Lors d’un précédent article, j’avais raconté la courte
visite au café de la Régence en 1777 de l’Empereur Joseph II « Empereur du
Saint-Empire Romain Germanique ».
Celui-ci voyageait incognito sous le nom de comte de
Falkenstein.
Quelques années plus tard, en mai/juin 1782, c’est au
tour du fils de Catherine II de Russie, de se rendre en France avec son épouse.
Ceux-ci voyagent sous le nom de comte et comtesse du Nord.
Paul 1er, futur Tsar de Russie, se rend
incognito au café de la Régence.
Cette visite est mentionnée par plusieurs sources.
En voici une trouvée dans Google Books qui date de 1807.
Il s’agit d’un « guide touristique » du Paris
du début du 19ème siècle !
Outre le bref passage au Café de la Régence du futur
Tsar, l’auteur apporte des informations intéressantes sur le quartier du
Palais-Royal et sur la localisation des joueurs d’échecs en 1807.
J'ai donc laissé les passages après la mention du comte du Nord.
Miroir historique, politique et critique de l’ancien et
du nouveau Paris et du département de la Seine.
Troisième édition – TOME V
Par L.Prudhomme, Membre de plusieurs sociétés littéraires
Troisième promenade – PARIS mil huit cent sept.
CHÂTEAU – D’EAU
Place du Palais-Royal
L’entrée du Château-d’Eau, occupe le fond de cette place ;
il est au coin de la rue Froidmenteau. Il fut élevé en 1719, sur les dessins de
de Cotte, architecte ; ce Château contient des réservoirs d’eau de la
Seine et d’Arcueil. (…)
A gauche du Château-d’eau on voit le
CAFÉ DE LA RÉGENCE
Ce café est fameux pour les joueurs d’échecs, c’est là
que Rousseau jouait avec Philidor. C’est dans ce café que l’Empereur de Russie,
voyageant sous le nom de comte du Nord, fit un pari d’un louis qu’il gagna pour
un coup d’échec qui présentait beaucoup de difficultés.
Il n’était pas connu ; mais en s’en allant il mit 4
louis dans les mains du garçon limonadier : cette générosité le fit
connaître.
Un peu plus loin on apprend donc quelques détails historiques
intéressants
(…)
PALAIS-ROYAL ou DU TRIBUNAT, ci-devant ÉGALITÉ
Depuis la révolution, ce palais a changé plusieurs fois
de nom ; il s’est d’abord appelé Palais-Royal ; ensuite, Palais Égalité, et enfin Palais du Tribunat.
(…)
Plus loin on peut lire que les arcades des jardins du Palais Royal
comportent 29 cafés à l’époque.
Et suite à la Révolution qui avait un peu éparpillé les
joueurs d’échecs, on y apprend que
(…)
Café Bidaut, ce sont des habitués modestes et grands
joueurs d’échecs : la maîtresse est l’une des plus jolies femmes sous les
galeries de pierres.
Café Valois, surnommé autrefois Café des Incurables. Il
était protégé par Malmesbury. On y joue beaucoup aux échecs.
(…)
Dans beaucoup de cafés on tient bureau académique ;
on y juge les auteurs, les pièces de théâtre ; on y décide de la guerre et
de la paix ; on y remporte des victoires ; et on se dit à l’oreille
les désastres que les Français, dit-on, éprouvent.
La crédulité et le bavardage du Parisien n’ont point de
bornes. Dans d’autres cafés l’on ne dit pas un mot. Des rentiers, des
bourgeois, des ci-devant marguilliers de paroisse, jouent pendant quatre heures
aux dames, aux dominos, aux échecs, sans dire un mot.
Lorsque la maîtresse du café est jolie, elle est
environnée d’hommes qui lui prodiguent des compliments ; souvent elle fait
la cruelle. Ces femmes sont presque toutes coquettes ; c’est un attribut
indispensable de leur commerce.
Chaque café a son bavard ou son orateur. Il en est où les
habitués changent d’opinion quatre fois par jour ; ils sont toujours les
partisans du dernier ordre des choses.
Autrefois on lâchait des mouchards dans tous les cafés,
souvent même le maitre était attaché à la police.
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