dimanche 30 août 2020

Le procès Rosenthal / Balaschoff


En fin d'année 1898, la première chambre du tribunal civil de la Seine accueille un intéressant procès entre joueurs d'échecs : Samuel Rosenthal contre Pierre de Balaschoff, aristocrate Russe installé à Paris. En voici le détail, que l'on retrouve dans de nombreux journaux de l'époque, mais également aux Archives de Paris, que j'ai été consulter sur place.

Vous connaissez déjà un peu Samuel Rosenthal si vous lisez mes articles. Par exemple avec l’affaire du match par correspondance entre Paris et Vienne en 1884 qui scinda en deux clans les échecs en France à la fin du XIXè siècle.

Samuel Rosenthal - Source Wikipedia et Chess History
Le Monde Illustré 20 septembre 1902 (p 288)

Rosenthal est un professionnel du jeu d’échecs. Arrivée de Pologne (alors l’Empire Russe) en 1864, il devient un des meilleurs joueurs du Café de la Régence à l’époque. Malgré quelques succès sur la scène international, il n'atteint pas le niveau de joueurs tels que Steinitz et Zukertort. Mais il faut dire que sa santé fragile n'a pas joué pour lui.
Quand il quitte le Café de la Régence en 1884, il gagne très bien sa vie grâce aux cours d’échecs, à ses chroniques dans quelques journaux dont Le Monde Illustré, aux simultanées qu’il donne au Grand Cercle etc.

Pierre Alexandrovitch Balaschoff, né le 3 / 15 juin 1847 à Saint-Pétersbourg
Photo Louis Thiriot en 1887 - Source Gallica

Un de ses élèves est un très riche aristocrate Russe installé à Paris, Pierre de Balaschoff. Outre le jeu d’échecs, comme nous allons le voir, Pierre de Balaschoff (qui a fait ajouter la particule pour franciser son nom et montrer son appartenance à l’aristocratie) est un passionné d’aéronautique.
Il finança notamment plusieurs ballons d’observation, dont un porta même son nom.

Le ballon "Le Balaschoff" - Gallica - Le Monde Illustré 6 novembre 1897 (page 367)

L'Aérophile - Janvier 1897 (page 144)

« (...) M. Pierre de Balaschoff a fait présent à M. Mascart d'un aérostat en soie de Chine de 1700 mètres, destiné à servir uniquement à des expériences scientifiques.

M. Mascart en a fait don à la Commission française ; celle-ci, afin de donner un témoignage public de reconnaissance pour cette libéralité, a décidé que ce ballon se nommerait dorénavant le Balaschoff. Il servira à exécuter une expérience de vérification des appareils nuageux, par MM. Violle et Cailletet. Les frais de cette expédition seront faits par le prince Roland Bonaparte.

S.A.S. le prince de Monaco a promis de faire les frais de la prochaine expédition d'aérophiles »

Journal officiel du 13 février 1898 - Gallica

Il obtient le grade de chevalier de la Légion d'honneur en février 1898.

« M. Pierre de Balaschoff, sujet russe, membre fondateur de la société de géographie de Paris. Membre fondateur de la société de géographie commerciale de Paris : service rendus à la science française. Nombreux dons aux œuvres scientifiques. »

Il décède deux ans plus tard à seulement 53 ans.

Journal officiel du 17 mai 1900

« Article de la Société de géographie de Paris. Assemblée générale tenue le 5 mai 1900.
« M. Pierre Alexandrovitch de Balaschoff, membre de la Société de Géographie depuis 1883, donne et lègue à ladite Société une somme de 50.000 fr. ».
Le défunt, mort le 6 mars 1900, portait un vif intérêt aux travaux de la Société et était venu plus d'une fois en aide aux explorateurs.»

Sur le site du CNRS il est possible de lire une notice nécrologique le concernant :

« (…) M. Pierre de Balaschoff a succombé à une longue maladie en son hôtel de la rue Ampère, le mardi 6 mars. Son corps a été inhumé au cimetière du Père Lachaise. Il n’était âgé que de 53 ans, mais d’une constitution délicate et maladive qui ne permettait guère d’espérer qu’il parviendrait à un âge avancé. »

On apprend donc dans cette article qu’il possédait un hôtel particulier rue Ampère, au numéro 6 pour être précis, qu’il avait fait construire en 1887. Cet hôtel particulier existe toujours et il accueille une clinique privée de chirurgie esthétique !

