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Mise à jour du jeudi 6 octobre 2022 : pour compléter cet article vous pouvez également lire celui-ci.
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Suite des articles découverts par Dominique Thimognier.
Le contexte historique de cette simultanée à la Régence est important, car 1933 est une année tragique pour Emanuel Lasker.
Hitler accède au pouvoir en début d’année 1933, et lance très rapidement une campagne d’intimidation et de discrimination envers les juifs, les dépossédant de leurs biens et les privant de leur nationalité. Ceci pousse Lasker et sa femme Martha à l’exil.
Cela faisait près de 10 ans qu’il ne jouait plus aux échecs à haut niveau (il a 65 ans en 1933), et ce retour aux échecs est probablement lié à une nécessité économique suite à son départ d’Allemagne.
Le journal Comoedia publie, le mercredi 22 mars 1933, un article signé Tartakover au sujet de la simultanée donnée quelques jours auparavant par Lasker au Café de la Régence.
Ce texte permet de répondre partiellement au mystère numéro 5 sur le Café de la Régence.
Oui il existe bien au minimum un film à l’intérieur du Café de la Régence. Celui-ci concerne justement la simultanée de Lasker. Après il reste à trouver ce film…
Ensuite nous apprenons que la simultanée a été couverte par de nombreux journalistes étrangers.
Il est raisonnable d’imaginer que des photos ont été prises et publiées dans la presse étrangère.
Il reste également à les trouver…
Jeu ou Science
Combats de fous, tours et dames
Le fameux Lasker montre au Café de la Régence, contre trente adversaires, sa maitrise.
Par Tartakover
« Victoire des blancs. La séance continue… » Telle est à peu près la formule sous laquelle se déroula la mémorable séance d’échecs que l’ex-champion du monde, Dr Emanuel Lasker, a donné samedi au « Café de la Régence » qui est – depuis plus de deux siècles ! – le temple reconnu du noble art des échecs.
Pendant plus de cinq heures (sans compter les petites interruptions de la séance pour le filmage, etc.), le maître se promena d’un échiquier à l’autre – toujours souriant et fumant sans cesse ses cigares « Voltigeurs » - avant que le résultat final put être énoncé : 22 gains, 3 nullités et 5 défaites, ce qui démontre, du reste, que le niveau de force des joueurs parisiens est très haut.
La consultation fut permise. Dans beaucoup de parties, l’ex-champion fit surtout valoir sa maitrise – si redoutée ! – pour les fins de partie : mais quelquefois les rôles furent changés et ainsi, par exemple, sur l’un des échiquiers, ce sympathique directeur des Cahiers de l’Échiquier Français, M. F. Le Lionnais, put annoncer à l’ex-champion au 52ème coup un mat en trois coups !
C’est aussi dire que la plupart des échiquiers furent tenus par des joueurs accomplis. Toute l’exhibition, - assistée d’à peu près 800 spectateurs enthousiasmés -, se déroula sous le signe de cette haute sportivité qui est surtout propre au jeu des échecs.
Chaque résultat fut promulgué à haute voix sous les applaudissements des spectateurs par le directeur technique de la séance, l’ex-champion de Paris, M. A. Baratz, tandis que l’orchestre du « Café de la Régence » dirigé par ce fameux virtuose, M. Paul Dony, entonnait sa belle musique.
Dans cette foule de joueurs et spectateurs l’élément féminin se laissait aussi constater et cela non seulement comme spectatrices charmantes (parmi lesquelles citons la Présidente du Club d’Echecs féminin de Paris, Mme d’Autremont ; puis Mmes A. Alekhine et E. Znosko-Borowsky), mais aussi comme des joueuses pleines de courage. Ce courage fut aussi couronné du succès chez la championne italienne, Mme C. Tonini. Une autre jeune dame qui promet beaucoup est Mlle Germaine Simonnot.
Journalistes de Paris et correspondant pour l’étranger (Suisse, Belgique, Hollande, Espagne, etc.) : photographes, dessinateurs, interviewers, chercheurs d’autographes – tous réunis dans leur amour et leur admiration pour la science échiquéenne ! – tels étaient les éléments vivaces (et même vivifiants !) qui complétaient la multitude dans cette réunion curieuse, vouée à un sport, plein de « sacrifices ».
A la fin de la séance, un représentant du « Comité des Amis du Café de la Régence » félicita, non seulement le Dr Lasker pour sa décision de reprendre sa glorieuse carrière d’échecs, mais aussi le propriétaires du café, l’initiatif M. Octave Brun, pour son effort de rendre aux Echecs Parisiens leur ancienne splendeur, quand, en effet, Paris représentait le centre mondial pour les jeu des échecs.
