mercredi 14 juillet 2021

Le Palamède

En janvier 1836 naît la revue Le Palamède. Une révolution pour le jeu d’échecs. Certes il existe déjà des chroniques d’échecs dans des journaux Anglais, mais là il s’agit de la première revue consacrée à ce jeu. 
A noter que tous les numéros du Palamède sont numérisés, et j'indique ici les liens pour les consulter.

Le titre du tome premier porte les noms de La Bourdonnais et de Méry, rédacteurs de la revue et dont le premier sera le gérant responsable. Louis Mandy indique dans L’Échiquier de Paris numéro 40 (juillet-août 1952) que Méry ne sera l’associé de La Bourdonnais que pour la fondation du Palamède, mais on retrouve son nom dans plusieurs chroniques tout au long de l’existence de la revue, y compris quand Saint-Amant l'aura repris.


Sur la couverture de 1836, il n’est pas fait mention du Café de la Régence. Il est indiqué « Au bureau de la revue, rue Neuve-Vivienne, N°48 » ce qui correspond à l’adresse du Cercle des Panoramas, éphémère cercle d’échecs parisien. 





Dès 1837 l’adresse n’est plus la même : « Au bureau de la revue, rue de Richelieu, N°89 » c’est la nouvelle adresse du Cercle d’échecs dit « de la rue Ménars » (à l'angle de la rue de Richelieu et de la rue Ménars), indiquée de façon plus explicite l’année suivante. Le lien avec le Café de la Régence est présent cette fois-ci.

Puis en 1839 la migration des joueurs d’échecs continue et ils se retrouvent au-dessus du Café de la Régence, comme l’indiquera Saint-Amant quand il reprendra le flambeau du Palamède un an après le décès de La Bourdonnais le 13 décembre 1840.

En 1842, Le Palamède de Saint-Amant est désormais au 243, place du Palais-Royal au Cercle des Échecs situé au 1er étage du Café de la Régence.

Voici comment Louis Mandy décrit Le Palamède dans L'Échiquier de Paris. Il apporte des précisions intéressantes sur la gestion du Palamède.


La première année, 1836, contient 464 pages, format 140 x 230 mm. Elle se compose de douze numéros de 40 pages, sauf toutefois celui de juin qui n’en a que 24, mais auxquelles s’ajoutent, il est vrai, les 20 pages hors-texte du poème héroï-comique de Méry : Une Revanche de Waterloo.

La deuxième année, 1837, a 544 pages. Les quatre premiers numéros ont 40 pages, les huit derniers : 48. L’augmentation des pages du Palamède semble correspondre à un accroissement de la prospérité du journal, dont je trouve une preuve dans un précieux document annexé à quelques collections absolument complètes de la revue. Il s’agit de l’acte de société du Palamède, déposé chez Me Prévoteau, notaire, 20, rue Saint-Marc. Cet acte s’exprime de la façon suivante :

« M. de La Bourdonnais a eu la pensée de créer sous le nom de Palamède un journal mensuel des Échecs qui compte aujourd’hui près de dix-huit mois d’existence et de nombreux abonnés. Bientôt, le cadre du journal s’est augmenté, il s’est occupé successivement d’autres jeux de calcul et sous le patronage des amateurs d’échecs, sa prospérité a toujours été croissante. Le désir de donner encore plus d’extension à ce journal d’une spécialité aussi intéressante et d’en assurer la durée, a suggéré l’idée à M. de La Bourdonnais de créer une Société en commandite et par actions pour la publication du dit Palamède ; c’est ce qui fait l’objet des présentes.

Le but de la Société est la publication du journal Le Palamède paraissant le 15 de chaque mois sous un format grand in-8° et contenant au moins 48 pages d’impression. La durée de la Société est fixée à vingt années, à partir du 15 juillet 1837. La raison sociale est « de La Bourdonnais et Cie ». Le fonds social est de 10.000 francs, représentés par 100 actions nominatives de 100 francs chacune. À chaque action est attaché :
a) cinq années de jouissance gratis du journal ;
b) chaque action donne droit à un intérêt de 5% ;
c) à un centième de la propriété du journal ;
d) à un centième dans le dividende annuel fixé par l’assemblée générale.

Il est alloué à forfait à M. de la Bourdonnais, tant pour ses soins que pour les frais de rédaction pendant toute la durée de la Société, une somme de 2400 francs par an tant que le journal ne comptera que 250 abonnés et au-dessous, et 3600 francs lorsqu’il dépassera 350 abonnés. »

Il résulte de ce document que le nombre des abonnés du Palamède avoisinait 250, ce qui, d’ailleurs, n’était déjà pas mal. À cette époque, le nombre de cercles d’amateurs était certainement peu élevé : Paris, quelques grandes villes de province et de l’étranger. Il semble qu’une assez forte proportion de membres de ces associations étaient abonnés. (...)

La troisième année, 1838, n’a que sept numéros de 48 pages, ce qui donne un total de 336 pages. La parution cessa brusquement avec la septième livraison qui dut avoir un retard important dû à la maladie de La Bourdonnais. La quatrième et dernière année, 1839, compte 131 pages seulement, soit quatre numéros de 32 pages, plus trois pages de tables que Saint-Amant ajouta au numéro 2 de janvier 1842 de la deuxième série du Palamède.

Il n’est guère possible d’assigner une date à la parution de ces quatre fascicules. La Bourdonnais avait repris la publication de sa revue dès que son état de santé, très précaire, l’avait permis. La publication dut être très irrégulière et fut d’ailleurs définitivement interrompue par le départ de La Bourdonnais à Londres, peu de temps avant sa mort.

Pierre Charles Fournier de Saint-Amant

Saint-Amant reprend Le Palamède avec un premier numéro daté du 15 décembre 1841. 
Plus tard, en Novembre 1842, il publie un article sur le fonctionnement de la société qu’il vient de créer pour gérer la revue. Et il glisse quelques lignes au sujet de son prédécesseur qui a toujours été à la recherche de moyens financiers pour survivre.

« (...) Je voudrais pouvoir passer complètement sous silence la conduite de mon ami La Bourdonnais, créant des actionnaires avant de créer une société ; mais il m’importe de signaler au moins la distance qui nous sépare ici : elle est aussi grande qu’elle peut être entre l’erreur et la vérité (...) ».


Source : Google Book - Le Palamède 1842
Voir page 193 du Palamède Deuxième série Tome II


Archives Nationales - Minutes du notaire Victoire François Casimir NOEL.
L'adresse indiquée, 42 rue Saint-Thomas du Louvre, est à proximité du Café de la Régence et correspond au lieu de son activité professionnelle (vente en gros de vin de Bordeaux).

Il est écrit dans Le Palamède que l'annonce est publiée notamment dans le journal Le Droit.
Effectivement on y trouve un résumé de ce que publie Saint-Amant dans Le Palamède.


Source : Retronews
Le Droit – 12 novembre 1842

5059 – Suivant acte passé devant Me Casimir Noel et son collègue, notaires à Paris, le 8 novembre 1842, enregistré à Paris, 2e bureau, le lendemain, volume 176, folio 189, verso, cases 4 à 8, par Renaudin, qui a reçu cinq francs cinquante centimes, dixième compris.

