mercredi 14 juillet 2021

Le Palamède

En janvier 1836 naît la revue Le Palamède. Une révolution pour le jeu d’échecs. Certes il existe déjà des chroniques d’échecs dans des journaux Anglais, mais là il s’agit de la première revue consacrée à ce jeu. 
A noter que tous les numéros du Palamède sont numérisés, et j'indique ici les liens pour les consulter.

Le titre du tome premier porte les noms de La Bourdonnais et de Méry, rédacteurs de la revue et dont le premier sera le gérant responsable. Louis Mandy indique dans L’Échiquier de Paris numéro 40 (juillet-août 1952) que Méry ne sera l’associé de La Bourdonnais que pour la fondation du Palamède, mais on retrouve son nom dans plusieurs chroniques tout au long de l’existence de la revue, y compris quand Saint-Amant l'aura repris.


Sur la couverture de 1836, il n’est pas fait mention du Café de la Régence. Il est indiqué « Au bureau de la revue, rue Neuve-Vivienne, N°48 » ce qui correspond à l’adresse du Cercle des Panoramas, éphémère cercle d’échecs parisien. 





Dès 1837 l’adresse n’est plus la même : « Au bureau de la revue, rue de Richelieu, N°89 » c’est la nouvelle adresse du Cercle d’échecs dit « de la rue Ménars » (à l'angle de la rue de Richelieu et de la rue Ménars), indiquée de façon plus explicite l’année suivante. Le lien avec le Café de la Régence est présent cette fois-ci.

Puis en 1839 la migration des joueurs d’échecs continue et ils se retrouvent au-dessus du Café de la Régence, comme l’indiquera Saint-Amant quand il reprendra le flambeau du Palamède un an après le décès de La Bourdonnais le 13 décembre 1840.

En 1842, Le Palamède de Saint-Amant est désormais au 243, place du Palais-Royal au Cercle des Échecs situé au 1er étage du Café de la Régence.

Voici comment Louis Mandy décrit Le Palamède dans L'Échiquier de Paris. Il apporte des précisions intéressantes sur la gestion du Palamède.


La première année, 1836, contient 464 pages, format 140 x 230 mm. Elle se compose de douze numéros de 40 pages, sauf toutefois celui de juin qui n’en a que 24, mais auxquelles s’ajoutent, il est vrai, les 20 pages hors-texte du poème héroï-comique de Méry : Une Revanche de Waterloo.

La deuxième année, 1837, a 544 pages. Les quatre premiers numéros ont 40 pages, les huit derniers : 48. L’augmentation des pages du Palamède semble correspondre à un accroissement de la prospérité du journal, dont je trouve une preuve dans un précieux document annexé à quelques collections absolument complètes de la revue. Il s’agit de l’acte de société du Palamède, déposé chez Me Prévoteau, notaire, 20, rue Saint-Marc. Cet acte s’exprime de la façon suivante :

« M. de La Bourdonnais a eu la pensée de créer sous le nom de Palamède un journal mensuel des Échecs qui compte aujourd’hui près de dix-huit mois d’existence et de nombreux abonnés. Bientôt, le cadre du journal s’est augmenté, il s’est occupé successivement d’autres jeux de calcul et sous le patronage des amateurs d’échecs, sa prospérité a toujours été croissante. Le désir de donner encore plus d’extension à ce journal d’une spécialité aussi intéressante et d’en assurer la durée, a suggéré l’idée à M. de La Bourdonnais de créer une Société en commandite et par actions pour la publication du dit Palamède ; c’est ce qui fait l’objet des présentes.

Le but de la Société est la publication du journal Le Palamède paraissant le 15 de chaque mois sous un format grand in-8° et contenant au moins 48 pages d’impression. La durée de la Société est fixée à vingt années, à partir du 15 juillet 1837. La raison sociale est « de La Bourdonnais et Cie ». Le fonds social est de 10.000 francs, représentés par 100 actions nominatives de 100 francs chacune. À chaque action est attaché :
a) cinq années de jouissance gratis du journal ;
b) chaque action donne droit à un intérêt de 5% ;
c) à un centième de la propriété du journal ;
d) à un centième dans le dividende annuel fixé par l’assemblée générale.

