive l’exposition de 1889. Nous sommes 5 ans après le déchirement des joueurs d’échecs français à l’occasion du match par correspondance entre Paris et Vienne en 1884. J’ai déjà eu l’occasion de discuter de cet incident regrettable qui privera pour plusieurs décennies la France d’une fédération de joueurs d’échecs.
Puis arrive l’exposition de 1889. Nous sommes 5 ans après le déchirement des joueurs d’échecs français à l’occasion du match par correspondance entre Paris et Vienne en 1884. J’ai déjà eu l’occasion de discuter de cet incident regrettable qui privera pour plusieurs décennies la France d’une fédération de joueurs d’échecs.
Le tournoi de 1889 n’aura pas lieu. Après Saint-Amant en 1855, c’est Samuel Rosenthal qui œuvrera pour faire échouer l’organisation. Voir la série d’articles que j’ai consacrés à ce sujet :
Pour l’exposition de Paris 1900, c’est Samuel Rosenthal qui va s’occuper de l’organisation. Il souhaite sans doute montrer à ses ennemis, Jules Arnous de Rivière, Albert Clerc et bien d’autres, qu’il est capable lui d’organiser un tel tournoi ! Jules Arnous de Rivière restera curieusement assez discret durant cette période, contrairement à 1889. Peut-être une explication : il fait profil bas et œuvre à l’organisation d’un premier tournoi d’échecs international à Monaco, tournoi qui aura lieu en 1901.
Le Monde Illustré - 23 juin 1900. Collection personnelle.Détail - Samuel Rosenthal
La première trace que j’ai trouvée, concernant le tournoi de 1900, remonte à un article paru dans « Le Monde Illustré » du 21 janvier 1899. C’est Samuel Rosenthal qui y tient la chronique hebdomadaire d’échecs depuis de nombreuses années.
Puis toujours dans Le Monde Illustré, le 28 janvier 1899, on apprend qu’un comité s’est formé avec des membres du Grand Cercle situé 16 boulevard Montmartre, dont Samuel Rosenthal y est le directeur du jeu d’échecs. 10.000 francs sont déjà alloués au tournoi, et les souscriptions sont ouvertes, pour un montant minimum de 100 francs.
Comme pour le tournoi avorté de 1889, il me semble intéressant de faire une courte disgression concernant la situation des échecs en France en 1899. Et c’est un article de « La Stratégie » qui nous donne quelques détails :
♔ ♖ Nous n’avons pas à Paris un local convenable pour faire jouer un grand match, pour faire donner des séances aux grands maîtres et faire apprécier les beautés du noble jeu en mettant en évidence le vrai talent. Le Grand Cercle, le Cercle artistique et littéraire et plusieurs autres ont des installations luxueuses dont une petite partie est consacrée aux échecs, mais ce sont des Cercles fermés pour le grand public ; ce qu’ils font n’est que pour leurs propres membres et n’aide en rien à la propagation des Échecs. Ainsi, par exemple, le Grand Cercle va, l’année prochaine, consacrer une somme importante pour un tournoi international ; combien de parisiens, de provinciaux assisteront aux belles luttes qui auront lieu ? Ceux qui pourront ou voudront souscrire 100 francs…
D’autre part, les membres du Cercle Philidor, le plus important de Paris comme nombre, se réunissent dans la salle commune d’un Café, la faible cotisation ne permettant pas les frais d’un loyer. Bien des amateurs désirent la fondation d’un lieu de réunions, lequel, sans être absolument fermé, ni luxueux comme les grands cercles, fût confortable, non accessible sans présentation, mais pourrait donner des fêtes, suivant ses ressources, auxquelles tout le monde serait convié.
Le Café de la Régence aurait dû remédier, depuis longtemps, à l’état actuel des Échecs à Paris, en mettant à la disposition des joueurs, un local indépendant ; comme il ne semble pas disposé à le faire, un groupe d’amateurs va le tenter. La nouvelle réunion prend le titre : « Association Française des Échecs » ; le local choisi est 36, rue Richelieu, salle du 1er étage du Café Molière. Momentanément l’on se réunira les lundis, mercredis et samedis de 4 heures à 7 heures. La cotisation annuelle est fixée à 12 francs ; nous la trouvons un peu minime, mais probablement tout est encore provisoire et statuts et règlements définitifs ne seront discutés et adoptés que lorsque les adhérents seront assez nombreux.
