samedi 30 novembre 2024

Le Café de la Régence au XVIIIème siècle – 1ère partie

Voilà un drôle de titre pour une série d’articles que je vais publier, car j’ai déjà eu l’occasion de parler du Café de la Régence au XVIIIème siècle, à la fois sur ce blog, mais également dans mon livre écrit il y a bientôt 10 ans !
 
Le Centre d'Accueil et de Recherche des Archives Nationales - CARAN
Rue des Quatre-Fils à Paris dans le Marais.
 
En fait cela faisait longtemps que je souhaitais me rendre à nouveau aux Archives Nationales à Paris afin de consulter différentes références. J’en ai eu l’occasion au mois d’octobre dernier. Bien m’en a pris, car j’ai découvert différentes archives qui me permettent de réécrire, et donc de corriger, une partie de la chronologie du Café de la Régence en gros du début du XVIIIème siècle jusqu’à la Révolution, et qui m’apportent de nombreux renseignements. A vrai dire je n’imaginais pas trouver autant de choses.

Ceci se résume à 3 cotes consultables aux Archives Nationales à Paris, Q/1/1146, H//1959 et Y//12149.
 
Ne pas se décourager quand on voit un truc pareil :-)
De la patience et de la persévérance !

 
Q/1/1146 – La liasse de documents, à cette cote, contient beaucoup de choses, dont quasiment tous les baux de location de l’immeuble où se situe le Café de la Régence au XVIIIème siècle, ainsi qu’au siècle précédent. Mais les baux du XVIIème siècle m’intéressent beaucoup moins puisque le Café de la Régence proprement dit n’existait pas encore.
 
En fait il y a une raison pour laquelle tous ces baux ont été réunis dans ce dossier, raison que j’ignorais jusqu’à présent : le bâtiment du Café de la Régence, comme beaucoup d’autres dans le quartier, est acheté en fin d’année 1774 par la ville de Paris pour être démoli !
Cette liasse contient d’autres document très intéressants, comme un plan du Café de la Régence que je vous ferai découvrir dans un prochain article.
 
L’Échiquier Français, mai 1906.
A la lumière de ma visite aux archives, ce qui était communément admis est en fait faux comme nous le verrons dans un prochain article.
"(...) Le successeur de Lefèvre, nommé Leclerc (...)". Mea culpa, j'ai commis une erreur similaire que je corrigerai.
 
H//1959 – Là nous sommes en 1788, à la veille de la Révolution. Heureusement pour nous , le bâtiment du Café de la Régence n’a pas été démoli malgré les travaux importants dans le quartier. Il faudra attendre Napoléon III et le percement de la rue de Rivoli pour que le Café de la Régence déménage de la place du Palais-Royal en 1853.
En 1788, un dénommé Pierre Nicolas Lecomte (!), souhaite acquérir le bâtiment.
Cette cote contient quelques informations intéressantes.

Y//12149 – Une liasse de papiers qui contient, parmi toutes les feuilles jaunis par le temps, un document exceptionnel pour ma recherche. 
 
Début du document - Archives Nationales

Nous sommes le mercredi 20 avril 1746, et
« (…) Vient iceluy François LE CLAIR de decedder dans le moment (…) »
Le gérant, François Leclerc, vient de décéder dans l’immeuble du Café de la Régence (la phrase est cerclée de rouge ci-après). 
 
 
Il s’agit là du Procès-verbal d’apposition de scellés sur les biens de défunt François Leclerc, marchand limonadier à Paris, par Louis Cadot, commissaire au Châtelet de Paris, le jour-même du décès.

Document exceptionnel, car ce Louis Cadot visite l’intégralité de l’immeuble et écrit ce qu’il voit et ce qu’il fait. Il décrit notamment l’intérieur du Café de la Régence en 1746.
 
Pour terminer cet article d’introduction à cette visite des archives, comme vous pouvez le constater, la lecture de ces documents n’ai pas chose aisée.
Je remercie Philippe Bodard pour son aide, et tout particulièrement Jean-François Viel pour la transcription du document de la cote Y//12149 dont il est question et sa maitrise de la paléographie.

dimanche 24 novembre 2024

Lettre de Deschapelles au sujet du match entre Saint-Amant et Staunton

Nous sommes la veille du match pour le titre de champion du Monde d’échecs entre le tenant du titre, le Chinois Ding Liren et l’Indien Gukesh Dommaraju. Le match démarre demain lundi 25 novembre à Singapour. Il s’agit d’un match en 14 parties classiques. La cadence est de 120 minutes pour les 40 premiers coups, suivi de 30 minutes pour les reste de la partie, avec un incrément de 30 secondes à partir du 41eme coup. Bref les parties vont durer entre 4 et 6 heures environ.