Tartakover
Maître des Échecs
Photo François Le Lionnais vers 1935 1940.
Photo Alice Tonini (provient du site http://heritageechecsfra.free.fr/)
source: Storia degli scacchi in Italia - Chicco & Rosino (1990)
La Méga Database de Chessbase contient une partie datant de 1933 jouée par Lasker en simultanée contre A.Tonini et F.Le Lionnais en association.
Le lieu n’est pas mentionné.
S’agit-il de la partie jouée au Café de la Régence ?
C’est possible car celle-ci s’arrête au 50ème coup et l’ordinateur annonce un mat en quelques coups, ce qui est cohérent avec l’annonce du mat en 3 coups par le Lionnais dans l’article.
Voici la partie
Le contexte historique de cette simultanée à la Régence est important, car 1933 est une année tragique pour Emanuel Lasker.
Hitler accède au pouvoir en début d’année 1933, et lance très rapidement une campagne d’intimidation et de discrimination envers les juifs, les dépossédant de leurs biens et les privant de leur nationalité. Ceci pousse Lasker et sa femme Martha à l’exil.
Cela faisait près de 10 ans qu’il ne jouait plus aux échecs à haut niveau (il a 65 ans en 1933), et ce retour aux échecs est probablement lié à une nécessité économique suite à son départ d’Allemagne.
Le journal Comoedia publie, le mercredi 22 mars 1933, un article signé Tartakover au sujet de la simultanée donnée quelques jours auparavant par Lasker au Café de la Régence.
Ce texte permet de répondre partiellement au mystère numéro 5 sur le Café de la Régence.
Oui il existe bien au minimum un film à l’intérieur du Café de la Régence. Celui-ci concerne justement la simultanée de Lasker. Après il reste à trouver ce film…
Ensuite nous apprenons que la simultanée a été couverte par de nombreux journalistes étrangers.
Il est raisonnable d’imaginer que des photos ont été prises et publiées dans la presse étrangère.
Il reste également à les trouver…
Jeu ou Science
Combats de fous, tours et dames
Le fameux Lasker montre au Café de la Régence, contre trente adversaires, sa maitrise.
Par Tartakover
« Victoire des blancs. La séance continue… » Telle est à peu près la formule sous laquelle se déroula la mémorable séance d’échecs que l’ex-champion du monde, Dr Emanuel Lasker, a donné samedi au « Café de la Régence » qui est – depuis plus de deux siècles ! – le temple reconnu du noble art des échecs.
Pendant plus de cinq heures (sans compter les petites interruptions de la séance pour le filmage, etc.), le maître se promena d’un échiquier à l’autre – toujours souriant et fumant sans cesse ses cigares « Voltigeurs » - avant que le résultat final put être énoncé : 22 gains, 3 nullités et 5 défaites, ce qui démontre, du reste, que le niveau de force des joueurs parisiens est très haut.
La consultation fut permise. Dans beaucoup de parties, l’ex-champion fit surtout valoir sa maitrise – si redoutée ! – pour les fins de partie : mais quelquefois les rôles furent changés et ainsi, par exemple, sur l’un des échiquiers, ce sympathique directeur des Cahiers de l’Échiquier Français, M. F. Le Lionnais, put annoncer à l’ex-champion au 52ème coup un mat en trois coups !
C’est aussi dire que la plupart des échiquiers furent tenus par des joueurs accomplis. Toute l’exhibition, - assistée d’à peu près 800 spectateurs enthousiasmés -, se déroula sous le signe de cette haute sportivité qui est surtout propre au jeu des échecs.
Chaque résultat fut promulgué à haute voix sous les applaudissements des spectateurs par le directeur technique de la séance, l’ex-champion de Paris, M. A. Baratz, tandis que l’orchestre du « Café de la Régence » dirigé par ce fameux virtuose, M. Paul Dony, entonnait sa belle musique.
Dans cette foule de joueurs et spectateurs l’élément féminin se laissait aussi constater et cela non seulement comme spectatrices charmantes (parmi lesquelles citons la Présidente du Club d’Echecs féminin de Paris, Mme d’Autremont ; puis Mmes A. Alekhine et E. Znosko-Borowsky), mais aussi comme des joueuses pleines de courage. Ce courage fut aussi couronné du succès chez la championne italienne, Mme C. Tonini. Une autre jeune dame qui promet beaucoup est Mlle Germaine Simonnot.