Tous ces détails pour bien situer sa fortune…

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En fin d'année 1898, il est possible de lire à peu près la même chose que ce qui est publié dans le journal « Le Temps » du 23 décembre 1898 :

Le Temps - 23 décembre 1898 - Gallica

Dernières nouvelles du Palais
Entre professeur d'échecs et amateur

« Le professeur d'échecs Rosenthal est en procès devant la 1ère chambre du tribunal civil avec un de ses anciens élèves, le richissime M. de Balaschoff, qui figure au rang des amateurs le plus renommés.

Voici, d'après son assignation de quoi se plaint M. Rosenthal : il parait que M. de Balaschoff, après avoir pris un certain nombre de leçons à 20 francs le cachet, s'éprit absolument du jeu d'échecs et attacha en quelque sorte à sa personne M. Rosenthal, lui demandant conseil dans les parties internationales où il était engagé, se faisant accompagner par lui partout où se jouaient des parties qui nécessitaient sa présence.

M. Rosenthal devait recevoir pour ses bons offices des appointements annuels de 6.000 francs et, de plus, 1.000 francs par voyage. Or, en cours d'exécution, ces conventions ont été brusquement violées par M. de Balaschoff, qui a signifié son congé définitif à son professeur-conseil.

M. Rosenthal, à la suite de cette rupture, a réclamé 15.000 francs d'appointements arriérés, 1.000 francs pour un voyage fait à Stuttgart, et 25.000 francs de dommages-intérêts. A l'appui de sa demande, que soutient Me Levilion, il exhibe notamment une reconnaissance de dette émanant de son adversaire.

Mais celui-ci prétendra, par l'organe de Me du Basty, que cette "reconnaissance de dette" n'a pas la portée que lui donne son ancien professeur et qu'en réalité aucun traité ne le liait vis-à-vis de ce dernier. Ses conclusions tendent au rejet absolu de la demande. »

Les relations échiquéennes entre Pierre de Balaschoff et Samuel Rosenthal démarrent en 1885.
Ce qui commence par des leçons d’échecs très bien payées à 20 francs à l’unité (le salaire mensuel moyen d'un employé / ouvrier à Paris à l'époque est d'environ 150 francs) se poursuit par l’équivalent d’un salaire mensuel de 500 francs ainsi que d’autres avantages.

Les résultats sont là, puisque par exemple Pierre de Balaschoff remporte en 1890 le 1er tournoi international par correspondance du journal Le Monde Illustré.



Le Monde Illustré - 22 octobre 1887 - Gallica


Le premier prix du tournoi du Monde Illustré.
"Diane Victorieuse" par Albert-Ernest Carrier-Belleuse (un peu plus sympathique que les coupes de nos tournois actuels).

Le Monde Illustré - 4 janvier 1890 - Gallica

Pierre de Balaschoff (au centre) remporte ce tournoi international par correspondance.
Voici deux parties de Pierre de Balaschoff commentées par Samuel Rosenthal pour Le Monde Illustré


