jeudi 6 octobre 2011

Petite histoire du Café de la Régence

Texte corrigé le lundi 26 mars 2012
Ajout du 12 avril 2021 : Voir cet article au sujet de la fin du Café de la Régence :
https://lecafedelaregence.blogspot.com/2021/04/la-fin-du-cafe-de-la-regence.html

Avant de poursuivre plus en avant, il me semble intéressant d’avoir un bref historique du Café de la Régence. Certaines opinions n’engagent que moi bien entendu.

A la fin du XVIIème siècle les premiers cafés apparaissent à Paris.
Il s’agit alors de lieux de rencontre qui deviennent très vite populaires tant le café, nouvelle boisson, est apprécié. Le jeu d’échecs profite également de l’interdiction des jeux de hasard à la même époque.
Ces éléments favorisent donc le retour parmi la population d’un jeu prisé par la haute société.
Le jeu d’échecs commence par s’installer dans « le Procope », le plus vieux café de Paris (et qui existe toujours).  Puis les joueurs d’échecs se rencontrent dans plusieurs cafés de Paris.
Le Café de la Régence ne s’appelle pas encore ainsi, il se crée vers 1680 sous le nom de Café de la Place du Palais Royal.
En 1715 Le Roi Louis XV accède au trône de France. Il n’a que 5 ans et son pouvoir est alors délégué à son grand-oncle, le duc d’Orléans, proclamé «régent du Royaume » en 1715.
Le Café de la Place du Palais Royal change à cette époque de nom, et ainsi à partir de 1718 il s’appellera désormais Café de la Régence.
Vers 1730 – 1740 Une « école française » commence à prendre forme, tout d’abord avec Kermur de Legall, plus fort joueur de son époque, puis avec son élève Philidor qui dépasse son professeur et révolutionne le jeu d’échecs avec son livre « L’analyze des Echecs ».
Tous deux sont les maîtres du jeu d’échecs au Café de la Régence durant quasiment toute cette deuxième partie du XVIIIème siècle.
Tout au long de ce XVIIIème siècle le Café de la Régence gagne en popularité et devient le véritable temple du jeu d’échecs supplantant ses rivaux. Des personnages historiques fréquentent alors ce Café à la mode tel que Diderot, Rousseau…
Arrive la Révolution française qui bouleverse l’ordre des choses.
Il est dit que Robespierre aimait venir jouer aux échecs. Faisait-il peur …? Toujours est-il que les joueurs d’échecs désertent plus ou moins le Café de la Régence pour se réfugier dans le Salon des Echecs à quelques pas du Café de la Régence.
Le Café de la Régence est alors en danger de disparition pour les Echecs.
De nouveaux joueurs très brillants font alors leur apparition dans les Echecs en France.
Tout d’abord Alexandre Lebreton-Deschapelles qui semble d’une intelligence hors du commun, digne successeur de Philidor, puis vers 1820 son élève De La Bourdonnais.
Tous les deux sont considérés comme les plus forts joueurs du monde à leur époque.
Mais le Café de la Régence n’a pas encore retrouvé ses lettres de noblesses qui faisaient sa gloire au siècle précédent. On y joue aux échecs, mais les plus forts sont ailleurs.
Ainsi De La Bourdonnais joue plutôt au Cercle des Echecs et il fonde en 1836 la première revue du monde dédiée au jeu d’échecs.
En 1841 faisant face à des difficultés, le Cercle des Echecs trouve un nouveau lieu d’accueil au premier étage du Café de la Régence.
Le propriétaire du Café à l’époque, Claude Vielle, est semble-t-il passionné par ce jeu.
Les premiers tournois s’organisent, le limonadier participe et offre des prix.
Cette période marque véritablement la renaissance du Café de la Régence.
Le meilleur joueur français s’appelle alors Saint-Amant, et en 1843 se tiendra au 1er étage du Café de la Régence ce qu’on peut appeler un championnat du Monde d’échecs. Il s’agit du fameux match entre Saint-Amant et Staunton le champion anglais. Victoire du joueur anglais, qui marque la fin de la suprématie des échecs français depuis près d’un siècle.

Arrive ensuite les travaux de la Place du Palais Royal, l’ancien Café de la Régence est démoli vers 1852 / 1853.
Le propriétaire, Claude Vielle, toujours lui, aurait très bien pu mettre la clé sous la porte et la légende s’arrêter à ce moment là.
Mais non, il patiente, s’installe provisoirement rue de Richelieu puis trouve un local dans un nouvel immeuble 161 rue Saint-Honoré. Une nouvelle ère débute pour le Café de la Régence qui restera jusqu’à la fin de la première guerre mondiale le lieu le plus célèbre du monde pour jouer aux échecs.
Les différents propriétaires feront beaucoup pour promouvoir le jeu d’échecs (et ainsi assurer le bon fonctionnement de leur commerce !).
Tous les plus forts joueurs du monde passèrent au Café de la Régence.
Par exemple, en 1858 un prodige passe plusieurs mois à Paris, il s’agit du génial Paul Morphy.
La France n’avait plus le meilleur joueur du monde, mais elle avait un lieu unique au monde, passage incontournable des champions étrangers.
Tous passèrent par le Café de la Régence tenu par des propriétaires fiers de leur Café unique par sa célébrité. Citons Andersen, Steinitz, Lasker, Alekhine, Capablanca…
En 1901, la loi sur les associations est votée. Ce point est primordial et va tout changer.
En 1902 l’association « Union Amicale des Amateurs de la Régence » (UAAR) est créée.
Mais il y a un problème.
Ce mariage entre une association et un lieu commercial reste viable tant que le propriétaire reste bienveillant et y vois son intérêt.
Vers 1912, nouveau changement de propriétaire, puis c’est la première guerre mondiale.
(NB Le propriétaire est le même de 1903 à au moins 1918, Lucien Lévy).
Quelque temps avant la fin du 1er conflit mondial, l’UAAR quitte la Café de la Régence.
Un conflit avec le propriétaire a eu raison des joueurs d’échecs.
Celui-ci ne se sentait plus maître des lieux ?
Une photo de 1920 montre que le lieu est devenu un restaurant avec orchestre.
(Source - Paris en images)

Peut être quelques joueurs s’y retrouvent de temps en temps ?
1921 la FFE (Fédération Française des Echecs) est fondée, un peu partout dans Paris des clubs d’échecs sont créés.
Puis arrive les années 30. Il semble qu’un nouveau propriétaire s’intéresse au jeu d’échecs.
Quelques évènements sont organisés au Café de la Régence avec des joueurs de renom mondial.
Une entrevue parue avec le Petit Parisien juste avant la deuxième guerre mondiale (édition du 2 février 1939) montre un propriétaire ravi de la présence d’autant de joueurs d’échecs (article à suivre).
Mais le jeu d’échecs est ailleurs, il s’est organisé en associations de loi 1901 regroupés sous la Fédération Française des Echecs.
Ensuite je n’ai plus de trace de l’activité échiquéenne dans ce lieu…
Le Café de la Régence reste actif pour les échecs au moins jusqu'en 1943.
Si vous passez un jour au 161 rue Saint-Honoré à Paris, souvenez-vous …


2 commentaires:

  1. Dans les années 50, les lambris étaient peints par Fontanarosa. Des personnages aux teintes pastel assez jolis qui ne méritaient pas de disparaître.

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  2. Merci pour votre commentaire. Pourriez-vous me contacter par courriel ?
    Votre précision est intéressante, merci.
    lecafedelaregence@free.fr
    Jean Olivier Leconte

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