Les adhésions doivent être adressées à M. L. Maurat, président provisoire, au Café Molière, 36, rue Richelieu.
♔ ♖ Nous n’avons pas à Paris un local convenable pour faire jouer un grand match, pour faire donner des séances aux grands maîtres et faire apprécier les beautés du noble jeu en mettant en évidence le vrai talent. Le Grand Cercle, le Cercle artistique et littéraire et plusieurs autres ont des installations luxueuses dont une petite partie est consacrée aux échecs, mais ce sont des Cercles fermés pour le grand public ; ce qu’ils font n’est que pour leurs propres membres et n’aide en rien à la propagation des Échecs. Ainsi, par exemple, le Grand Cercle va, l’année prochaine, consacrer une somme importante pour un tournoi international ; combien de parisiens, de provinciaux assisteront aux belles luttes qui auront lieu ? Ceux qui pourront ou voudront souscrire 100 francs…
D’autre part, les membres du Cercle Philidor, le plus important de Paris comme nombre, se réunissent dans la salle commune d’un Café, la faible cotisation ne permettant pas les frais d’un loyer. Bien des amateurs désirent la fondation d’un lieu de réunions, lequel, sans être absolument fermé, ni luxueux comme les grands cercles, fût confortable, non accessible sans présentation, mais pourrait donner des fêtes, suivant ses ressources, auxquelles tout le monde serait convié.
Le Café de la Régence aurait dû remédier, depuis longtemps, à l’état actuel des Échecs à Paris, en mettant à la disposition des joueurs, un local indépendant ; comme il ne semble pas disposé à le faire, un groupe d’amateurs va le tenter. La nouvelle réunion prend le titre : « Association Française des Échecs » ; le local choisi est 36, rue Richelieu, salle du 1er étage du Café Molière. Momentanément l’on se réunira les lundis, mercredis et samedis de 4 heures à 7 heures. La cotisation annuelle est fixée à 12 francs ; nous la trouvons un peu minime, mais probablement tout est encore provisoire et statuts et règlements définitifs ne seront discutés et adoptés que lorsque les adhérents seront assez nombreux.
Les adhésions doivent être adressées à M. L. Maurat, président provisoire, au Café Molière, 36, rue Richelieu.
Ainsi, « L’Association Française des Echecs » refait parler d’elle.
Mais à vrai dire, ce sera vraiment de façon éphémère. Et il est difficile d’en trouver des traces après 1900.
Projetons nous un peu plus tard dans l’année 1899. Toujours dans « Le Monde Illustré » nous apprenons que Samuel Rosenthal s’est rendu en Angleterre pour faire la promotion de son tournoi auprès des participants du tournoi de Londres 1899. Tournoi remporté par Emanuel Lasker.
Si vous consultez la page Wikipedia (en anglais) du tournoi, vous pouvez constater que David Janowski prend la 4ème place du tournoi, sous la bannière de la France. Et vous pouvez également constater qu’il n’est pas mentionné dans les joueurs abordés par Rosenthal à l’occasion de son voyage. Peut-être est il inclus dans le mot « etc. » (voir ci-dessous) ? Nous verrons un peu plus loin que ce n’était pas un oubli…
Mais à vrai dire, ce sera vraiment de façon éphémère. Et il est difficile d’en trouver des traces après 1900.
Projetons nous un peu plus tard dans l’année 1899. Toujours dans « Le Monde Illustré » nous apprenons que Samuel Rosenthal s’est rendu en Angleterre pour faire la promotion de son tournoi auprès des participants du tournoi de Londres 1899. Tournoi remporté par Emanuel Lasker.
Si vous consultez la page Wikipedia (en anglais) du tournoi, vous pouvez constater que David Janowski prend la 4ème place du tournoi, sous la bannière de la France. Et vous pouvez également constater qu’il n’est pas mentionné dans les joueurs abordés par Rosenthal à l’occasion de son voyage. Peut-être est il inclus dans le mot « etc. » (voir ci-dessous) ? Nous verrons un peu plus loin que ce n’était pas un oubli…
En février 1900, Jean Préti parle de l’organisation du tournoi et relève plusieurs aspects étonnants.