Il a été formé une société en commandite entre : Pierre-Charles Fournié de Saint-Amant, directeur du journal Le Palamède, demeurant à Paris, rue Saint-Thomas-du-Louvre, n°42, seul associé responsable, d’une part ; et les personnes qui adhéreraient aux statuts, en devenant souscripteurs ou propriétaires des actions dont il sera ci-après parlé, d’autre part.

La durée de cette société est de vingt années un mois et vingt jours, qui partiront du dix novembre 1842 et qui finiront le 31 décembre 1863. Son but est de continuer et d’étendre la publication du journal Le Palamède, revue mensuelle des Échecs et autres jeux, apporté en société libre et net de toutes dettes et charges par M. de Saint-Amant.

Le siège est à Paris, rue Saint-Thomas-du-Louvre, n°42 ; sa dénomination : Société du journal Le Palamède. La raison sociale est : SAINT-AMANT et Ce. M. Fournié de Saint-Amant est seul directeur-gérant responsable et a seul la signature sociale. Le capital est de vingt mille francs, divisé en cent parts ou actions nominatives de deux cents francs chacune.
Pour extrait : Noel.



Le Palamède de Saint-Amant paraîtra jusqu’en décembre 1847.
Saint-Amant a de moins en moins de temps à consacrer à sa revue, puis la Révolution de février 1848 va mettre un terme à son implication dans les échecs Français. Il faudra attendre 1849 pour voir une nouvelle revue d'échecs avec La Régence dont le nom ne laisse aucune ambiguïté sur son lien avec le Café de la Régence.

samedi 10 juillet 2021

Ilia Choumov, artiste peintre des échecs

Un peu au hasard de mes recherches, je suis tombé sur un problème d’échecs très original composé par le Russe Ilia Choumov (1819 – 1881) et publié dans Le Monde Illustré en janvier 1868 par Paul Journoud.

Portrait d'Ilia Choumov qui illustre la notice nécrologique en 1881 dans le journal Russe "L'Illustration Mondiale"

Ceci m’a amené à me replonger dans ma bibliothèque pour y sortir ma documentation au sujet de Choumov et de ses compositions très originales sur le jeu d’échecs. 

Livre de l’historien Russe des échecs Isaac Linder, Moscou 1959 - "L'artiste peintre des Échecs, Choumov"

Dans cet article, je commence avec quelques compositions originales, puis j’indique quelques aspects de la biographie de Choumov et enfin je parle de son lien avec le tournoi de l’Empereur à Paris en 1867. 

Tout d’abord au sujet de son nom transcrit du cyrillique, on le trouve sous de multiples orthographes Schoumoff, Schumoff, Schoumov, Shumov ou Choumov. C’est cette dernière orthographe qui correspond aux normes actuelles. Mais je laisserai les différentes orthographes d’époque dans les articles correspondants.

Premier aperçu du talent de compositeur d’Ilia Choumov – Où comment le jeu d’échecs reproduit un épisode historique

Le 4 janvier 1868, Paul Journoud, qui tient la chronique d’échecs du journal Le Monde Illustré, publie un problème très original qui va enthousiasmer ses lecteurs.

"Problème N°262 – Position allégorique composée pour le Monde Illustré par M. le conseiller d’état actuel J.SCHOUMOFF, de Saint-Pétersbourg.

Épisode de l’histoire romaine – Mort de l’Empereur Carus."

Les Blancs font mat en quatre coups.
J'ai mis en évidence la tente de Carus, ainsi que le T du Tonnerre.

"On sait que l’Empereur Carus, s’étant engagé dans une expédition contre les Perses, y périt, frappé de la foudre dans sa tente, l’an 283 de notre ère. Cette tente se trouve en effet figurée dans notre diagramme, et l’on y voit reposer l’Empereur (le Roi noir) ; tandis que, des cinq pièces groupées dans le lointain et formant la lettre T (Tonnerre), le Roi blanc représente Jupiter prêt à lancer la foudre. La solution expliquera le reste." Paul Journoud

Il publie la solution le 18 janvier 1868.

"Solution du problème N°262
1.Fe6 Fe7 2.Ff5 Ff6 3.Fxe4 Fxd4 4.Fxf3#"


"La ligne brisée que trace le Fou blanc représente parfaitement le zigzag de l’éclair qui foudroya Carus.
L’ingénieuse composition de M. Schoumoff a excité la verve poétique de plusieurs de nos correspondants. Nous avons reçu quatre solutions rimées (…), en regrettant beaucoup que les dimensions de cet article ne nous permettent pas de les reproduire toutes. En voici du moins une : elle est de notre ami le docteur de Grand-Boulogne.

Frappons-le, dit le Dieu, par un coup de tonnerre !
Le Fou s’élance et trace un zigzag flamboyant
En avant, puis à gauche, à la droite en équerre,
Laissant l’adverse Fou s’agiter terre à terre,
Écrase deux pions dans son cours foudroyant,
Et terminant alors sa brillante carrière, 
Tombe sur le Roi noir qu’il réduit en poussière." 

Paul Journoud
 
[Event "Le Monde Illustré"] [Site "?"] [Date "1868.01.04"] [Round "?"] [White "Ilia Choumov"] [Black "Mat en 4 coups"] [Result "1-0"] [SetUp "1"] [FEN "5bBK/6p1/3p2P1/3P4/2pNp3/1pQ1Pp2/1P3P2/3k4 w - - 0 0"] [PlyCount "7"] {Mort de l'Empereur Carus. Les Blancs jouent et font mat en 4 coups.} 1. Be6 Be7 2. Bf5 Bf6 3. Bxe4 Bxd4 4. Bxf3# 1-0

Poursuivons avec le chef d’œuvre de la littérature russe, Eugène Onéguine d’Alexandre Pouchkine.
Ou comment le jeu d’échecs croise la littérature et la poésie

En 1870, quelques vers de Pouchkine, et seule allusion du roman au jeu d’échecs, éveillent la curiosité et l’imagination débordante d’Ilia Choumov.

Уединясь от всех далеко,
Они над шахматной
доской,
На стол облокотясь,
порой
Сидят, задумавшись
глубоко,
И Ленский пешкою
ладью
Берет в рассеянье свою.

Traduction :

« Souvent, retirés tous deux loin du bruit, le coude appuyé sur une table à jeu, ils laissent errer leur imagination bien loin du monde réel, et Lenski, dans ces moments-là, prend une tour avec son pion. »

Olga et Lenski jouant aux échecs.

Il est donc question de deux personnages du roman, Vladimir Lenski amoureux de Olga Larina, et qui jouent ensemble aux échecs. Pouchkine écrit que Lenski plongé dans ses rêveries amoureuses capturent sa tour avec son propre pion…
Il n’en fallait pas plus à Choumov pour publier en 1870 dans le journal Russe « L’Illustration Mondiale » toute une série de problèmes et parties d’échecs liés à Eugène Onéguine. En voici deux que je trouve les plus significatifs.

Tout d’abord la partie entre Lenski et Olga, imaginée par Choumov.


Pouchkine : "Plongé dans ses rêveries, Lenski (avec les Blancs) prend sa Tour avec son pion"


Selon Choumov, Lenski tente de reprendre son coup, mais Olga lui interdit…
Et elle le mate en 5 coups avec les Noirs.

