samedi 30 septembre 2023

Prémices d’une fédération des joueurs d’échecs Français

2 octobre 2023 : Suite à la publication de cette article, M. Philippe Bodard a remarqué qu’il y avait une erreur dans le prénom de Casimir Sanson que je cite abondamment. Le prénom que Sanson utilisait était Casimir et non Camille comme je l'avais écrit par erreur. J’ai donc corrigé ceci dans l’article.
Mais ce n’est pas tout ! Merci à Philippe Bodard pour sa recherche généalogique au sujet de Casimir Sanson. Ceci fait l’objet de l’article suivant.

 
En mars 2021, à l’occasion du centenaire de la création de la Fédération Française des Échecs, j’ai donné une conférence intitulée « Le jeu d’échecs en France avant la Fédération Française des Échecs ».
Sujet assez vaste dont certains aspects ont été seulement effleurés, et sur lesquels je vais revenir plus en détail. 
Ce premier article concerne « les intentions » de créer une association de joueurs d’échecs en France.
Il sera suivi par un autre avec des aspects un peu plus concrets.
 
Le livre du tournoi de l'Empereur
 
La plus ancienne trace matérialisée que j’ai retrouvée à ce sujet se trouve dans le livre du Congrès international des Échecs, Compte rendu du Congrès de 1867.

Ce tournoi de 1867 est le premier tournoi international joué en France. Georges Bertola a signé un très bel article à ce sujet pour Europe Échecs. Rappelons qu'en 1855, malgré tous les efforts de Jules Arnous de Rivière, il n’y avait pas eu de tournoi pour la première Exposition Universelle de Paris, projet largement torpillé par Saint-Amant.
 

Mais revenons au livre du congrès de 1867. Dans son avant propos (page iv), le secrétaire de la Commission du tournoi, Alphonse Féry d’Esclands, écrit, en date du 15 novembre 1868 :

« Nous terminons en laissant la parole à M. A. de Rivière, et en exprimant le vœu de voir s’établir à Paris une association semblable à celle qui s’est formée à Londres sous le titre de British chess association, et à qui la science du jeu des Échecs est redevable de si précieux encouragements. »

Quelques mois plus tard, cette idée est reprise par Casimir Sanson, initiateur des éphémères revues échiquéennes « Le Philidorien » puis « L’échiquier ».

La Stratégie - août 1874

Voici un article publicitaire au sujet de « L’Échiquier » paru dans le journal « Le Siècle » du 13 août 1869.


En novembre 1869, Casimir Sanson lance l’idée d’un regroupement des joueurs d’échecs Français.
Par exemple dans le journal « La France » du 20 novembre 1869 ou le journal « La Liberté » du 21 novembre 1869. L’objectif de Sanson est assez modeste pour démarrer : 100 adhésions. Retenez bien ce nombre.
 
La France - 20 novembre 1869 - Retronews

« L’union fait la force. Aussi est-il sérieusement question de créer en France une association des joueurs d’échecs. Voici quelques détails sur le plan projeté :
Les adhésions provisoires seront reçues au bureau du journal L’Échiquier, 19 avenue d’Orléans (Montrouge).
Elles ne deviendront définitives que lorsque le nombre des adhérents sera arrivé à cent.
(…)
Les ressources de l’association seront affectées à l’établissement de prix pour les vainqueurs du tournoi annuel, qui aura lieu à l’époque de l’assemblée générale (…) »


Le journal satirique Le Charivari ironise en jouant avec le double sens du mot « échecs ».
Le Charivari du 29 décembre 1869 (Retronews)
 

« Le grand Off annonçait dans un numéro récent une association française de joueurs d’échecs ayant pour but d’assurer la prospérité des échecs en France.
La prospérité des échecs en France est un fait depuis longtemps accompli, à preuve
L’expédition mexicaine
L’agrandissement de la Prusse
La démission de M. Seguier
L’interpellation des cent-seize
Le fiasco des blouses blanches, etc., etc., etc. »


Sanson semble y croire et le journal « Le Siècle » publie une autre annonce le 30 janvier 1870.
 

N’ayant malheureusement pas pu consulter la revue « L’Échiquier » de l’époque, j’ignore comment Casimir Sanson y rapporte les choses (Gallica ne propose que le 1er numéro).
Fait-il un suivi des adhésions par exemple ?
Si quelqu’un possède cette revue, je suis intéressé de savoir ce qu’on y trouve au sujet de cette « association française des joueurs d’échecs ». Je n’ai pas trouvé de mention de ce projet après janvier 1870.

