Et c'est ainsi qu'en flânant, sans trop chercher sur ce site, je suis tombé sur cette magnifique gravure de la place du Palais-Royal à Paris en 1849.
Le Café de la Régence n'est pas visible sur la gravure. Il se trouve en dehors du cadre sur la droite de la gravure.
On note sur la gravure (il est difficile de les rater) la présence de voitures de remise (l'équivalent de nos taxis - Par ici un règlement à leur sujet qui date de 1837 à partir de la page 236).
Que s'est-il donc passé ?
La réponse est simple : La Révolution de 1848 et la destruction du Château d'eau de la place du Palais Royal le 24 février 1848.
Détail d'un plan de Paris de 1814.
L'ovale bleu représente le Château d'eau et le rouge l'emplacement du Café de la Régence.
Eugène Henri Adolphe Hagnauer
Incendie du château d'eau, place de Palais-Royal, le 24 février 1848
Paris Musée Carnavalet
Source Gallica
Vous remarquez derrière le bâtiment en flamme, un immeuble qui le surplombe.
Il s'agit du 42 de la rue Saint-Thomas du Louvre qui abritait le magasin de vente de vins en gros de Saint-Amant.
Les destructions liés aux combats vont favoriser les travaux.
Et même s'il faudra attendre encore 5 ans pour la rénovation totale de la place et la destruction de l'ancien Café de la Régence, la revue "La Régence" nous indique que les changements sont en cours.
Revue La Régence juillet 1850
"L’impitoyable temps ne s’en prend pas seulement aux hommes, il semble même vouloir détruire jusqu’à leur habitation. La prolongation de la rue de Rivoli nous a déjà enlevé la maison 42, Saint-Thomas-du-Louvre, naguère encore occupée par Saint-Amant. Aujourd’hui nous voyons tomber les derniers restes de la maison 239, place du Palais-Royal (*), habitée jadis par notre cher La Bourdonnais ; c’était là où il passa les dernières années de sa vie. Ne pouvant plus faire de grandes promenades, il avait choisi cet endroit pour être plus près du Café de la Régence. Nous voyons disparaitre avec un sentiment de tristesse ces derniers débris ; mais les souvenirs que l’homme nous a laissés resteront encore vivants ; (...)"
(*) Le Café de la Régence est alors au 243 place du Palais-Royal
C'est la fin d'une époque pour les échecs en France.
Après avoir remis de l'ordre au Palais des Tuileries, quelque temps plus tard, la revue "La Régence" nous apprend que " M. Saint-Amant est parti pour la Californie, où il est appelé à fonctionner, à San-Francisco, en qualité d’agent consulaire. "
Lionel Kieseritzky est alors rédacteur en chef de la revue La Régence.
Claude Vielle, propriétaire du Café et de l’estaminet de la Régence, ainsi que du Cercle des échecs, est le gérant-éditeur de la revue.