Domique Thimognier (France - Héritage des Échecs Français) m'a signalé une référence très intéressante au sujet du Café de la Régence.
Il s'agit d'une question publiée dans le Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris du 17 février 1974 (qui se trouve sur Gallica, le site des documents numérisés de la BNF).
La question avait été posée au préalable dans le numéro du 12 janvier 1974, mais celui du 17 février apporte la réponse du préfet de Paris (la fonction de maire de Paris n'est rétablie que le 31 décembre 1975). Je n'ai pas trouvé de complément ultérieur.
Questions d'intérêt local
1er arrondissement.
N° 54. — Le « Café dé la Régence » qui, après un siècle de célébrité rue Saint-Thomas-du-Louvre (1), s'était installé en 1852 (2) au 161, rue Saint-Honoré vient de fermer ses portes. Avec lui disparaît un endroit chargé de souvenirs et d'histoires qui vit passer au cours de sa longue existence les personnages les plus illustres... Or, si l'on en croit les bruits qui courent, son emplacement serait destiné à abriter l'Office de l'artisanat d'un état du Maghreb et certains s'inquiètent déjà de l'aspect extérieur que pourrait revêtir cet emplacement si des transformations profondes devaient l'affecter. C'est la raison pour laquelle Mme Monique Garnier-Lançon, MM. Pierre-Charles Krieg et Lucien Finel, conseillers de Paris, demandent à M. le Préfet de Paris de veiller — lors de l'examen du permis de construire qui ne manquera pas d'être sollicité — à ce que l'on accorde aucune autorisation susceptible de déparer le site prestigieux de la place où il se situe. Ils lui signalent également l'intérêt qu'il y aura à saisir pour avis la Commission des Sites. (Question du 12 janvier 1974.)
1er arrondissement.
N° 54. — Le « Café dé la Régence » qui, après un siècle de célébrité rue Saint-Thomas-du-Louvre (1), s'était installé en 1852 (2) au 161, rue Saint-Honoré vient de fermer ses portes. Avec lui disparaît un endroit chargé de souvenirs et d'histoires qui vit passer au cours de sa longue existence les personnages les plus illustres... Or, si l'on en croit les bruits qui courent, son emplacement serait destiné à abriter l'Office de l'artisanat d'un état du Maghreb et certains s'inquiètent déjà de l'aspect extérieur que pourrait revêtir cet emplacement si des transformations profondes devaient l'affecter. C'est la raison pour laquelle Mme Monique Garnier-Lançon, MM. Pierre-Charles Krieg et Lucien Finel, conseillers de Paris, demandent à M. le Préfet de Paris de veiller — lors de l'examen du permis de construire qui ne manquera pas d'être sollicité — à ce que l'on accorde aucune autorisation susceptible de déparer le site prestigieux de la place où il se situe. Ils lui signalent également l'intérêt qu'il y aura à saisir pour avis la Commission des Sites. (Question du 12 janvier 1974.)
Réponse de M. le Préfet de Paris.
A ce jour aucune demande de transformation concernant l'établissement sis 161, rue Saint-Honoré n'a été déposée. En tout état. de cause, aucune autorisation de transformation de façade ne pourrait être autorisée sans l'accord de l'architecte des Bâtiments de France du secteur.
J'indique en rouge deux erreurs dans le texte.
(1) L'adresse de l'ancien Café de la Régence est 243 place du Palais Royal. La rue Saint-Thomas du Louvre (qui n'existe plus) partait perpendiculairement de la place du Palais Royal vers le Louvre. Dans cette rue Saint-Amant avait sa boutique de vente de vin en gros.
(2) 1852 -> cette année n'est pas correcte. Les joueurs d'échecs déménagent avec la Café vers la fin de l'année 1853 et le nouveau café de la Régence est officiellement inauguré le 15 août 1855. Une date qui n'est pas prise au hasard, elle correspond à la "Saint-Napoléon" qui est alors la date de la fête nationale sous le second Empire, mais c'est également durant la première exposition universelle de Paris en 1855.
Au-delà de ces erreurs mineures, le texte apporte une information troublante : il existerait un Café de la Régence au 161 rue Saint-Honoré en début d'année 1974, juste avant l'installation de l'office du tourisme du Maroc.
Il n'y a aucune ambiguïté sur la disparition de la Régence en 1955 comme je l'ai indiqué dans plusieurs articles précédents, par exemple ici.
Mais il est tout à fait possible qu'un établissement du même nom soit réapparu ultérieurement (fin des années 1950 ? dans les années 1960 ?). Ce point est à éclaircir, et la réponse viendra probablement de la consultation des annuaires téléphoniques des années 1960/1970. Qu'y trouve-t-on au 161 rue Saint-Honoré durant cette période ?
C'est en tout cas une hypothèse tout à fait recevable, car cette situation existe de nos jours avec l'ouverture durant l'été 2016 d'un "Café de la Régence" au 167 rue Saint-Honoré et qui n'a rien à voir avec le Café historique. Inutile d'essayer d'y sortir un jeu d'échecs...L'objectif y est de nourrir le touriste.
La réponse du préfet de Paris indique qu'il faudra une autorisation de l'architecte des Bâtiments de France.
Il suffit de voir l'évolution de la façade, au 161 rue Saint-Honoré, pour se rendre compte que son avis a disparu dans les limbes de l'administration au fil du temps ou bien que l'office du tourisme du Maroc a fini par se passer de son avis. Ceci est tout à fait regrettable, car il faut rappeler que le Café de la Régence fut en son temps aménagé par le célèbre architecte Edouard Jean Niermans.
Quelques photos de l'évolution de la façade au 161 rue Saint-Honoré
En 1922
En 1955
En 2005. Les lanternes sont toujours-là, et les poteaux sont toujours visibles, mais la façade a déjà changé.
En 2008 (Google Street), c'est terminé de l'ancienne façade.
Et le 4 avril 2023, le jour du dévoilement de la plaque commémorative, deux grandes photos sont présentes sur la vitrine de l'office du tourisme du Maroc qui semble fermé depuis un bon moment.
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