Il est alloué à forfait à M. de la Bourdonnais, tant pour ses soins que pour les frais de rédaction pendant toute la durée de la Société, une somme de 2400 francs par an tant que le journal ne comptera que 250 abonnés et au-dessous, et 3600 francs lorsqu’il dépassera 350 abonnés. »

Il résulte de ce document que le nombre des abonnés du Palamède avoisinait 250, ce qui, d’ailleurs, n’était déjà pas mal. À cette époque, le nombre de cercles d’amateurs était certainement peu élevé : Paris, quelques grandes villes de province et de l’étranger. Il semble qu’une assez forte proportion de membres de ces associations étaient abonnés. (...)

La troisième année, 1838, n’a que sept numéros de 48 pages, ce qui donne un total de 336 pages. La parution cessa brusquement avec la septième livraison qui dut avoir un retard important dû à la maladie de La Bourdonnais. La quatrième et dernière année, 1839, compte 131 pages seulement, soit quatre numéros de 32 pages, plus trois pages de tables que Saint-Amant ajouta au numéro 2 de janvier 1842 de la deuxième série du Palamède.

Il n’est guère possible d’assigner une date à la parution de ces quatre fascicules. La Bourdonnais avait repris la publication de sa revue dès que son état de santé, très précaire, l’avait permis. La publication dut être très irrégulière et fut d’ailleurs définitivement interrompue par le départ de La Bourdonnais à Londres, peu de temps avant sa mort.

Pierre Charles Fournier de Saint-Amant

Saint-Amant reprend Le Palamède avec un premier numéro daté du 15 décembre 1841. 
Plus tard, en Novembre 1842, il publie un article sur le fonctionnement de la société qu’il vient de créer pour gérer la revue. Et il glisse quelques lignes au sujet de son prédécesseur qui a toujours été à la recherche de moyens financiers pour survivre.

« (...) Je voudrais pouvoir passer complètement sous silence la conduite de mon ami La Bourdonnais, créant des actionnaires avant de créer une société ; mais il m’importe de signaler au moins la distance qui nous sépare ici : elle est aussi grande qu’elle peut être entre l’erreur et la vérité (...) ».


Source : Google Book - Le Palamède 1842
Voir page 193 du Palamède Deuxième série Tome II


Archives Nationales - Minutes du notaire Victoire François Casimir NOEL.
L'adresse indiquée, 42 rue Saint-Thomas du Louvre, est à proximité du Café de la Régence et correspond au lieu de son activité professionnelle (vente en gros de vin de Bordeaux).

Il est écrit dans Le Palamède que l'annonce est publiée notamment dans le journal Le Droit.
Effectivement on y trouve un résumé de ce que publie Saint-Amant dans Le Palamède.


Source : Retronews
Le Droit – 12 novembre 1842

5059 – Suivant acte passé devant Me Casimir Noel et son collègue, notaires à Paris, le 8 novembre 1842, enregistré à Paris, 2e bureau, le lendemain, volume 176, folio 189, verso, cases 4 à 8, par Renaudin, qui a reçu cinq francs cinquante centimes, dixième compris.

Il a été formé une société en commandite entre : Pierre-Charles Fournié de Saint-Amant, directeur du journal Le Palamède, demeurant à Paris, rue Saint-Thomas-du-Louvre, n°42, seul associé responsable, d’une part ; et les personnes qui adhéreraient aux statuts, en devenant souscripteurs ou propriétaires des actions dont il sera ci-après parlé, d’autre part.

La durée de cette société est de vingt années un mois et vingt jours, qui partiront du dix novembre 1842 et qui finiront le 31 décembre 1863. Son but est de continuer et d’étendre la publication du journal Le Palamède, revue mensuelle des Échecs et autres jeux, apporté en société libre et net de toutes dettes et charges par M. de Saint-Amant.

Le siège est à Paris, rue Saint-Thomas-du-Louvre, n°42 ; sa dénomination : Société du journal Le Palamède. La raison sociale est : SAINT-AMANT et Ce. M. Fournié de Saint-Amant est seul directeur-gérant responsable et a seul la signature sociale. Le capital est de vingt mille francs, divisé en cent parts ou actions nominatives de deux cents francs chacune.
Pour extrait : Noel.



Le Palamède de Saint-Amant paraîtra jusqu’en décembre 1847.
Saint-Amant a de moins en moins de temps à consacrer à sa revue, puis la Révolution de février 1848 va mettre un terme à son implication dans les échecs Français. Il faudra attendre 1849 pour voir une nouvelle revue d'échecs avec La Régence dont le nom ne laisse aucune ambiguïté sur son lien avec le Café de la Régence.

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