mercredi 24 octobre 2018

Les mystères du Café de la Régence - numéro 5


русский перевод

Mise à jour du mardi 19 novembre 2019
J'indique dans l'article de ce lien qu'il existe bel et bien un film d'une simultanée de Lasker au Café de la Régence en mars 1933. Reste à trouver ce film...

Existe-t-il un film ancien où l'on pourrait voir le Café de la Régence ?

Même quelques brèves images constitueraient là un témoignage exceptionnel, tant les témoignages visuels du lieu sont rare.
Pour ma part j'ai visionné sans résultat plusieurs heures d'archives de films sur Paris.

En attendant ce film hypothétique, voici des images de Paris vers 1927.
On peut y voir quelques cafés, mais pas le Café de la Régence...
La vitesse originale du film a été corrigée, et un son discret a été ajouté.


Voici le lien avec la chaîne YouTube de la personne qui l'a mis en ligne.

Le film a été tourné par Elias Burton Holmes.

dimanche 14 octobre 2018

Les mystères du Café de la Régence - numéro 4

L'automate turc joueur d'échecs a-t-il joué au Café de la Régence ?
Cette question est actuellement sans réponse...
Mais voici quelques informations à ce sujet.

Dans le 1er tome de mon livre, je consacre pas mal de place au fameux automate Turc joueur d'échecs, créé par Von Kempelen, puis acheté par Maelzel.
La raison en est simple : plusieurs animateurs de cet "automate" étaient des joueurs d'échecs de première force du Café de la Régence. Le plus célèbre d'entre eux se nommait Jacques François Mouret, qui n'était autre que le petit-neveu de Philidor.

On trouve trace du Turc à Paris, non loin du Café de la Régence. Par exemple en 1800 :


Courrier des Spectacles – Journal des théâtres et de littérature – Paris, 18 germinal an VIII de la République (8 avril 1800)


« Rue des Poulies , Place du Louvre, vis-à-vis la Colonnade, N°211 - Automate qui joue aux Échecs et aux Dames. C’est un Turc bien costumé : sa figure est en cire, bien expressive ; ses mouvements imitent la nature. Il joue avec le premier venu, et il se fâche lorsqu’on joue contre les règles. Cet amusement intéressant attire bien du monde.»

Cette adresse (Rue des Poulies) n’existe plus, et se trouvait à une centaine de mètres du Café de la Régence.

Dans le 1er tome de mon livre sur l'histoire du Café de la Régence, j'indique ceci :

« À ma connaissance, il n’existe pas de parties jouées à Paris par l’automate Turc qui aient été conservées. Par contre un recueil de celles-ci existe pour les parties jouées à Londres en 1820 : Fifty Games played by the Automaton Chess-Player, during its exhibition in London in 1820 - William Hunnemann.

Voici un extrait de la préface (de ce livre).

« Depuis le commencement de ses exhibitions en février dernier, l’Automate Joueur-d’Échecs a joué (donnant pion et trait) près de trois cents parties, desquelles il n’en perdit que six. Ce fait est essentiel, et le lecteur trouvera dans beaucoup des parties suivantes, la preuve de sa très grande habileté.

(…) Sans vouloir choquer les admirateurs de Philidor, il est possible d’affirmer que l’Automate Joueur-d’Échecs a, dans le cadre de ces démonstrations actuelles, joué des parties que le Maître aurait égalées, sans pouvoir les exceller.  »


L’auteur est dithyrambique sur le niveau de jeu de Mouret. Celui-ci joue quasi invariablement e7-e6 contre le premier coup e2-e4, ce qui est rare à l’époque. Il s’agit de la Défense Française, alors appelée la Partie du Pion du Roi un Pas et dont il est un fervent adepte. Nous verrons dans un prochain chapitre que Mouret réussit à convaincre le comité de Paris d’utiliser en 1834 cette défense lors de la partie avec les noirs dans le match par correspondance contre Londres . 

Les parties sont données sans commentaire dans ce livre et nous n’avons en général que la première et la dernière lettre du nom de l’adversaire de l’automate. Par exemple, celle que je donne ci-après mentionne un certain Mr C******E. En fait il s’agit de John Cochrane, un des plus forts joueurs anglais de l’époque, qui viendra en 1821 jouer un match triangulaire à Saint-Cloud, à côté de Paris, contre Deschapelles et La Bourdonnais. »


Ci-dessous vous trouverez la 18ème partie de ce livre, entre John Cochrane et Jacques François Mouret (Alias l'automate Turc joueur d'échecs).
Le recueil contient d’autres parties opposant ces deux joueurs. On voit parfaitement le jeu entreprenant de Mouret dans cette partie, même si son adversaire, dans une position supérieure, commet une gaffe terrible au 28ème coup. Il abandonne le pion en e5 et perd ensuite le Cavalier en d6.
Notez que le Turc rendait le pion en f7, ainsi que le trait à son adversaire.