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1.e41,165,57054%2421---
1.d4946,47455%2434---
1.Nf3281,31256%2441---
1.c4181,93756%2442---
1.g319,68856%2427---
1.b314,23654%2427---
1.f45,88648%2377---
1.Nc33,79651%2384---
1.b41,75348%2380---
1.a31,19754%2403---
1.e31,06848%2408---
1.d394850%2378---
1.g466246%2361---
1.h444653%2374---
1.c342651%2425---
1.h327956%2416---
1.a410860%2468---
1.f39147%2431---
1.Nh38966%2508---
1.Na34262%2482---
1.e4 e5 2.Nf3 Nc6 3.Nc3 Nf6 4.Bb5 Bb4 5.0-0 0-0 6.Nd5 Nxd5 Le coup du texte est la mailleure défense. Cependant les noirs peuvent également jouer 6...Be7 7.d3 d6 7.exd5 e4 8.Ne1 Si 8.dxc6 exf3 9.Qxf3 9.cxd7 fxg2 10.Kxg2 Bxd7 les noirs sont mieux 9.cxb7 Bxb7 10.gxf3 Qg5+ gagne le fou en b5 9...dxc6 avec au moins une partie égale 8...Ne7 9.c3 Bc5 10.d4 exd3 11.Bxd3 d6 12.Nf3 h6 13.b4 Bb6 14.c4 Nous désapprouvons le coup du texte, l'avance des pions du côté de la dame est trrès dangereux pour une fin de partie. Nous aurions préféré 14.Bc2 14...a5 15.b5 Bg4 16.h3 Bh5 17.Bb2 Bg6 18.Nh4 Qd7 19.Qc2 Bxd3 20.Qxd3 g5 21.Qc3 f6 22.Nf3 Ng6 23.Kh1 Le coup du texte est un temps perdu 23.Rae1 valait mieux 23...Rae8 24.Nh2 Kg7 25.Qd2 Re4 26.Qd3 Qe7 27.Ng4 Nf4 28.Qf3 h5 29.Nh2 Si 29.Nxf6 Rxf6 30.Bxf6+ Kxf6 31.g3 g4 32.hxg4 hxg4 33.Qxg4 Qh7+ 34.Qh4+ 34.Kg1 Ne2+ suivi de Tour prend Dame et gagnent 34...Qxh4+ 35.gxh4 Rxc4 et gagnent 29...Kg6 Très bien joué 29...g4 30.hxg4 hxg4 31.Qxg4+ 31.Nxg4 Rh8+ 32.Nh2 Kf8 33.g3 Qh7 et gagnent 31...Ng6 32.Qf3 Rh8 33.Bxf6+ Qxf6 34.Qxe4 et gagnent 30.Bc3 Ne2 31.Rae1 g4 Encore un très joli coup comme on le verra par la note suivante 32.Qd3 Si 32.hxg4 hxg4 33.Nxg4 Rh8+ 34.Nh2 Rxh2+ 35.Kxh2 Rh4+ et gagnent 32...f5 33.Bd2 Si 33.hxg4 hxg4 34.Nxg4 Nxc3 35.Qxc3 fxg4 36.Qd3 Re8 et gagnent, car si 37.f3 Rh8# 33...Re8 34.Nf3 Sacrifice incorrect, mais nous ne voyons pas un bon coup à indiquer aux blancs. Si 34.Be3 Rxe3 35.fxe3 Ng3+ 36.Kg1 Bxe3+ 37.Rxe3 Qxe3+ et gagnent 34.g3 Rd4 35.Qc2 Qe4+ 36.Qxe4 Rdxe4 34.h4 Rd4 35.Qc2 g3 36.fxg3 36.Nf3 Qxh4+ 37.Nxh4+ Rxh4# 36...Nxg3+ 37.Kg1 Rxd2+ échec à la découverte et mat en quelques coups 34...gxf3 35.gxf3 Nf4 Très bien joué. 35...Re5 36.Rxe2 Rxe2 37.Rg1+ Kh7 37...Kf7 38.Qxf5+ Qf6 39.Qh7+ 38.Qxf5+ Kh8 39.Qxh5+ Qh7 40.Bc3+ R8e5 41.Qe8+ et mat le coup suivant 35...Rd4 36.Rg1+ Nxg1 37.Rxg1+ Kh7 37...Kf7 38.Qxf5+ et gagnent 38.Qxf5+ Kh8 39.Qxh5+ et gagnent 36.Rg1+ Kh7 37.Qb1 Qh4 Les blancs ne peuvent plus sauver la partie. 0–1
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Sgroi,C-de Balaschoff,P-0–1C49
de Balaschoff,P-Courel-1–0C51

Les relations sont au beau fixe à cette époque.

Le jugement est consultable aux Archives de Paris dans le 19ème arrondissement de Paris

Le jugement, fait part d’un projet commun entre les deux joueurs :

« Le maître et l’élève conçurent le projet d’écrire en collaboration un grand ouvrage sur le jeu d’échecs, de Balaschoff devant traiter la partie historique, et Rosenthal la partie technique ». 

