A plusieurs reprises j’ai cité l’excellent ouvrage de Sergio Boffa sur Philidor.
En pages 22 et 23 de son livre il aborde une façon de jouer aux échecs très particulière inventée par Legall et pratiquée surtout au 18ème siècle au Café de la Régence.
On retrouve un long article à ce sujet dans le Palamède de 1837 (pages 17 à 24), article signé par un certain « Le comte B*** ».
Est-ce le Comte de Boissy d'Anglas cité par Sergio Boffa ?
En pages 22 et 23 de son livre il aborde une façon de jouer aux échecs très particulière inventée par Legall et pratiquée surtout au 18ème siècle au Café de la Régence.
On retrouve un long article à ce sujet dans le Palamède de 1837 (pages 17 à 24), article signé par un certain « Le comte B*** ».
Est-ce le Comte de Boissy d'Anglas cité par Sergio Boffa ?
Ceci semble prouver que cette variante du jeu est encore pratiquée à cette époque. Je n'ai pas trouvé en ligne le Palamède de 1837.
Si j'ai le courage de le transcrire je publierai cet article dans son intégralité !
Enfin la conclusion qu’il tire de cette variante du jeu d’échecs est particulièrement intéressante. J’y adhère totalement !
Voici l’extrait de son livre :
A une époque où les règles du noble jeu ne sont pas encore définitivement fixées, il est naturel de rencontrer ce que nous appelons de nos jours des variantes, c'est-à-dire des modifications des règles du jeu d’échecs classique.
Le sire de Legal est l’inventeur de l’une de ces variantes, connue sous le nom de la partie des pions. Elle ne fut guère populaire et fut essentiellement jouée à Paris du vivant de son créateur. Au début du XIXème siècle, elle revient momentanément au goût du jour lorsque les deux plus grands joueurs du moment, Alexandre Louis Honoré Deschapelles (1780 – 1847) et Louis Charles Mahé de la Bourdonnais (1797 – 1840) s’y adonnent. Ce dernier l’introduit en Angleterre en 1834. C’est alors que G.Walker a l’occasion d’affronter le champion français au Westminster Chess Club. Après cette rencontre, il rédige un petit opuscule où il présente la partie des pions de la manière suivante :
« The game of the Pawns, then, if founded on the assumption that, between even players, eight extra Pawns placed on the board, at the beginning of the game, are a compensation to the one player for taking off his Queen.
The truth of this proposition is proved by the experience of the most skilful amateur, and, indeed, in Paris, they consider eight Pawns rather more, than less, than the worth of the Queen; so that, strictly, even players should be allowed seven Pawns in one game, and eight Pawns in the next; the nicest calculations, fixing the value of the Queen at seven pawns and a half.
This game only differs from Chess in respect to the extra Pawn allowed in exchange for the Queen, before commencing the game. On every other point, the usual laws of Chess are strictly followed. (…)
The extra Pawns, whatever their number may be, must be placed in front of your usual line of Pawns, but cannot be posted on any squares beyond your own half of the board. This game ought to be played occasionally by every player who wishes to get well grounded in that most vital part of Chess – the art of manoeuvring thePawns properly.
It is certain that this is a branch of the game, in which the English school of Chess is behind the French; and it is the opinion of La Bourdonnais, that one reason of this lies in our never having introduced this game, which throws more light on the strongest mode of playing the Pawns, than will be readily believed by the best players at the common game, if they have never seen this variety practised”
(G.Walker, On the Pawn, p 102 – 106; “The Game of the Pawns” - Voir plus loin ma traduction)
Enfin la conclusion qu’il tire de cette variante du jeu d’échecs est particulièrement intéressante. J’y adhère totalement !
Voici l’extrait de son livre :
A une époque où les règles du noble jeu ne sont pas encore définitivement fixées, il est naturel de rencontrer ce que nous appelons de nos jours des variantes, c'est-à-dire des modifications des règles du jeu d’échecs classique.
Le sire de Legal est l’inventeur de l’une de ces variantes, connue sous le nom de la partie des pions. Elle ne fut guère populaire et fut essentiellement jouée à Paris du vivant de son créateur. Au début du XIXème siècle, elle revient momentanément au goût du jour lorsque les deux plus grands joueurs du moment, Alexandre Louis Honoré Deschapelles (1780 – 1847) et Louis Charles Mahé de la Bourdonnais (1797 – 1840) s’y adonnent. Ce dernier l’introduit en Angleterre en 1834. C’est alors que G.Walker a l’occasion d’affronter le champion français au Westminster Chess Club. Après cette rencontre, il rédige un petit opuscule où il présente la partie des pions de la manière suivante :
« The game of the Pawns, then, if founded on the assumption that, between even players, eight extra Pawns placed on the board, at the beginning of the game, are a compensation to the one player for taking off his Queen.
