jeudi 1 juillet 2021

Lettre manuscrite de La Bourdonnais

J’ai déjà eu l’occasion de parler de Louis Mandy et des articles sur l'histoire des échecs en France qu’il publia dans plusieurs revues d’échecs dans les années 1950/1960. Dans le numéro 40 de la revue l’Echiquier de Paris (juillet-août 1952) il publie une lettre manuscrite de La Bourdonnais.

Collection personnelle.

Après celle publiée dans La Stratégie d’août 1923, c’est la deuxième que je connais. Voici le lien avec  l’article que j’avais consacré à cette première lettre


Louis Mandy indique que la lettre provient de la « collection J. Guisle ». Il s’agit de Julien Guisle, qui possédait une librairie d’échecs au 13 rue Saint-Jacques et dont on trouve la publicité à la fin des numéros de l’Echiquier de Paris. Qu'est devenue cette collection ?


Monsieur,

Mr Méry mon collaborateur du Palamède fait représenter ce soir une pièce de théâtre et me prie d’assister à cette représentation.
Vous serait il égal de remettre à un autre jour la leçon que je devais vous donner ce soir ?
Cependant si cela vous contrariait en quelque chose, je viendrais de même quitte à ne voir que le dernier acte de la pièce de mon ami

J’ai l’honneur d’être avec respect votre très humble serviteur
De la Bourdonnais

Samedi 9 avril 1836

Source : Gallica - Alexandre Alophe - Lithographie non datée

Voici ce qu’indique Louis Mandy au sujet de Joseph Méry, ami de La Bourdonnais, avec qui il va créer en 1836 la première revue d'échecs au monde : Le Palamède. A noter que le "blog Gallica" a publié un article assez complet au sujet de Méry.

Joseph Méry est né en 1807 aux Aygalades, près de Marseille. Il fit d’excellentes études et, à dix-huit ans, était fort en Histoire et remarquable comme latiniste. Il débuta dans les Lettres à Marseille et se fit rapidement connaître par quelques vers satiriques et des articles publiés dans le journal Le Phocéen. Sa verve caustique lui valut même une condamnation à plusieurs mois de prison.

Il prit bientôt son vol vers Paris où il ne tarda pas à acquérir une juste renommée littéraire. Il était lié avec toutes les célébrités des Lettres, des Arts, des Sciences et de la Politique. Il habita toujours Paris jusqu’à sa mort, sauf pour de brefs séjours à Marseille et quelques voyages en Europe. Son œuvre est très vaste. Il avait débuté par deux poèmes : La Villéliade, pamphlet contre M. de Villèle et le Fils de l’Homme, tous deux en collaboration avec Barthélémy.

Puis se succédèrent de nombreux romans, près d’une cinquantaine, auxquels il faut ajouter des drames, des comédies, des proverbes et des opéras. Tout ceci, bien entendu, indépendamment d’innombrables articles de critique, journaux et revues se disputant sa collaboration.


Causeur éblouissant, les mots, les traits d’esprits, les reparties imprévues jaillissaient, sans le moindre pédantisme, de ses lèvres. Il était intarissable et possédait au suprême degré le don de l’improvisation. Quant à sa mémoire, elle était tout simplement prodigieuse et il connaissait par cœur un nombre incroyable d’œuvres de toutes les époques, depuis l’Apocalypse de Saint-Jean jusqu’aux drames de Victor Hugo.

Lorsqu’il publia la Guerre du Nizam et la Floride (NDA : voir le chapitre XII, page 203, Méry fait beaucoup d'allusion à La Bourdonnais), ses belles descriptions de l’Orient et de l’Afrique frappèrent tous les esprits. On était convaincu qu’il avait visité tous les pays décrits. Il n’en était rien. Il avait composé ces pages éclatantes et colorées « en vue du château d’If », ainsi que, dans la préface de la Floride, il en prévenait loyalement le lecteur.

C’est dans ce dernier roman qu’il intercala la fameuse trente-neuvième partie du match La Bourdonnais-McDonnell, partie qu’il mit également en vers sous le titre de Une Revanche de Waterloo.

Méry mourut à peine âgé de soixante-quatre ans. Il succomba, après de longueurs et violentes douleurs, à un abcès dans la tête. C’est ainsi que la mort procéda pour détruire ce cerveau puissant qui n’avait cessé de briller un seul instant. Sa mort fut un deuil général dans les Lettres.
J’ai emprunté les éléments de cette trop courte biographie à la brochure que Gustave Claudin lui consacra et qu’il faudrait citer en entier (Méry, sa vie intime, anecdotique et littéraire. Paris, Bachelin-Deflorenne, 1868). 

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