Projet qui n’aura jamais lieu. Dans une de ses dernières lettres à Rosenthal, de Balaschoff s’exprime ainsi :

« J’attends avec impatience les petits diagrammes. En attendant je vais commencer notre ouvrage ».

Mais selon le jugement :

« Si on en juge par sa correspondance, de Balaschoff, bien que Russe, ne possède pas la langue Française d’une façon assez complète pour que son concours ait pu être d’une grande utilité à Rosenthal pour la rédaction de cet ouvrage. Que tout son travail a consisté à faire quelques traductions sans importance. Que de son côté, et pour la partie technique, Rosenthal ne justifie même pas d’un commencement de rédaction. »
« Dans ces conditions Rosenthal n’est point fondé à réclamer des dommages intérêts sous le prétexte d’avoir perdu le fruit de sa coopération à cet ouvrage ».

Archives de Paris

Le texte de la reconnaissance de dette signée par de Balaschoff et dont il est fait mention dans l’article du journal Le Temps est le suivant :

« Cher Monsieur Rosenthal,
Après avoir vérifié votre note je reconnais vous devoir la somme de quinze mille francs, compris vos appointements jusqu’au 1er janvier 1897.
Stuttgart, 5 novembre 1896
Signé : Pierre de Balaschoff »

En fait, Pierre de Balaschoff, alors à Stuttgart, demande à Rosenthal de venir le retrouver pour quelques semaines. Ce que Rosenthal fait. Les choses doivent s’envenimer là-bas, car Rosenthal demande à de Balaschoff de signer cette reconnaissance de dette.

« que les choses durèrent ainsi jusqu’à la fin de Mil huit cent quatre-vingt-seize, mais qu’à la date du vingt-trois décembre de Balaschoff adressa brusquement à Rosenthal une lettre de rupture. »

Le jugement indique

« la reconnaissance du 5 novembre 1897 a tous les caractères d’un règlement de compte et comprend dès lors toutes les sommes dont de Balaschoff pouvait être débiteur (...) Rosenthal ne saurait être considéré comme un employé du défendeur, qu’il s’intitule lui-même professeur d’échecs ».

Et poursuit par

« Que Rosenthal devrait tout au moins établir que cette rupture lui a causé un préjudice appréciable et qu’il aurait perdu, comme il le prétend, le bénéfice d’engagements et de concours en France et à l’étranger. Qu’il ne fait aucune preuve à cet égard, que les seules justifications qu’il produit se réfèrent à des propositions et à des concours antérieurs de plusieurs années à son congédiement. Que ce fait ne saurait donc être retenu comme une cause de préjudice. »

La Croix 9 janvier 1899 - Gallica

« JUSTICE
Entre joueurs d'échecs

On se souvient que M. Rosenthal, le célèbre professeur d'échecs, réclamait devant le tribunal civil de la Seine, à M. de Balaschoff :
1° La somme de 15.000 francs, montant d'appointements arriérés ;
2° Celle de 1.000 francs pour indemnité relative à un voyage à Stuttgart fait au mois d'octobre 1896 ;
3° Une somme de 25.000 francs à titre de dommages-intérêts ;

La 1ère Chambre du tribunal civil de la Seine vient de condamner M. de Balaschoff à payer à M. Rosenthal la somme de 15.000 francs, montant de la reconnaissance produite.
M. Rosenthal a été déclaré mal fondé dans le surplus de sa demande.
M. de Balaschoff est condamné aux dépens. »

Il reste quand même un mystère que je n’ai pas éclairci : pour quelle raison fondamentale Pierre de Balaschoff met-il brutalement un terme à plus de 10 ans de relation avec Samuel Rosenthal ? Il est possible que cette reconnaissance de dette ait vexé Pierre de Balaschoff qui congédie Rosenthal un mois plus tard. Comment remettre en cause la parole d'un noble Russe richissime ?

jeudi 20 août 2020

Une partie oubliée d'Alexandre Deschapelles


Mise à jour du 17 juin 2023 : Pour compléter cette article en voici un autre sur une position inédite de Deschapelles.

