mardi 23 août 2022

Lénine joueur d'échecs à Paris

Peinture datant de 1950 par Pavel Soudakov (1914 - 2010) 
 
Dans son numéro du mercredi 3 mai 1933, le journal L'Intransigeant publie un intéressant reportage sur le séjour de Lénine à Paris.
 
 
Le journaliste se rend rue Marie-Rose et dans le quartier, là où Lénine a séjourné à Paris de 1909 à 1912.
Il interroge différentes personnes qui ont côtoyées Lénine et on trouve parmi ces témoignages un passage sur le jeu d'échecs.
 
Infographie illustrant l'intéressant article en libre accès du Parisien du 29 octobre 2017 au sujet des séjours de Lénine à Paris, par David Charpentier

Quelques précisions sur l'article de L'Intransigeant du 3 mai 1933 :
* Il s'agit du Café du Lion et non du Café de Lyon, comme le confirme une recherche dans l'annuaire du commerce de 1911. Chose amusante, cette adresse correspond désormais à un restaurant McDonald...
 
Annuaire du commerce de 1911 - Gallica
 
* L'Avenue d'Orléans est actuellement l'avenue du Général Leclerc à Paris. Elle va de la Porte d'Orléans à la Place Denfert-Rochereau
* L'Okhrana est la police secrète du tsar Nicolas II
 
En 1933, l'immeuble de la rue Marie-Rose conservait alors quelques reliques :-)
 
L'Intransigeant - 3 mai 1933
 
(...) Et Lénine avait sa passion : les échecs. Comme Bonaparte. Place du Théâtre-Français, le Café de la Régence a fait du guéridon où Bonaparte jouait aux échecs une relique de la petite histoire de Paris.
 
Lénine allait au Café de Lyon, avenue d'Orléans. Il s'y réunissait les membres du Club des Joueurs d'échecs du XIVe arrondissement. Lénine promenait un nez flaireur au-dessus des parties savantes. Un des doyens du Club se souvient.
- Je n'ai pas oublié ce bonhomme russe ; il venait souvent. il se passionnait... Il jouait bien ; personne ne l'aurait refusé dans notre club s'il avait voulu !...

L'échiquier de Lénine ? Le singulier, c'est que les Soviets, s'emparant des documents de police de l'ambassade impériale de Paris, apprirent que les agents de l'Okhrana, toujours représentés sur le trottoir, guettaient les parties de Lénine. Qu'attendaient-ils, les policiers du Tsar quand, parfaitement serein, Lénine faisait avancer et reculer ses cavaliers sur le damier du Café de Lyon ?
 
Son partenaire pouvait être un bon petit bourgeois de Montrouge, serrant dans son coffre-fort les valeurs de fonds d’État de l'empire russe. Lénine avait le Capital, de Karl Marx, dans la poche de son veston, déformée et toujours bourrée de brochures incendiaires.

Rue Marie-Rose, le jeu d'échecs pas plus que la bouilloire ne chômaient... Tout ce quartier, demeuré sous le filet de l'Okhrana, ne s'apercevait de rien. Une femme, seule, devina tout. C'était une brave concierge, Mme Georges, morte l'an dernier. (...)




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