mercredi 23 novembre 2022

Aaron Alexandre - 3 sur 3 - Professeur de violoncelle de Jacques Offenbach

Aaron Alexandre - 3 sur 3

Ainsi, au cours de mes recherches sur Aaron Alexandre, j'ai découvert qu'il avait été professeur de violoncelle de Jacques Offenbach !

Jacques Offenbach par Alexandre Laemlein, 1850 - Source BNF/Gallica

Dans le livre Offenbach en Amérique, Note d’un musicien en voyage, Paris 1877, par Jacques Offenbach, e journaliste Albert Wolff écrit en page V de la notice biographique :

(…) On m’a souvent raconté dans mon jeune temps que le papa Offenbach s’imposait les plus durs sacrifices pour faire apprendre le violoncelle à son fils Jacques. Je me souviens encore du professeur de votre mari que, dans mon enfance, j’avais entrevu quelquefois dans les rues avec un habit râpé, à boutons d’or, dont les basques descendaient jusqu’aux mollets, un jonc avec une pomme en ivoire, une perruque brune et un de ces chapeaux, à bords recourbés, alors à la mode, qui s’évasaient à ce point que le haut prenait à peu près les proportions de la plateforme de la colonne Vendôme. 
 
Malgré sa fortune relative, qui lui garantissait un peu plus que l’indépendance, M. Alexander, le professeur, passait pour le plus grand avare de la ville. On prétendait qu’il avait eu autrefois un très grand talent ; dans son quartier on le désignait sous le nom glorieux de « l’artiste ». C’est chez lui que Jacques prit des leçons à vingt-cinq sous le cachet. Les fins de mois étaient dures dans la famille Offenbach, mais on se privait de quelques petites douceurs pour économiser le prix du cachet, car Herr Alexander ne plaisantait pas : il fallait étaler les vingt-cinq sous sur la table avant le commencement de la leçon. Pas d’agent, pas de violoncelle ! (…)


Archives Israélite de France, 1er février 1877 - Source Retronews

Et le 1er février 1877, les Archives Israélites de France précise un point fondamental.A noter que la phrase "les privations du siège" fait référence au siège de Paris de la fin d'année 1870 au début de l'année 1871 par l'armée allemande.

(…) en mentionnant le professeur de musique du jeune Jacques, Herr Alexander, il semble ignorer que ce musicien n’est autre que le fameux joueur d’échecs que le Paris spécial a connu depuis, maître d’hôtel intelligent et malheureux, linguiste, musicien, et surtout, nous le répétons, grand maitre en l’art des échecs : cet original personnage, mort depuis longtemps à Londres, était l’oncle du peintre Alexandre Laemelin qui a succombé il y a quelques années aux privations du siège, et que, en dépit de la différence des genres et des caractères, une étroite amitié unissait à Offenbach.
 
Je termine avec Aaron Alexandre, par une anecdote amusante écrite par Alexandre Laemlein. Elle fait partie de l'article nécrologique qu'il consacre à son oncle et que ne reprend par Saint-Amant (voir mon précédent article). 

Archives Israélites de France - 30 janvier 1851 - Source Retronews

(…) Quelques personnes s’imaginent qu’un homme célèbre comme M. Alexandre a dû laisser à son neveu quelque chose de son talent aux échecs ; un mot de lui suffira pour leur faire connaitre la vérité. J’avais en effet pris à un certain moment de ma jeunesse la passion des échecs, et dans le désir de me fortifier, je priai mon oncle de me donner quelques leçons ; il me dit : « Prends Philidor, et étudie un début jusqu’à ce que tu le saches bien, puis tu en étudieras un autre, puis quelques fins de partie, et en faisant ce travail seulement dix minutes par jour pendant un an, tu arriveras à une certaine force. » 
 
Je le fis pendant cinq ou six jours ; puis m’ennuyant du jeu solitaire, je le tourmentai de nouveau pour avoir ses leçons verbales ; il me remettait toujours, car me voyant jouer avec des amis, il m’avait déjà jugé du coin de l’œil ; enfin, de guerre lasse, l’ayant pressé un jour plus qu’à l’ordinaire, il consentit à faire une partie. Il me rendit la dame et me fit mat en huit ou dix coups, après m’avoir rendu encore plusieurs pièces tombées en route et me dit : « Je te conseille d’y renoncer, tu ne seras jamais qu’un imbécile »

LAEMELIN

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