Les quelques rares sources qui citent les parties et positions connues à ce jour d'Alexandre Deschapelles n'en mentionnent que 9 en tout est pour tout. Ce n'est pas beaucoup pour se faire une idée du talent d'un joueur qui fut réputé comme le meilleur joueur d'échecs au monde au début du XIXè siècle et que ses contemporains jugèrent plus forts que Philidor...

De plus ces parties connues de Deschapelles sont à avantage et une seule est à but (partie à but = partie commencée à égalité de matériel), contre Cochrane en 1821 (voir ci-dessous l'échiquier interactif).

Et n'oublions pas que Deschapelles n'aimait pas passer trop de temps devant l'échiquier.
Une partie se doit d'être jouée assez rapidement :

« Deschapelles (…) nous dit n’avoir jamais fait de partie qui ait duré plus d’une heure en jouant pendant dix ans avec M. de La Bourdonnais ; il se contentait d’une demi-minute par coup (…)  »

Le Palamède 1836

Pourtant il existe au moins une dixième partie, facilement accessible car publiée dans le Palamède en 1842. Pour quelle raison n'est-elle pas dans les bases de données ni mentionnée ? Mystère.
Peut-être qu'un collectionneur possède d'autres parties inédites ?!

Il s'agit d'une partie contre Saint-Amant le 30 octobre 1842 au Cercle des Échecs (au-dessus du Café de la Régence). Deschapelles rend la tour en a1 en échange du trait et de deux pions, l'un en c4 et l'autre en f4.
Dans Le Palamède il est indiqué que cet avantage équivaut à peu près à pion et deux traits.
Deschapelles ne considère donc pas Saint-Amant comme un joueur de son niveau, loin de là...

Le Palamède 1842

Deschapelles - Saint-Amant, partie jouée le 30 octobre 1842 au Cercle des Échecs de Paris.

A ma connaissance il n'est pas possible de rentrer la position initiale dans Chessbase.
La partie est enregistrable à partir du 19ème coup des blancs.

Position initiale - Notez l'absence de la tour en a1 et les deux pions supplémentaires pour Deschapelles.

1.e2-e4 d7-d6 2.d2-d4 f7-f6 3.f4-f5 g7-g6 4.d4-d5 Ff8-h6 5.f2-f4 c7-c6 6.Ff1-d3 Cb8-a6 7.c2-c3

Position après 7.c2-c3

7. ... c6xd5 8.c4xd5 Ca6-c5 9.Fd3-c2 Fc8-d7 10.b2-b4 Cc5-a6 11.a2-a4 Ca6-c7 12.Fc1-e3 Re8-f8

Position après 12. ... Re8-f8

13.c3-c4 Cc7-a6 14.Dd1-d2 Dd8-c8 15.b4-b5 Ca6-c5 16.g2-g4 a7-a6 17.Cb1-c3 

Position après 17.Cb1-c3

17. ... a6xb5 18.ç4xb5 g6-g5

Position après 18. ... g6-g5 - Le Palamède 1842

La suite de la partie sur l'échiquier interactif à la fin de l'article...

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Parmi les parties de Deschapelles se trouve une position publiée sous le numéro XV dans Le Palamède en 1836.

La Bourdonnais indique "le mat n°XV a été fait dans une partie des pions (*) par M. Deschapelles"

(*) partie des pions - voir l'article dédiée à cette variante du jeu d'échecs, probablement inventée par Legall et qui eut une influence considérable sur Philidor.

La position est donnée un peu plus loin, mais elle contient une erreur...
...erreur que La Bourdonnais s'empresse de corriger dans le numéro suivant : La tour noire en a8 devrait être en b8.

"Dans la planche du numéro précédent, qui représente ce mat, il se trouve une erreur typographique très grave, et dont nous demandons pardon à nos abonnés. La tour de la reine est indiquée à sa case; elle doit être à la case de son cavalier".


Voici la position corrigée avec la tour noire en b8 plutôt qu'en a8.
La position semble trop belle, trop artificielle pour être vraie.
Il s'agit peut-être d'une composition de Deschapelles à partir d'une de ses parties.

En tout cas à aucun moment il n'est mentionné le nom de La Bourdonnais comme adversaire.