Journalistes de Paris et correspondant pour l’étranger (Suisse, Belgique, Hollande, Espagne, etc.) : photographes, dessinateurs, interviewers, chercheurs d’autographes – tous réunis dans leur amour et leur admiration pour la science échiquéenne ! – tels étaient les éléments vivaces (et même vivifiants !) qui complétaient la multitude dans cette réunion curieuse, vouée à un sport, plein de « sacrifices ».
A la fin de la séance, un représentant du « Comité des Amis du Café de la Régence » félicita, non seulement le Dr Lasker pour sa décision de reprendre sa glorieuse carrière d’échecs, mais aussi le propriétaires du café, l’initiatif M. Octave Brun, pour son effort de rendre aux Echecs Parisiens leur ancienne splendeur, quand, en effet, Paris représentait le centre mondial pour les jeu des échecs.
Tartakover
Maître des Échecs
Photo François Le Lionnais vers 1935 1940.
Photo Alice Tonini (provient du site http://heritageechecsfra.free.fr/)
source: Storia degli scacchi in Italia - Chicco & Rosino (1990)
La Méga Database de Chessbase contient une partie datant de 1933 jouée par Lasker en simultanée contre A.Tonini et F.Le Lionnais en association.
Le lieu n’est pas mentionné.
S’agit-il de la partie jouée au Café de la Régence ?
C’est possible car celle-ci s’arrête au 50ème coup et l’ordinateur annonce un mat en quelques coups, ce qui est cohérent avec l’annonce du mat en 3 coups par le Lionnais dans l’article.
Voici la partie
[Event "Lasker Emanuel sim"]
[Site "Paris"]
[Date "1933.??.??"]
[Round "?"]
[White "Lasker, Emanuel"]
[Black "Tonini,Mme/Le Lionnais,F"]
[Result "0-1"]
[ECO "B22"]
[PlyCount "99"]
[EventDate "1933.??.??"]
[EventType "simul"]
[EventRounds "1"]
[EventCountry "FRA"]
[Source "ChessBase"]
[SourceDate "2000.11.22"]
1. e4 c5 2. Nf3 Nc6 3. c3 e6 4. d4 d5 5. exd5 exd5 6. Be3 c4 7. Nbd2 Be6 8. Ng5
Nf6 9. Be2 Bd6 10. f4 O-O 11. O-O Qe7 12. Bf3 Bf5 13. Re1 Qc7 14. g4 Bxg4 15.
Bxg4 Bxf4 16. Qf3 Bxh2+ 17. Kg2 Rfe8 18. Nh3 Nxg4 19. Qxg4 Ne7 20. Bf4 Bxf4 21.
Nxf4 Rad8 22. Nf3 Qd7 23. Qxd7 Rxd7 24. Re2 f6 25. Rae1 Kf7 26. Ne6 Rc8 27. Nc5
Rdc7 28. Nd2 b6 29. Ne6 Rd7 30. Nf1 Nf5 31. Nf4 g5 32. Nh3 Re7 33. Rxe7+ Nxe7
34. Ne3 Rc6 35. Ng1 Re6 36. Nf3 Kg6 37. Kf2 h5 38. Rg1 g4 39. Ng2 Kh6 40. Nd2
Kg5 41. Re1 Rxe1 42. Nxe1 f5 43. Nf1 f4 44. Nd2 h4 45. Nc2 h3 46. Ne1 g3+ 47.
Kg1 Kg4 48. Nef3 Ng6 49. Ne5+ Nxe5 50. dxe5 0-1
"Cela faisait près de 10 ans qu’il ne jouait plus aux échecs à haut niveau (il a 65 ans en 1933), et ce retour aux échecs est probablement lié à une nécessité économique suite à son départ d’Allemagne."
RépondreSupprimerEntre au moins 1930 (et sans doute un peu avant) et 1933, Lasker se consacre presque entièrement au bridge, le jeu à la mode aux USA depuis 1929. Il était professeur, ayant reçu un diplôme pour enseigner de la part d'Ely Culbertson, l'expert américain du bridge (diplôme donné sans examen (!), à cause de la notoriété de Lasker, que Culbertson admirait pour son talent aux échecs) A l'avènement d'Hitler en 1933, sa source de revenus lié au bridge s'est de suite tarie.
En 1931, Lasker publia un livre sur le Bridge à Berlin. Mais malgré tous ses efforts, Lasker demeura toute sa vie un faible joueur de bridge. Un livre biographique sur Lasker va paraitre en 2020, un chapitre sera consacré à Lasker au bridge.