Merci à Dominique Thimognier de m’avoir communiquer plusieurs années complètes de La Stratégie.
Voici la transcription de l'article de La Stratégie de février 1900.
Tournoi international des Échecs du Grand Cercle de Paris
Le Monde Illustré vient de publier le programme du Tournoi international organisé par le Grand Cercle.
Il y aura six prix d’une valeur totale de 13.500 fr., et les quatre premiers recevront en plus un Vase de Sèvres, offert par M. le Président de la République. Le tournoi commencera le 15 mai, il sera à un tour, avec un maximum de vingt concurrents ; chacun doit verser une entrée de 100 fr. et 200 fr. de dédit qui seront restitués quand il aura joué toutes ses parties ; quatre parties par semaine, trente coups pour les deux premières heures et ensuite quinze coups par heure ; la première partie nulle ne comptera pas et devra être recommencée avec changement du trait.
Nous désirons que ce programme reçoive l’approbation des maîtres auxquels il est fait appel, mais nous doutons qu’ils accourent nombreux et avec enthousiasme, car il est loin d’être comparable aux dernières luttes étrangères. — Tournoi du Jubilé de S. M. l’Empereur d’Autriche et Tournoi de Londres 1899.
Pourquoi une entrée de 100 fr. ? Il est établi maintenant que lorsque l’on fait appel à des professionnels, il faut leur offrir une compensation. Aux précédents concours, à Vienne, par exemple : pour 19 concurrents il y a eu 11 prix valant 19.700 couronnes, à Londres, 15 concurrents, 10 prix valant 12.800 fr., plus le remboursement des frais de séjour. En ne payant pas un nombre restreint de prix, comme 25 ou 50 fr. à ceux qui n’ont pas triomphé, on les oblige à perdre une partie des frais de séjour et de voyage.
Or, nous pensons que les maîtres refuseront net, et, après avoir consenti aux prix offerts pour 100 fr., ils devront payer leurs frais eux-mêmes, comme amateurs, en temps de l’Exposition ! Pour des professionnels, cela ressemblerait même peu à une prime…
Pourquoi aussi 200 fr. de dédit ? À Vienne il n’a été demandé que 100 couronnes, à Londres 1,5 l.
Les prix sont de valeurs suffisantes, mais ils ne sont pas assez nombreux, parce que la souscription n’a pas marché ; en dehors des dons spéciaux du Grand Cercle et de M. le baron A. de Rothschild de Vienne, il n’a été recueilli que 3.400 fr., presque entièrement parmi les membres du Grand Cercle.
La cause de cette abstention totale du public français est le pouvoir omnipotent imposé de M. Rosenthal, comme directeur du Tournoi. Pour un tel rôle il faut une impartialité impeccable envers tous les concurrents et la confiance ne se commande pas. Déjà, en allant à Londres, faire signer aux concurrents l’engagement de venir à Paris, M. Rosenthal s’est adressé à tous, sauf à M. Janowski (!) qui depuis longtemps représente dignement la France dans les tournois Allemands, Anglais et Autrichiens.
Malgré les prix du Président de la République, ce tournoi n’a pas un caractère national : ce n’est pas Paris qui l’organise, mais seulement un groupe d’amateurs et c’est ce qui explique le titre sous lequel nous en donnerons des nouvelles… si nous pouvons.
Jean Préti, directeur de « La Stratégie » est pessimiste sur les joueurs qui viendront. Mais finalement, on peut le dire, ce sera un succès pour Samuel Rosenthal. Les meilleurs seront présents à quelques exceptions, dont Steinitz atteint de troubles mentaux et qui décèdera le 12 août 1900 à New-York.
Les souscripteurs proviennent essentiellement du Grand Cercle, dont les membres sont fortunés. Et vous pouvez voir l’attitude étonnante de Samuel Rosenthal vis-à-vis de David Janowski qu’il semble ignorer.