Puis il imagine que les rencontres entre Lenski et Olga se poursuivent autour d’un échiquier.


Cette fois-ci Olga a les Blancs. La partie elle-même n'est pas très intéressante, selon Choumov, car Lenski joue très mal. Arrivée à la position ci-dessus, Olga est en pleine réflexion, quand une mouche se pose sur une case de l'échiquier. Ceci amuse bien Olga, et en rigolant elle dit à Lenski « je vais transformer cette mouche en éléphant (en fou) et vous ferai mat en 4 coups ».

Choumov fait référence à un proverbe Russe « transformer une mouche en un éléphant », qui signifie que d’une affaire qui ne vaut rien (« une mouche ») on en fait une affaire très importante (« un éléphant »), tout en sachant que « éléphant » en Russe,  слон (Slone), désigne le Fou en Français aux échecs. Il va donc ici transformer la mouche en Fou.

L’énoncé du problème est donc : Sur quelle case s’est posée la mouche, et comment faire mat en 4 coups en mettant le Fou sur cette case. 


La mouche s’est posée en a1 et Olga l’a transformé en Fou. Maintenant c’est aux Noirs de jouer et de se faire mater en 4 coups… 1….h3 2.Rc1 h4 3.Rb2 Rd4 4.Rb3# Un mat élégant !

Olga et Lenski, Eugène Onéguine, Alexandre Pouchkine.

[Event "Eugène Onéguine"] [Site "?"] [Date "1870.??.??"] [Round "?"] [White "Lenski, Vladimir"] [Black "Larina, Olga"] [Result "0-1"] [ECO "C37"] [Annotator "Ilya Choumov"] [PlyCount "26"] 1. e4 e5 2. f4 exf4 3. Nf3 g5 4. Bc4 g4 5. O-O gxf3 6. d4 fxg2 7. Bxf7+ Kxf7 8. Qh5+ Ke7 9. Rxf4 Nf6 10. Rxf6 Qe8 11. Qh4 (11. Qe5+ Kd8 12. Rxf8 Rxf8 13. Bg5+) 11... d6 12. e5 dxe5 13. dxe5 Kd7 {ici " Lenski, plongé dans ses rêveries, prend sa tour avec son pion"} 0-1 [Event "Eugène Onéguine"] [Site "?"] [Date "1870.??.??"] [Round "?"] [White "Lenski, Vladimir"] [Black "Larina, Olga"] [Result "0-1"] [Annotator "Ilya Choumov"] [SetUp "1"] [FEN "rnb1qb1r/pppk3p/5P2/8/7Q/8/PPP3pP/RNB3K1 b - - 0 1"] [PlyCount "9"] {Lenski vient donc de prendre sa propre tour en f6. Selon Choumov, il voulait rejouer son propre coup, mais Olga lui interdit. La partie continua et elle le mata !} 1... Bc5+ 2. Kxg2 Qe2+ 3. Kg3 Bd6+ 4. Bf4 Rg8+ 5. Kh3 Qg2# 0-1 [Event "Eugène Onéguine"] [Site "?"] [Date "1870.??.??"] [Round "?"] [White "Larina, Olga"] [Black "Lenski, Vladimir"] [Result "*"] [Annotator "Ilya Choumov"] [SetUp "1"] [FEN "8/p7/p7/P1pN3p/P1k1Pp1p/5P2/2P4P/3K4 w - - 0 0"] [PlyCount "0"] {Encore une partie entre Lenski et Olga. Cette fois-ci Olga a les Blancs. La partie elle-même ne fut pas très intéressante, selon Choumov, car Lenski joua très mal. Arrivée à cette position, Olga était en pleine réflexion, quand un mouche se posa sur une case de l'échiquier. Cela amusa bien Olga, et en rigolant elle dit à Lenski "je vais transformer cette mouche en éléphant et vous ferai mat en 4 coups".} * [Event "Eugène Onéguine"] [Site "?"] [Date "1870.??.??"] [Round "?"] [White "Larina, Olga"] [Black "Lenski, Vladimir"] [Result "1-0"] [Annotator "Ilya Choumov"] [SetUp "1"] [FEN "8/p7/p7/P1pN3p/P1k1Pp1p/5P2/2P4P/B2K4 b - - 0 1"] [PlyCount "6"] {La mouche s'est posée en a1. Olga l'a transformé en Fou. Maintenant c'est aux noirs de jouer et seront matés en 4 coups.} 1... h3 2. Kc1 h4 3. Kb2 Kd4 4. Kb3# {un mat élégant !} 1-0

Quelques éléments biographiques provenant du livre d’Isaac Linder au sujet de Choumov

Ilia Stepanovitch Choumov (1819 – 1881) fait toute sa carrière dans la marine Russe, jusqu’en 1847 en tant qu’officier essentiellement en mer Baltique, puis à partir de 1847 au ministère de la marine dans la capitale Russe de l’époque, Saint-Pétersbourg. Isaac Linder indique que le choix de travailler dans un ministère est un choix délibéré de Choumov qui souhaitait consacrer plus de temps au jeu d’échecs.

En 1851, les plus forts joueurs Russes, Petrov, Choumov, Jaenish et Kireevski, reçoivent une invitation pour le tournoi d’échecs de l’exposition universelle à Londres. Le gouvernement Russe refuse alors que des citoyens Russes se rendent en Angleterre pour ne pas rapporter d’idées républicaines et démagogiques d’occident.
Choumov en tant que haut-fonctionnaire ne peut donc pas se rendre à Londres, seul Jaenish arrive à quitter la Russie mais arrive trop tard pour le tournoi d’échecs. Le rêve des maîtres Russes de rencontrer les joueurs étrangers occidentaux ne se réalisera que trente ans plus tard avec Tchigorine.

En mars 1853 le premier salon d’échecs de Saint-Pétersbourg est créé par le Comte Kuchelev-Bezborodko (dont parle Lionel Kiesertizky dans sa correspondance depuis Paris).
Ce salon dure une dizaine d’années et compte jusqu’à une centaine de membres. 
Léon Tolstoi et Ivan Tourgueniev fréquentent ce lieu, et Choumov se liera d’amitié avec ce dernier. 
Mais la police du Tsar se méfie toujours de ces réunions et ce club doit fermer en 1862 par crainte de propagation d’idées séditieuses. On retrouve là dans la Russie tsariste la même crainte de l’ancien régime en France vis-à-vis des réunions dans les cafés parisiens au XVIIIe siècle. 

[Event "Saint-Pétersbourg"] [Site "?"] [Date "1856.??.??"] [Round "?"] [White "Choumov Ilia"] [Black "Tourgueniev Ivan"] [Result "1-0"] [Annotator "Isaac Linder"] [SetUp "1"] [FEN "1r6/4R1R1/1rp2p2/p3b2p/3p1ppk/1PP4B/P4PPK/8 w - - 0 1"] [PlyCount "9"] {Fin de partie entre Ilia Choumov et Ivan Tourgueniev en 1856 à Saint-Pétersbourg. Les Blancs jouent et font mat en 5 coups.} 1. Rxe5 $1 g3+ ( 1... fxe5 2. g3+ fxg3+ 3. fxg3#) 2. Rxg3 fxe5 (2... fxg3+ 3. fxg3#) 3. Rg6 dxc3 4. g3+ fxg3+ 5. fxg3# 1-0

Le tournoi de l’Empereur à Paris en 1867

Vous avez ici un très bon article signé par Georges Bertola sur ce tournoi

Comme en 1851, Choumov n’a pas l’autorisation de se rendre à Paris pour le premier tournoi international d’échecs organisé en France pour l’exposition universelle de 1867. Pourtant il se préparait à venir à Paris avec sans doute un rêve de visiter le Café de la Régence.