The truth of this proposition is proved by the experience of the most skilful amateur, and, indeed, in Paris, they consider eight Pawns rather more, than less, than the worth of the Queen; so that, strictly, even players should be allowed seven Pawns in one game, and eight Pawns in the next; the nicest calculations, fixing the value of the Queen at seven pawns and a half.
This game only differs from Chess in respect to the extra Pawn allowed in exchange for the Queen, before commencing the game. On every other point, the usual laws of Chess are strictly followed. (…)
The extra Pawns, whatever their number may be, must be placed in front of your usual line of Pawns, but cannot be posted on any squares beyond your own half of the board. This game ought to be played occasionally by every player who wishes to get well grounded in that most vital part of Chess – the art of manoeuvring thePawns properly.
It is certain that this is a branch of the game, in which the English school of Chess is behind the French; and it is the opinion of La Bourdonnais, that one reason of this lies in our never having introduced this game, which throws more light on the strongest mode of playing the Pawns, than will be readily believed by the best players at the common game, if they have never seen this variety practised”
(G.Walker, On the Pawn, p 102 – 106; “The Game of the Pawns” - Voir plus loin ma traduction)
Lionel Kieseritzky (1805 (1806 ?) – 1853) s’y est aussi intéressé. Nous n’avons d’ailleurs conservé une partie qu’il a jouée contre le général P.F.Guingret. Ensuite, il ne restera plus que le Comte de Boissy d’Anglas pour en comprendre toutes les subtilités.
Pour conclure, voici une idée qui semble avoir échappé à tous les biographes de notre champion (Philidor). La variante du jeu d’échecs créée par le sire de Legal, la partie des pions, pourrait n’être qu’anecdotique si la force de Philidor ne résidait justement dans le jeu des pions. Nous pensons qu’il ne s’agit pas d’une simple coïncidence ; il est fort probable que Philidor ait affronté son maître non seulement aux échecs classiques, mais aussi dans la variante inventée par ce dernier. C’est alors, sans aucun doute, qu’il a découvert les principes fondamentaux de sa théorie sur l’importance du jeu des pions dans la stratégie échiquéenne.
(Sergio Boffa – François André Danican Philidor – La culture échiquéenne en France et en Angleterre au XVIIème siècle)
Voici ma traduction du texte de Walker
Le jeu des pions, d’ailleurs, est fondé sur l'hypothèse que, même entre joueurs d’un niveau égal, huit pions supplémentaires placés sur l’échiquier, au début de la partie, sont une compensation pour le joueur qui a retiré sa Dame.
La véracité de cette proposition est prouvé par l'expérience des plus habiles amateurs, et, en fait, à Paris, ils considèrent huit pions un peu plus, pas moins, que la valeur de la Reine, de sorte que, strictement, des joueurs d’un niveau équivalent devraient autorisés sept pions dans une partie, et huit pions dans la suivante; les plus beaux calculs, fixant la valeur de la Dame à sept pions et demi.
Ce jeu diffère des Echecs seulement en ce qui concerne les Pions supplémentaires accordés en échange de la Dame, avant de commencer la partie. Sur tous les autres points, les lois habituelles du jeu d'échecs sont strictement suivies. (...)
Les pions supplémentaires, quel que soit leur nombre, doivent être placés en face de votre ligne habituelle des pions, mais ne peuvent pas être placés sur toutes les cases au-delà de votre propre moitié d’échiquier.
Ce jeu doit être joué occasionnellement par chaque joueur qui souhaite bien se familiariser avec cette partie la plus vitale du jeu d'échecs - l'art de manœuvrer les pions correctement.
Il est certain que c'est une branche du jeu, dans lequel l'école Anglaise du jeu d'échecs est derrière les Français; et c'est l'opinion de La Bourdonnais, que l'une des raisons de ce phénomène réside dans le fait de n’avoir jamais introduit ce jeu, qui met plus de lumière sur la plus forte façon de jouer les pions, ceci sera facilement accepté par les meilleurs joueurs du jeu traditionnel, s'ils n'ont jamais vu cette variété pratiquée.