Déjà, Jean Préti s’inquiète de ce qui risque être un tournoi privé. D’ailleurs les spectateurs ne pourront venir que s’ils ont déboursé la somme de 100 francs de souscription, une somme importante qui correspondait à peu près au salaire mensuel moyen d’un ouvrier en France à l’époque !
La liste des participants, au tournoi de Paris 1900, est publiée dans « La Stratégie » de mai 1900. On retrouve bien David Janowski, mais celui-ci jouera sous le drapeau de l’Empire Russe...
Rosenthal est français depuis une dizaine d'année, et ce n'est peut-être pas le cas de Janowski ? Un aspect à fouiller. Pourtant c'est lui qui représente la France dans les grands tournois...
Collection Dominique Thimognier
Plus nous nous approchons de la date prévue pour le tournoi, plus les journaux français en parle. Par exemple dans « L’Écho de Paris » du 7 mars 1900
Retronews - L’Écho de Paris - 7 mars 1900
Puis par exemple dans le journal « Le Temps » du 17 mai 1900. Le tournoi va commencer, le tirage au sort a été effectué.
Passons directement au mois de juin 1900 et un article de « Le Journal » du 27 juin 1900. Celui-ci s’étonne du peu de publicité pour le tournoi dans les journaux Français, tandis qu’à l’étranger une très large place était faire à ce tournoi dans les feuilles quotidiennes…C’est tout simplement Samuel Rosenthal qui distille les informations au fur et à mesure du tournoi. Il n’informe que ceux avec qui il s’entend bien à l’étranger en ignorant la presse Française.
L'INTERNATIONAL DES ÉCHECS
au Grand Cercle de Paris
Le concours qui a pris fin lundi dernier au Cercle des échecs de Paris a eu, dans toute l'Europe et jusqu'en Amérique, un retentissement considérable. Des centaines de journaux ont tenu leurs lecteurs au courant des péripéties de la lutte. Nos voisins d'Allemagne et d'Angleterre ont fait dans leurs feuilles quotidiennes et dans leurs périodiques une très large place aux jeux sportifs dont les échecs sont le plus sérieux. Le jour viendra où l'on comprendra en France qu'il convient de mieux équilibrer les parts de publicité entre les exercices du plein air et les spéculations scientifiques. S'il est bon de savoir tirer du fusil ou exécuter des pirouettes, il n'est pas moins utile de fortifier chez les jeunes gens la puissance de concentration et les qualités maîtresses de la pensée logique et de l’intelligence active. Voilà ce que savent bien des nations. Et l'on est fondé à croire que les Français comprendront comme les autres peuples l’intérêt qu’il y a à faire vivre chez nous une science du jeu aussi sérieuse que celle des échecs. De fortes sommes, aujourd’hui, sont dépensées dans ce but.
Le tournoi de 1900 ne fut pas seulement une rencontre de maîtres ; il fut aussi un groupement d’une association vitale entre les bons éléments que possède notre pays.
Vingt années se sont écoulées depuis le dernier concours d’échecs à Paris. Le Grand Cercle vient de donner enfin avec beaucoup d’éclat et de succès une regrettable lacune et nous aurons, l’hiver prochain, à Monte-Carlo, un nouveau concours pour lequel les notabilités de l’échiquier se sont fait inscrire sans hésitation.
Le tournoi de 1900 a été pour Lasker l’occasion d’établir une fois de plus sa supériorité. Il a remporté le premier prix comportant un beau vase de Sèvres offert par le Président de la République et une allocation de 5.000 fr. L’Américain Pillsbury, si célèbre par ses performances du jeu sans voir, est arrivé second. Maroczy (de Vienne) et Marshall, le Canadien, ont reçu ex æquo les troisième et quatrième prix. Après eux, le champion anglais Amos Burn, puis Tchigorin, le grand maître russe.
Mieses (de Leipzig) s’est adjugé un prix spécial donné par M. le baron Albert de Rothschild pour récompenser la partie la plus brillante.
À l’issue du tournoi, un vote de remerciements a été émis par les hôtes du Cercle de Paris, dont les somptueuses générosités et l’hospitalité pleine de courtoisie ont charmé les concurrents et tous les visiteurs.