Article La Stratégie en juin 1867
Ni Jaenisch ni Choumov ne pourront venir à Paris.

Néanmoins son nom apparaît dans la liste des souscripteurs dans le livre du tournoi.

Source : Google Book

Même si Choumov ne peut finalement pas venir à Paris, son ombre plane sur l’événement.

Choumov - Le plan de l'exposition Universelle de Paris en 1867
Les Blancs jouent et font mat en 4 coups


Le bâtiment principal de l'exposition Universelle de Paris en 1867.
Notez la ressemblance avec le problème de Choumov.

Et en début d’année 1867, il fait paraître (en Français et en Russe) un recueil de problèmes très particuliers qu’il intitule : « Recueil de problèmes scacchographiques » (scaccho --> échecs, graphique --> écriture). Une grande partie des problèmes forment des lettres d’échecs, comme les deux suivants, l’un dédié à Paul Journoud et l’autre à Jean Préti.

Problème dédié à Paul Journoud - Les Blancs jouent et font mat en 3 coups
Présent dans le livre "Recueil de problèmes scacchographiques".

Problème dédié à Jean Préti - Les Blancs jouent et font mat en 4 coups
Ce problème n'est pas dans le livre de Choumov.
Il s'agit peut être d'une composition qui fait suite à l'article ci-dessous paru dans La Stratégie.

En juillet 1867, la revue La Stratégie, nouvellement créée, en parle ainsi sous la plume de Jean Préti :

"Recueil des Problèmes de M. Schoumoff

Le recueil de Problèmes de M. Schoumoff, l’éminent compositeur russe, cache, sous un titre assez bizarre (1), une véritable bonne fortune échiquéenne ; qu’importe l’enveloppe quand le fruit est savoureux.

Ouvrons le volume ; les pièces rangées dessinent un grand sabre. Quelles magnifiques armes parlantes pour le noble jeu des échecs, comme M. Schoumoff connait son terrain ! Là en effet, règne le régime du bon plaisir, sur un signe du maître, capitaines et soldats sont voués à la mort.

Après cette ouverture défilent successivement, et par ordre, les vingt-quatre (sic - NDA les 26 lettres sont bien représentées dans le livre de Choumov) lettres de l’alphabet.  Si M. Schoumoff, pour ses problèmes, s’était contenté de placer sur l’échiquier des pièces blanches et noires, dessinant plus ou moins des formes de lettres, c’eût été simplement une puérilité, mais chacun de ses mats est aussi remarquable par l’idée que par l’exécution, la forme des lettres n’a pas nui à la beauté des compositions, on dirait, au contraire, que M. Schoumoff, obligé de lutter contre une impérieuse nécessité, a grandi avec la difficulté et n’a jamais été mieux inspiré. La plupart de ces problèmes sont dédiés aux notabilités de l’Échiquier. S.A.I. le grand-duc Constantin, M. le comte de Koucheleff, M. Ouroussoff, M. Heydebrand de la Lasa, M. Rivière, M. Loyd, M. Anderssen, etc.

Après la lettre arrivent les problèmes humoristiques et politiques, d’abord l’essai de délivrance d’un prisonnier d’État, la clé incomplète, le quadrilatère autrichien, la pendule de Napoléon et vingt autres dont les positions premières et finales sont des plus originales, mais la perle de ses problèmes est celui intitulé la Question d’Orient, l’armée blanche est disséminée sur l’Échiquier, les Noirs se sont formés en croissant, le combat s’engage, les morts disparaissent, et le Roi noir reste seul écrasé par la croix du christianisme, le résultat final est frappant.
De semblables problèmes se décrivent mal, il faut les voir sur l’Échiquier, et nous promettons aux lecteurs qui parcourront ce volume de véritables et heureuses surprises. 

(1) Recueil de Problèmes scacchographiques et autres positions curieuses comprenant la représentation complète des lettres de l’alphabet ainsi que divers mats politiques, humoristiques et phantastiques (sic). Saint-Pétersbourg 1867."

Choumov - Position finale du problème intitulé "Question d'Orient" évoqué par Jean Préti.
En cette deuxième moitié du XIXe siècle la Russie se frotte à l'empire Ottoman.


[Event "Le Plan de l'exposition universelle"] [Site "?"] [Date "1867.??.??"] [Round "?"] [White "Choumov Ilia"] [Black "?"] [Result "1-0"] [SetUp "1"] [FEN "8/2Nbpp2/1b4R1/k2pN2n/P2RP2K/1P4p1/2PPBn2/8 w - - 0 0"] [PlyCount "7"] {Problème intitulé : "Le plan de l'exposition Universelle de 1867". Les Blancs jouent et font mat en 4 coups.} 1. exd5 Bb5 {le meilleur coup, sinon Cc4 puis Ca6 et le roi noir est mat en 3 coups.} (1... g2 2. Nc4+ Kb4 3. Na6#) (1... Bxc7 2. Ra6#) 2. Bxb5 Bxd4 3. Nc4+ Kb4 4. Na6# 1-0 [Event "Mat en 3 coups"] [Site "?"] [Date "1867.??.??"] [Round "?"] [White "Choumov Ilia"] [Black "Dédié à Paul Journoud"] [Result "1-0"] [Annotator "Choumov Ilia"] [SetUp "1"] [FEN "8/1rp3p1/1p1n2n1/1RP3k1/1P4N1/1P2N1P1/1Q3K2/8 w - - 0 0"] [PlyCount "5"] {Dédié à Paul Journoud. Les Blancs jouent et font mat en 3 coups.} 1. Qxg7 Ne4+ (1... Nf5 2. c6 Rb8 3. Qh6#) 2. Kg2 Nxg3 3. Qh6# 1-0 [Event "Mat en 4 coups"] [Site "?"] [Date "1867.??.??"] [Round "?"] [White "Choumov Ilia"] [Black "Dédié à Jean Préti"] [Result "1-0"] [Annotator "Choumov Ilia"] [SetUp "1"] [FEN "8/8/2K2BB1/2p2p1p/2r2pk1/R1r2N2/1n3R2/8 w - - 0 0"] [PlyCount "7"] {Dédié à Jean Préti. Les Blancs jouent et font mat en 4 coups.} 1. Bxh5+ Kxh5 ( 1... Kg3 2. Bh4+ Kh3 3. Rh2#) 2. Ne5 f3 (2... Rxa3 3. Rh2+ Rh3 4. Rxh3#) 3. Rh2+ Rh4 4. Rxh4# 1-0 [Event "Problèmes Scacchographiques"] [Site "?"] [Date "1867.??.??"] [Round "?"] [White "Choumov Ilia"] [Black "La question d'Orient"] [Result "1-0"] [SetUp "1"] [FEN "3nn2b/2q2R2/2k5/1Rp5/B2pr1N1/2P2PQP/2P3P1/2N4K w - - 0 0"] [PlyCount "9"] {La question d'Orient - 1867. Les Blancs jouent et font mat en 5 coups. A noter que le problème n'est pas tout à fait correct, l'ordinateur montre un mat en 4 coups} 1. fxe4 c4 2. Rb4+ Kc5 3. Rxc7+ Nxc7 4. Qxc7+ Nc6 5. Qxc6# 1-0

mardi 6 juillet 2021

L'arrivée du jeu d'échecs dans les cafés à Paris

A partir de quelle date le jeu d'échecs s'installe dans les cafés parisiens ?
Dans le deuxième chapitre de mon livre sur l'histoire du Café de la Régence, je fais référence à deux textes qui permettent de dater approximativement l'arrivée du jeu d'échecs dans les cafés.