[Event "Londres 1820"] [Site "?"] [Date "1820.??.??"] [Round "18"] [White "Cochrane, John"] [Black "Automate Turc joueur d'échecs"] [Result "0-1"] [SetUp "1"] [FEN "rnbqkbnr/ppppp1pp/8/8/8/8/PPPPPPPP/RNBQKBNR w KQkq - 0 1"] [PlyCount "68"] 1. e4 e6 2. d4 c6 3. f4 d5 4. e5 c5 5. Nf3 Nc6 6. Bb5 Bd7 7. Bxc6 bxc6 8. O-O cxd4 9. Nxd4 c5 10. Nf3 Nh6 11. Nbd2 Qb6 12. Kh1 a5 13. a4 c4 14. b3 Ng4 15. Qe2 Bc5 16. h3 Nf2+ 17. Kh2 c3 18. Nb1 Ne4 19. Ng5 Nxg5 20. fxg5 d4 21. Na3 O-O-O 22. Nc4 Qa7 23. Ba3 Rhf8 24. Bxc5 Qxc5 25. Nd6+ Kb8 26. Qe4 Bc6 27. Qe2 Ka7 28. Qc4 Qxe5+ 29. Kh1 Qxd6 30. Qd3 Qd5 31. Qe2 e5 32. Qg4 e4 33. Rf4 Rxf4 34. Qxf4 e3 0-1

mardi 9 octobre 2018

Les mystères du Café de la Régence - numéro 3

Correction du mardi 11 mai 2021 : remplacement de la copie du tableau de Marlet par une photo du tableau original.

Poursuivons avec le mystère numéro 3 : Où pouvons-nous voir l'original du tableau de Marlet qui représente le match de 1843 entre Saint-Amant et Staunton ?


Dans la page sur les mystères du Café de la Régence, vous pourrez découvrir la dernière trace connue de ce tableau grâce à Etienne Cornil. 

Voici quelques mots au sujet du match entre Staunton et Saint-Amant.
Vous en avez tout le détail si vous consultez Le Palamède de 1843

Comme chaque année au printemps, Saint-Amant se rend en Angleterre, et donc à Londres, pour vendre du vin de Bordeaux.
Il en profite bien évidemment pour jouer aux échecs.
Depuis la mort de La Bourdonnais le 13 décembre 1840, c'est Saint-Amant qui porte "le sceptre" des échecs. 
Et donc en ce printemps 1843 à Londres, Saint-Amant remporte un match en 6 partie face au meilleur anglais, Staunton, sur le score de 3,5 à 2,5.
Après l'été il est convenu d'un match revanche qui se jouera à Paris en fin d'année 1843.
Et là, c'est un peu la catastrophe pour Saint-Amant qui perd sur le score sec de 13 à 8, mettant fin à plus d'un siècle de domination du jeu d'échecs par "l'école française".

Il était prévu un troisième match qui n'aura finalement pas lieu suite aux tergiversations d'Howard Staunton il faut bien le dire.
Mais je doute que Saint-Amant aurait alors gagné. 
En effet, Saint-Amant, contrairement à La Bourdonnais, ne s'adonnait pas pleinement aux échecs (il est négociant en vin).
Tandis que Staunton avait à l'époque une approche "scientifique" du jeu d'échecs et ne faisait que ça ou presque.
Mais on retrouve ces tergiversations quinze ans plus tard, en 1858, avec l'arrivée en Angleterre de Paul Morphy, venu spécialement des Etats-Unis pour se mesurer aux plus forts joueurs européens.
Et Staunton fera tout pour éviter de jouer contre Morphy...

Mais revenons en 1843...
Ce match entre Saint-Amant et Staunton s'est joué au Cercle des Échecs, club privé situé au 1er étage de l'ancien Café de la Régence, alors situé place du Palais-Royal.
Le tout venant jouait aux échecs au rez-de-chaussée dans le café, et les membres du Cercle des échecs jouait au premier étage.

Le Palamède - Novembre 1843

M. Staunton est arrivé à Paris le 9 de ce mois avec M. Worrell, un de ses témoins; son second témoin, M.H. Wilson, retardé par les éléments, est attendu à chaque instant.
Il sera suppléé provisoirement par M.Bryan.
De son côté M. Saint-Amant a désigné pour ses témoins MM. Sasias et Lécrivain.
Les conditions du défi sont déjà réglées.
Quatre séances auront lieu par semaine, les mardi, jeudi, samedi et dimanche ; elles commenceront à onze heures du matin.
Le Cercle des Échecs a déjà subi les changements matériels nécessités par cette solennité.
Mardi, 14 novembre - La foule encombre les salons du Cercle; le plus grand silence est réclamé.
La partie vient de commencer...

jeudi 4 octobre 2018

Les mystères du Café de la Régence - numéro 2

Après la table de Bonaparte (mystère numéro 1), je viens de compléter la page sur les "mystères" du Café de la Régence.

Voici le mystère numéro 2 : Existe-t-il encore un témoin du Café de la Régence ?

Plus le temps passe et plus la réponse à cette question sera hélas certaine.

Je remercie M.Georges Gandolfo qui a accepté de répondre à quelques questions que je lui ai posées.
A l'heure actuelle, il est la dernière personne que je connaisse à avoir eu la chance de mettre les pieds au moins une fois dans sa vie au Café de la Régence.


Georges Gandolfo opposé à un jeune adversaire.
Photo du blog du Canal Saint-Martin (2017)

mardi 2 octobre 2018

Les mystères du Café de la Régence - numéro 1

Vous pouvez remarquer en haut à droite de ce blog l'arrivée d'un nouvel onglet "Les mystères du Café de la Régence".


Sur une proposition d'Etienne Cornil, j'y regrouperai mes interrogations au sujet du Café de la Régence.
J'espère obtenir un jour des réponses à toutes ces questions...

Et je commence par la fameuse table de Bonaparte. Où se trouve-t-elle ?