Casimir Sanson décède deux ans plus tard en août 1873 (je n’ai pas trouvé d’autres informations à son sujet). 
 
Sa très belle collection de livres d’échecs est mise en vente.
Journal Officiel du 6 septembre 1873 - Retronews


« La Stratégie » reprend cette idée d’association de joueurs d’échecs Français dans son numéro d’avril 1874. Voici quelques extraits de l’article qui présente même une ébauche de statuts d’une Association française des joueurs d’Échecs. 
 
La Stratégie - Avril 1874 - Première page de l'article

« Un fait indiscutable à l’heure qu’il présente, c’est que le goût des Échecs semble renaitre en France et que le nombre des amateurs augmente tous les jours à Paris et dans les villes de province. (…) »

Un peu plus loin l’auteur de l’article (signé E.N. , Ernest Nivernais chroniqueur pour La Stratégie, ainsi que plus loin par Jean Préti, fondateur de La Stratégie) écrit :

« (…) Le noyau de l’association est du reste déjà formé et promet d’espérer, par sa composition, un arbre vigoureux et touffu dont les rameaux s’étendront peu à peu dans toutes les parties de la France où l’on sait distinguer un pion d’une quille (…) ».

Mais l’objectif reste modeste, ainsi après l’objectif de 100 adhésions par Casimir Sanson, Ernest Nivernais vise 50 inscriptions…


« (…) Le projet de statuts dont nous donnons l’ébauche, ne sera rédigé définitivement qu’après avoir été discuté et amendé, lorsque le nombre des membres inscrits aura atteint le chiffre de cinquante (…) ».

« (…) Les adhésions pourront être envoyées dès à présent au directeur de la Stratégie de manière à ce que le prochain numéro du journal puisse contenir un compte rendu sommaire de ce qui aura été réalisé ».


 
La Stratégie - Avril 1874
 
 
 
Je me précipite donc pour consulter les numéros suivants de La Stratégie
 
En mai 1874, il est indiqué que le nombre d’adhérents est déjà suffisant !

En juillet 1874, une liste d’adhérents est publiée avec quelques noms de joueurs d’échecs Français de l’époque bien connus.
 
 
 
 
 
 
 
 
 

On retrouve par exemple dans cette liste Jules Arnous de Rivière, Eugène Le Quesne le sculpteur de la Bonne Mère de Marseille et bon joueur d'échecs, Préti père et fils, Albert Clerc à Aix, Bavoux de Besançon, très actif pour le jeu par correspondance en France dans les années 1880 etc.
 
Le démarrage est encourageant, on peut voir des noms un peu partout en France. 
Puis plus rien…C'était un coup d'épée dans l'eau...
La suite, quelques années plus tard dans un article à venir.

vendredi 15 septembre 2023

Le coin du collectionneur : le numéro particulier du British Chess Magazine de janvier 1888

Voici le support de la dernière présentation de l'assemblée générale de CH&LS à Belfort du samedi 2 septembre dernier.
Henri Serruys (Belgique) présente le numéro très particulier du BCM (British Chess Magazine) de janvier 1888.
 
Henri Serruys

Extrait de la présentation de l'assemblée générale du samedi 2 septembre.
En Allemand sur le site de ChessBase, par Herbert Bastian.

Henri a présenté une caractéristique curieuse du numéro de janvier 1888 de la BCM.

En fait ce numéro du BCM a été imprimé à deux reprises avec des maquettes légèrement différentes, par deux imprimeurs différents.

Le coin du collectionneur : Jeu de dames et Académie des jeux

L'Assemblée générale de CH&LS a été conclue par deux présentations de livres de collectionneurs.
Tout d'abord avec Jurgen Stigter (Pays-Bas) et l'Académie des jeux.
 

Extrait de la présentation de l'assemblée générale du samedi 2 septembre.
En Allemand sur le site de ChessBase, par Herbert Bastian. 

Une journée passionnante à la bibliothèque municipale s'est achevée par un exposé du Dr Jurgen Stigter sur les ouvrages classiques consacrés aux jeux populaires de l'époque, (...).

Jurgen a utilisé l'exemple des dames pour montrer qu'il n'est pas toujours possible de tirer des conclusions fiables sur la diffusion du jeu à partir du contenu des livres, car les dames, bien qu'étant un jeu populaire, ne sont pas mentionnées dans certains d'entre eux.
 
 

Le manuscrit de Chapais

Herbert Bastian (Allemagne) consacre une bonne partie de son temps libre à l'étude du manuscrit de Chapais, manuscrit révolutionnaire pour le jeu d'échecs en son temps.
 