Il s'agit des Lettres Persanes de Montesquieu en 1721, mais également de l'édition française de 1727 du livre Séjour de Paris de Joachim-Christoph Nemeitz.
Vous avez ici une présentation intéressante du livre de Nemeitz.

Herbert Bastian, que je remercie, a attiré mon attention sur le fait que le livre, Séjour de Paris, avait été publié en Allemand dès 1718. Il s'agit donc de la plus ancienne trace connue à ce jour de la présence du jeu d'échecs dans les cafés à Paris.


Source : Google Book - Page 92
Nemeitz, 1718, Francfort-sur-le-Main 

Ci-dessous le même livre paru en 1727 en Français.


Source : Gallica - Page 113

« C’est une mode presque générale à Paris que de prendre une tasse de café après le dîner (…) L’on estime que le café est un bon remède pour chasser la mélancolie (…) Les amateurs de tabac prennent volontiers une tasse quand ils fument. 
À Paris, il y a un nombre infini de cafés, tellement que l’on en trouve quelquefois dix, douze et plus dans la même rue, dont quelques-uns sont en grande considération et souvent visités par des princes et d’autres grands personnages. L’on y entre sans être toujours obligés de faire quelque dépense 
(...)
Ce n'est pas non plus la coutume de jouer aux cartes ou aux dés, dans les cafés: quoi qu'on y joue quelquefois aux échecs. ».

Les Lettres Persanes de Montesquieu


Source : Gallica - Page 141
Montesquieu, 1721, Lettres Persanes

« Le café est très en usage à Paris. Il y a un grand nombre de maisons publiques où on le distribue. Dans quelques-unes de ces maisons, on dit des nouvelles ; dans d’autres, on joue aux échecs. Il y en a une où l'on apprête le café de telle manière qu’il donne de l’esprit à ceux qui en prennent ; au moins de tous ceux qui en sortent, il n’y a personne qui ne croit qu’il n’en a quatre fois plus que lorsqu’il y est entré. » 

dimanche 4 juillet 2021

Capablanca à Paris en septembre 1919

La première fois que Capablanca vient à Paris et au Café de la Régence, c’est en mars/avril 1911, suite à sa victoire au tournoi de Saint-Sébastien en Espagne. Il reviendra plusieurs fois avant le premier conflit mondial.

En septembre 1919, nous le retrouvons pour un court séjour. Mais cette fois-ci la rencontre avec les joueurs d’échecs ne se fait pas au Café de la Régence, 161, rue Saint-Honoré … mais au Café de l’Univers, juste à côté au 159, rue Saint-Honoré. En effet l’association des joueurs d'échecs, l'U.A.A.R., a quitté la Régence depuis juillet 1918 suite à un désaccord avec le propriétaire des lieux, Lucien Lévy. 
L'association s'appelle désormais "Les Échecs du Palais-Royal". Voir mon précédent article.

José Raul Capablanca

Il s’agit là de l’évènement le plus important qui se déroula au Café de l’Univers pour le jeu d’échecs avec l'association des Échecs du Palais-Royal, avant son déménagement au Café de la Rotonde dans le jardin du Palais-Royal.

La Stratégie - Septembre 1919

« Capablanca à Paris

Le maître cubain, venant d’Angleterre, fit un court séjour parmi nous du 6 au 15 septembre ; n’ayant pas été prévenu de sa visite écourtée, les organisateurs parisiens ont dû se contenter de deux séances fixées à bref délai. 
Toutes deux ont eu lieu aux Échecs du Palais-Royal (Café de l’Univers) : dans la première du samedi 6, le maître conduisit deux parties, l’une contre MM. A. Aurbach et W. Bienstock et l’autre contre M. A. Gibaud, il gagna les deux ; dans la seconde du samedi 13, Capablanca mena de front 25 parties ; en 2 heures, il obtint le brillant résultat de 24 gagnées et 1 nulle avec M. E. Pape, étonnant joueurs et spectateurs par l’extrême rapidité de son jeu précis et élégant. »

Pour la petite histoire il faut signaler que ce même Edouard Pape qui donna du fil à retordre à Capablanca en 1919, le battit lors d’une autre simultanée en mai 1922 à Paris ! 
Edouard Pape bête noire de Capablanca :-) !?

Source : Retronews - Le Petit Parisien, 14 septembre 1919

Dans l’article du Petit Parisien (ci-contre), ou encore dans le texte sous la photo du journal Excelsior, Edouard Pape se fait appeler Papin...

Source : Retronews - Excelsior 14 septembre 1919
Capablanca durant la simultanée du 13 septembre 1919 au Café de l'Univers.

« Hier, le fameux champion cubain des échecs, Capablanca, a joué en même temps vingt-cinq parties d’échecs dans un « meeting » organisé par la Société des échecs du Palais-Royal. 
La séance, commencée à 15h10, se termina à 17h10. Capablanca remporta brillamment vingt-quatre victoires, et fit une partie nulle avec M. Papin (sic). 
Si l’on songe que chaque joueur déplaça environ 40 fois ses pièces, le champion, pour leur répondre, marqua environ 1000 coups, soit 500 coups à l’heure.»

Voici 3 parties de cette visite de Capablanca à Paris.
J'ai laissé les commentaires de l'époque (qui comportent des erreurs d'analyse).
La manœuvre du roi noir de Capablanca dans la partie contre Bienstock est intéressante.

