vendredi 9 avril 2021

Le jeu d'échecs dans les écoles et photos inédites

 Le 13 juillet 1911, le journal Excelsior publie un article sur le Café de la Régence, et l'UAAR (Union Amaicale des Amateurs d'échecs de la Régence) qui souhaite promouvoir le jeu d'échecs dans les écoles.
J'ai déjà eu l'occasion de présenter ce projet des joueurs d'échecs du Café de la Régence, dans deux anciens articles de ce blog, ici et .
Cela semble être une marotte des joueurs d'échecs que leur jeu soit introduits dans les écoles.
En tout cas l'idée n'est pas récente comme on peut le voir.

Cet article contient une brève description de la pièce où se retrouvent les joueurs d'échecs au Café de la Régence en 1911.

Mais le plus important à mes yeux, ce sont les deux photos ajoutées à la fin de l'article dans Excelsior.
Il est rare de trouver des documents iconographiques inédits sur la Régence.  

Excelsior – Jeudi 13 juillet 1911 - Source Retronews (BNF)


Les joueurs d’échecs donnent des prix aux lycéens.

Le ministre de l’Instruction publique accepte l’offre qui lui a été faite de traités d’échecs pour les élèves des lycées.

Connaissez-vous les joueurs d’échecs du café de la Régence ?… Ce sont des gens attentifs, pensifs et solennels comme des philosophes, vieux pour la plupart mais d’une affabilité souriante.
Au fond de cet antique café, où jadis Alfred de Musset les gênait par ses excentricités et même, dit-on, par ses impertinences, ils sont là toujours semblables à ceux de jadis, penchés sur les tables où les petits bois sculptés immobiles ont l’air, avant de se déplacer, d’attendre l’impérial décret de quelque Fils du Ciel.

Ils occupent une salle basse, au fond du café, d’autant plus basse qu’elle est surhaussée de quelques marches et c’est sur cette estrade que les joueurs-philosophes, en silence, officient.
On croirait difficilement que ces gens paisibles puissent avoir des ambitions. Cependant, un de nos confrères ayant annoncé que ces messieurs, réunis sous le nom d’Union Amicale des Amateurs d’échecs de la Régence, avait demandé au ministre de l’Instruction publique la création d’un enseignement du jeu d’échecs dans les lycées, nous avons d’entre eux quelques éclaircissements sur une semblable nouvelle.

M. F. Constant-Bernard, architecte, que l’Union a délégué pour la démarche auprès du ministre, nous a répondu avec la plus charmante bonne grâce :

« On a quelques peu exagéré nos intentions. Nous sommes beaucoup plus modestes et ne prétendons point créer un enseignement ni officiel ni officieux du jeu que nous aimons et que nous tenons pourtant pour l’un des plus nobles exercices intellectuels.
J’ai simplement adressé, au nom de l’Union, une lettre à M. Steeg dont voici les passages essentiels :

L’Union Amicale des Amateurs d’échecs de la Régence a décidé de soumettre à votre haute approbation son intention de mettre à la disposition de votre administration un certain nombre de traités du jeu des échecs pour être joints aux livres de prix décernés en fin d’année dans les lycées et les grandes écoles.
Le but que notre association voudrait ainsi atteindre serait de favoriser parmi la jeunesse studieuse le goût d’un jeu que de grands esprits ont considéré comme une des plus ingénieuses conceptions de l’intelligence humaine, comme une merveilleuse gymnastique de certaines facultés intellectuelles.

Vous le voyez, continue M. Constant-Bernard, il ne s’agit que de stimuler par des lectures le goût des échecs, ce jeu admirable que l’on a pu appeler le Roi des Jeux et le Jeu des Rois. Nous estimons aussi qu’il est moralisateur et que les jeunes gens peuvent y trouver, comme leurs camarades anglais, une activité cérébrale. N’est-il point déjà la distinction des vieillards ?...
Le ministre, d’ailleurs, a bien compris nos intentions puisqu’il a accepté, par une lettre officielle, que voici, l’offre que nous lui avons faite. Les traités seront, nous dit-il, les uns donnés en prix, les autres placés dans les bibliothèques, à l’usage des élèves. Aussi, dès ce soir, allons-nous expédier au ministère de l’Instruction publique, un premier envoi de 30 traités. »

M. Constant-Bernard parle de son jeu favori avec tendresse et avec considération. Il a quelque ressentiment, semble-t-il, contre les Français oublieux et conçoit, ainsi que ses amis, une juste fierté de leur premier succès scolaire. Déjà, derrière un grillage placé au fond de la salle des échecs de la Régence, les deux lettres commémoratrices, celle de l’Union et la réponse aquiescente du ministre.

Bonne chance aux braves joueurs d’échecs.

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Voici, en plus grand, les deux photos à la fin de l'article d'Excelsior.
Je ne les avais jamais vues auparavant.


Les joueurs d’échecs de « La Régence »
Deux des parties les plus intéressantes
1-M. Dhoste
2-M. Merle
3-M. Riester
4-Comte Villeneuve-Esclapon
5-M. Gibaud
6-M. Garcin
7-M. Larcher
8-M. Renaud
9.M. Arthur Good

Les noms me sont inconnus, sauf pour deux joueurs, le numéro 5 Amédée Gibaud, futur quadruple champion de France d'échecs et le numéro 4 Jean de Villeneuve Esclapon et sa célèbre moustache, compositeur d'études et membre fondateur de la Fédération Française des Échecs.

Le numéro 8 est un certain Renaud, mais il est difficile de dire si c'est simplement un homonyme de Georges Renaud ou bien un membre de sa famille.

Amédée (Aimé) Gibaud - Source Gallica
Jean de Villeneuve Esclapon - Héritage des Échecs Français
Source: supplément à L'Echiquier (avril 1929)

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