Herbert Bastian

Extrait de la présentation de l'assemblée générale du samedi 2 septembre.
En Allemand sur le site de ChessBase, par Herbert Bastian.

J'ai ensuite eu l'honneur de présenter l'état de la recherche sur le manuscrit de Chapais, la contribution la plus importante de Mennerat à l'histoire des échecs. L'importance de ce travail pour l'histoire des échecs est désormais bien comprise et sera décrite dans le livre que je lui consacrerai prochainement.

Chapais a inventé le concept d'opposition, qui est extrêmement important pour la théorie de la fin de partie, et a été le premier à utiliser le mouvement multifonctionnel du roi (comme je l'appelle) dans toute une série d'exemples, qui ne sont devenus généralement connus que par la célèbre étude de Réti de 1921. Chapais a été le premier à étudier la fin de partie roi et deux cavaliers contre roi et pion, qu'Alexei Troitsky (*1866-+1942) a utilisé plus tard comme modèle, et a probablement communiqué avec André Danican Philidor (*1726-+1795) au sujet de la fin de partie roi, tour et fou contre roi et tour.

Mes investigations de diverses natures ont utilisé une variété d'indices indiquant que Chapais pourrait être un pseudonyme et qu'en fait le célèbre mathématicien français Gaspard Monge (*1746-+1818) se cache derrière celui-ci. Même s'il n'y a pas de preuve à 100%, le poids des indices circonstanciés est, à mon avis, écrasant.
 
 

Folke Rogard, Président de la FIDE – l'avocat organisateur des échecs dans l'ombre de la guerre froide

Voici le support de la présentation de M.Henrik Lindberg (Suède) lors de l'assemblée générale de l'association CH&LS à Belfort.
 
Henrik Lindberg

Extrait de la présentation de l'assemblée générale du samedi 2 septembre.
En Allemand sur le site de ChessBase, par Herbert Bastian.

Henrik Lindberg, professeur assistant d'histoire économique à Stockholm, a présenté un exposé extrêmement intéressant sur la vie du Suédois Folke Røgard (*1899-+1973), avocat et président de la FIDE de 1949 à 1970.

Ceux qui s'intéressent à l'histoire des échecs pendant la guerre froide peuvent d'ores et déjà se réjouir de la publication, que l'on espère imminente, du livre d'Henrik, comme l'indique le titre de la conférence : Folke Røgard : organisateur du jeu d'échecs mondial moderne dans l'ombre de la guerre froide. Røgard était une personnalité bien connue et a fait les gros titres, entre autres, en tant qu'avocat de la célèbre actrice suédoise Ingrid Bergman (*1915-+1982), que l'on a pu voir dans le film Casablanca de 1942 aux côtés d'Humphrey Bogart (*1899-+1957), par ailleurs également passionné d'échecs.

Røgard a lancé le cycle des championnats du monde de la FIDE lorsque le premier tournoi interzonal s'est déroulé à Saltsjöbaden, en Suède (1948). Grâce à ses bons contacts de part et d'autre, il a également réussi à plusieurs reprises à rapprocher l'Union soviétique et les États-Unis, par exemple en préparant le match bilatéral de 1955.
 
C'est là que Folke commence sa carrière d'organisateur, lui qui s'appelle encore Folke Rosengren. Il commence à organiser des parties d'échecs à l'université. Il crée un club appelé Association d'échecs de l'université de Stockholm, qui cherche bientôt à devenir membre de la Fédération d'échecs de Stockholm. Il suit une formation d'avocat et excelle dans l'organisation d'avocats, ce qui lui permet de représenter le syndicat des étudiants de l'université à Turku et à Uppsala, entre autres.


 
Que dire de la relation entre Rogard et Fischer ? Tout d'abord, nous pouvons affirmer que Rogard est entré très tôt en contact avec Fischer. Dès le début de l'année 1957, il reçoit des rapports de Herman Helms et d'autres amis américains du monde des échecs sur la star des États-Unis. C'est alors que Mama Regina fait son apparition.

jeudi 7 septembre 2023

Les livres rares du fonds Jean Mennerat

Voici le support de la première conférence qui a eu lieu samedi dernier 2 septembre lors de l'assemblée générale de l'association CH&LS à Belfort.

La présentation a été donnée par Mme Clémence Tariol, conservatrice du fonds Mennerat à la bibliothèque Léon Deubel à Belfort.
 