Source : Gallica - Journal "Paris Soir" du 13 mars 1925
Voir sur Héritage des Échecs Français une courte biographie de ce joueur d'échecs d'origine Russe.
[Event "Paris, Café de l'Univers"] [Site "?"] [Date "1919.09.06"] [Round "?"] [White "A.Aurbach et W.Bienstock"] [Black "Capablanca, J.R.."] [Result "0-1"] [ECO "C46"] [Annotator "Gaston Legrain"] [PlyCount "94"] {Partie publiée dans l'Action Française du 21 septembre 1919 et commentée par Gaston Legrain. A noter que les mêmes commentaires apparaissent dans la revue La Stratégie de septembre 1919, avec le commentaire : "Jouée le 6 septembre au "Echecs du Palais-Royal" (Simultanément avec une partie Capablanca-Gibaud)". Gaston Legrain indique que Capablanca a gagné les deux parties.} 1. e4 e5 2. Nf3 Nc6 3. Nc3 Bb4 4. Nd5 Bc5 ({La réplique habituelle} 4... Nf6 5. Nxb4 Nxb4 6. c3 Nc6 7. d4 exd4 {semble préférable} (7... Nxe4)) 5. Bc4 d6 6. d3 Na5 7. Bb3 {Ce coup délaisse l'initiative.} ({Envisageons} 7. b4 c6 (7... Nxc4 8. bxc5 Na5 9. cxd6 cxd6 10. O-O {avec un bon développement}) 8. bxc5 Nxc4 9. dxc4 cxd5 10. Qxd5) 7... Nxb3 8. axb3 c6 9. Nc3 Ne7 10. d4 exd4 11. Nxd4 O-O 12. O-O f5 13. Bg5 h6 14. Bxe7 Qxe7 15. Nxf5 Bxf5 16. exf5 Rxf5 {Liquidation favorable aux noirs} 17. Na4 (17. Qg4 Re5 18. b4 {suivi de b5 valait peut être mieux}) 17... Rd5 18. Qg4 Rf8 19. Nxc5 Rxc5 20. c3 Rcf5 21. Qd1 ({Il est évident que si } 21. Rxa7 Rxf2 22. Raa1 Qe3 {gagne}) 21... Rd5 22. Qc2 a6 23. Rae1 Re5 24. Rxe5 Qxe5 25. Qd2 Re8 26. Rd1 d5 27. b4 Qe2 28. h3 Qxd2 29. Rxd2 Re1+ 30. Kh2 Kf7 31. Kg3 Kf6 32. Kf3 Ke5 33. Rd4 b6 34. Rd3 Rb1 35. Re3+ Kd6 36. Re2 c5 37. bxc5+ bxc5 38. Ke3 c4 39. Kf4 g6 40. h4 a5 41. h5 gxh5 42. Kf5 a4 43. Kg6 Rc1 44. f4 a3 45. bxa3 Rxc3 46. f5 Rxa3 47. Re6+ Kc5 {Les blancs abandonnent, ils ne peuvent arrêter la marche des pions noirs du côté Dame, même par la menace de leur pion du fou du roi.} 0-1 [Event "Paris, Café de l'Univers"] [Site "?"] [Date "1919.09.??"] [Round "?"] [White "Bienstock, W.."] [Black "Capablanca, J.R.."] [Result "0-1"] [ECO "C68"] [Annotator "L'Action Française 2 mai 1927"] [PlyCount "102"] {Partie publiée dans l'Action Française du 2 mai 1927 dans la chronique de Gaston Legrain. Les commentaires sont de Wladimir Bienstock. La partie a été jouée en septembre 1919.} 1. e4 e5 2. Nf3 Nc6 3. Bb5 a6 4. Bxc6 {Variante employée avec succès par Emmanuel Lasker. Les pions blancs, côté Roi, obtiennent une situation prépondérante.} dxc6 5. d4 exd4 6. Qxd4 Qxd4 7. Nxd4 Bd7 8. Nc3 (8. Be3 O-O-O 9. Nd2 Ne7 10. O-O-O c5 11. Ne2 Nc6 {donne l'égalité}) 8... O-O-O 9. Be3 g6 10. O-O-O Bg7 11. Nde2 Ne7 12. f3 Rhe8 {préparant f7-f5} 13. Bf2 b6 14. Rhe1 c5 15. Nd5 Nxd5 16. Rxd5 ({Meilleur que} 16. exd5) 16... Be6 17. Rxd8+ Rxd8 18. a3 Bh6+ 19. f4 Bg4 20. g3 Bg7 21. Nc3 (21. e5 {vaut sans doute mieux que le coup du texte qui laisse le Roi exposé. La position des blancs est déjà difficile.}) 21... Bxc3 22. bxc3 Kb7 {Début d'une offensive subtile et intéressante.} 23. Be3 Kc6 24. Bd2 Kb5 25. Re3 c4 {Ce coup paralyse le jeu de la Tour.} 26. Re1 Ka4 27. h3 Bxh3 28. Rh1 Be6 29. Rxh7 Kxa3 30. g4 Bxg4 31. Rxf7 Ka2 32. Rxc7 (32. Rh7 {empêchait la manoeuvre qui va suivre mais la pression des pions du côté Dame devenait beaucoup plus forte.}) 32... Rh8 33. Be1 Rh1 34. Kd2 Kb2 35. Bf2 Rd1+ 36. Ke3 Kxc2 37. Bg3 Rd3+ 38. Kf2 Rd2+ 39. Ke3 b5 40. f5 g5 41. Be5 Re2+ 42. Kd4 Bf3 43. Kc5 Rxe4 44. Bd4 g4 45. f6 g3 46. Rg7 g2 47. f7 Rf4 48. Kb6 b4 49. cxb4 Kd3 50. Bc5 c3 51. Rxg2 Rxf7 {Les blancs abandonnent.} (51... Bxg2 {donne la nullité} 52. f8=Q Rxf8 53. Bxf8 c2 54. Bh6) 0-1 [Event "Paris, Café de l'Univers"] [Site "?"] [Date "1919.09.13"] [Round "?"] [White "Capablanca, J.R.."] [Black "Pape, Edouard"] [Result "1/2-1/2"] [ECO "C84"] [Annotator "La Stratégie, Septembre 1919"] [PlyCount "76"] {La Stratégie, septembre 1919. Partie jouée le 13 septembre 1919 dans la séance de 25 parties simultanée aux Echecs du Palais-Royal, à Paris.} 1. e4 e5 2. Nf3 Nc6 3. Bb5 a6 4. Ba4 Nf6 5. O-O d6 6. Bxc6+ {A ce coup favori du maître cubain, on préfère généralement Re1 ou d4} bxc6 7. Nc3 Be7 8. d4 exd4 9. Nxd4 Bd7 10. Qd3 O-O 11. Bg5 Ng4 12. Bxe7 Qxe7 13. f4 Rfe8 14. Rae1 c5 15. Nd5 Qd8 16. Ne2 Rb8 17. b3 a5 18. f5 Ne5 19. Qg3 f6 20. Nef4 Kh8 21. Re3 c6 22. Nh5 Rg8 23. Ndf4 Be8 24. Ne6 Qe7 25. Nhf4 ({Il semble que} 25. Qh4 {suivi de Rh3 ou Rg3 était plus fort}) 25... g5 26. fxg6 Nxg6 27. Qf2 Ne5 $1 {Très bien joué. Non seulement ce coup évite la liquidation favorable aux Blancs, mais il assure le gain d'une pièce par la menace Ng4 suivi de Bd7 et Rb7} 28. Rh3 Bd7 29. Qh4 Rb7 30. Nxc5 dxc5 31. Rg3 Rxg3 32. Qxg3 Rb8 33. Nh5 Rf8 34. Qc3 Ng4 35. h3 Qe5 36. Qxe5 Nxe5 37. Rxf6 Rxf6 38. Nxf6 Be6 {Partie nulle. Tout en restant avec de bonnes chances de gain, les Noirs offrirent la nullité afin de ne pas prolonger la séance pour cette seule et dernière partie.} 1/2-1/2

samedi 3 juillet 2021

Naissance de l’association des échecs du Palais-Royal et fin de l'U.A.A.R.

