Avant la lecture du texte
principal de cet article il me semble intéressant de donner quelques précisions
sur les termes « café » et « estaminet » dans le sens du 19ème
siècle.
Actuellement j’ai l’impression
que ces mots sont utilisés indifféremment pour désigner un débit de boissons de
type « café » justement.
Sur la gravure ci-dessous (tableau
de Paris - Edmond Texier 1852 / 1853 - Source Gallica)
on aperçoit les deux termes au-dessus du Café de la Régence, avec
à gauche « estaminet » et à droite « café ».
Un lecteur de ce blog, que je
remercie m’a communiqué les précisions suivantes.
Le Cercle des échecs se
trouvaient au 1er étage de "l’ancien" Café de la Régence :
C’est dans le Stamford’s Guide to Paris
(1865) que j’ai appris qu’il n’était pas d’usage de fumer dans un café, mais
que cela était permis dans un « estaminet, » c’est-à-dire fumeur. On peut
supposer que l’estaminet aurait sa propre porte d’entrée extérieure. Il semble
donc que les multiples salles du Café de la Régence contenaient un café, un
estaminet et le salon du Cercle. (…)
(…)
J’ai lu à la page 18 de l’introduction dans Galignani’s New Guide to Paris…(1842)
que les cafés [de Paris] sont fréquentés par les dames aussi bien que les
messieurs, à l’exception des cafés où le mot ‘estaminet’ est indiqué, dans
lesquels il est permis de fumer. (source Google Book)
Et maintenant le texte sur l’histoire
des cafés à Paris
L’intermédiaire des chercheurs et
des curieux – Juillet 1898 (Source Gallica)
Schahalbeddin ben, auteur du
XVème siècle, attribue à Gemaleddin, muphti d’Aden, l’introduction de l’usage
du café en Arabie.
Dans un voyage en Perse ce
Gemaleddin avait vu boire de cette liqueur. De retour dans son pays et se
trouvant indisposé, il voulut essayer de la boisson persane et constata qu’elle
guérissait de la céphalalgie et prévenait la somnolence. Il en
recommanda aussitôt l’usage aux derviches.
Les lettrés et les hommes de loi,
d’abord, les négociants et les artisans, ensuite, ceux surtout qui avaient à
travailler la nuit imitèrent les derviches. L’emploi en devint général à Aden
d’où il s’étendit, de proche en proche, jusqu’à la Mecque. Les habitants
de cette ville devinrent tellement enthousiastes du noir breuvage qu’ils
prirent l’habitude d’aller le boire publiquement dans des maisons établies à
cet effet.
Ils les dénommèrent cafés, et y
passèrent désormais leur temps à se divertir et à jouer. Ceux de Médine, du
Caire, etc…imitèrent les adennois.
En 1554, cette boisson fut
introduite à Constantinople par deux arabes. Ils ouvrirent deux établissements
élégamment décorés qui devinrent le rendez-vous des poètes, des littérateurs et
des désœuvrés qui venaient s’y désennuyer. On croit que, parmi les occidentaux,
les Vénitiens furent les premiers à faire usage du café, vers 1615.
Il fut connu à Marseille dès 1644
et à Paris en 1657, mais son usage ne commença à se répandre qu’en 1667, pour
devenir général vers 1671.
D’après Dulaure, ce fut Soliman
Aga, ambassadeur de la Porte auprès de Louis XIV, qui introduisit le café à
Paris. Puis vint un arménien nommé Pascal, qui établit un café à la foire Saint-Germain.
Le temps de la foire écoulé, il
se transporta au quai de l’Ecole où les amateurs le suivirent. Son succès,
cependant, ne dut pas être considérable car il partit pour Londres où il
installa un coffee-house.
La mode du café commençait à
passer chez nous, lorsqu’un Sicilien, nommé François Procope, le remit en vigueur.
A l’exemple de Pascal, il s’établit d’abord à la foire Saint-Germain,
orna magnifiquement sa boutique, attira beaucoup de monde par la bonne qualité
du café qu’il servait ; puis, vers l’an 1689, il fixa sa demeure et ouvrit
son café dans la rue des Fossés-Saint-Germain, en face du théâtre de la Comédie-Française. Ce
voisinage y attira plusieurs auteurs dramatiques et autres gens de
lettres : il devient le café le plus célèbre de Paris.
Le succès de Procope fit naître
plusieurs établissements de ce genre. Le café de la Régence, situé sur la place
du Palais Royal, obtint une grande célébrité, surtout à cause des joueurs
d’échecs qui le fréquentaient.
Ces lieux de réunion se
multiplièrent, et, sous le règne de Louis XV, on en comptait plus de six cents
à Paris. « On fait aujourd’hui (au temps où Dulaure écrivait) monter ce
nombre à près de trois mille ».
« Quoique plus élégamment
décorés, plus commodes et plus agréables, si l’on en excepte un petit nombre,
ils sont moins fréquentés qu’autrefois, et les gens de lettres ne s’y rendent
plus pour y juger les nouveaux ouvrages de littérature. »
On estime de nos jours le nombre
de cafés existant à Paris à plus de douze mille.
Ajoutons que leur nombre va
diminuant chaque jour, non pas que les cafés disparaissent, mais parce qu’ils
se démocratisent en se transformant en brasseries, comme cela a eu lieu pour
les cafés les plus élégants du boulevard : Riche, Véron, Mazarin,
Madrid…et autres.
EFFEM
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