Article corrigé le 20/10/2022 - L'obtention de la nationalité Française à cette époque, passe d'abord par une première étape dite "d'admission à domicile" durant laquelle la personne se trouve dans un statut intermédiaire à celui d'étranger en France et de citoyen Français. Puis au bout de quelques années "d'admission" à domicile", la personne peut alors faire une demande de naturalisation.
Samuel Rosenthal est "admis à domicile" en 1884, et obtient la nationalité française quelques années plus tard, avec néanmoins une incertitude sur la date.
Vous avez ici le lien avec un document pdf des archives nationales qui explique l'évolution de la naturalisation Française. L'article de Wikipedia explique également cela.
Cette article originellement parlait de la naturalisation de Samuel Rosenthal. Il me semble plus judicieux d'en changer le titre et de parler de "l'admission à domicile" de Samuel Rosenthal.
Voir cet article au sujet de sa date de naturalisation, le 26 décembre 1889.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Samuel Rosenthal décède le 12 septembre 1902 à Neuilly-sur-Seine, et peu de temps après la Stratégie publie un petit article nécrologique à son sujet, où il est dit qu'il fut naturalisé Français en 1888.
En fait c'est un peu plus compliqué que cela.
Samuel Rosenthal obtient dans un premier temps son "admission à domicile" par un décret signé par le président de la République le 23 décembre 1884. Et on trouve se décret publié dans le Bulletin des lois de la République Française, seulement 3 ans plus tard en décembre 1887. Samuel Rosenthal n'a donc pas encore la nationalité Française.
1884 doit être une année qui vous parle si vous suivez mon blog.C'est l'année du conflit entre les joueurs Français suite au match par correspondance contre Vienne, ce qui n'est pas anodin.
Un autre élément intéressant est la signature du décret "d'admission à domicile" de Rosenthal par Jules Grévy, alors Président de la République et ancien joueur du Café de la Régence ...
Je reviens sur ces différents points à la fin de mon article.
N°27076 - Décret du Président de la République Française (contresigné par le garde des sceaux, ministre de la justice et des cultes) qui autorise le domicile en France, pour y jouir des droits civils tant qu'ils continueront d'y résider.
Notez que son nom est orthographié avec un "Z" au lieu d'un "S". RoZenthal.
Bulletin des Lois de la République Française - Gallica.
Sur le site internet des Archives Nationales se trouve le décret "d'admission à domicile" du 23 décembre 1884.
La dernière page est signée par Jules Grévy, le président de la République à cette époque.
Revenons en 1884 et le match par correspondance Paris / Vienne.Au cours de l'été un incident fait éclater l'équipe de Paris. Seul Samuel Rosenthal continuera à jouer contre Vienne, Arnous de Rivière, Clerc et Chamier se retirant du comité de paris.
Voici un extrait d’un article paru dans Le Gaulois du 7 novembre 1885, le magistrat en question est Albert Clerc (article que j’ai déjà cité sur ce blog). L'affaire va assez loin, et Samuel Rosenthal a dû avoir peur pour sa naturalisation...
« (…)
Mais, où la chose devint comique, c’est quand le magistrat, ami de Grévy, a publiquement annoncé qu’il allait faire expulser de France M. Rosenthal, Polonais d’origine, parce qu’il avait eu le mauvais goût de qualifier durement le coup qui avait pour père l’alter ego de notre illustre président.
J’ai l’air d’inventer, mais j’invente si peu, qu’un grand banquier, fort influent dans les conseils de notre république athénienne, a dû conduire Rosenthal chez un ministre et solliciter de lui l’assurance qu’on laisserait en paix le malheureux professeur d’échecs. Au fait, c’est peut-être pour des raisons du même genre que M. de Bismarck expulse les Polonais du territoire prussien ? Chi lo sa ?
Paul Roche »
Mais en fait Rosenthal connait aussi Jules Grévy du fait de leur fréquentation commune du Café de la Régence durant le Second Empire. Il n'est sans doute pas un ami intime de celui-ci, comme peut l'être Albert Clerc, mais il a dû laisser une bonne impression au futur président de la République, qui en son temps avait accepté d'être l'avocat de Rosenthal en 1867.
Voici un extrait d'un article paru dans le journal L'Univers du 3 décembre 1867, au sujet d'une affaire sur laquelle je reviendrai dans un prochain article. A noter que finalement ce ne sera pas Jules Grévy qui défendra Samuel Rosenthal.