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Le Palamède 1844 Les Noirs retirent le Pion du Fou du Roi 1.e4 -- 2.d4 Nc6 3.f4 Les Blancs ouvrent trop leur jeu en poussant ce Pion, et restituent déjà une portion de la valeur des deux traits. d5 4.e5 Bf5 5.c3 On peut hardiment avancer ici que l'avantage des deux traits a disparu, et qu'il ne reste plus aux Blancs que le Pion de plus e6 6.Bd3 Nh6 7.Ne2 Il était préférable de sortir ce Cavalier à la 3ème case du Fou du Roi 7.Nf3 7...Qh4+ 8.g3 C'est avec le Cavalier qu'il était plus convenable de couvrir, sans crainde de voir doubler le Pion du Cavalier du Roi, une fois les Dames échangées. Qh3 9.Kd2 Il faut avouer que cette fuite du Roi n'est pas heureuse. Marcher au devant du danger à la 2ème case du Fou du Roi, 9.Kf2 nous eût semblé plus propre à la conjurer. A partir de là, cette partie n'est qu'une débâcle sans intervalle d'espérance. 9...Bxd3 10.Kxd3 Qf5+ 11.Kd2 Ng4 12.Ke1 Qe4 13.Rg1 Se douterait-on, après ces douze coups, que les Blancs ont été avantagés de Pion et deux traits ! Nxh2 14.Nd2 Qd3 15.Kf2 Ng4+ 16.Ke1 Qe3 Le jeu des Noirs est magnifique. Ils pouvaient ici gagner la Tour de la Dame en jouant le Cavalier à la 3ème case du Roi 16...Ne3 et ensuite à la 7ème case du Fou de la Dame (Nc2) 17.Nf1 Qf2+ 18.Kd2 Qf3 19.Kc2 Nf2 20.Qd2 Qe4+ 21.Kb3 Na5+ 22.Ka4 Nc4 23.Qe1 Qc2+ 24.b3 Ce coup est forcé. Le mat du Roi blanc est ici en deux coups. Nd3 Les Noirs avaient joué jusqu'à ce coup d'une manière irréprochable. Ils manquent ici le coup juste, qui était le Pion de la Tour de la Dame 1 pas, menaçant d'un mat impossible à parer le coup suivant. 24...a6 25.Ne3 Nxe3 26.Qd2 Nb2+ 27.Kb5 c6+ C'est encore le Pion de la Tour qu'il falalit pousser par échec, et non celui du Fou de la Dame. 27...a6+ Le mat était ensuite donné par le Pion du Cavalier. Il semble que depuis que les Noirs tiennent la partie, ils n'aient plus appliqué leur attention à jouer les coups justes. 28.Ka5 Nec4+ 29.bxc4 Qa4# commentaires publiés dans "Le Palamède" 1837 p.431 (De la Bourdonnais qui indique la date de 1822) dans "Aus Vergangenen Zeiten (L. Bachmann) et repris dans "Les Cahiers de l'Echiquier Français" 21 p.138 0–1
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Cochrane,J-Deschapelles,A-0–1
Cochrane,J-Deschapelles,A-0–1
Cochrane,J-Deschapelles,A-1–0C44
Lewis,W-Deschapelles,A-½–½1
Lewis,W-Deschapelles,A-½–½2
Lewis,W-Deschapelles,A-1–03
Deschapelles,A-NN-1–0
Dumoncheau-Deschapelles,A-½–½
Greville,B-Deschapelles,A-1–0
Deschapelles-Saint-Amant-0–1

mercredi 12 août 2020

Une histoire de Fou


Depuis 1836, la revue Le Palamède a toujours utilisé le même type de diagramme pour montrer des positions d’échecs. Les pièces sont simplement représentées par une lettre d’imprimerie blanche ou noire comme sur le diagramme ci-dessous provenant du Palamède en janvier 1842. Mais il faut bien l’avouer, la lecture de ce diagramme n’est pas très aisée avec nos habitudes actuelles.