La réaction de Jean Préti dans « La Stratégie » de juin 1900 est cinglante : « Chez nous la propagande se fait par le silence ».
L'INTERNATIONAL DES ÉCHECS
au Grand Cercle de Paris
Le concours qui a pris fin lundi dernier au Cercle des échecs de Paris a eu, dans toute l'Europe et jusqu'en Amérique, un retentissement considérable. Des centaines de journaux ont tenu leurs lecteurs au courant des péripéties de la lutte. Nos voisins d'Allemagne et d'Angleterre ont fait dans leurs feuilles quotidiennes et dans leurs périodiques une très large place aux jeux sportifs dont les échecs sont le plus sérieux. Le jour viendra où l'on comprendra en France qu'il convient de mieux équilibrer les parts de publicité entre les exercices du plein air et les spéculations scientifiques. S'il est bon de savoir tirer du fusil ou exécuter des pirouettes, il n'est pas moins utile de fortifier chez les jeunes gens la puissance de concentration et les qualités maîtresses de la pensée logique et de l’intelligence active. Voilà ce que savent bien des nations. Et l'on est fondé à croire que les Français comprendront comme les autres peuples l’intérêt qu’il y a à faire vivre chez nous une science du jeu aussi sérieuse que celle des échecs. De fortes sommes, aujourd’hui, sont dépensées dans ce but.
Le tournoi de 1900 ne fut pas seulement une rencontre de maîtres ; il fut aussi un groupement d’une association vitale entre les bons éléments que possède notre pays.
Vingt années se sont écoulées depuis le dernier concours d’échecs à Paris. Le Grand Cercle vient de donner enfin avec beaucoup d’éclat et de succès une regrettable lacune et nous aurons, l’hiver prochain, à Monte-Carlo, un nouveau concours pour lequel les notabilités de l’échiquier se sont fait inscrire sans hésitation.
Le tournoi de 1900 a été pour Lasker l’occasion d’établir une fois de plus sa supériorité. Il a remporté le premier prix comportant un beau vase de Sèvres offert par le Président de la République et une allocation de 5.000 fr. L’Américain Pillsbury, si célèbre par ses performances du jeu sans voir, est arrivé second. Maroczy (de Vienne) et Marshall, le Canadien, ont reçu ex æquo les troisième et quatrième prix. Après eux, le champion anglais Amos Burn, puis Tchigorin, le grand maître russe.
Mieses (de Leipzig) s’est adjugé un prix spécial donné par M. le baron Albert de Rothschild pour récompenser la partie la plus brillante.
À l’issue du tournoi, un vote de remerciements a été émis par les hôtes du Cercle de Paris, dont les somptueuses générosités et l’hospitalité pleine de courtoisie ont charmé les concurrents et tous les visiteurs.
La réaction de Jean Préti dans « La Stratégie » de juin 1900 est cinglante : « Chez nous la propagande se fait par le silence ».
En cas de partie nulle, une seconde partie était immédiatement rejouée en inversant les couleurs.
Cette seconde partie attribuait le résultat définitif. Ceci explique les « n » dans le tableau (1ère partie nulle).
En 1937 Lasker, vainqueur de ce tournoi de Paris, va publier un livre très intéressant dans lequel il décrira de nombreux épisodes de sa carrière échiquéenne. Ce livre s’intitule « Comment Victor est devenu un maitre d’échecs » et je lui ai consacré un article. Nous suivons les aventures de Victor (personnage fictif du livre, qui n’est autre que Lasker). Emanuel Lasker dresse un portrait très critique de Samuel Rosenthal directeur des échecs au Grand Cercle.
Cette seconde partie attribuait le résultat définitif. Ceci explique les « n » dans le tableau (1ère partie nulle).
En 1937 Lasker, vainqueur de ce tournoi de Paris, va publier un livre très intéressant dans lequel il décrira de nombreux épisodes de sa carrière échiquéenne. Ce livre s’intitule « Comment Victor est devenu un maitre d’échecs » et je lui ai consacré un article. Nous suivons les aventures de Victor (personnage fictif du livre, qui n’est autre que Lasker). Emanuel Lasker dresse un portrait très critique de Samuel Rosenthal directeur des échecs au Grand Cercle.
