Depuis quelques jours, une nouvelle et triste affaire de triche touche le jeu d’échecs. Le jeune Grand Maître International Kirill Chevtchenko (d’origine Ukrainienne) est accusé d’avoir triché avec son téléphone mobile lors du championnat d’Espagne par équipe. Ce n’est pas la première fois qu’une telle affaire de triche a lieu, et c’est un véritable poison qui peut tuer la compétition aux échecs.
La triche est un phénomène vieux comme les jeux eux-mêmes. En 1861, le célèbre prestidigitateur Français Jean-Eugène Robert-Houdin publie l’excellent « Les tricheries des grecs dévoilées : L’art de gagner à tous les jeux », mais heureusement il ne parle pas du jeu d’échecs !
Pour la petite histoire, un « grec » désignait au XIXème siècle un tricheur professionnel.
Et pour le jeu d’échecs ? J’y arrive…
La triche est un phénomène vieux comme les jeux eux-mêmes. En 1861, le célèbre prestidigitateur Français Jean-Eugène Robert-Houdin publie l’excellent « Les tricheries des grecs dévoilées : L’art de gagner à tous les jeux », mais heureusement il ne parle pas du jeu d’échecs !
Pour la petite histoire, un « grec » désignait au XIXème siècle un tricheur professionnel.
Et pour le jeu d’échecs ? J’y arrive…
Dans le livre « Types du Boulevard », un écrivain méconnu, Ferdinand Bloch, trace différents portraits de personnages typiques des boulevards parisiens de la fin du XIXème siècle. Curieusement le livre n’est pas daté, mais la BNF nous apprend que la production littéraire de Ferdinand Bloch va essentiellement de 1890 à 1910, d’où mon estimation.
Dans un style souvent humoristiques et parfois en vers, une trentaine de figures parisiennes sont décrites : Le monsieur qui va aux premières, le flâneur, la balayeuse, le monsieur qui attend l’omnibus, le buveur de bière pour lequel il termine ainsi
(…) Le lendemain, comme la veille,
On peut le voir, au même endroit,
Dans une attitude pareille,
Recommencer le même exploit.
etc. Bref, parmi ces portrait, se trouve une description sur deux pages d’un joueur d’échecs (à partir de la page 69 du livre).
Dans un style souvent humoristiques et parfois en vers, une trentaine de figures parisiennes sont décrites : Le monsieur qui va aux premières, le flâneur, la balayeuse, le monsieur qui attend l’omnibus, le buveur de bière pour lequel il termine ainsi
(…) Le lendemain, comme la veille,
On peut le voir, au même endroit,
Dans une attitude pareille,
Recommencer le même exploit.
etc. Bref, parmi ces portrait, se trouve une description sur deux pages d’un joueur d’échecs (à partir de la page 69 du livre).
Ce chapitre sur le joueur d’échecs (de boulevard) fait référence très probablement au Cercle Philidor.
En 1895 le Cercle Magenta, situé au Café du Globe, 8 boulevard de Strasbourg, change de nom et devient le Cercle Philidor. C’est un des 3 lieux emblématiques du jeu d’échecs à Paris à la fin du XIXème siècle, avec le Café de la Régence et le Grand Cercle et Cercle des échecs de Paris.
A cette époque, une partie d’échecs se joue essentiellement avec un enjeu, quelques centimes ou quelques francs. Là, notre joueur intéressé n’hésite pas à consulter un carnet de notes durant la partie s’il est embarrassé. Une tricherie à l’ancienne, que j’ai vu dans les années 1980 dans un tournoi.
Un joueur avait été surpris dans les toilettes en train de consulter une partie dans la revue yougoslave l’Informateur. Autre époque, autre méthode de triche…
Voici le texte de Ferdinand Bloch
Le joueur d’échecs
Le joueur d'échecs frise la cinquantaine, souvent même il l'a défrisée.
Vêtu toujours du même paletot, sorte de redingote à basques, que le temps a marqué de son aile destructive, on le voit, entre une heure et deux heures de l'après-midi, suivre d'un pas toujours égal, la route, toujours la même, qui le conduit au café où il a établi ses assises.
Le joueur d'échecs est sobre et économe.
Au café, sans qu'il ait besoin d'interpeller le garçon, celui-ci lui apporte, dès qu'il est assis, l'unique consommation, qu'il prendra durant la journée, une demi-tasse avec bain de pied — café dans la soucoupe — et un petit verre d'eau-de-vie.
Quand le joueur d'échecs engage une partie, à cinquante centimes ou à un franc, avec un nouveau venu, il étudie minutieusement le jeu de son adversaire, et s'il se trouve embarrassé, il prétexte le besoin de s'absenter pendant un instant et va, dans une pièce voisine, consulter un carnet dont il ne se dessaisit jamais, et sur lequel sont notés tous les coups possibles.
Le joueur d'échecs a conservé l'extrême courtoisie qui régnait a l'époque où les échecs étaient le jeu favori des grands seigneurs. Jamais il ne se laisse aller à un mouvement d'humeur, jamais il ne prononce une parole acerbe.
Dès que la partie est terminée et que le joueur d'échecs a empoché l'enjeu de son adversaire, il salue celui-ci cérémonieusement et se met à la recherche d'un nouveau « pigeon ».
Si un joueur réputé très fort propose une partie intéressée au joueur d'échecs, le joueur d'échecs se plaint d'une migraine violente ou d'un mal d'yeux subit....
Quand le joueur d'échecs ne trouve plus d'adversaires au-dessous de sa force, il se fait professeur à trois francs le cachet, et... se laisse battre par ses élèves.
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