Le Palamède - Janvier 1842

Saint-Amant, directeur du Palamède, propose alors de reprendre les diagrammes tels qu’ils existent dans les revues d’échecs en Angleterre. Mais il y a un aspect cocasse qui le rebute un peu d’adopter telle quelle cette nouveauté qui est pourtant un progrès important pour les échecs…


En Angleterre les diagrammes d'échecs sont un peu plus lisibles, et ce depuis de nombreuses années.
Exemple avec cet extrait du journal "Liverpool Mercury" du 3 septembre 1813, près de 30 ans avant Le Palamède !

Extrait du Palamède - Avril 1842 - Saint-Amant

« Nous plaçons le modèle que nous avons fait venir de Londres sous les yeux de nos abonnés, qui seront ainsi parfaitement à même de se prononcer et de nous faire connaître leur opinion d’ici au 15 juillet, époque où nous commencerons seulement à employer ces nouveaux types pour le second volume de l’année 1842. Dans le tableau de l’échiquier placé ci-dessus nous ne trouvons qu’un seul inconvénient, mais il est immense, et nous aviserons aux moyens de le faire disparaître. 

En Angleterre, toutes les pièces ont la même forme et la même désignation que les nôtres, à l’exception d’une seule ; mais sur celle-ci la différence est telle que tout accommodement entre nous est impossible. Il faut une transformation complète, radicale. Il ne peut être question de tomber d’accord par convention, là où la matière peut paraître si grave qu’elle toucherait à la sainteté. La pièce que nous nommons Fou, je ne sais trop pourquoi, est appelé Bishop (évêque) par les Anglais.

Pour la figurer, ils emploient naturellement un des symboles de l’épiscopat, la mitre. Nous n’avons pas besoin de nous appesantir sur l’inconvenance que présenterait pour nous cet ornement révéré, appliqué à la désignation d’une pièce portant le même nom qu’un être privé de raison. La marotte et les grelots sont ses attributs, et le peuple anglais aurait les mêmes scrupules pour représenter le Bishop par la pièce française que nous allons faire fondre dans ce style. »

Par curiosité, jetez un coup d’œil aux diagrammes de la seule revue d’échecs française actuelle…


Est-il convenable de représenter un Fou comme un homme d'église ?!
Là est toute la question soulevée par Saint-Amant :-)

Mais heureusement, une solution est trouvée dans Le Palamède de juillet 1842.



« Nous faisons aujourd’hui l’emploi des caractères anglais pour nos problèmes. Grâce à la légère modification d’une seule pièce, nous entrevoyons un très grand progrès dans cette substitution des pièces figurées aux lettres initiales  »


Ouf, le Fou ressemble alors véritablement à sa dénomination ! 

dimanche 9 août 2020

un lien familial inattendu

Un peu par hasard, je viens de découvrir que le 1er ministre britannique actuel, Boris Johnson, était un descendant de Jules Arnous de Rivière.

Boris Johnson

Jules Arnous de Rivière - L'Illustration 26 mai 1894

Il faut remonter sur plusieurs générations, 5 pour être précis, du côté de son père d'après Wikipedia.
Plusieurs articles sur des sites de généalogie mentionnent ce lien totalement inattendu pour ma part.

Jules Arnous de Rivière est incontournable dans l'histoire des Échecs Français et du Café de la Régence pour la seconde moitié du XIXè siècle.

Pour terminer ce court article, voici une gravure parue dans le journal Anglais (of course) The Illustrated London News du 14 juillet 1855.
Jules Arnous de Rivière n'a que 25 ans et il est le deuxième en partant de la gauche.

Source : BNA
De gauche à droite, Lowenthal, Arnous de Rivière, Wyvill, Falkbeer, Staunton, Lord Lyttelton, Kennedy.
La gravure est intitulée : "Célébrités du jeu d'échecs lors du dernier meeting d'échecs - D'après des photographies du signor Aspa (Club d'échecs de Leamington) et M. Russell."

A noter par curiosité que les pièces représentées semblent êtres des pièces de type Régence et non Staunton, malgré la présence de leur promoteur ...


Complément du 10/08/2020
Merci à Oliver Sheppard pour les précisions ci-dessous :
Staunton est plutôt le promoteur des pièces de type "Staunton" et non son inventeur.
Les pièces visibles sur la gravure sont de type "barleycorn" (littéralement "grain d'orge"), un modèle similaire au modèle Régence.


Boris Johnson joueur d'échecs ?