Ce nom ne vous dit probablement rien. Sauf aux habitués de ce blog bien entendu !
Pourtant il s’agit d’un personnage central pour les échecs en France au 19ème siècle.
Sans quelqu’un d’aussi passionné du jeu d’échecs il est possible que le Café de la Régence ait disparu avec l’ancienne Place du Palais-Royal en 1852.
Claude Vielle apparait dans le document d’expulsion du Café de la Régence (le factum pour être précis) que j’ai déjà publié. Curieux, j’ai cherché un peu plus d’informations à son sujet, et la chance était au rendez-vous !
Claude Vielle est né en 1806 à Monfort dans le Doubs (voir son acte de décès ci-après).
Ici j’ai trouvé la répartition de ce nom de famille en France.
Dans le Doubs (département 25 dans l'Est de la France) ce nom semble toujours très répandu.
Le 9 juillet 1836, Claude Vielle se marie avec Joséphine Julienne Evezard.
Il s’agit de la fille du propriétaire du Café de la Régence de l’époque, un nommé Evezard.
Acte reconstitué du mariage de Claude Vielle et Joséphine Evezard (source Archives de Paris)
1836 correspond également au changement de propriétaire du Café de la Régence.
Est-ce une des raisons du mariage ? Ou une conséquence ?
Claude Vielle devient propriétaire du Café de la Régence. Véritable propriétaire et pas seulement le gérant.
Dans le factum (source BNF), il est indiqué en 1852
PRIX DE REVIENT
La maison a été acquise par M. Vielle, de son beau-père, en 1836 au prix de .. 160,000 fr.
En 1841, il accueille, au premier étage du Café de la Régence, le Cercle des Echecs en perdition.
C’est également l’année ou j’ai trouvé la trace d’une naissance le 27 avril 1841 de Joséphine Julienne Vielle. La coïncidence est assez frappante, il s’agit probablement de la fille du couple (auront-ils d’autres enfants ?).
Acte de naissance reconstitué - source Archives de Paris
Claude Vielle a une véritable passion pour le jeu d’échecs.
N'oublions pas que c’est là que ce jouera en 1843 le match entre Saint-Amant et Staunton.
En 1844, il publie un petit fascicule d’une trentaine de pages, que j’ai consulté à la BNF et sur lequel je ferai prochainement un article :
Méthode pour apprendre seul la marche des échecs et la règle de ce jeu
Claude Vielle participe de nombreuses fois aux tournois qui sont organisés dans son Café ou au Cercle des Echecs (à l’étage du Café de la Régence) – Source la Palamède Google Book.
Il finance à plusieurs reprises des prix pour les différents tournois.
Puis arrive 1852, et l’expulsion du Café de la Régence.
Il touche à cette occasion une somme considérable pour l’époque.
Le café se retrouve provisoirement (deux ans) rue de Richelieu.
Au printemps 1855, c’est l’inauguration du nouveau Café de la Régence.
Tout dans la décoration de ce nouveau lieu en fait un temple des échecs. Un lieu unique.
Il est alors le propriétaire de tout l’immeuble du 161 rue Saint-Honoré, comme nous l’apprend L’échiquier Français de 1906 journal publié par l’UAAR (Union Amicale des Amateurs d’échecs de la Régence) – Source BNF
« Rappelons en passant qu’en 1850, M. Vielle était le propriétaire du Café de la Régence, que c’est lui qui le transporta à son emplacement actuel, en 1855, quand fut percée la rue de Rivoli, et que sa veuve, toujours propriétaire de l’immeuble dans lequel se trouve le café, habite depuis cinquante ans un étage de cet immeuble ».
Toujours dans l’échiquier Français de 1906, dans leur série d’articles « Monographie du Café de la Régence » on peut y lire :
Au commencement du second Empire, il fut résolu de réunir le Louvre aux Tuileries et de transformer le Carrousel ; la place du Palais-Royal et son château d’eau furent démolis, ainsi que les vieux quartiers qui les entouraient. La Café de la Régence exproprié quitta l’angle de cette place et s’établit provisoirement rue de Richelieu, dans l’ancien hôtel Dodun, attendant que la place actuelle du Théâtre-Français fût créée.
Au printemps de l’année 1855, le Café de la Régence vint occuper l’endroit où il est encore aujourd’hui, mais en conservant son caractère et sa clientèle spéciale. Le marquis de Belloy pouvait donc dire dans ses Portraits et souvenirs : « La baguette d’une fée l’a transporté à quelques toises de son emplacement primitif, sans qu’aucune pièce de ses innombrables échiquiers ait tremblé sur sa base légère, sans qu’un seul des joueurs ait cru avoir bougé de sa place. »
Début 1856, Claude Vielle laisse la gérance du Café de la Régence. Voir l’article surles « limonadiers »
Il décède le 16 avril 1864. Voici son acte de décès trouvé sur le site des archives de Paris.
La lecture de l’acte de décès n’est pas aisée !
Du dix-sept avril de l’an mil huit cent soixante quatre à dix heures un quart du matin, acte de décès de Claude VIELLE, propriétaire âgé de cinquante huit ans, né à Montfort (Doubs), hier à Paris à trois heures du soir, Rue Saint Honoré 161, lieu de son domicile, marié à Joséphine Juliette Evezard, sans profession même demeure, fils de défunts (sans renseignements). Décès vérifié conformément à la loi. Premier témoin Séraphin Désiré Heu âgé de cinquante neuf ans, propriétaire demeurant à Paris, Rue Saint Martin 5. Beau frère du défunt. Second témoin Charles Albert Prudhomme âgé de trente un ans, marchand de drap, demeurant susdite Rue Saint Honoré, gendre du défunt. Lesquels après lecture ont signé avec nous le présent acte dressé par nous Charles Amance Prieur de la Comble chevalier de la légion d’honneur maire du premier arrondissement de Paris et officier de l’état civil Soussigné
Heu A.Prudhomme A.PrieurdelaComble
Mon ancêtre Claude Vielle n'est pas né à Montfort mais nà Ronchaux dans le Doubs. Il y a eu une erreur dans son acte de décès.
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