Il
y a quelques temps j’avais parlé d’un propriétaire du Café de la Régence vers
1850, Claude Vielle.
Voici
un article sur un autre propriétaire, Lucien Lévy.
Lucien
Lévy est un parisien, né le 13 mai 1864 dans le 11ème arrondissement
de Paris.
Il
est issu d’une famille modeste comme nous l’apprend son acte de naissance
(source archive de Paris). Au moment de sa naissance, son père Louis Lévy est
commis, et sa mère, Marguerite Félicité Jacob est institutrice.
(Source - Archives de Paris)
Il
se marie le 29 juin 1897 avec Laure Jenny Rachel Reiss sans profession.
L’acte
de mariage indique que Lucien Lévy est alors négociant sans plus de précision.
Son
ascension sociale est certaine puisqu’il arrive en 1903 à faire l’acquisition
du très à la mode Café de la Régence. Très à la mode car je rappelle que
celui-ci fait face au Théâtre-Français…
Le
propriétaire jusqu’au début de l’année 1903, depuis plus de 25 ans est Joseph Kieffer,
Alsacien et vétéran de la guerre franco-prussienne de 1870.
L'été 1903 correspond à de gros travaux suite au changement de propriétaire.
D’ailleurs
à l’occasion de ces travaux de nombreux journaux parisiens de l’époque annonçaient
la fin des échecs au café de la Régence (article à suivre). La
toute jeune association de la loi de 1901 l’UAAR (Union Amicale des Amateurs de
la Régence – créée le 5 décembre 1902 – source La Stratégie) allait-elle
disparaître ?
Il
n’en est rien, et à l’issue de ces grands travaux de l’été 1903, les joueurs
d’échecs reprennent leurs habitudes sans doute grâce à l’habileté du président
de l’UAAR Eugène Deroste (avocat parisien réputé).
L’assemblée
générale de l’UAAR qui suit nomme Lucien Lévy comme trésorier de l’association (Joseph
Kieffer l’ancien propriétaire ayant été le 1er trésorier).
Contrairement
à Claude Vielle (ancien propriétaire) je n’ai pas (encore ?) trouvé de
trace de Lucien Lévy joueur d’échecs. C’est peut être justement là un des
problèmes.
Ensuite
en 1910 de nouveaux grands travaux ont lieu qui augmentent considérablement la
surface de ce qui n’est plus maintenant un simple café mais plutôt un vaste
restaurant où se jouent des concerts.
Voici
une carte postale qui date de cette époque (dessus est écrit 1915) trouvée sur
le site de vente de cartes postales Delcampe.
Le
restaurant qui fait face à la Comédie-Française est imposant, c’est le moins
que l’on puisse dire.
Il
est à noter que la vieille pancarte indiquant sur la façade la création du café
en 1718 - à une autre adresse d’ailleurs, voir un de mes premiers articles surle Café de la Régence – cette pancarte a disparu.
Vaille
que vaille l’UAAR survit dans un local de plus en plus exigu semble-t-il au
sein du Café de la Régence. Mais tout n’est pas si rose. Lucien Lévy doit sans
doute vivre un peu mal la présence de ses joueurs d’échecs qui font un peu tâche
dans ce restaurant rutilant. Des tensions apparaissent.
Manifestement
Lucien Lévy mène également la vie dure à ses employés.
Pour
rentabiliser son affaire, il use ses employés, et 15 d’entre eux finissent par
déposer plainte contre lui en 1910 (source archive de la préfecture de police).
Il
est convoqué au commissariat du Palais-Royal pour donner sa version des faits
que voici.
(Source - Archive de la préfecture de police de Paris - Main courante du commissariat du Palais-Royal 1910)
Main courante du commissariat de
police du quartier du Palais-Royal
4 et 6 juin (1910) - N°463 – Parquet
Etat Civil
Lévy (Lucien) né le 13 mai 1864 à
Paris 11ème de Louis et de Jacob Félicité, marié avec Mlle Reiss
(Laure) le 1er juillet 1897 à Paris 1er arrondissement.
Propriétaire du Café de la Régence 161 rue Saint-Honoré.
Résumé de l’affaire
Instruction du parquet pour
interrogatoire
Infraction à la loi du 13 juillet 1906
– quinze employés n’ayant pas le repos hebdomadaire – Dit que les employés
prennent ce qu’ils veulent et beaucoup préfèrent grouper leur repos pour avoir
plusieurs jours de suite – Mais tous ont la faculté de prendre un jour par
semaine.
Mais
la disparition du président de l’UAAR, Eugène Deroste décède le 5 novembre 1917
à l’âge de 68 ans (source La Stratégie), ainsi que la 1ère guerre
mondiale (et fatalement une moins grande fréquentation du lieu par les joueurs
d’échecs) entraîne le divorce entre le Café de la Régence et l’UAAR – Ceci fera l’objet d’un prochain article.
Divorce
provisoire puisque dans les années 30 un nouveau propriétaire donnera ses
dernières heures de gloire au jeu d'échecs dans ce lieu mythique.
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