Clémence Tariol durant sa présentation

Après cette très riche présentation, les différents livres rares ont été présentés en consultation.
 


mercredi 6 septembre 2023

Assemblée générale de l'association CH&LS et conférences à Belfort

L'année dernière l'assemblée générale de l'association CH&LS ("Chess History and Literature Society") avait eu lieu à Marostica. Cette année c'est à Belfort que nous sommes allés, car Belfort a la particularité d'avoir la plus grande collection de livres d'échecs en France (et l'un des plus grandes au monde), il s'agit du fonds Mennerat dont j'ai déjà parlé sur ce blog.
 
 
Voici un article rédigé par Herbert Bastian pour ChessBase que j'ai traduit en français.
Lien avec ChessBase (en Allemand).
Je publierai prochainement les différents supports des intervenants à Belfort.
 
Réunion annuelle de la CH&LS à Belfort - Par Herbert Bastian

Le 2 septembre, les membres de la Chess History and Literature Society (anciennement Ken Whyld Association, KWA) se sont réunis pour leur réunion annuelle à Belfort, en France, l'un des endroits les plus magiques pour les historiens des échecs. La bibliothèque municipale de Belfort administre le fonds du Dr Jean Mennerat (*1917-+2007), le plus grand collectionneur français de littérature échiquéenne. Au cours de sa vie, Mennerat a rassemblé environ 27 000 livres et 1 000 périodiques sur le jeu royal, qui sont maintenant conservés pour la postérité à Belfort.
 
Frank Hoffmeister - © Herbert Bastian
 
Frank Hoffmeister, qui a remplacé l'année dernière le Néerlandais Bob van de Velde à la présidence du CH&LS, a souhaité la bienvenue à la bibliothèque municipale. La conservatrice Clémence Tariol a ensuite présenté la collection Mennerat à l'aide d'une présentation PowerPoint. Mennerat a commencé à collectionner en 1936. La langue dominante des ouvrages de ce fonds est l'anglais, avec environ 6 000 titres, suivi d'environ 4 100 ouvrages en allemand. 
 
Il est surprenant de constater que "seulement" 8 % des ouvrages sont en français, mais également beaucoup en espagnol, en néerlandais et en slave. Des langues plus rares comme le suédois, l'hébreu, le maori et l'espéranto sont également représentées. La collection proprement dite se trouve ailleurs et n'a pas pu être visitée. Toutefois, les membres ont pu examiner une sélection de pièces particulièrement précieuses de la collection. 

Les trésors de la collection Mennerat sont examinés. De gauche à droite : Clémence Tariol (conservatrice) et un membre du personnel, Dr Hans Ellinger (Allemagne), Henri Serruys (Belgique), Dr Jurgen Stigter (Pays-Bas), Jean-Olivier Leconte (France). © Herbert Bastian

Un aperçu du livre rare de Gianutio (1597). © Herbert Bastian

Après Clémence Tariol, le Dr Harald Balló (*1955) a fait un exposé passionné et très personnel sur sa longue amitié avec Jean Mennerat et sur les éléments qui les unissaient au-delà de leur passion pour les livres d'échecs. 

Tous deux ont grandi à Wiesbaden, ont été mariés à une Française et ont eu chacun quatre enfants. En outre, Tassilo von Heydebrand und der Lasa, qui vécut longtemps à Wiesbaden, avait acquis en 1854 ou 1855 le manuscrit de Chapais datant d'environ 1780 et l'avait rapporté à la postérité. C'est Jean Mennerat qui l'a redécouvert pour la première fois à Kórnik vers 1990 et qui l'a fait connaître avec Harald Balló lors de la Conférence Lasa à Kórnik en 2002. Harald Balló l'a fait connaître sur son site web, qui vaut la peine d'être lu, et c'est là que j'en ai pris connaissance pour la première fois vers 2008.

Harald Balló et Jean Mennerat à Paris en 2001. (©Harald Balló) 
 
Mennerat était une personne très polyvalente qui a combattu dans la Résistance française contre les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Il était médecin de profession. Ses loisirs sont immortalisés dans son Ex Libris, comme l'explique Harald Balló.

L'ex-libris de Jean Mennerat

Le bâton d'Asclépios avec le serpent indique sa profession, l'échiquier le hobby dominant. Par ailleurs, le cœur de Mennerat bat pour l'aviation, et les champignons et la coquille d'escargot révèlent le gourmet.

Après avoir traité quelques points techniques tels que le rapport annuel (Hoffmeister), le site web (Leconte), les finances (Serruys) et la base de données ToBiblion (Skjoldager/Hoffmeister), nous avons entamé la pause de midi avec un repas partagé bien organisé.