Le Monde Illustré - 23 juin 1900. Collection personnelle. Portrait d'Emanuel Lasker, champion du Tournoi international d'Echecs
Le Cercle ne sert pas à développer les échecs. Telle est la conclusion de Victor, après sa visite au Cercle.
En 1901, Samuel Rosenthal publiera le livre du tournoi de Paris 1900. La seule photo qui s’y trouve est celle de Samuel Rosenthal ! (Il décèdera le 12 septembre 1902).
Les photos ci-dessous proviennent de l'exemplaire du livre du tournoi de Paris 1900 de Jean Mennerat.
Livre consultable à Belfort au fonds Mennerat.
* La seule photo du livre, celle de Samuel Rosenthal
* La dédicace de Samuel Rosenthal à un certain Monsieur Malmanche
* Un extrait du texte en vers en l'honneur du tournoi et de Rosenthal
* La signature de Jean René Mennerat - 26 août 1940
Le tournoi d'échecs de Paris 1900 était quand même un évènement sportif d'importance. Plusieurs évènements annexes se déroulèrent durant l'exposition universelle. On peut citer par exemple la simultanée donnée par Pillsbury.
Je termine avec la partie Mieses - Janowski qui remporte le prix de beauté du tournoi de Paris 1900.
Partie commentée par Samuel Rosenthal dans Le Monde Illustré du 21 juillet 1900.
[Event "Paris"]
[Site "?"]
[Date "1900.06.12"]
[Round "?"]
[White "Mieses, Jacques"]
[Black "Janowski, David"]
[Result "1-0"]
[ECO "C27"]
[Annotator "Samuel Rosenthal"]
[PlyCount "71"]
{Commentaires de Samuel Rosenthal pour Le Monde Illustré du 21 juillet 1900.
"Jouée le 12 juin 1900 au Grand Cercle, dans le tournoi international, entre
MM. Mieses et Janowski. Cette partie a obtenu le 1er prix de 500 francs offert
par le baron Albert de Rothschild, de Vienne, à la plus belle partie du
tournoi." Partie Viennoise} 1. e4 e5 2. Nc3 Nf6 ({Ainsi que nous l'avons dit
à plusieurs reprises, le coup juste est} 2... Nc6 3. f4 exf4 {pour la suite
voir nos analyses données sur ce début.}) 3. Bc4 Bc5 ({Nous aurions
préféré} 3... Nxe4 4. Qh5 (4. Bxf7+ Kxf7 5. Nxe4 d5 6. Qf3+ Kg8 7. Ng5 Qd7 {
etc. mieux}) 4... Nd6 5. Bb3 Nc6 6. Nb5 g6 7. Qf3 Nf5 8. Qd5 Nh6 9. d4 d6 10.
Bxh6 Be6 {etc. mieux}) 4. d3 d6 5. f4 Nc6 (5... Ng4 6. f5 h5 ({Si} 6... Nf2 7.
Qh5 g6 8. Qh6 Nxh1 9. Qg7 {etc. et gagnent}) 7. Nh3 Qh4+ 8. Kf1 {etc. mieux})
6. f5 Na5 7. Qf3 c6 8. g4 h6 (8... h5 9. g5 Ng4 10. Nh3 {etc. mieux}) 9. h4 b5
10. Bb3 Nxb3 11. axb3 h5 12. gxh5 Nxh5 13. Nge2 Qb6 14. Ng3 Nf6 15. Bg5 Bb7 16.
h5 Nh7 17. Bd2 O-O-O 18. h6 g6 19. O-O-O Rhg8 20. fxg6 fxg6 21. Rdf1 Kb8 22.