Le temps de réflexion de ces partie dites « longues » rétrécit au fil du temps, Magnus Carlsen ayant même proposé de jouer le championnat du Monde sur un format de parties rapides !
 
Le tableau de Marlet sur le match Saint-Amant / Staunton.

Si nous revenons 180 ans en arrière avec la match Saint-Amant vs Staunton en fin d'année 1843, le temps de réflexion était à peu près libre, ce qui impliquait des parties interminables.
Un aspect temporel du jeu d’échecs que n’approuvait absolument pas Deschapelles, le meilleur joueur d’échecs du début du XIXème siècle, qui préconisait un jeu rapide, avec une partie ne devant pas dépasser 2 heures de réflexion au total. Je vous propose de découvrir tout cela dans ce présent article.

Un peu par hasard, j’ai découvert une lettre écrite par Deschapelles en début d’année 1844.
C’est la revue La Nouvelle Régence de 1862 (page 101), de Paul Journoud, qui parle de cette lettre traduite et publiée en 1848 dans la revue allemande Schachzeitung. Elle est mentionnée dans un article de von der Lasa au sujet de la force relative des différents maîtres du 18ème siècle et de la première moitié du 19ème siècle.
J’ai donc cherché cette revue et je l’ai trouvée, ainsi que la lettre (via Google Book).
Cette lettre est remarquable, car elle reflète très bien la façon de penser de Deschapelles.
 
Le passage de l'article de von der Lasa où il est question de la lettre de Deschapelles. 
La Nouvelle Régence 1862
 
De quoi s’agit-il ? La lettre est écrite environ 2 mois après la fin du 2ème match entre Saint-Amant et Staunton, match joué au Cercle des échecs de Paris au 1er étage du Café de la Régence, place du Palais Royal (la dernière partie a été jouée le 20 décembre 1843). Elle est adressée à l’astronome et joueur d’échecs Heinrich Christian Schumacher.

 

Deschapelles est sans aucun doute désabusé par le résultat du match et le critique vertement (Staunton gagne largement le match 11 à 6). Le sceptre des échecs change de main et quitte la France après plus d’un siècle de domination.

Ci-dessous, je reprend la lettre paragraphe par paragraphe (en caractères gras) et j’y ajoute mon commentaire (en italique).

En préambule vous pouvez lire ou relire le document que j’avais rédigé au sujet de Deschapelles pour la conférence du centenaire de la FFE. 
 
  Schachzeitung 1848 - Via Google Book
 
Paris, 12 Février 1844
 
Monsieur,

Il n'y a point d'affaire si compliquée qu'on ne puisse débrouiller et faire comprendre en un quart d'heure de conversation ; la loquacité accompagne l'intelligence ; et l'on peut pousser la chose à l'extrême en disant : qu'à celui seul qui n'a jamais rien à dire, appartient le droit de parler toujours.

Sur cette manière de voir vous pouvez juger du peu de cas que je fais des parties d'échecs qui viennent d'avoir lieu entre Messieurs Staunton et St. Amant.

En moyenne, elles ont duré neuf heures, c'est-à-dire neuf fois plus que n'ont duré les parties des grands maîtres ; les joueurs ont été longs à chaque coup, contrairement à la méditation qui dispose de l'avenir par une pause de quelque minutes, laissant ensuite, tomber comme de la main, et avec une légère révision, un grand nombre de coups subséquents.

