samedi 29 octobre 2022

Une proposition de changement de la règle du pat aux échecs

Du début de la Révolution de 1789 jusqu’au début de l’Empire, les joueurs d’échecs quittent le Café de la Régence, et le Salon des Échecs devient un des lieux de ralliement des pousseurs de bois. 

Le Salon des Échecs, tout d'abord au Café de Foy dans les jardins du Palais-Royal (alors Palais Égalité), sera fermé par le Directoire en 1796. Il renaitra alors au Café Morillon, cher à la légende de Dechapelles, puis en 1802 au Café du citoyen Genella. Je vous renvoie à l'article détaillé que j'ai écrit à ce sujet.
 
11 ventôse an IV - 1er mars 1796 - Le Journal de Paris - Retronews
 
Le directoire exécutif arrête ce qui suit (...) 
La réunion formée dans le palais Égalité, sous le nom de Société des Échecs (...) 
sont déclarées illégales et contraires à la tranquillité publique.
Leurs emplacements respectifs seront fermés dans les 24 heures, et les scellés seront apposés sur les papiers y existant.

Journal de Paris - 14 thermidor an X - 2 août 1802 - Retronews
 
Le Citoyen Morillon prévient les amateurs du jeu des échecs, qu'à compter du 25 du courant, le SALON DES ECHECS se tiendra chez le Citoyen Genella, au 1er, rue Saint-Honoré, n°1371, passage de la Cour des Maures. 

Le jeudi 29 vendémiaire, an XI de la République (21 octobre 1802), le Courrier des spectacles publie un article sur une proposition de révision d’une règle du jeu d’échecs, le pat. L’auteur de l’article propose que le joueur qui est "pat", perde la partie.   

Ne faudrait-il pas enfin rajeunir sa législation pour la raccorder avec les institutions nouvelles, en déclarant la victoire dans les deux cas, soit que l’ennemi soit détruit ou fait prisonnier ?

Il est précisé à la fin que les amateurs du jeu d’échecs pourront adresser par écrit leur avis sur le sujet au citoyen Genella au Salon des échecs.
 
Le Courrier des spectacles – 21 octobre 1802
Jeudi 29 vendémiaire, an XI de la République

Aux amateurs du Jeu d’échecs

Le Jeu des échecs qui dans son origine fut l’image fidèle de la guerre, lorsqu’on la faisait à outrance et qu’on ne connaissait point encore le droit des gens ; ne cesse-t-il pas de l’être aujourd’hui en déclarant la partie remise, quand l’un des combattants est réduit à ne pouvoir faire aucun mouvement, tandis que le chef-d’œuvre de l’art pratique consiste au contraire à forcer l’ennemi de se rendre sans combat ?

Ne faudrait-il pas enfin rajeunir sa législation pour la raccorder avec les institutions nouvelles, en déclarant la victoire dans les deux cas, soit que l’ennemi soit détruit ou fait prisonnier ? alors que de temps épargné pour ne courir qu’après un piège qui rebute souvent les nouveaux prosélytes au moment même où ils ont surmonté les difficultés du calcul, et lorsqu’ils sont si nécessaires pour faire passer à la postérité cette échelle de l’esprit humain devant laquelle se sont inclinés les Voltaire, les Rousseau.  
 
Alors aussi on verrait les exploits se multiplier, et jamais changement si simple n’aurait produit de si grands effets ; et qu’on ne nous objecte pas un respect idolâtre pour une institution ancienne : il n’aurait d’autre effet que de retenir dans leurs langes et les arts et les sciences.

C’est ainsi que par l’abus d’un pareil principe on laisse sans restauration des statues inutiles, et qu’on prive le public de beautés qui n’existent souvent que dans l’accord de toutes les parties.

Les amateurs qui voudront émettre une opinion sur cette question pourront le faire par écrit, et le remettre au citoyen Genella, propriétaire de l’ancien établissement des Échecs, rue Honoré, N°1371. Ils seront lus dans un comité qui sera nommé à cet effet, et qui prononcera.

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