L'événement suivant n'a pas tardé à se produire. Henrik Lindberg, professeur assistant d'histoire économique à Stockholm, a présenté un exposé extrêmement intéressant sur la vie du Suédois Folke Røgard (*1899-+1973), avocat et président de la FIDE de 1949 à 1970. 

Ceux qui s'intéressent à l'histoire des échecs pendant la guerre froide peuvent d'ores et déjà se réjouir de la publication, que l'on espère imminente, du livre d'Henrik, comme l'indique le titre de la conférence : Folke Røgard : organisateur du jeu d'échecs mondial moderne dans l'ombre de la guerre froide. Røgard était une personnalité bien connue et a fait les gros titres, entre autres, en tant qu'avocat de la célèbre actrice suédoise Ingrid Bergman (*1915-+1982), que l'on a pu voir dans le film Casablanca de 1942 aux côtés d'Humphrey Bogart (*1899-+1957), par ailleurs également passionné d'échecs. 

Røgard a lancé le cycle des championnats du monde de la FIDE lorsque le premier tournoi interzonal s'est déroulé à Saltsjöbaden, en Suède (1948). Grâce à ses bons contacts de part et d'autre, il a également réussi à plusieurs reprises à rapprocher l'Union soviétique et les États-Unis, par exemple en préparant le match bilatéral de 1955.

J'ai ensuite eu l'honneur de présenter l'état de la recherche sur le manuscrit de Chapais, la contribution la plus importante de Mennerat à l'histoire des échecs. L'importance de ce travail pour l'histoire des échecs est désormais bien comprise et sera décrite dans le livre que je lui consacrerai prochainement. 

Chapais a inventé le concept d'opposition, qui est extrêmement important pour la théorie de la fin de partie, et a été le premier à utiliser le mouvement multifonctionnel du roi (comme je l'appelle) dans toute une série d'exemples, qui ne sont devenus généralement connus que par la célèbre étude de Réti de 1921. Chapais a été le premier à étudier la fin de partie roi et deux cavaliers contre roi et pion, qu'Alexei Troitsky (*1866-+1942) a utilisé plus tard comme modèle, et a probablement communiqué avec André Danican Philidor (*1726-+1795) au sujet de la fin de partie roi, tour et fou contre roi et tour. 

Mes investigations de diverses natures ont utilisé une variété d'indices indiquant que Chapais pourrait être un pseudonyme et qu'en fait le célèbre mathématicien français Gaspard Monge (*1746-+1818) se cache derrière celui-ci. Même s'il n'y a pas de preuve à 100%, le poids des indices circonstanciés est, à mon avis, écrasant.

Le manuscrit de Chapais à Kórnik (Pologne). © Herbert Bastian, 2018

Une journée passionnante à la bibliothèque municipale s'est achevée par un exposé du Dr Jurgen Stigter sur les ouvrages classiques consacrés aux jeux populaires de l'époque, suivi d'un exposé d'Henri Serruys sur un numéro particulier du British Chess Magazine. 

Jurgen a utilisé l'exemple des dames pour montrer qu'il n'est pas toujours possible de tirer des conclusions fiables sur la diffusion du jeu à partir du contenu des livres, car les dames, bien qu'étant un jeu populaire, ne sont pas mentionnées dans certains d'entre eux. Henri a présenté une caractéristique curieuse du numéro de janvier 1888 de la BCM.

L'année prochaine marquera le 100e anniversaire de la FIDE, qui a été fondée le 20 juillet 1924 à Paris à l'instigation du Français Pierre Vincent (*1878-+1956), qui était alors membre du Comité national olympique en France. 

En raison de la tenue de l'Olympiade d'été au même moment, l'Olympiade d'échecs a été déplacée à Budapest. On peut supposer que le CH&LS suivra la FIDE à Budapest pour sa prochaine réunion annuelle en 2024, un lieu certainement aussi attrayant.

Une coopération avec la FIDE pourrait être convenue avec Willy Icklicki (*1955). Willy est belge et vit en Israël. En tant que président du comité d'histoire des échecs de la FIDE, il est responsable de la préparation et de la conception de la partie historique de l'anniversaire de la FIDE.

Photo de groupe de la réunion CH&LS du 2.9.2023 à Belfort. Willy Icklicki se trouve à l'extrême droite. Le deuxième à partir de la gauche est le Dr Jurgen Stigter d'Amsterdam, qui possède une collection de littérature échiquéenne aussi importante que celle de Lothar Schmid (*1928-+2013) à Bamberg. À sa droite, George Bertola, rédacteur en chef d'Europe Échecs.