dimanche 19 avril 2020

Battez Philidor !


En 1882 le Théâtre national de l’Opéra-Comique joue une pièce en un acte ayant pour thème le Café de la Régence et intitulé Battez Philidor ! 
Le spectacle est donné dans la salle Favart, dans le deuxième arrondissement de Paris, qui brûlera en 1887 et sera ensuite reconstruite.

Battez Philidor ! - Opéra-comique en un acte (1882)
Par Abraham Dreyfus, musique Amédée Dutacq

Cette pièce met en scène Philidor et le Café de la Régence en 1777.
C'est ce qui en fait l'intérêt pour ce blog.
Comme vous le verrez en lisant le texte, il est question d'un certain propriétaire appelé Boudignot qui est une pure invention.
En 1777, le "vrai" propriétaire des lieux à cette date est Guillaume Rey, mentionné par Diderot dans "Le neveu de Rameau"

Si le temps est trop froid ou trop pluvieux, je me réfugie au café de la Régence. Là, je m’amuse à voir jouer aux échecs. Paris est l’endroit du monde, et le café de la Régence est l’endroit de Paris où l’on joue le mieux à ce jeu ; c’est chez Rey que font assaut le Légal profond, Philidor le subtil, le solide Mayot ;

Dix représentations sont données, mais les critiques de l’époque restent assez mitigées sur la qualité du spectacle.
Le texte est en ligne sur le site Gallica., je le donne un peu plus bas également.

A noter que j'ai cherché en vain la partition de "Battez Philidor" notamment avec l'aide d'amis musiciens. Si vous la trouvez, je suis preneur !

Abraham Dreyfus

Dès la première représentation du 13 novembre 1882, la critique du Figaro (14/11/1882) est assez cinglante.

« (…) Ce livret, agréablement écrit, présente peu de situations musicales : et je ne m’étonne pas qu’il n’ait rien dit à l’imagination de M. Dutacq. Ce jeune compositeur, second prix de Rome, est le fils de notre ancien confrère, Armand Dutacq, le fondateur du Siècle et l’ami de Balzac, qui a laissé de durables souvenirs à ceux qui l’ont connu. 

Ce qui manque à la partitionnette de M. Amédée Dutacq, ce n’est ni le talent, ni le savoir, c’est l’intérêt. J’aime mieux l’attendre à une autre épreuve que de le discuter inutilement aujourd’hui. M. Barré compose avec esprit et bonhomie la physionomie de Philidor ; M. Nicot, enroué, avait fait réclamer l’indulgence, mais il n’en avait pas besoin pour mimer d’une manière amusante le rôle insignifiant de Richard  »

Le journal Le Temps (21/11/1882) publie une critique musicale qui se termine ainsi :

« (…) La comédie de M. Dreyfus est spirituellement écrite ; seulement elle ne prête pas beaucoup à la musique ; elle pourrait même s’en passer, à l’exception de l’air de Doris, qui, du reste, pourrait être chanté tout entier dans la coulisse. M. Dutacq a eu en 1876 le second grand prix à l’Institut ; Battez Philidor ! est le premier ouvrage qu’il ait donné au théâtre.

Malheureusement pour lui, Nicot, subitement enrouée, a chanté son air comme il a pu ; je ne puis donc juger le morceau sur une audition aussi défectueuse ; j’en dis autant de la pastorale que Mme Thuillier a fort bien vocalisé, mais en prononçant les paroles si mal, ou plutôt si peu, que je m’évertuais à me demander de quoi il était question. 


Charles Auguste Nicot

J’ai lu plus tard les paroles dans le livret imprimé ; mais la musique n’y est pas. Le duo des deux amoureux ne m’a pas laissé une impression assez vive. L’ouvrage commence par un chœur des joueurs d’échecs, et termine par un morceau d’ensemble, où le chœur : « Au café Procope ! », avec les entrées successives des parties, m’a paru bien scénique, quoique l’exécution fût hésitante, par la faute des choristes.  »


Louise Victoire Thuillier dite Thuillier-Leloir 

Voici le texte - Source Gallica.

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