 
J’ai eu l’occasion de parler du problème du temps de réflexion des parties d'échecs avant l’invention de la double pendule d’échecs. Vous avez ici un article que j’ai rédigé à ce sujet il y a quelque temps. Un an plus tard, en 1845, Deschapelles parle à nouveau de ce match est indique

« (…) Je repousse cette pesanteur, qui, récemment, a mis une journée à faire une partie  ;
je crois, Philidor et La Bourdonnais ont cru, qu’il n’y a point de combinaisons d’Échecs qui exigent de l’intelligence au-delà de cinq minutes d’attention, encore à la condition qu’une grande quantité de coups en découleront et que ce sera une avance économique ; j’en appelle, Messieurs, à vos souvenirs ; avez-vous jamais vu sacrifier deux heures à une partie ? Non, une partie d’Échecs est communément une affaire de trois quarts d’heure (…)  »

La 21ème et dernière partie du match entre Saint-Amant et Staunton a duré 14h30 (!) pour 66 coups. H.Wilson, arbitre de Staunton, calcula que Saint-Amant avait employé, pour ses coups, les trois quarts du temps total de jeu... 
 
Notez également que Deschapelles ne range pas Saint-Amant ni Staunton au rang de Grand Maitre !
 
Ils ployaient eux-mêmes sous une fatigue matérielle ; sous une fatigue qui semblait n'avoir rien de commun avec la pensée ; sous la fatigue du corps qui les forçait de s'interrompre et de s'échapper pour aller chercher de l'air et de la nourriture.

Ils étaient la risée de la galerie, souvent renouvelée par l'ennui, laquelle sur une table à côté, réalisait longtemps à l'avance le coup médiocre et prévu, qu'ils ne manquaient guère de jouer après l'avoir indéfiniment fait attendre.

C'était une longueur sans profit comme sans excuse ; une longueur maladive, fastidieuse, montrant les échecs de leur vilain côté et de nature à mettre en fuite les plus intrépides amateurs.

Avant de passer outre l'honneur de l'art exige une rectification : c'est que, il n'y a pas eu défi entre écoles, ni entre sommités, nous ne voyons là, qu'une rencontre entre deux vigoureux soldats qui ont tiré le sabre dans une anfractuosité du rempart ; ils se sont portés quelques bons coups, la victoire n'a pas été acquise sans danger et la défaite n'a pas éteint tout espoir de revanche.


Toutes les propositions de match de Deschapelles envers les anglais sont restées lettre morte
Immédiatement après la défaite de Saint-Amant, la rumeur veut que Deschapelles propose de revenir sur le devant de la scène en défiant Staunton. . Exemple avec l’extrait du journal « Le Sémaphore de Marseille » du 28 décembre 1843 (source Retronews), quelques jours après la fin du match…
 

 

En 1844 Deschapelles a quand même 64 ans… 34 ans pour Staunton et 44 ans pour Saint-Amant.
Le défi permanent adressé par Deschapelles aux anglais est par exemple repris par Fraser’s en 1839. « Messieurs, il y a plus de trente ans qu’il existe de ma part un défi permanent au jeu des échecs. J’offre le pion et deux traits ». Il revient sur ce point un peu plus loin dans la lettre.
 
 
 
 
C'est envahi que vous nous demanderiez du La Bourdonnais ! Cette longue pensée dont les conséquences jaillissaient avec tant de rapidité ! Ce mordant, qui entamait un adversaire inquiet et dérouté ! Ces trouvailles du génie, qui, si souvent, arrivaient à la catastrophe par un grand stratagème !

Il n'y a plus de La Bourdonnais ; il n'y aura plus de joueur de cette puissance qui consente à vivre continuellement dans les conditions actuelles, et encore : La Bourdonnais n'a pas égalé ses devanciers, il n'a pas eu leur valeur intrinsèque, il ne possédait pas au même degré cette essence qui en quelques jours les avait muri ; à lui, il avait fallu dix ans de travail pour les atteindre ; à lui, il fallait, pour se maintenir des efforts incessants ; à lui, enfin, étaient interdits, ces éclairs qui dépassent toutes les bornes.


La nous touchons à l’essence même de Deschapelles. Le « devancier » de La Bourdonnais n’est autre que Deschapelles lui-même ! Deschapelles indique qu’il a fallu 10 ans à La Bourdonnais pour ne même pas l’égaler. Tandis que lui-même reprend la légende qu’il a construite, à savoir qu’il a atteint son niveau au jeu d’échecs en seulement quelques jours en partant de zéro à la fin du XVIIIème siècle au café Morillon ! A ma connaissance, seul AlphaZéro, Intelligence Artificielle, est arrivé à ce résultat par auto-apprentissage en partant de zéro. A la fin de l’article sur le Café Morillon vous pouvez lire l’histoire de l’apprentissage des échecs par Deschapelles.
 
