Ici j'en fais mention du chapitre 15 de mon livre, et un peu avant j'avais reproduit le texte du factum d'expropriation, véritable inventaire du café de la Régence.
La Révolution de 1848 a peut-être facilité le mouvement avec la destruction du Château d'Eau de la place du Palais-Royal. Voir ici à quoi ressemble la place en 1849.
En tout cas, en 1853 c'est une bataille judiciaire qui se termine pour le propriétaire des lieux, Claude Vielle.
A noter que dans l'article il est indiqué :
Au Café de la Régence s’engagèrent ces parties jouées pendant des mois entiers par un joueur résidant à Londres et par un autre joueur demeurant à Paris.
Il s'agit très probablement des deux parties par correspondance engagées entre Paris et Londres et débutées en 1834 au Cercle des Panoramas (et non au Café de la Régence). Ce n'est pas "un joueur" mais un groupe de joueurs qui étaient concernés par cette partie.
Source Gallica.
Le Nouvelliste, quotidien politique, littéraire, industriel et commercial
25 août 1853
Chronique judiciaire
Prolongation des arcades de la rue de Rivoli – Le Café de la Régence
Le jury d’expropriation a rendu samedi sa décision dans la quatrième catégorie des propriétés nécessaires à la prolongation des arcades de la rue de Rivoli.
L’un des plus anciens et des plus curieux établissements de la capitale va disparaitre, c’est le café de la Régence, dans lequel se réunissent chaque jour les personnes qui font leurs délices du jeu d’échecs. En 1718, c’était un modeste café, qui emprunta son enseigne au pouvoir nouveau, représenté par le duc d’Orléans. Pendant ce temps-là Philidor naissait. Ce fut en 1776 que l’établissement, à l’aise dans la maison reconstruite, prit ce développement qui ne s’est jamais arrêté. Là se rendait presque chaque jour l’auteur de Blaise le Savetier et du Sorcier, l’auteur de l’Analyse des Échecs ; il venait s’asseoir au milieu de ses nombreux admirateurs, qui disaient de lui en l’entendant débiter de vulgaires propos : « Voyez cet homme-là : il n’a pas le sens commun, c’est tout génie ! ».
Au Café de la Régence s’engagèrent ces parties jouées pendant des mois entiers par un joueur résidant à Londres et par un autre joueur demeurant à Paris.
Le propriétaire du café de la Régence refusait les offres de la Ville. Celle-ci lui disait : « Voici 60.000 fr. pour votre dérangement. Je vais vous donner un asile au coin de la rue de Rohan, et dans quinze mois je m’engage à vous rendre sur la place du Palais-Royal, désormais plus brillante et plus belle que jamais, un espace de trois arcades, dans lequel vous pourrez vous étendre à l’aise. C’est à peine si vous aurez le temps de vous apercevoir du déplacement. L’asile héréditaire de votre gloire vous sera bientôt rendu, et vous y aurez au même prix qu’aujourd’hui pendant douze ans, durée de votre bail, une location d’une valeur double. »
Le propriétaire du café de la Régence répondait qu’il ne pouvait accepter une pareille situation. Un changement pendant dix-huit mois, c’était sa ruine. Il posait même des conclusions par lesquelles il demandait acte de l’engagement par lui pris de ne jamais rétablir le café de la Régence. Sur l’opposition de Me Picard, avoué de la Ville, qui persistait dans ses offres, M. Lagrenée, magistrat-directeur du jury, a déclaré qu’il ne pouvait donner acte de pareilles conclusions. M. Vielle, propriétaire de l’établissement, a soutenu que la demande de 300.000 fr. qu’il faisait en réponse à l’offre de 60.000 fr. était insuffisante et ne le couvrirait pas de ses pertes.
Le jury lui a alloué 140.000 fr.