L’année 1918 est critique pour les échecs au Café de la Régence. Un désaccord profond avec le propriétaire des lieux, Lucien Lévy, entraîne la fuite des joueurs d’échecs. Voir les deux articles que j’ai consacrés à ce sujet (il y a presque 10 ans !) : premier article et deuxième article

Le Journal Officiel du 7 septembre 1918 indique 

Source : Gallica

« UNION AMICALE DES AMATEURS D’ÉCHECS DE LA RÉGENCE. Association. Groupement d’amateurs d’échecs. Siège à Paris, Café de l’univers, rue Saint-Honoré, 159. 4 septembre 1918 ».

L’UAAR. fusionnera avec l’association LES ÉCHECS DU PALAIS-ROYAL créée quelques mois auparavant en juin 1918 également au Café de l’Univers (peut-être par des joueurs dissidents déjà partis du Café de la Régence ?!). Voici un autre extrait du Journal Officiel du 7 juin 1918.

Source : Gallica

« Date de la déclaration : 5 juin 1918
Titre : Les Échecs du Palais-Royal (association amicale)
Objet : groupement d’amateurs d’échecs
Siège social : café de l’Univers, 159, rue Saint-Honoré  »

L’association des Échecs du Palais-Royal quittera le Café de l’Univers en 1920 (je ne connais pas la date exacte) pour se retrouver au Café de la Rotonde dans le jardin du Palais-Royal. Le Café de la Régence ne sera plus que l’ombre de lui-même pendant près de 10 ans, avant le retour d’une certaine activité échiquéenne à La Régence vers 1930.

Mais en attendant, dans les années 1920, les joueurs d'échecs ne sont guère optimistes sur l'avenir de la Régence. Citons d’abord Alphonse Goetz dans la revue Cinéma du jeu des Échecs de décembre 1922.

« Tournoi d’Hiver du Cercle d’Échecs du Palais-Royal
Le Cercle du Palais-Royal, qui a son siège au Café de la Rotonde, est l’ancienne Association Amicale des Amateurs de la Régence, qui a quitté le Café de la Régence en 1918 et qui a pris depuis un si brillant essor sur l’initiative intelligente de notre camarade Conti. 
Le Café de la Régence, où quelques dissidents avaient essayé d’abord de maintenir une association d’amateurs, semble perdu pour la cause des échecs en France. » 

Ou bien encore, Gaston Legrain dans les Cahiers de l’Échiquier Français (3ème cahier trimestriel – 1925 – Page 75). Gaston Legrain évoque une association éphémère : La Régence-Association Française d’Amateur d’Échecs – créée après le départ de l’U.A.A.R.

Source : Gallica

« Hélas ! Cette association  n’eut qu’une durée éphémère et la ruche n’a plus maintenant que quelques abeilles passagères. Depuis le départ de la Société de l’Union Amicale d’Échecs de la Régence, devenue celle des Échecs du Palais-Royal, la petite salle du fond, dernier refuge des joueurs d’échecs, n’est plus – horresco referens – qu’un coin servant d’office à l’immeuble brasserie-restaurant. Un de ses murs a été abattu. De hauts comptoirs sur lesquels s’aligne toute la gamme des boissons et derrière lesquelles fument les percolateurs, ont remplacé la plupart des tables où s’affrontèrent les maîtres de l’échiquier. 

Le célèbre café est devenu un restaurant  la mode et quelques peintures murales, quelques gravures, une table, sont les seuls vestiges d’un renom séculaire et mondial. L’endroit jouit cependant d’une telle célébrité que les amateurs d’Échecs du monde entier qui viennent à Paris ne manquent jamais de lui rendre visite et d’y jouer quelques parties.

Le président du Marshall Chess Club de New-York raconte récemment qu’il avait eu comme adversaire à la Régence, il y a quelques années, un homme d’une affabilité extrême. Il découvrit le lendemain, par les journaux, que c’était Bonar Law, le ministre anglais.

Petit sanctuaire des Échecs, si riche en souvenir, nous ne croirons jamais que nous avons écrit la dernière page de ton histoire.»

vendredi 2 juillet 2021

Les membres du Cercle Philidor en 1925

Dans un précédent article, mis en ligne il y a quelques jours, j'ai publié quelques photos du Cercle Philidor provenant d'une monographie publiée en 1925 à des fins probables de propagande.
Ce document est consultable au fonds Mennerat à Belfort.

Cette monographie contient également la liste des membres en 1925 et il me semble intéressant de la publier, comme je le ferai plus tard pour la liste des membres en 1913 de l'Union Amicale des Amateurs de la Régence.

Fonds Mennerat - Belfort - Monographie du Cercle Philidor (avec la côte FM ASS 87)

Tout d'abord voici comment le Cercle Philidor se présente. 
A noter le nombre important de membres, près de 250, ce qui en ferait le plus gros club parisien de nos jours.
La description de l'organisation des tournois de blitz (partie-éclair) est intéressante. Il n'y a pas assez de pendules, alors peut-être un produit de luxe même si la photo du précédent article en montre quelques-unes, et donc chaque joueur est prévenu au bout de 5 secondes qu'il doit avoir joué son coup. 

LE CERCLE PHILIDOR

La situation centrale du Cercle Philidor, les nombreux moyens de communication qui le desservent (voir le plan spécial), un local plaisant et spacieux, les efforts du Comité pour y réaliser tous les perfectionnements possibles, justifient la prospérité d’une association qui, fondée depuis près de quarante années, constitue le plus ancien groupement de joueurs d’échecs existant dans notre pays.

Le nombre imposant de ses sociétaires – près de 250 actuellement – auxquels viennent s’ajouter les amateurs de passage dans la Capitale, permet à chacun d’y trouver des partenaires de sa force.

Les joueurs étrangers, en visite à Paris, reçoivent au Cercle Philidor l’accueil courtois qui est dans la tradition française et sont assurés d’y rencontrer des compatriotes parmi ses membres, où se voient représentées les nationalités les plus diverses.

Une salle spéciale y est réservée aux Séances de Maîtres, Matches, Assemblées Générales, Banquets, etc. Décorée de nombreux portraits, gravures, tableaux, souvenirs, se rattachant uniquement au jeu d’échecs, elle constitue un véritable musée, le seul de son espèce à Paris.

Une bibliothèque, renfermant, outre la collection complète de la Revue « La Stratégie », quantité de traités d’ Échecs et d’ouvrages en langue française, anglaise, allemande, italienne, arabe, est mise à la disposition des adhérents, pour consultation sur place.

L’attention du comité se porte tout particulièrement sur l’organisation d’épreuves destinées à entretenir l’émulation chez les sociétaires. Il assure la participation du Cercle Philidor à toutes les manifestations de propagande en faveur du jeu d’échecs et s’ingénie à procurer à ses membres toutes les satisfactions désirables dans le domaine du noble jeu : Séances de Maîtres en parties simultanées ou « sans voir », matches entre amateurs ou professionnels, fréquents tournois-éclair réglé à la cadence de 5 secondes par une sonnerie spéciale créée à cet objet. Tournoi Annuel doté de nombreux prix en espèces.