Revenons encore au défi, nous donnerons notre jugement en peu de mots : les parties sont monotones, les débuts sans variété, la tactique rétrécie, point d'imprévu et peut de saillies, pour qui ignorait le nom des champions, ce sont de faibles parties entre joueurs non classés.

Cependant, ces messieurs sont de bons joueurs ; ils tiennent les premiers rangs dans les deux réunions qui se distinguent le plus, ils ne connaissent plus de supérieur, à moins qu'ils ne l’aillent chercher dans une autre sphère. Cela est arrivé à Mr. St. Amant il n'y a guère plus d'un an ; alors il s'est montré tout autre ; en vingt heures il a fait vingt parties ; il avait de l'intelligence, de la vigueur et. une tenue infatigable ; on ne pourra pas dire qu'il jouait petit jeu ; un peu moins d'argent, oui, mais plus d'émulation, il s'agissait de se défendre en recevant un gros avantage, il s'agissait de conserver ses galons. 

Deschapelles fait référence sans doute au match informel qu’il a joué et gagné contre Saint-Amant en fin d’année 1842 en lui donnant différents avantages matériels. Page 233 du Palamède de 1842 (deuxième tome). J'aborde ce match dans cet article.

Nous croyons qu'en pareil cas Mr. Staunton éprouverait la même métamorphose, nous croyons qu'il deviendrait vif, et qu'il retrouverait son éclat.

 
Monsieur, il y a ici un problème que je livre à votre sagacité. Pourquoi deux joueurs puissants se font- ils amoindrir en combattant l'un contre l'autre ? Une autre singularité des échecs, c'est qu'une réunion quelconque s'y croit de la première force pour peu qu'elle reste du temps sans communiquer avec une force supérieure, à peine privé de La Bourdonnais, le club de Paris attribuait déjà la puissance à ses sommités actuelles, lorsqu'il choisit Mr. D. pour son président. La complaisance de celui-ci alla jusqu'à accepter, dans l'intérêt du club, quelques parties à un jeu qu'il avait entièrement abandonné.

La Présidence du club revient à un certain Mr. D., qui n’est autre que Deschapelles lui-même bien évidemment. En 1841, il est élu président du Cercle des Échecs de Paris, alors situé au-dessus du Café de la Régence. Il en sera le président pendant une année jusqu’en février 1842, conformément au règlement du Cercle, où le tirage au sort désignera un autre conseil d’administration.
 
Vous auriez été satisfait de voir votre programme en pleine exécution; non seulement les débuts furent variés, mais encore, et pour qu'il n'y manquait rien, des parties s'engagèrent avec des échanges de pièces. On donna la tour, on donna la dame en échange d'une quantité de pions.

En Allemagne on n'apprécie pas ces parties; on n'y a pas introduit encore cet apprentissage des pions, qui se reporte sur toutes les autres manières de jouer, leur donnant de l'aplomb et de grandes ressources. C'est un progrès que je vous recommande et vous me remercierez du plaisir que je vous en promets.

Quoiqu'il en soit, la vérité du récit exige que je vous apprenne que le président a donné à tous, un pion et demie (*C’est-à-dire, pion et trait) et qu'il a gagné tous les défis. Si vous joignez à ce fait; ce que nous avons entendu dire au président qu'il était encore d'un pion au dessous de sa propre force, vous aurez une pauvre idée des talents de l'époque.

 
Ici est évoquée une ancienne forme du jeu d’échecs que Deschapelles aimait particulièrement. Il s’agit de remplacer telle ou telle pièce par un certain nombre de pions. Cette forme de jeu était très pratiquée à la Régence au XVIIIème siècle, ce qui explique peut-être la découverte fondamentale de Philidor sur l’importance du pion aux échecs. Voir l'article que j'ai consacré à ce sujet.
 
Philidor classait par demi-pions les échelons des grandes forces ; Mr. de Légal jouait avec lui à but ; Verdoni, au pion pour le trait ; Carlier et Bernard, que j'ai connus, et grand nombre d'autres au pion et trait. 
 
Joué à but correspond à jouer à égalité matériel. Cela signifie que votre adversaire est de la même force que vous.
 