Qf7 Rh8 ({Si} 22... Qc7 23. Qxc7+ Kxc7 24. Rf7+ Rd7 25. Rhf1 Rgd8 26. Rg7 {
et gagnent}) 23. Qxg6 Rdg8 24. Qg7 {Très joli coup qui termine brillamment la
partie} Bc8 (24... Rxg7 25. hxg7 Rg8 26. Rxh7 {etc. et gagnent}) 25. Nf5 Bxf5
26. Rxf5 Bb4 27. Kb1 Bxc3 ({Si} 27... Rxg7 28. hxg7 Rg8 29. Rf7 ({Si} 29. Rxh7
Qg1+ 30. Ka2 Rxg7 {défendrait la partie}) 29... Nf6 30. Rh8 {et gagnent}) 28.
bxc3 Nf8 29. Rhf1 Ng6 30. Qd7 Rd8 ({Si} 30... Qc7 31. Qxc7+ Kxc7 32. Rf7+ Kb6
33. Be3+ c5 34. R1f6 {et gagnent}) 31. Qe6 Nf4 32. Bxf4 exf4 33. R5xf4 Qc5 34.
Rf7 Qg5 35. Rf8 Qc5 (35... Rhxf8 36. Rxf8 Rxf8 37. Qxd6+ {et gagnent}) 36. Qe7
1-0
mercredi 30 juillet 2025
Visite de l’exposition « Philidor enfant de Dreux »
Le weekend dernier je me suis rendu à Dreux pour voir l’exposition consacrée à Philidor au musée d’Art et d’Histoire de la ville. Cette exposition est accessible du 23 mai 2025 au 7 septembre 2025.
A cette occasion j’ai rédigé un article pour le site de la FFE consacré aux évènements du tricentenaire de la naissance de Philidor. Comme je l’y indique, il est curieux de fêter ce tricentenaire un an avant l’année effective (Philidor est né le 7 septembre 1726 à Dreux) ! Mais bon il est également prévu d’autres évènements pour l’année 2026.
Voici donc un reportage consacré à cette exposition.
Il y a dix ans déjà je m'étais rendu à Dreux. J'avais pu voir, sans y entrer car c'est une propriété privée, la maison natale de Philidor.
Il existe forcément une rue Philidor à Dreux. Vous remarquerez le blason de la ville qui ressemble à un échiquier.
La rue Philidor à Dreux. Il me semble que la maison, à droite de la tour, est celle de Philidor.
Le musée d'Art de d'Histoire de Dreux, accessible gratuitement.
L'entrée de la salle du musée consacrée à l'exposition sur Philidor.
A vrai dire je pensais que l'exposition serait un peu plus importante.
Mais ne boudons pas notre plaisir, il est très rare de voir une telle exposition.
La salle de l'exposition sur Philidor.
Un autre exemplaire se trouve au musée Carnavalet à Paris.
A noter que la plupart des objets exposés proviennent de la collection privée des descendants de Philidor.
Je vous conseille la lecture de l'entrevue de Dany Sénéchaud (décédé en 2019) à ce sujet.
Une vitrine contient deux registres. Sur un des registres il est possible de voir l'acte de baptême de Philidor, et sur l'autre l'acte décès de son père.
Voici la transcription du texte du baptême de Philidor
« L’an mil sept cent vingt-sept, le jeudi seizième octobre,
François André, né le septième de septembre de l’année
mil sept cent vingt six, et baptisé par moy, prestre curé de cette
église, en l’église de Saint-Étienne dudit Dreux, avec la permission
de Monseigneur l’évêque de Chartres, le premier septembre
de la dite année mil sept cent vingt six, signé Charles François
évêque de Chartres avec paraphe, du légitime mariage de sieur André Danican de Philidor,
ordinaire de la musique du Roy et garde de sa bibliothèque, et de damoiselle
Élisabeth le Roy sa femme, de cette paroisse, a reçu les cérémonies
de baptême de moy prestre curé de cette Église, soussigné, le parrain
haut et puissant seigneur messire François Chaillou, seigneur
de Jouville, gentilhomme ordinaire du Roy, qui a donné les noms, la marraine
haute et puissante dame Catherine Guille Parat, qui a signé
le sieur parain et père et mère.