Du fait de son affiliation à la Fédération Française des Échecs, les Membres du Cercle Philidor ont la faculté de fréquenter gratuitement, à leurs passages éventuels dans certaines villes de province, les groupements affiliés à la FFE (…)

Sur une autre page du document se trouve la composition de ce que nous appellerions le bureau de l'association, à l'époque "le comité", ainsi que d'autres informations.


CERCLE PHILIDOR
(Association fondée en 1889)
Siège à Paris :
30, boulevard Bonne-Nouvelle (Xe)
Café de la Terrasse
Téléph. : CENTRAL 56-88

COMITÉ :

M. Gustave LAZARD - Président
M. Maurice VERDEAU - Vice-Président
M. Georges PAILLARD - Trésorier
M. Lucien FENARD - Trédorier-adjoint
M. Henri PERINELLE - Membre Consultant

PRÉSIDENTS D'HONNEUR

M. Henri DELAIRE - Fondateur de l'Association
M. Edmond COUTELIER - Ex-Président de l'Association

MEMBRES D'HONNEUR

M. Alexandre ALEKHINE
M. Alphonse GOETZ
M. David JANOWSKI
M. Marcel LAMARE
M. André MUFFANG
M. Savielly TARTAKOWER
M. Léonard TAUBER

RÉUNIONS JOURNALIÈRES
de 15 à 19 heures et de 21 heures à minuit

Pour ce qui concerne les DEMANDES D'ADMISSION, voir les Statuts de la Société.

Fonds Mennerat - Belfort
Devant l'échiquier - Croquis d'Isaac Fainstein
Henri Delaire et Victor Kahn

Et voici la liste des membres du Cercle Philidor en 1925.
J'ai repris les informations suivantes du document : le nom, prénom, date d'adhésion, adresse, information sur le joueur, et en allant à droite du tableau, visible en tirant le curseur, j'ai ajouté quelques commentaires ainsi qu'un lien vers Wikipedia ou vers les biographies remarquables de Dominique Thimognier (Héritage des Échecs Français).

Elle contient 245 noms, et curieusement il en manque au moins un, celui de Gustave Lazard, président de l'association (son frère Frédéric est présent).
Et j'ai compté seulement 6 femmes parmi tous ces joueurs. Une population essentiellement masculine.

Fonds Mennerat - Belfort
Autoportrait d'Isaac Fainstein, artiste peintre, qui agrémente la monographie de nombreux dessins. 


Parmi des noms célèbres des échecs Français (Goetz, Muffang, Tauber etc...), vous remarquerez la présence discrète de Marcel Duchamp.

La plaque commémorative au 29 rue Campagne-Première dans le XIVe arrondissement de Paris, à l'adresse indiquée pour Marcel Duchamp.

jeudi 1 juillet 2021

Lettre manuscrite de La Bourdonnais

J’ai déjà eu l’occasion de parler de Louis Mandy et des articles sur l'histoire des échecs en France qu’il publia dans plusieurs revues d’échecs dans les années 1950/1960. Dans le numéro 40 de la revue l’Echiquier de Paris (juillet-août 1952) il publie une lettre manuscrite de La Bourdonnais.

Collection personnelle.

Après celle publiée dans La Stratégie d’août 1923, c’est la deuxième que je connais. Voici le lien avec  l’article que j’avais consacré à cette première lettre


Louis Mandy indique que la lettre provient de la « collection J. Guisle ». Il s’agit de Julien Guisle, qui possédait une librairie d’échecs au 13 rue Saint-Jacques et dont on trouve la publicité à la fin des numéros de l’Echiquier de Paris. Qu'est devenue cette collection ?


Monsieur,

Mr Méry mon collaborateur du Palamède fait représenter ce soir une pièce de théâtre et me prie d’assister à cette représentation.
Vous serait il égal de remettre à un autre jour la leçon que je devais vous donner ce soir ?
Cependant si cela vous contrariait en quelque chose, je viendrais de même quitte à ne voir que le dernier acte de la pièce de mon ami

J’ai l’honneur d’être avec respect votre très humble serviteur
De la Bourdonnais

Samedi 9 avril 1836

Source : Gallica - Alexandre Alophe - Lithographie non datée

Voici ce qu’indique Louis Mandy au sujet de Joseph Méry, ami de La Bourdonnais, avec qui il va créer en 1836 la première revue d'échecs au monde : Le Palamède. A noter que le "blog Gallica" a publié un article assez complet au sujet de Méry.

Joseph Méry est né en 1807 aux Aygalades, près de Marseille. Il fit d’excellentes études et, à dix-huit ans, était fort en Histoire et remarquable comme latiniste. Il débuta dans les Lettres à Marseille et se fit rapidement connaître par quelques vers satiriques et des articles publiés dans le journal Le Phocéen. Sa verve caustique lui valut même une condamnation à plusieurs mois de prison.

Il prit bientôt son vol vers Paris où il ne tarda pas à acquérir une juste renommée littéraire. Il était lié avec toutes les célébrités des Lettres, des Arts, des Sciences et de la Politique. Il habita toujours Paris jusqu’à sa mort, sauf pour de brefs séjours à Marseille et quelques voyages en Europe. Son œuvre est très vaste. Il avait débuté par deux poèmes : La Villéliade, pamphlet contre M. de Villèle et le Fils de l’Homme, tous deux en collaboration avec Barthélémy.

Puis se succédèrent de nombreux romans, près d’une cinquantaine, auxquels il faut ajouter des drames, des comédies, des proverbes et des opéras. Tout ceci, bien entendu, indépendamment d’innombrables articles de critique, journaux et revues se disputant sa collaboration.


Causeur éblouissant, les mots, les traits d’esprits, les reparties imprévues jaillissaient, sans le moindre pédantisme, de ses lèvres. Il était intarissable et possédait au suprême degré le don de l’improvisation. Quant à sa mémoire, elle était tout simplement prodigieuse et il connaissait par cœur un nombre incroyable d’œuvres de toutes les époques, depuis l’Apocalypse de Saint-Jean jusqu’aux drames de Victor Hugo.

Lorsqu’il publia la Guerre du Nizam et la Floride (NDA : voir le chapitre XII, page 203, Méry fait beaucoup d'allusion à La Bourdonnais), ses belles descriptions de l’Orient et de l’Afrique frappèrent tous les esprits. On était convaincu qu’il avait visité tous les pays décrits. Il n’en était rien. Il avait composé ces pages éclatantes et colorées « en vue du château d’If », ainsi que, dans la préface de la Floride, il en prévenait loyalement le lecteur.

C’est dans ce dernier roman qu’il intercala la fameuse trente-neuvième partie du match La Bourdonnais-McDonnell, partie qu’il mit également en vers sous le titre de Une Revanche de Waterloo.

Méry mourut à peine âgé de soixante-quatre ans. Il succomba, après de longueurs et violentes douleurs, à un abcès dans la tête. C’est ainsi que la mort procéda pour détruire ce cerveau puissant qui n’avait cessé de briller un seul instant. Sa mort fut un deuil général dans les Lettres.
J’ai emprunté les éléments de cette trop courte biographie à la brochure que Gustave Claudin lui consacra et qu’il faudrait citer en entier (Méry, sa vie intime, anecdotique et littéraire. Paris, Bachelin-Deflorenne, 1868).