Monsieur, c'est la seule fois que j'aurai écrit sur ces babioles, c'est une consignation dans vos archives, ensuite, j'acquitte une dette pour les lettres savantes et polies que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser à diverses reprises, lettres qui m'ont touché, et auxquelles j'ai satisfait de mon mieux, soit, en vous faisant remettre ce qui me semblait devoir vous être agréable, soit en vous faisant répondre à fond, par La Bourdonnais qui était un poète de science.

Depuis le duel récent de ces messieurs, on m'a dit que les journaux parlaient d'un défi qui m'était ou me serait porté par Mr. Staunton  dans lequel il s'agirait d'une somme d'argent ; vous saurez que je ne crois à rien de semblable, qu'il ne m'a rien été communiqué, que Mr. Staunton n'en a pas non plus probablement entendu parler, et que ce sont les niaiseries de la presse. Il y a bientôt un demi siècle que je tiens la position, chacun à le droit de la réclamer et de porter défi.
 
Au sujet d’une nouvelle rumeur sur un match entre Staunton et Deschapelles voir un peu plus haut l’extrait du journal « Le Sémaphore de Marseille » du 28 décembre 1843 ou bien encore le journal « Le Commerce » du 25 décembre 1843 (source Retronews).
 

 
 
 
 
 
 
 
Si Mr. Staunton me demandait le pion et deux traits, ce serait la partie d'il y a quatre ans, que le comité d'outre mer a évité ; s'il me défiait à but, où trouverait-il assez de confiance pour l'enjeu ?

Agréez, Monsieur, ma haute estime et mon penchant amical.
Des Chapelles. 

mardi 19 novembre 2024

Capablanca par Georges Bertola

Georges Bertola, rédacteur en chef de la revue "Europe Echecs" et historien du jeu d'échecs, vient de publier un livre sur Capablanca, préfacé par le champion ukrainien Vasyl Ivanchuk.
Coïncidence, ce 19 novembre est également le jour de son anniversaire ! 


Un livre passionnant, très richement illustré et qui vous fait revivre la carrière de ce prodige du jeu d'échecs. Le premier tome porte plus exactement sur son ascension, de sa naissance en 1888 jusqu'à l'année précédant le championnat du Monde contre Lasker en 1921.

Vous pouvez vous procurez le livre sur le site de la revue Europe Échecs
Voici le lien direct
https://www.europe-echecs.com/la-boutique-en-ligne.html?prod=426
Prix 39,90 euros

Capablanca en 1931 - Wikipedia

Voici ce qu'indique la 4ème de couverture :

Ce premier volume révèle l’ascension du jeune prodige, José Raúl Capablanca, qui a appris le jeu vers l’âge de 4 ans et demi en observant son père jouer. Il n’appartenait à aucune école, n’a pas étudié le jeu d’échecs autrement qu’en le pratiquant intensément. Il fut rapidement considéré comme un phénomène et son illustre prédécesseur, Emanuel Lasker le 2e champion du monde de l’histoire, devait avouer : « J’ai connu beaucoup de joueurs d’échecs mais un seul génie : Capablanca. »

Au travers de 111 parties qui illustrent son style que l’on a qualifié souvent de limpide, basé sur une excellente technique, j’ai tenté de le faire revivre dans son époque en insistant sur ses qualités humaines. J’ai traité les moments essentiels de sa biographie jusqu’à ce que Capablanca devienne le prétendant incontesté au titre mondial qu’il remportera en 1921.
En rejouant ses parties, la pratique du jeu peut paraître un exercice d’une relative simplicité. On se souvient de lui comme du plus grand joueur de fins de parties du début du XXe siècle, mais dont le traitement des ouvertures est dépassé.

Il n’y a rien de plus trompeur que l’évidence. Si cela peut s’avérer une réalité pour un super Grand-Maître, pour l’ensemble des amateurs et des joueurs de club, la logique de ses analyses, sa vision pragmatique et ses évaluations positionnelles ont conservé une grande partie de leur fraîcheur.
Son style, son efficacité et sa domination face aux joueurs de son époque présentent quelques analogies avec des « géants » de notre temps comme Anatoly Karpov ou Magnus Carlsen.



Georges Bertola a répondu à quelques questions que je lui ai posées au sujet de son livre.

