Deschapelles et La Bourdonnais sont les plus forts joueurs d'échecs au Monde du premier tiers du XIXème siècle. J'ai déjà eu l'occasion de parler d'eux à maintes reprises sur ce blog et ce n'est pas terminé !
Une question intéressante est de savoir à quoi ils ressemblaient physiquement. Et là ce n'est pas simple.
Pour Deschapelles, jusqu'en 2011, il n'existait aucun portrait connu de lui.
Jusqu'à la publication du livre Alexandre Honoré Deschapelles – The french king of chess – par Robert Czoelner, 2011 – Un livre que je trouve assez décevant, car n’apportant pas grand-chose à la biographie de Deschapelles, si ce n’est ce portrait, qui semble provenir de descendants de la famille Deschapelles en Allemagne, d'après l'auteur.
Et pourtant, il est possible d’imaginer qu’un autre portrait a bien été réalisé en 1842 et qu’il sortira peut-être un jour d’une collection privée. En effet, dans le numéro de juin 1842 de la revue Le Palamède, où apparait un portrait de Saint-Amant, nous apprenons qu’initialement ce n’était pas lui qui devait y figurer, mais Deschapelles. Il est ainsi envisageable que quelques esquisses aient été réalisées par Henri Grévedon cité dans l’article et finalement refusées par Deschapelles.
Le Palamède – Juillet 1842
« Il est une supériorité aux Échecs qui certes devait avec La Bourdonnais partager les honneurs du Palamède dans l’illustration des deux volumes de cette première année. Mais il n’a pas dépendu de nous de forcer la volonté de M. Deschapelles. C’est à défaut de l’ayant droit que le Gérant de cette revue a pris une place qu’il ne devait occuper qu’à sa suite. (…)
Ne nous flattons pourtant pas de retrouver toujours le crayon à qui nous devons le portrait d’aujourd’hui. C’est le dévouement de l’amitié la plus obligeante qui a pu déterminer un artiste aussi haut placé, à réduire son magnifique talent à des proportions aussi exiguës. À cette touche si fine et si délicate, nul ne peut se méprendre, et notre premier peintre lithographe, M. Grévedon, se révèle ici dans toute la grâce de son dessin. »
Henri Grévedon, 17/10/1776 – 01/06/1860, peintre, aquarelliste, dessinateur et lithographe français de renom
Ne nous flattons pourtant pas de retrouver toujours le crayon à qui nous devons le portrait d’aujourd’hui. C’est le dévouement de l’amitié la plus obligeante qui a pu déterminer un artiste aussi haut placé, à réduire son magnifique talent à des proportions aussi exiguës. À cette touche si fine et si délicate, nul ne peut se méprendre, et notre premier peintre lithographe, M. Grévedon, se révèle ici dans toute la grâce de son dessin. »
Henri Grévedon, 17/10/1776 – 01/06/1860, peintre, aquarelliste, dessinateur et lithographe français de renom
J'ai demandé à plusieurs IA de prendre le portrait de profil de Deschapelles et de me le montrer de face.
Toutes les IA génératives faisaient un peu n'importe quoi, sauf ChatGPT qui m'a proposé ces deux portraits. Un avec la perruque et un autre sans la perruque.
Concernant La Bourdonnais, le seul portrait connu à ce jour provient également d'une publication dans Le Palamède de décembre 1841.
Voici ce qui est écrit
« Il n’existe aucun portrait de La Bourdonnais. À sa mort, M. Deville moula sa tête. C’est sur ce plâtre et les souvenirs qu’il en conservait que M. Marlet a osé entreprendre de remplir cette lacune. – Nos lecteurs jugeront la ressemblance et sauront apprécier toutes les difficultés qu’un artiste de mérite a eu à surmonter pour faire revivre les traits de La Bourdonnais. »
« Ah ! qu’il était superbe, ce bon gros joufflu de La Bourdonnais ! Doué d’un appétit de Gargantua, d’un estomac prodigieux, quand debout, le verre en main, le regard étincelant, la figure illuminée, il sablait nos vins généreux en buvant à la santé de l’amphitryon, à celle des notabilités anciennes et modernes de la science, et jetant un défi au monde entier. S’il fût resté quelques bouteilles, il aurait bu à la santé du Bon Dieu, il aurait bu à celle du diable. Ah ! Le bon vivant que c’était ! »
La Stratégie – Janvier 1874 – Article d’Alphonse Delannoy
Comme pour Deschapelles, j'ai demandé à plusieurs IA de restituer un portrait réaliste à partir de ce dessin du portrait de La Bourdonnais. A nouveau, toutes
les IA génératives faisaient un peu n'importe quoi, sauf ChatGPT qui m'a proposé
ces deux portraits. Le premier représente La Bourdonnais en concordance avec le dessin et l'autre un La Bourdonnais un peu plus jeune et mince.