C. Guille Parat, André Danican Philidor, Chaillou de Jouville, Chevalier et Élisabeth Philidor »
François André, né le septième de septembre de l’année
mil sept cent vingt six, et baptisé par moy, prestre curé de cette
église, en l’église de Saint-Étienne dudit Dreux, avec la permission
de Monseigneur l’évêque de Chartres, le premier septembre
de la dite année mil sept cent vingt six, signé Charles François
évêque de Chartres avec paraphe, du légitime mariage de sieur André Danican de Philidor,
ordinaire de la musique du Roy et garde de sa bibliothèque, et de damoiselle
Élisabeth le Roy sa femme, de cette paroisse, a reçu les cérémonies
de baptême de moy prestre curé de cette Église, soussigné, le parrain
haut et puissant seigneur messire François Chaillou, seigneur
de Jouville, gentilhomme ordinaire du Roy, qui a donné les noms, la marraine
haute et puissante dame Catherine Guille Parat, qui a signé
le sieur parain et père et mère.
C. Guille Parat, André Danican Philidor, Chaillou de Jouville, Chevalier et Élisabeth Philidor »
Acte de décès du père de Philidor, le 11 août 1730.
« Mort le vendredi onzième août 1730
Le sieur André Danican de Philidor, ordinaire de la musique
du Roi et garde de la Bibliothèque, décédé d’aujourd’hui
entre minuit et une heure, âgé de soixante et dix-huit ans ou
environ, après avoir reçu les sacrements de l’Église, a été inhumé
dans l’église de cette paroisse, en présence de messieurs les prêtres de ladite Église. (...) »
Le sieur André Danican de Philidor, ordinaire de la musique
du Roi et garde de la Bibliothèque, décédé d’aujourd’hui
entre minuit et une heure, âgé de soixante et dix-huit ans ou
environ, après avoir reçu les sacrements de l’Église, a été inhumé
dans l’église de cette paroisse, en présence de messieurs les prêtres de ladite Église. (...) »
Trois beaux portraits sont visibles dans cette exposition.
Tout d'abord le portrait du père de Philidor dit Philidor l'Ainé. Huile sur toile, auteur anonyme.
Anonyme, huile sur toile.
André Joseph Hélène Danican Philidor, dit le Beau Philidor (1762 - 1845), fils de Philidor.
Voici un extrait de la revue Le Palamède 1847 - Biographie de Philidor par son fils ainé (celui du tableau ci-dessus, décédé en 1845) - page 6 et 7
« (...) il rentrait un soir chez lui au moment où deux de ses enfants de quatorze à seize ans essayaient leur force aux Échecs. Il jeta un coup d’œil sur leur partie et la suivit pendant deux ou trois coups :
- Nos enfants, ma chère amie, dit-il à sa femme, sont parvenus à faire de ce jeu-là un jeu de hasard. (…) »
« (...) il rentrait un soir chez lui au moment où deux de ses enfants de quatorze à seize ans essayaient leur force aux Échecs. Il jeta un coup d’œil sur leur partie et la suivit pendant deux ou trois coups :
- Nos enfants, ma chère amie, dit-il à sa femme, sont parvenus à faire de ce jeu-là un jeu de hasard. (…) »
Claude Frédéric Danican Philidor (1766 - 1821), fils de Philidor.
Dans une autre vitrine se trouve un exemplaire de son célèbre livre L'analyse des échecs.
Il est indiqué 1749. S'agit-il d'un exemplaire de la première édition ? Ou bien est-ce une copie comme il en existait de nombreuses à l'époque ?
D'ailleurs je m'interroge : le manuscrit du livre de Philidor existe-t-il toujours (disons d'une des trois éditions) ?
Le livre ouvert correspond probablement à celui ci-dessous et qui contient l'intégralité de la correspondance connue de Philidor.
Ce livre est paru en 1995 et on peut le trouver sur internet.
Deux petits portraits par Charles-Nicolas Cochin (1715-1790).
Mine graphite
Celui de gauche représente Philidor et celui de droite, son épouse, Angélique Henriette Élisabeth Richer (1741-1809).
Il me semble que le Roi et la Dame sont intervertis.
Mais il ne faut pas oublier la deuxième facette de Philidor...
Philidor musicien. Le mur et la vitrine du fond y sont consacrés.
Louis-René Boquet (1717-1814)
Personnages en costume pour Ernelinde, tragédie lyrique en 3 actes sur une musique de Philidor.
Tom Jones, opéra comique en 3 actes de Philidor.
Voilà, c'est tout pour cette exposition.
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