Jean-Olivier Leconte : Peux-tu te présenter succinctement ?
Georges Bertola : J’ai toujours été passionné par le jeu et les joueurs qui ont façonné son histoire. Pour ma part, j’ai pratiqué en amateur (j’ai travaillé à plein temps dans une compagnie d’assurance depuis 1980) et à l’époque il y avait peu de titrés. À la fin des années 80, mon Elo était proche de 2200, j’ai aussi pratiqué la correspondance, avant l’ère des puissants ordinateurs, avec un Elo de plus de 2400. J’ai par la suite collectionné des livres d’échecs, magazines etc. pour réunir l’une des collections les plus importantes de Suisse.

JOL : Pourquoi as-tu choisi Capablanca plutôt qu’un autre joueur d’échecs ? As-tu une affinité particulière avec lui ?
GB : J’avais proposé à Europe Echecs de publier une collection dédiée aux « Champions du monde ». Capablanca était l’un des joueurs qui, par la clarté de sa vision essentiellement stratégique, me semblait être celui dont l’enseignement était le plus pertinent pour les joueurs de club. La simplicité apparente de son jeu, l’application de ses principes et la logique de leurs réalisations sont toujours d’actualité pour aider la plupart des amateurs. C’est avant tout utile pour comprendre le jeu, avant d’apprendre par cœur la complexité de ce que l’on nomme la théorie… 

La tombe de Capablanca à Cuba

JOL : Lors de notre dernière rencontre à Budapest, tu m’as indiqué être allé à Cuba et voir notamment la tombe de Capablanca. Peux-tu raconter dans quelles circonstances tu t’y es rendu ?
GB : En 2016, je me suis rendu à Cuba. La popularité dont jouissait les échecs et les souvenirs que Sylvain Zinser et le GM Florin Georghiu m’avaient rapporté de l’Olympiade de 1966, la résurrection du « Mémorial Capablanca » par le mythique Che Guevara, tout cela avait attisé ma curiosité. Je dois dire que les seuls contacts qui m’ont permis de comprendre la réalité de ce que vivait les Cubains furent quelques joueurs d’échecs, je mentionnerai le GM Silvino Garcia et le MI José Luis Vilela. La visite de la tombe de Capablanca m’a fait prendre conscience de l’importance qu’il représente encore aujourd’hui pour les Cubains. C’est probablement la tombe la plus imposante qui existe d’un joueur d’échecs. 

JOL : Combien de temps as-tu mis pour rédiger ce premier tome ?
GB : Cela m’a pris plus d’une année pour l’écrire, mais depuis que je publie des articles historiques ou autres (depuis 1975 dans presse de Suisse romande), beaucoup de matière se trouvait déjà en «  veilleuse », si je puis dire. Il s’agit d’abord d’un travail de compilation, de synthèse sur tout ce qui j’ai pu rassembler sur Capablanca. L’apport de l’ordinateur pour chercher la vérité est minimal. L’idée est essentiellement de comprendre et de s’immiscer dans les pensées des grands joueurs qui ont écrit sur lui. En parallèle, j’aime introduire des éléments du contexte de la grande histoire qui ont souvent un lien, même ténu, avec les problèmes existentiels des grands champions. Celui qui me semble le plus intéressant, Alekhine, est le prochain sur la liste de mes projets.

JOL : Il s’agit pour le moment du 1er tome. As-tu prévu 2 ou 3 tomes ? 
GB : Je travaille actuellement sur le 2e tome qui couvre la période de la conquête du titre en 1921 jusqu’à sa mort. Donc, se sera probablement le 2e et dernier tome consacré à Capablanca. Au vu de la matière, notamment le match de 1927 et ses relations compliquées avec Alekhine, il sera tout aussi volumineux, si ce n’est pas plus… 

JOL : Quand penses-tu que ce deuxième tome sera disponible ?
GB : Il me faudra certainement encore une année pour mener à terme ce projet. Je dois avouer que l’image caricaturale que j’avais du champion Capablanca, qui n’étudiait pas les échecs, a été sérieusement écornée. C’est le GM Vasyl Ivanchuk, qui lors d’un entretien il y a quelques années, m’avait dit qu’il lui semblait impossible que Capablanca ne préparait pas ses parties. Il se référait notamment à son match contre Max Euwe. Une opinion que je partage désormais.

Merci Georges.